L’aérophagie est l’un des troubles fonctionnels les plus fréquents du système digestif. C’est une affection bénigne qui peut néanmoins avoir des effets très inconfortables et gênants au quotidien. Quels sont les facteurs responsables de l’aérophagie ? Quels sont ses symptômes et traitements ?
Sommaire de l'article
L’essentiel à savoir sur l’aérophagie
Étymologiquement, le terme « aérophagie » désigne en grec « manger de l’air ». Tout individu « mange » en réalité de l’air, en avalant une quantité de 2 à 4 litres en moyenne par jour. Certaines personnes en absorbent cependant beaucoup plus pendant leur déglutition.
En effet, au cours des repas ou lors de la mastication, l’air pénètre l’organisme au même moment que les aliments. Malgré qu’il soit souvent expulsé, celui-ci arrive quand même à se frayer un chemin pour descendre le long de l’œsophage. Ainsi, l’air se complète aux aliments et entre dans la phase de digestion qui se déroule dans l’estomac. Ce cumul d’air dans l’organisme peut engendrer de nombreuses perturbations du système digestif.
Le tube digestif peut contenir une quantité de gaz allant jusqu’à 500 ml, dont la majeure partie est stockée dans le côlon. On estime par ailleurs qu’entre 2 et 3 ml d’air sont absorbées à chaque déglutition d’aliments. On peut donc, au-delà de 4 L d’air ingéré par jour, parler d’aérophagie. L’excès de gaz devant être évacué, les volumes d’éructations et de flatulences augmentent. En cas d’impossibilité d’évacuation de ces gaz, des ballonnements et douleurs abdominales surviennent.
Quelles sont les origines de l’aérophagie ?
Nombreuses sont les causes pouvant être à l’origine de l’aérophagie. Certaines sont liées à la nutrition (manger trop rapidement) et à la digestion. Les personnes ayant l’habitude de vite manger ingèrent généralement plus d’air et sont, par conséquent, atteints d’aérophagie. L’ingestion de certains aliments qui se fermentent à l’intérieur du côlon favorise grandement l’affection. On parle souvent de FODMAPS, pour faire référence à toutes ces substances non digérées par l’homme et qui parviennent de manière intacte dans l’intestin.
Il s’agit notamment des sucres alcools (utilisés dans les substituts de repas, les bonbons…) et les sucres fermentescibles (retrouvés dans plusieurs préparations industrielles). Le mâchement de chewing-gum constitue lui aussi une cause de l’aérophagie. La mâchoire travaille en effet de façon continuelle et la bouche est régulièrement ouverte. Cela crée donc une brèche où l’air s’engouffre. Les autres facteurs comprennent :
- L’excès de consommation de boissons gazeuses comme les sodas ;
- La production excessive de salive, encore appelée hypersalivation ;
- L’usage de prothèse dentaire inadéquate ;
- Le stress et l’anxiété ;
- La prise des médicaments comme les laxatifs et les antibiotiques ;
- Le fait de grignoter entre les repas ;
- La grossesse (ralentissant la digestion) ;
- Certaines affections organiques qu’il est convenable de traiter.
Certains de nos comportements peuvent aussi occasionner l’aérophagie, notamment la succion du pouce ou encore les rots réguliers qui deviennent un tic. Dans ce dernier cas, le haut de l’œsophage se contracte à volonté et l’air pénètre le tube digestif. L’alcool, le tabac et le café sont souvent considérés comme des facteurs empirant l’aérophagie.
Par ailleurs, la déglutition de certains aliments entraîne la fabrication de gaz, sans qu’il soit pour autant question d’aérophagie proprement dite. On retrouve parmi ces aliments, les brocolis, les féculents, les choux et surtout le pain. Quand l’aérophagie est persistante, une cause allergique devrait être recherchée, comme une intolérance au lactose par exemple.
Comment se manifeste l’aérophagie ?
Les symptômes de ce trouble digestif sont généralement bénins, mais incommodants. On note le plus souvent des ballonnements à l’issue des repas, qui correspondent à une rétention de gaz dans l’estomac ou dans l’intestin. Ils sont dus à une surproduction de gaz intestinaux au cours de la digestion de certains aliments. Le surplus de gaz s’accumule en créant des poches qui bouleversent le transit intestinal. D’autres signes plus courants comprennent :
- Les maux de ventre et gargouillis ;
- Des sensations de pesanteur dans l’estomac ;
- Une digestion trop lente et peu confortable ;
- De fréquentes éructations (rots) ;
- Des flatulences (pets) ;
- Des douleurs plus ou moins fortes aux abdomens ;
- La diarrhée ou la constipation.
Ces différents symptômes apparaissent habituellement entre 30 min et 3 h après un repas. Bien qu’il soit pénible, l’aérophagie donne rarement lieu à des complications. Elle peut toutefois, dans les cas extrêmes, s’accompagner de :
- Reflux acides dans la bouche ;
- Sang à l’intérieur des selles ;
- Vomissements ;
- Fièvres et frémissements ;
- Douleurs intenses et pincements abdominaux ;
- Grossissement et gonflement des jambes.
Ces signes graves ne doivent en aucun cas être négligés. Il faudrait lors de leur apparition, consulter au plus vite un médecin qui donnera les prescriptions nécessaires à leur soulagement.
Comment se fait le diagnostic de l’aérophagie ?
Le diagnostic de l’aérophagie peut être établi lors d’un examen médical au cours duquel, le médecin va rechercher les facteurs en cause du trouble. Le patient est à cet effet soumis à un interrogatoire détaillé et précis sur ses habitudes de vie, son alimentation, etc. D’autres examens peuvent être prescrits, si une affection digestive chronique causale est pressentie par le médecin.
Traitements de l’aérophagie
L’aérophagie ne constitue pas en elle-même une affection ou une maladie, mais plutôt un gène. Par conséquent, elle ne nécessite pas de traitement particulier. Le médecin prescrira toutefois une médication adaptée, si l’aérophagie est d’origine pathologique. S’il s’agit par contre d’autres facteurs, ils doivent être supprimés en adoptant certaines mesures et approches bien définies.
- Manger calmement et bien mastiquer les aliments
Pour réduire la quantité d’air absorbé au cours de la déglutition, il est recommandé de manger posément. Lors des pauses déjeuners en particulier, il faudrait prendre son temps, en broyant bien les aliments au lieu de les avaler d’un seul coup.
- Manger sans parler
Il serait convenable d’éviter de parler au cours des repas. Ce geste est non seulement pas très poli, mais en plus, une quantité d’air que l’estomac ne peut supporter est ingérée. Manger en gardant sa bouche fermée est d’ailleurs la solution idéale, pour éviter toute entrée d’air. Il est également conseillé de manger à des heures régulières, tout en limitant les aliments dits « aérés », à l’image de la mie de pain.
- Éviter l’état de stress
C’est l’un des principaux facteurs responsables de l’aérophagie. En cas de stress, il est d’une grande importance d’en déterminer la cause et de la bannir. Cela permet d’éviter les crises inopportunes augmentant la nervosité. Cette dernière peut être atténuée à l’aide de relaxants composés de plantes (valériane, aubépine, etc.).
- Limiter les aliments à l’origine de l’hyperproduction de gaz
La forte production de gaz peut être corrigée, en s’abstenant de consommer tout aliment riche en fibres ou en résidus. C’est le cas par exemple des légumes, des crudités et de certains fruits. Il faut cependant noter que ce genre de régime doit recevoir un avis médical, et ne peut être appliqué pendant une longue durée. Dans le cas contraire, certaines carences pourraient survenir.
- Exclure les boissons gazeuses
Les boissons gazeuses sont à proscrire, car elles sont, comme leur nom l’indique, remplies de petites bulles gazeuses. Aussitôt après leur ingestion, des sensations de ventre dilaté et de lourdeurs sont assurées. L’eau plate est donc à préférer, mais doit être idéalement bue en dehors des repas.
Le charbon constitue en outre un puissant allié dans l’absorption des gaz se trouvant dans le tube digestif. Ses propriétés sont aussi présentes dans les plantes comme le romarin ou la sauge. Enfin, la Gomme à mâcher, l’alcool et le tabac sont à écarter.
En vue du soulagement des symptômes, certains médicaments peuvent être adoptés.
- Les pansements à but digestif (siligaz, pepsane…)
Ils renferment du kaolin ou des substances dérivées de la silicone, avec une action anti-mousse qui limiterait la production des gaz. Ils sont souvent associés à des antiacides (neutroses, polysilane…), efficaces en cas de brûlures d’estomac et de ballonnements.
- Le charbon de type actif (charbon végétal, charbon de belloc…)
Il permet d’absorber les gaz intestinaux, tout en luttant contre leur formation. Il peut aussi être associé à un pansement digestif (carbosymag, carbolevure, etc.).
- Les antispasmodiques
Ils servent à soulager les douleurs aux abdomens, et peuvent s’associer à du charbon ou à un pansement digestif (météoxane, dolospasmyl, etc.).
Le charbon végétal peut parfois impacter l’ingestion de certains médicaments. C’est pour cette raison qu’il est préférable de le prendre quelques heures avant ou après d’autres traitements. Notons toutefois que ces différents médicaments n’excluent pas les mesures diététiques servant à prévenir la fabrication de gaz intestinaux. Leur usage ne doit pas être prolongé sans avis médical.
Autres approches de lutte contre l’aérophagie
Plusieurs autres approches complémentaires peuvent s’avérer utiles dans la lutte (ponctuelle ou durable) contre l’aérophagie.
- L’homéopathie
De façon ponctuelle, quand l’aérophagie est accompagnée de rots, il est possible de recourir à l’homéopathie, en ingérant du Carbo vegetalis en 5CH. Une posologie de trois granules, trois fois par jour est souvent recommandée.
- Les huiles essentielles
L’aérophagie peut être atténuée grâce aux huiles essentielles, en avalant à la suite des repas par exemple une cuillerée de miel contenant une goutte d’huile d’estragon.
- L’approche par phytothérapie
La phytothérapie peut favoriser la lutte contre l’aérophagie à travers le recours au fenouil, à la menthe ou à l’ouragan en infusion.
Il existe d’autres approches relaxantes à envisager, surtout en cas de stress. Il s’agit en premier de la sophrologie permettant de diminuer le stress, le yoga pour méditer et décontracter. On peut aussi recourir au tai-chi chuan et au qi gong, qui constituent des arts martiaux facilitant la circulation de l’énergie et permettant la maîtrise de soi.
Prévention de l’aérophagie
Ce trouble digestif peut être prévenu en optant pour une hygiène alimentaire adéquate. Il faudrait pour ce faire, éviter d’abuser des légumineuses ou de tout autre aliment pouvant favoriser la rétention d’air dans les intestins. Les facteurs comme l’anxiété ou le stress doivent être supprimés. Il est enfin important d’utiliser des compléments alimentaires ou des probiotiques, dans la prévention de ce trouble.