Le système digestif favorise la digestion et l’absorption des nutriments essentiels au fonctionnement optimal de l’organisme. Cependant, il peut être le siège d’infections parasitaires, dont l’amibiase. L’apparition de cette dernière est surtout liée à un défaut d’hygiène. Qu’appelle-t-on amibiase ? Comment se transmet cette maladie infectieuse et quelles sont les mesures thérapeutiques envisageables pour l’éradiquer ? Décryptage dans cet article.
Définition de l’amibiase
Encore appelée dysenterie amibienne ou amœbose, l’amibiase est un trouble infectieux, causé par un micro-organisme, en l’occurrence un parasite. Le plus souvent, cette pathologie affecte le tube digestif, principalement le gros intestin (côlon). C’est ce qui explique la manifestation de symptômes gastro–intestinaux.
Causes de l’amibiase
L’amibiase est due à l’ingestion de kystes d’Entamoeba histolytica (parasite protozoaire). Une fois ingérés, les kystes se rompent dans l’estomac et libèrent les trophozoïtes (forme active du parasite). Les trophozoïtes se déplacent ensuite dans l’intestin, où ils se fixent sur la paroi intestinale.
Par la suite, ils pénètrent à l’intérieur de la muqueuse intestinale. Pour y arriver, ils se servent de quelques enzymes pour dissoudre les cellules de la paroi intestinale et ainsi se frayer un chemin dans les tissus sous-jacents.
Une fois dans la muqueuse intestinale, les trophozoïtes se multiplient par division cellulaire, formant ainsi des colonies. Ils peuvent également se transformer en kystes dans le côlon. Cela leur permet de survivre dans l’environnement extérieur et d’être excrétés dans les selles, complétant ainsi le cycle de transmission de l’infection.
Mode de transmission de l’amibiase
Habituellement ingérés par voie orale, les kystes peuvent être présents dans l’eau ou les aliments.
Ingestion d’eau ou d’aliments contaminés
L’amibiase peut être transmise par l’ingestion d’eau ou d’aliments infectés par les kystes d’Entamoeba histolytica. En effet, les kystes ont une grande capacité de survie dans l’eau et les aliments. C’est d’ailleurs ce qui en fait une voie courante de transmission.
Contact avec des surfaces contaminées
On peut retrouver les kystes d’Entamoeba histolytica sur certaines surfaces (les ustensiles de cuisine, les jouets ou les surfaces de salle de bains). Un contact avec ces surfaces contaminées, suivi d’une ingestion de nourriture ou de mains non lavées, peut entraîner la transmission de l’amibiase.
Transmission fécale orale
L’amibiase peut se propager par contact direct avec les selles d’un sujet infecté. C’est le cas lors de l’usage de toilettes contaminées ou de manipulation de matériel médical contaminé.
Transmission sexuelle
Bien que moins fréquente, l’amibiase peut également être transmise par contact sexuel anal oral non protégé, avec une personne infectée.
Prévalence de l’amibiase
L’amibiase est répandue dans plusieurs régions du globe, particulièrement dans les zones où les conditions de vie des populations sont précaires. C’est le cas dans de nombreux pays d’Asie du Sud-Est, d’Afrique et d’Amérique latine. Dans ces zones, on note :
- Un accès limité à l’eau potable ;
- Un assainissement de l’eau insuffisant ;
- Une mauvaise hygiène personnelle et communautaire ;
- Des conditions de vie surpeuplées.
Les voyageurs qui se rendent dans des zones endémiques peuvent être prédisposés au risque de contracter une infection par Entamoeba histolytica. Cela peut avoir lieu à travers la consommation d’eau ou d’aliments contaminés.
Symptômes de l’amibiase
Comme toute maladie, l’amibiase se manifeste à travers l’apparition de quelques symptômes. Par ailleurs, il peut arriver que certains sujets infectés ne présentent aucun symptôme. Dans le même temps, d’autres peuvent développer des signes gastro-intestinaux aigus. Toutefois, chez la plupart des patients, on retrouve les symptômes suivants :
- la diarrhée : elle se caractérise par l’apparition de selles liquides, fréquentes et parfois sanglantes ou mucopurulentes (contenant du mucus et du pus). La diarrhée peut être accompagnée d’une sensation de ballonnement ;
- Des douleurs abdominales : les douleurs abdominales sont courantes chez les patients atteints d’amibiase. Elles peuvent être d’une intensité légère ou intense ;
- Une fièvre : modérée ou élevée, elle peut survenir chez certaines personnes atteintes d’amibiase. La fièvre est habituellement associée à des complications de la maladie ;
- La fatigue : très courante, elle peut être due à une réaction du système immunitaire contre l’infection et la perte de liquides, due à la diarrhée ;
- Des nausées et des vomissements.
En outre, d’autres symptômes moins courants, notamment une perte d’appétit, des frissons, des douleurs articulaires, des éruptions cutanées et un mal de tête, peuvent aussi apparaître.
Complications de l’amibiase
Diverses complications peuvent se manifester suite à une amibiase. C’est le cas des infections extra–intestinales, des ulcérations intestinales ou des abcès hépatiques.
Infections extra-intestinales
Dans certains cas, les trophozoïtes peuvent se disséminer à d’autres organes du corps en passant dans la circulation sanguine. Cela engendre des infections extra–intestinales. Les organes les plus touchés sont le foie, les poumons et le cerveau. Les infections extra–intestinales peuvent provoquer des complications spécifiques au niveau de l’organe touché, telles que des abcès hépatiques, pulmonaires ou cérébraux.
Ulcérations intestinales
Les trophozoïtes peuvent provoquer des ulcérations dans la muqueuse intestinale, entraînant ainsi des saignements et d’autres complications gastro-intestinales.
Perforation intestinale
Dans de rares cas, l’amibiase peut entraîner une perforation de la paroi intestinale, causant ainsi une infection grave de la cavité abdominale (péritonite).
Déshydratation
Les diarrhées fréquentes associées à l’amibiase peuvent entraîner une déshydratation, en particulier chez les enfants, les personnes âgées ou les personnes affaiblies.
Diagnostic de l’amibiase
Le diagnostic de l’amibiase peut être établi à l’aide d’une combinaison de méthodes cliniques, de tests de laboratoire et d’imagerie médicale.
Examen clinique
L’examen clinique est habituellement effectué pour l’évaluation des symptômes du patient (douleurs abdominales, diarrhées ou vomissements).
Analyse des selles
Pratiquée couramment, l’analyse des selles permet la détection de l’Entamoeba histolytica dans les selles du patient. Les échantillons de selles peuvent être examinés au microscope pour la recherche de trophozoïtes ou de kystes. Des tests spécifiques, tels que la coloration de Lugol ou la technique d’immunofluorescence, peuvent être utilisés pour confirmer la présence de l’agent pathogène en cause. Ils permettent aussi la distinction de l’Entamoeba histolytica des autres espèces d’amibes non pathogènes.
Tests sérologiques
Des tests sanguins peuvent être pratiqués pour l’identification d’anticorps spécifiques dirigés contre l’Entamoeba histolytica. Ces tests sérologiques peuvent faciliter la confirmation de l’existence d’une infection active ou pas.
Imagerie médicale
Dans les cas graves d’amibiase, une radiographie abdominale, une échographie ou une tomodensitométrie peut être utilisée pour l’analyse de l’étendue des complications de la maladie.
Biopsie
Une biopsie de la muqueuse intestinale ou d’un autre organe touché peut être réalisée pour la confirmation du diagnostic de l’amibiase. Elle permet une analyse microscopique des tissus, en vue de rechercher la présence de trophozoïtes.
Traitement médical de l’amibiase
Le plus souvent, le traitement médical de l’amibiase repose sur la prescription de médicaments aux effets antiparasitaires. Parmi ces médicaments, ceux couramment utilisés sont :
- Le Métronidazole : il agit en inhibant la croissance de l’Entamoeba histolytica et en tuant les amibes se trouvant dans l’intestin et d’autres organes touchés. Il peut être administré par voie orale ou par voie intraveineuse, en fonction de la gravité de l’infection ;
- Le Tinidazole : de la même classe que le métronidazole, le Tinidazole peut également être utilisé pour la prise en charge de l’amibiase. Il est généralement bien toléré et peut être administré en une seule dose, ce qui peut simplifier le traitement pour certains patients ;
- La Paromomycine : elle peut être utilisée en combinaison avec le métronidazole ou le tinidazole pour traiter l’amibiase. Elle intervient en inhibant la croissance des amibes et en bloquant leur multiplication. Elle est généralement administrée par voie orale et peut être utilisée chez les femmes enceintes et les enfants.
En plus des médicaments antiparasitaires, d’autres options thérapeutiques, notamment un drainage des abcès, une réhydratation et un soutien nutritionnel, sont envisageables.
Drainage des abcès
En cas d’abcès hépatique, un drainage percutané ou chirurgical peut être nécessaire pour l’élimination de l’infection et le soulagement des symptômes. Le drainage peut être réalisé sous guidage radiologique ou par intervention chirurgicale. Par ailleurs, certains critères, tels que la taille, l’emplacement et la gravité de l’abcès, sont à prendre en compte.
Réhydratation
La réhydratation orale ou intraveineuse peut être essentielle pour corriger la déshydratation induite par la diarrhée.
Soutien nutritionnel
L’amibiase peut entraîner une diminution de l’appétit et une perte de poids. Par conséquent, un soutien nutritionnel approprié peut être nécessaire pour le maintien d’un bon état nutritionnel et pour l’obtention d’une guérison optimale.
Toutefois, quelle qu’en soit la forme de prise en charge choisie, un suivi médical étroit doit être instauré. Il favorise un contrôle de l’évolution de l’infection. De plus, il contribue à l’analyse de l’efficacité du traitement ainsi qu’à la détection de toute complication. Il est tout à fait envisageable de recourir à l’usage de remèdes naturels pour soulager les symptômes de l’amibiase. Cependant, cela doit se faire avec l’accord préalable du médecin.
Prévention de l’amibiase
Il existe de nombreuses mesures qui permettent de prévenir l’apparition d’une amibiase. En voici quelques-unes :
Hygiène personnelle
Elle prend en compte un nettoyage soigneux des mains, la non-consommation d’une eau non traitée, des aliments crus ou mal cuits.
Traitement de l’eau
L’utilisation d’une eau potable, pour les différents besoins, peut contribuer à échapper à l’amibiase. Si l’eau du robinet n’est pas assez propre, alors il faudrait utiliser de l’eau en bouteille scellée ou faire bouillir l’eau pendant au moins une minute avant de la consommer.
Assainissement
L’usage des installations sanitaires appropriées permet l’élimination des excréments de manière hygiénique et empêche la contamination de l’environnement.
Éducation
Sensibiliser la population sur les pratiques d’hygiène personnelle et d’assainissement est aussi un moyen de limiter l’apparition de l’amibiase.
Protection des sources d’eau
Il est impératif de protéger les sources d’eau potable contre la contamination, en construisant des puits protégés ou en installant des systèmes de traitement de l’eau.