L’anosmie est une maladie, se manifestant par une perte totale de l’odorat. Associé à un dysfonctionnement du sens du goût, voire une agueusie (perte totale du goût), ce trouble est généralement bilatéral, mais parfois unilatéral. L’anosmie peut être acquise depuis la naissance. Dans ce cas, on parle d’anosmie congénitale. Les conséquences de ce handicap dans le quotidien des personnes atteintes sont nombreuses. Il existe néanmoins des solutions contre la perte de l’odorat. En quoi consiste concrètement l’anosmie ? Quels sont les causes et symptômes de cette maladie ? Quels sont les traitements possibles ?
Sommaire de l'article
Qu’est-ce que l’anosmie ?
L’anosmie se traduit par une forte réduction de l’odorat, qui constitue l’un des cinq sens de l’homme. Elle est généralement associée à une détérioration du nerf olfactif (là où les odeurs sont traitées), ou encore des cellules de la muqueuse olfactive.
En réalité, une personne qui souffre de la perte de l’odorat présente des grandes difficultés à sentir l’odeur un aliment, d’un parfum ou d’un arôme. L’anosmie peut être soit présente dès la naissance (congénitale), soit apparue durant une affection virale, comme le rhume, la sinusite. En cas d’apparition lors d’une pathologie virale, l’anosmie est habituellement transitoire. Cependant, il convient de distinguer l’anosmie des autres affections de l’odorat comme :
- La parosmie : qui se traduit par la déformation de certaines odeurs ;
- La cacosmie : elle se traduit par la perception permanente d’une odeur nauséabonde.
Quelles sont les causes de l’anosmie ?
Les causes sous-jacentes de l’anosmie sont nombreuses et elle peut avoir de multiples origines. Suivant les cas rencontrés, ce handicap est le symptôme d’un trouble acquis ou d’une anomalie congénitale.
Cas de l’anosmie congénitale
On parle de l’anosmie congénitale lorsque l’individu nait avec l’affection, mais très peu de personnes naissent dépourvues de sens de l’odorat.
En effet, l’anosmie congénitale peut-être soit isolée, soit liée à un syndrome.
Anosmie congénitale isolée
Une anosmie isolée est causée par une anormalité dans le développement des bulbes olfactifs ou un dysfonctionnement du tissu olfactif. Ce cas d’anosmie est très rare.
Anosmie congénitale liée à un syndrome
L’anosmie peut être aussi liée au syndrome de Kalimann. Ce dernier est une maladie génétique du développement embryonnaire, qui se traduit par une affection des bulbes olfactifs, en raison d’une insuffisance hormonale.
Cas de l’anosmie acquise
L’anosmie acquise est causée par un trouble acquis dans la plupart des cas, et en particulier par une maladie, mais elle est souvent transitoire.
On distingue aussi deux types d’anosmie acquise.
Anosmie acquise de perception
On évoque l’anosmie de perception en cas d’anormalité dans la perception des données olfactives (odeurs). Dans ce contexte, les organes sensoriels sont affectés, c’est-à-dire qu’il y a une altération des nerfs olfactifs. Les troubles susceptibles d’être à l’origine de ce phénomène sont :
- certains traitements médicamenteux : morphine, traitement anticancéreux, etc ;
- une opération chirurgicale ;
- intoxications causées par l’inhalation d’un produit nocif ou d’un polluant industriel dans un environnement industriel par exemple ;
- tabagisme ;
- radiothérapie en cas de cancer peut favoriser la perte du goût ou l’anosmie, qui peut prendre des mois ou devenir définitive ;
- infections, principalement celles provoquées par le virus herpès simplex ou le virus de l’influenza (grippes) ;
- méningiomes ou tumeurs bénignes, apparaissant au niveau des membranes (méninges) qui recouvrent la moelle épinière et le cerveau ;
- traumatismes crâniens engendrés par un accident de circulation et autre ;
- hépatites virales et inflammations des foies, provoqués par un virus ;
- maladies neurologiques comme l’épilepsie, la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer ;
- maladie dégénérative comme la sclérose en plaques ;
En plus de ces derniers, l’âge aussi peut favoriser l’anosmie acquise de perception. Plus l’homme prend de l’âge, plus ses facultés olfactives s’affaiblissent. À partir de la soixantaine, une perte de récepteurs olfactifs engendre une réduction du potentiel à sentir les odeurs. Au-delà de soixante-dix ans, la perte de l’odorat devient très importante.
Anosmie acquise de transmission
Lorsqu’il est question de troubles de transmission des informations olfactives, on parle de l’anosmie de transmission. Dans ce cas, les molécules odorantes ne parviennent pas aux cellules sensorielles, du fait de l’anormalité de perméabilité des fosses nasales. Par conséquent, l’anosmie de transmission est provoquée par une obstruction des voies et fausses nasales.
L’anosmie acquise de transmission peut être associée à :
- une mauvaise qualité de la muqueuse olfactive ou du mucus ;
- une affection sous-jacente : le rhume par exemple ;
- une sinusite chronique : inflammation des muqueuses de l’anus ;
- une rhinite ;
- une déviation de la cloison nasale ;
- la présence d’une pathologie dans le nez : une tumeur qui bouche le nez et altère l’odorat par exemple ;
- une polypose naso-sinusienne : c’est une affection des sinus et du nez, qui se traduit par la mise en place de polypes et d’œdèmes dans les muqueuses, ce qui bloque ainsi la transmission des odeurs.
Quels sont les symptômes de la perte de l’odorat ?
Les symptômes de l’anosmie sont multiples.
Symptômes domestiques
- Possibilité d’entrer en contact avec des substances chimiques ;
- Incapacité à sentir la fuite de gaz et un objet qui brûle. Il y a alors un grand risque d’incident ;
- Impossible de savoir si le repas est avarié.
Sur le plan psychologique et social
Psychologiquement, l’anosmie se manifeste par un taux élevé de dépression et d’anxiété, ainsi que la baisse de la libido.
Au niveau social, il y a la difficulté d’avoir une relation intime, le retrait ou isolement social et l’évitement durant les repas.
Symptômes associés à l’hygiène
Impossibilité d’identifier :
- les odeurs des autres ;
- ses propres odeurs corporelles ;
- les odeurs de la saleté ;
- le linge sale.
Symptômes associés aux attitudes alimentaires
La diminution :
- de l’envie de faire la cuisine et l’augmentation de la proportion de nourriture mangée ;
- de l’envie des plaisirs liés aux mets et de manger.
Sur le plan professionnel
Les personnes qui souffrent de l’anosmie peuvent se voir contraindre à des professions qui exigent certaines capacités olfactives. Elle peut constituer une inaptitude physique quant à l’accès à un emploi public, au regard des textes réglementaires et législatifs.
À titre d’exemple, d’après un arrêt de 5 juin 1998, la cour administrative d’appel de Lyon estimait que la candidature d’un citoyen anosmatique aux exercices d’inspecteur de police doit être refusée par l’Administration.
Comment se déroule le diagnostic de l’anosmie ?
Dès la constatation d’une perte brutale ou progressive de l’odorat, il faut consulter immédiatement votre médecin traitant. Afin de poser le diagnostic et de spécifier les causes de l’affection, le médecin généraliste procède à une évaluation des facteurs suivants : la perte de l’odorat est-elle progressive ou soudaine, est-elle est totale ou partielle, est-elle limitée à une catégorie d’odeurs ou non, etc.
Le médecin procède aussi à un interrogatoire du patient, relativement aux antécédents familiaux et médicaux, aux éventuels traitements, à une éventuelle prise de tabac, une hygiène et un mode de vie…Pour déterminer la sévérité de la perte, il peut faire un test d’anosmie en se servant d’un tampon imbibé d’alcool. Avec ce test, si le patient ne sent pas l’odeur de l’alcool à moins de 10 cm de son nez, il est donc souffrant de la pathologie.
Suivant le diagnostic posé, le généraliste peut diriger le patient vers un spécialiste ORL. En se référant aux appareils, ce dernier se chargera d’affiner le diagnostic (mesures de réflexes, olfactométrie, etc). Le spécialiste ORL peut aussi effectuer des examens d’imagerie, comme la radiographie, la rhinoscopie et le scanner ou l’IRM, afin d’observer l’intérieur du nez du patient.
Quels sont les traitements possibles pour l’anosmie ?
Le traitement de l’anosmie consiste à traiter la cause sous-jacente.
- En cas de l’anosmie associée à une affection comme la sinusite ou le rhume, aucun traitement n’est nécessaire, puisqu’elle est temporaire et se guérit, au même moment que la maladie. Peu à peu, le patient retrouvera son odorat ;
- En cas de polypose naso-sinusienne ou de rhinite non allergique, le médecin peut prescrire un traitement contenant de cortisone inhalée.
- En cas d’affection virale chronique, l’anosmie peut durer des mois voire des années, mais elle peut être traitée à base de cures thermales ;
- Dans le cas des infections bactériennes, le médecin peut vous prescrire des antibiotiques. Le patient récupérera rapidement son odorat ;
- En cas d’anosmie survenue suite à un traumatisme crânien, la récupération de l’odorat est rare, puisque les séquelles sont souvent permanentes.
En ce qui concerne l’anosmie engendrée par la présence d’une tumeur, une opération chirurgicale s’avère nécessaire. Lorsque la perte de l’odorat est à l’origine des complications sur le plan psychologique, un suivi par un psychothérapeute est idéal.
Anosmie et Covid-19 : que retenir ?
La perte de l’odorat apparait comme l’un des symptômes souvent rencontrés chez les personnes testées positives à la Covid-19, sans que ceux-ci n’aient le nez qui coule ou bouché. Les chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS ont déterminé en mai 2021, les mécanismes impliquant l’anosmie chez les personnes infectées par le virus Sars-CoV-2, ceci aux différents stades de l’affection.
Ces chercheurs ont découvert que le virus de la Covid-19 infecte les neurones sensoriels, puis entraine l’inflammation persistance du système nerveux olfactif et de l’épithélium.
Cependant, pour retrouver l’odorat suite à une contamination de la Covid-19, il faut se référer directement à un médecin et ne pas pratiquer l’auto-médication. De plus, il a été mis en place une application nommée Covidanosmie. Cette dernière est gratuite et elle permet de récupérer très rapidement son odorat, après la contraction du Covid-19.
Le protocole d’usage de cet outil indique que l’utilisateur doit inhaler les huiles essentielles hyper concentrées (citron, eucalyptus, clou de girofle et géranium rosae) deux fois au quotidien à l’aveugle, afin de stimuler les capteurs olfactifs qui ont été abimés par la Covid-19.