En 2018, plus de 43 000 cas de cancer colorectal ont été enregistrés. Ces nouveaux chiffres classent cette tumeur à la troisième place, sur le podium des cancers qui sévissent le plus en France. Ces chiffres ont également permis à l’Institut National du Cancer, de prévoir pour l’année 2020, 45 000 nouveaux cas sur le territoire français. En 2021, il est toujours difficile d’expliquer avec exactitude cette croissance du nombre de cas en France. Toutefois, plus le cancer colorectal est vite détecté, plus la prise en charge est efficace. En France, les autorités ont mis sur pied un programme national de dépistage, dès l’âge de 50 ans, afin de réduire le taux de mortalité dû à cette maladie. Focus sur le cancer du côlon et du rectum.
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Cancer colorectal : qu’est-ce que c’est ?
La tumeur dite colorectale prend ses sources au niveau des cellules du rectum et du côlon. Il s’agit d’une tumeur maligne, constituant un groupe de cellules cancéreuses, pouvant envahir et détruire les tissus environnants. Le cancer colorectal peut aussi se propager en métastases vers d’autres organes de l’organisme.
Le rectum et le côlon sont des éléments du gros intestin et par conséquent, de l’appareil digestif. Le rôle du côlon est d’absorber les éléments nutritifs ainsi que l’eau, afin de faire passer les selles dans le rectum. Le cancer du rectum et du côlon est qualifié de cancer colorectal, puisque ces deux organes sont composés des mêmes tissus. De plus, il n’existe pas de limite apparente entre le côlon et le rectum.
Cependant, il arrive que les cellules de l’un ou l’autre des deux organes subissent certains changements, rendant leur mode de croissance anormal. Généralement, ces changements sont à l’origine de la formation de tumeurs telles que des polypes inflammatoires ou hyperplasiques. Ces tumeurs sont non cancéreuses.
Dans certains cas, les changements intervenus peuvent également engendrer des états pré cancéreux. Cela veut dire que les cellules anormales peuvent évoluer et devenir cancéreuses, si elles ne sont pas immédiatement traitées. Ces états pré cancéreux du rectum et du côlon, sont généralement des syndromes des cancers colorectaux héréditaires et des adénomes.
La plupart du temps, ce type de cancer naît des cellules glandulaires, tapissant la paroi du rectum ou du côlon. Ces cellules glandulaires produisent, en général, du mucus qui est destiné à aider les matières fécales à se déplacer dans le rectum, mais aussi au niveau du côlon. Ce type de tumeur est nommé adénocarcinome du rectum ou du côlon. Il existe aussi des formes rares du cancer colorectal. À titre d’exemple, il y a le cancer carcinome épidermoïde du côlon ou du rectum et le cancer carcinome à petites cellules du côlon ou du rectum.
Cancer colorectal : quels sont les facteurs de risque ?
La consommation excessive d’aliments gras, de viande rouge et d’alcool, le tabagisme, l’obésité ou le surpoids, la sédentarité, sont autant de facteurs pouvant être à l’origine du cancer colorectal. Toutefois, certains de ces facteurs de risque peuvent être évités. D’autres, par contre, sont inéluctables. Il s’agit des cas d’antécédents personnel et familial de polypes du côlon, de cancer colorectal ou d’autres cancers.
En dehors des cas suscités, les sujets souffrant de rectocolite hémorragique ou de maladie de Crohn, sont aussi exposés au cancer colorectal. C’est aussi le cas des individus souffrant de polypose adénomateuse familiale ou de syndrome de Lynch. Ces derniers cas ont un pourcentage d’exposition à la tumeur de l’ordre de 80 % à 100 %.
Quels sont les symptômes du cancer colorectal ?
Comme toutes les autres affections, le cancer colorectal a des signaux d’alerte. On note généralement :
- une fatigue inexpliquée ;
- des épisodes prolongés de constipation ou de diarrhée ;
- des ballonnements ;
- la présence du sang dans les matières fécales ou la perte du poids.
Ces symptômes ne sont pas spécifiques du cancer du côlon ni de celui du rectum. Il est donc nécessaire de consulter un médecin généraliste pour être fixé. Ce dernier va prescrire des examens cliniques, notamment la coloscopie.
Cet examen consiste à mettre une sonde dans l’anus du patient, afin d’observer tout le côlon et le rectum. L’objectif principal de ce test est de trouver des polypes, s’il y en a. Il s’agit d’un examen généralement pratiqué sous anesthésie, qui exige une préparation contraignante. Le patient doit impérativement suivre un régime sans fibre et prendre à deux reprises, 2 L d’un liquide laxatif salé, afin de procéder au nettoyage complet du côlon.
Toutefois, si le patient ne présente aucun signe distinctif, le médecin peut prescrire une coloscopie de surveillance, notamment chez les sujets à risque moyen. Il s’agit principalement des patients ayant des antécédents familiaux ou personnels. Certains patients à risque élevé peuvent aussi être concernés. Il s’agit notamment des personnes souffrant du syndrome de Lynch par exemple.
Pour éviter toute sorte de surprise, tout le monde doit se faire dépister du cancer colorectal dès l’âge de 50 ans. Aujourd’hui, le test immunologique permet de détecter environ 80 % des cas de cancer colorectal. Autrefois, c’était le test d’Hémoccult. Le test immunologique consiste à faire la recherche de sang occulte au niveau des selles. Environ 5 % des tests immunologiques sont positifs et exigent des examens complémentaires pour définir s’il est réellement question d’un cancer.
Cancer colorectal : comment faire le diagnostic ?
Comme expliqué plus haut, l’examen de référence pour diagnostiquer le cancer de côlon en particulier est la coloscopie. Cet examen permet de trouver des polypes avant que ces derniers ne deviennent cancéreux. Il permet aussi de détecter de très petites lésions pouvant être retirées. En cas de lésions de grandes tailles, une partie de la tumeur sera prélevée, afin d’être analysée au laboratoire. On parle de biopsie.
Dans le cas où la tumeur serait cancéreuse, l’examen sera complété afin d’examiner l’étendue du cancer. Afin d’être précis dans la localisation et sur l’extension de la tumeur, les spécialistes se servent du scanner thoracoabdos pelviens. Cet examen complémentaire permet aussi de vérifier si la tumeur présente des métastases au niveau des poumons et du foie.
En dehors des scanners thoracoabdos pelviens, les médecins font aussi usage de dosage sanguin d’un protéique appelé ACE ou antigène carcino-embryonnaire. Avec le dosage sanguin, si cette protéine augmente, cela signifie qu’il y a présence de cellules cancéreuses ou de métastases.
En ce qui concerne le cancer du rectum, il existe deux différents examens d’imagerie médicale pour le diagnostiquer. Il s’agit en premier lieu, de l’imagerie par résonance magnétique encore appelée IRM, au niveau du rectum. Le deuxième examen est une échographie endorectale.
Ces deux examens ont pour objectif de déterminer le stade de la tumeur. Ils permettent aussi d’évaluer le degré de pénétration de la tumeur au niveau de la paroi et la présence des ganglions suspects. Ces deux examens cliniques sont donc indispensables pour établir une stratégie thérapeutique adaptée.
Comment traiter le cancer colorectal ?
Pour ce qui est des différents moyens de traitement du cancer du côlon, ils ont évolué avec les progrès observés dans le domaine de la chimiothérapie et, de la chirurgie. Les thérapies ciblées pour mieux traiter les métastases ont aussi contribué à l’amélioration des traitements de ce type de cancer.
Toutefois, le premier traitement du cancer colorectal reste la chirurgie. La chirurgie dans ce contexte va permettre d’enlever les parties du côlon, où se trouve la tumeur. L’intervention chirurgicale va se faire par laparotomie (ouverture de l’abdomen) ou par cœlioscopie, selon la localisation de la tumeur. Le chirurgien va effectuer plusieurs incisions, afin d’y insérer les instruments chirurgicaux ainsi qu’une caméra.
Dans le cas où les examens préparatoires signaleraient une présence de métastases, la chimiothérapie néo-adjuvante est proposée pour faire régresser les métastases. Ensuite, l’opération est reprogrammée. En ce qui concerne les cancers localisés, la chirurgie à elle seule peut suffire. Par contre, s’il s’agit d’une tumeur agressive ayant atteint les ganglions, les spécialistes préconisent un traitement par chimiothérapie. Ce traitement peut être combiné à une immunothérapie avec des anticorps monoclonaux et des médicaments pouvant freiner la croissance de la tumeur.
Si le rectum est atteint par la tumeur, la stratégie thérapeutique est différente de celle du cancer du côlon. Ici, le médecin va proposer une radiothérapie, ensuite une chimiothérapie pendant une période d’un mois. Après cette période d’un mois, le médecin traitant va attendre trois mois avant de passer à l’étape de la chirurgie. Ce délai peut paraître long, mais il est indispensable puisque la chimiothérapie va faire fondre la tumeur. Il est donc important d’attendre que la chimiothérapie donne le maximum de ses effets avant de passer à l’intervention.
Une fois que la partie atteinte est enlevée, le traitant va effectuer un abouchage ou une anastomose. C’est-à-dire qu’il va reconnecter la partie du rectum ayant été conservée au côlon. Dans le cas où la cicatrice soit vraiment proche de l’anus et que les matières fécales ne peuvent plus être naturellement évacuées, une stomie temporaire est pratiquée. L’intestin sera directement relié à l’abdomen et les selles vont s’écouler dans une poche qui sera fixée sur le ventre du patient.
Il est important de souligner que la plupart des stomies sont maintenant provisoires. Mais cela n’empêche pas qu’elles soient traumatisantes pour la majorité des patients. Il existe à cet effet des infirmières spécialisées ou des stomathérapeutes pour aider les patients avec une stomie.
Quel suivi pour le cancer colorectal ?
Après l’opération chirurgicale, certains examens anatomopathologiques sont pratiqués pour s’assurer que la tumeur a bien été enlevée dans son entièreté. Un prélèvement de tissus lymphatiques va être réalisé autour de la tumeur. On parle dans ce cas de curage ganglionnaire et l’objectif est de vérifier s’il existe encore des cellules tumorales au niveau du ganglion.
Le cas échéant, une chimiothérapie additive est proposée. Ensuite, le patient sera surveillé tous les trimestres, et ceci pendant deux ans environ dans un premier temps, puis tous les semestres pendant trois ans et pour finir, chaque année. L’objectif est d’accompagner les patients et de dépister d’éventuelles récidives.