La colectomie fait partie des chirurgies digestives et consiste généralement à retirer une partie ou la totalité du côlon. C’est une opération qui représente une réponse propice à la survenue de cancer du côlon. Comment se préparer à cette intervention ? Quel est le mode opératoire de la colectomie et quelles en sont les suites ?
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Qu’est-ce que la colectomie ?
La colectomie est une chirurgie digestive qui se pratique en réponse au cancer du côlon. Elle a pour cible principale le côlon, encore appelé gros intestin. La colectomie permet de retirer une partie ou la totalité de côlon, en fonction du niveau de gravité de la tumeur. Cette intervention chirurgicale est aussi connue sous le nom de résection du côlon.
Les risques et les complications de cette opération peuvent être très importants, au vu de sa lourdeur. La colectomie n’est donc proposée au patient, qu’après que le rapport bénéfices–risques ait été analysé avec une grande rigueur.
La résection du côlon est bien souvent suivie d’une anastomose, encore appelée couture, qui permet un rétablissement effectif du circuit digestif. Le côlon, principale cible de la colectomie, se décline en trois grandes parties :
- Le côlon droit qui représente une prolongation de l’intestin grêle ;
- Le côlon gauche qui comporte un prolongement au niveau du rectum ;
- Le côlon transverse.
Il est à noter que la mission du côlon dans l’organisme est d’absorber l’eau des selles, afin que ces dernières soient solides. Il n’a pas un réel impact sur l’absorption des aliments. Mais, lorsqu’il est affecté par un cancer ou toute autre tumeur, on pratique une colectomie pour la retirer. Ce qui agit sur le transit des aliments, et entraîne une fréquence des selles de plus en plus liquides.
Quand pratiquer une colectomie ?
Plusieurs faits ou situations médicaux peuvent conduire à la réalisation de la colectomie. Le cancer du côlon est la plus connue des situations conduisant à cette opération. La colectomie permet dans ce cas, de retirer la partie du côlon qui contient la tumeur ainsi que les ganglions infectés. En dehors de ce cancer, les situations pouvant demander une résection du côlon sont :
- Les maladies inflammatoires ayant principalement pour cible l’intestin (la maladie de Crohn et la rectocolite ulcéro-hémorragique) ;
- La sigmoïdite diverticulaire, une infection récidivante qui s’attaque au côlon sigmoïde ;
- Les complications de la diverticulose ;
- Les abcès diverticulaires ;
- La perforation d’un ventricule ;
- La sténose colique ;
- La péritonite ;
- La rectocolite hémorragique ;
- Les polypes volumineux ou dégénérés.
Chacune de ces situations médicales ne sont orientées vers la colectomie, que si elles deviennent vraiment graves et qu’aucune autre option n’est envisageable.
Par ailleurs, la décision de réaliser l’opération de colectomie n’émane pas seulement du chirurgien. Le dossier du patient doit passer par une concertation pluridisciplinaire. C’est une étape primordiale qui permet de porter à la connaissance du patient, les éventuels risques auxquels l’opération pourrait l’exposer. Le patient est donc celui qui décide si oui ou non, il veut subir la colectomie.
Les différents types de colectomie
En fonction de l’étendue du cancer ou de la tumeur ayant conduit à l’opération, la colectomie peut prendre diverses formes. Ainsi, on parle de colectomie droite lorsqu’on procède à une ablation de la petite partie de l’intestin grêle, qui s’étend dans le côlon. Il en est de même lorsqu’il s’agit de la partie droite du côlon lui-même. Pour le rétablissement du transit digestif, une couture est réalisée entre le côlon transverse et l’intestin grêle.
La colectomie transverse correspond, comme son nom l’indique, à une ablation du côlon transverse, suivie d’une couture entre les côlons droit et gauche. Cependant, lorsque c’est le côlon gauche qui subit une ablation, on parle de colectomie gauche. Le côlon transverse et le rectum sont, ici, les deux organes entre lesquels est réalisée la couture, pour le maintien du transit digestif.
Dans les cas extrêmes de double cancer ou de cancer opéré par dilation du côlon, on réalise une colectomie élargie. Par ailleurs, on parlera de colectomie totale dans les rares situations où il est nécessaire de procéder à une ablation totale du côlon. Le cancer colique familial, le syndrome de Lynch et la polypose, sont notamment les situations pouvant conduire à une colectomie totale. Cette dernière est le niveau le plus élevé de colectomie. Après l’opération, on réalise une couture entre l’intestin grêle et le rectum, pour maintenir le transit digestif.
Comment se préparer pour une colectomie ?
La colectomie ne nécessite pas une grande préparation. Toutefois, les patients doivent éviter au maximum les aliments solides et les liquides clairs pendant les six heures qui précèdent l’intervention. Par ailleurs, la consommation de tabac doit impérativement être arrêtée, quatre ou six semaines avant l’opération. Cela permet de limiter les risques et d’éviter certaines complications. Les médecins recommandent également que le patient reste actif pendant les semaines qui précèdent l’opération, afin de jouir d’une meilleure récupération.
Le déroulement de l’opération de colectomie
Dans certaines circonstances, la colectomie se déroule en ambulatoire. Néanmoins, quelques nuits d’hospitalisation sont requises pour un bon déroulement de l’opération.
La résection du côlon commence par une préparation psychologique du patient, qui est conduit au bloc le jour de l’intervention. Il est accueilli par des équipes médicale et paramédicale, qui se chargent de le rassurer pour éviter qu’il soit anxieux. Certains hôpitaux font même appel à un hypnothérapeute. Sa mission est de détendre le patient jusqu’au moment où il sera endormi par l’anesthésie.
En ce qui concerne la durée de l’opération, elle peut varier entre deux et cinq heures, en fonction des parties du côlon qui sont affectées par la tumeur. La technique utilisée pendant l’opération peut également être un facteur de variation de la durée.
Il est autant important de préciser que la colectomie se pratique par deux voies principales : la voie cœlioscopique et la voie ouverte
La voie cœlioscopique
Encore désignée par le terme de laparoscopie, la voie cœlioscopique est très peu invasive et beaucoup plus privilégiée, en absence de contre–indication. Lorsque la colectomie se réalise par cette voie, le chirurgien réalise de petits trous au niveau de l’abdomen. Ces trous serviront à insuffler du dioxyde de carbone, pour une distension des parois.
Ainsi, on libère assez d’espace pour faciliter l’identification des organes et débarrasser la partie du côlon infectée. Après cette étape, le chirurgien doit maintenant procéder à des ligatures vasculaires. Ces dernières vont lui permettre d’identifier les différentes artères qui vascularisent la partie du côlon à retirer.
Pour finir, la zone du côlon explicitement identifiée est retirée, au travers d’une ouverture d’à peu près cinq centimètres de largeur. La partie retirée est ensuite envoyée à l’anatomopathologie pour des analyses. Aujourd’hui, les avancées notables de la technologie rendent la colectomie par voie cœlioscopique réalisable dans certains hôpitaux, avec une assistance robotique.
La voie ouverte
Contrairement à la colectomie par voie cœlioscopique, celle par voie ouverte se pratique dans les cas d’urgence. Encore appelée laparotomie, elle se pratique dans les cas de perforation colique, de péritonite, d’occlusion ou d’étiologie tumorale. L’opération n’est pas préparée à l’avance dans la plupart des cas.
Le mode opératoire consiste généralement à allonger le patient sur le dos. Et ceci, de manière à ce que le chirurgien puisse réaliser une incision médiane à cheval au niveau de l’ombilic qui descend jusqu’au pubis. Lorsque l’incision s’étend jusqu’au niveau du sternum, on parle d’incision xiphopubienne.
Au travers de l’incision, le chirurgien peut désormais bien voir le côlon, qu’il va libérer avec ses mains. Ensuite, le côlon est délicatement retiré et on procède au rétablissement de la continuité digestive.
Que la colectomie soit réalisée par voie cœlioscopique ou par voie ouverte, on réalise bien souvent ensuite, une stomie des selles. Celle-ci va permettre de dériver les selles pendant que l’anastomose cicatrise.
Le programme de récupération après la colectomie
La colectomie est une opération particulièrement épuisante. Il est donc nécessaire de suivre un programme de récupération bien défini, pour une restauration efficiente des capacités du patient.
Heureusement, la plupart des structures hospitalières proposent aujourd’hui des programmes de récupération améliorés. Ils permettent de réduire, aussi bien la durée de récupération que les complications postopératoires. Ces programmes sont désignés par le terme Raac (Récupération Améliorée Après Chirurgie) et se déroulent généralement en trois grandes étapes.
Étape 1 : La préhabilitation opératoire en amont
Cette étape consiste à optimiser le statut nutritionnel du patient. En effet, de nombreuses expériences ont permis d’établir que les diverses complications liées à la colectomie proviennent de la dénutrition du patient. Ce dernier ne possédant pas de réserves protéiques. Pour éviter les déconvenues de ce fait, on oriente le patient vers un diététicien pour un bilan nutritionnel avant l’opération.
Par ailleurs, durant cette étape, on procède aussi à la correction d’une éventuelle anémie, afin d’éviter les risques de saignements chroniques et occultes. La kinésithérapie peut également intervenir sur le plan de la mobilisation ou de la respiration, toujours pour éviter les complications.
Étape 2 : Les mesures per-opératoires
Il s’agit ici de dispositions prises pendant le déroulement de l’opération. Cette étape englobe principalement le traitement de la douleur, qui doit être très minime en morphine. Les mesures per-opératoires prennent également en compte le contrôle de l’hydratation du patient.
Étape 3: Les mesures postopératoires après l’intervention
Elle commence avec une réalimentation immédiate du patient sans régime particulier. Cela permet aussi à son intestin de se remettre à fonctionner le plus rapidement possible. Ensuite, le patient doit très vite se remobiliser. Même s’il en a très envie, il ne doit pas rester au lit et doit, au plus vite, reprendre une activité normale.