Votre enfant refuse les aliments qui ne lui sont pas familiers ? Pas de panique ! Loin d’être un signe de caprice, cette phase est appelée ‘’néophobie alimentaire’’. Elle est considérée comme une étape normale du développement de l’enfant et touche environ 50 et 75% des tout petits. Elle survient le plus souvent entre l’âge de deux et six ans, puis s’estompe et finit par disparaître lorsque l’enfant grandit. Faisons le point pour dédramatiser et apporter des solutions en douceur.
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Qu’est-ce que la néophobie alimentaire ?
La néophobie alimentaire est un comportement, qui est caractérisé par la réticence d’essayer de nouveaux aliments chez les petits enfants. Venant du mot grec ‘’neos’’ qui veut dire nouveau et de ‘’phobein’’ qui signifie craindre, la néophobie alimentaire signifie littéralement la peur d’essayer de nouveaux mets. On l’appelle également ‘’alimentation difficile’’ ou ‘’ alimentation capricieuse’’.
Ce comportement découle du mécanisme inné de votre enfant, qui refuse instinctivement tous les aliments qui ne lui sont pas familiers, car selon lui, ils peuvent être dangereux ou empoisonnés. Si un aliment donné est reconnu et accepté au niveau visuel, alors il sera goûté. Le goût permettra à votre enfant de l’évaluer pour sa valeur subjective (positive ou négative), qui sera par la suite associée à l’image visuelle. Si l’expérience avec cet aliment est positive, alors le facteur de réticence à le manger prochainement sera réduit.
Une autre explication donnée à la néophobie alimentaire est qu’à l’âge de deux ans, votre enfant a déjà une idée plus ou moins claire de l’apparence et de l’odeur des aliments. De manière à ce que, lorsque vous lui présentez un aliment qui ne correspond pas à sa perception des choses, il le rejette systématiquement.
Présenter un nouvel aliment de manière amusante ou positive, ou en lui donnant un aspect séduisant dans l’assiette de votre enfant, semble réduire la phobie qu’il pourrait inspirer. En revanche, contraindre votre enfant à consommer un nouvel aliment, pourrait accentuer sa phobie.
La néophobie alimentaire est rare chez les nouveau-nés mais devient plus apparente, dès que les aliments solides remplacent le lait maternel. Elle atteint un pic chez les enfants entre deux et six ans, avant de décliner par la suite. Elle peut entraîner des carences car généralement, elle concerne souvent le groupe des fruits et des légumes, qui contiennent des vitamines essentielles à l’organisme de votre enfant.
Il est important de faire la différence entre les enfants appelés « difficiles » qui rejettent les aliments familiers comme non familiers car ils n’en aiment pas le goût, et les enfants qui souffrent de la néophobie alimentaire. Ces derniers rejettent les aliments non familiers.
Comment reconnaître la néophobie alimentaire chez son enfant ?
Si votre enfant est dans la phase de néophobie alimentaire, vous le remarquerez au travers de son comportement. Voici quelques attitudes les plus fréquentes, chez les enfants qui développent une néophobie alimentaire :
- Il trie les aliments qu’il veut manger ;
- Il examine avec soin et longuement les aliments que vous lui proposez ;
- Il odore les aliments avant de les envoyer à la bouche ;
- Il vomit ou crache les aliments ;
- Il refuse d’ouvrir sa bouche pour prendre l’aliment ;
- Une fois les aliments dans la bouche, il les mâche très lentement ;
- Il repousse l’assiette ou la renverse ;
- Il détourne sa tête.
Les conséquences de la néophobie sur la santé et le développement de votre enfant
La néophobie alimentaire comme mentionné plus haut peut se concentrer essentiellement sur certains aliments tels que les fruits ou les légumes verts. Les légumes verts par exemple ont généralement une teinte d’amertume. Les papilles gustatives de votre enfant lui diront par exemple que les aliments qui ont un goût amer sont de potentiels poisons. D’où ce regard répugnant sur le visage de votre enfant, lorsque vous tentez de lui donner une cuillerée de vert foncé.
Un manque de fruits et de légumes dans l’alimentation de votre enfant peut le priver de micronutriments et de composantes alimentaires tels que les fibres et les composés phytochimiques, qui sont bénéfiques pour sa santé.
Les aliments protéinés tels que le poisson, les œufs et la volaille peuvent aussi être confrontés au refus de votre enfant.
Dans ces cas de refus, certaines carences nutritionnelles peuvent alors survenir. Les parents doivent obligatoirement traiter et corriger ces carences. Aussi, des conséquences physiques dues à un apport alimentaire insuffisant, un retard staturo-pondéral ou encore un surpoids, pourraient compromettre la croissance et le développement de votre enfant, s’il refuse certains aliments.
Les enfants en pleine croissance, doivent consommer une variété d’aliments de chaque groupe d’aliments, pour s’assurer qu’ils obtiennent tous les nutriments dont ils ont besoin pour leur croissance. Un enfant atteint de la néophobie alimentaire ne sera pas en mesure d’y parvenir, car il sera enclin à aimer un seul type d’aliment ou un seul groupe d’aliment.
Dans le cas de la néophobie alimentaire, une consultation avec le nutritionniste est donc nécessaire, afin de discuter des besoins alimentaires de votre enfant et de trouver des solutions aux problèmes.
Quelques solutions pour faire aimer les aliments à votre bébé
Il est tout à fait normal, de voir votre enfant détester certains aliments. Cependant, il ou elle n’a pas à rejeter systématiquement tous les aliments de ce groupe d’aliments. Autrement dit, si votre enfant n’aime pas les pommes, cela ne signifie pas qu’il ne va plus manger d’autres types de fruits. Voici quelques pratiques qui pourraient motiver votre enfant à rejeter la néophobie alimentaire :
Donnez l’exemple
La charité bien ordonnée commence par soi-même dit-on. Si vous voulez que votre enfant mange tel ou tel aliment, il est de votre devoir de le manger vous-même devant l’enfant. Si vous ne pouvez pas le faire alors, il serait complètement injuste de demander quelque chose que vous n’êtes pas en mesure de faire vous-même. Vous représentez le modèle par excellence de votre enfant. Il est plus facile d’inculquer des habitudes saines aux enfants, s’ils voient que vous êtes prêts à les suivre également. Montrez-lui combien vous aimez manger ce nouvel aliment par vos expressions faciales.
Ne forcez pas votre enfant
Lorsque nous obligeons les enfants à faire quelque chose, cela augmente leur répulsion pour cette même chose. Il en est de même avec la nourriture ; vous pouvez créer de véritables rejets durables pour certains repas. Si votre enfant rejette un nouvel aliment que vous lui présentez, il faut laisser passer le temps et réessayer après. Selon des recherches, il faut présenter le nouvel aliment à plusieurs reprises, avant qu’il ne l’accepte.
Il n’est pas du tout conseillé de remplacer un aliment que l’enfant n’aime pas, par un autre qu’il aime. Cela pourrait laisser croire que le refus est accompagné de récompenses positives, ce qui ne fera que renforcer son comportement.
Faites-le participer
Il est recommandé de faire participer l’enfant à l’achat des aliments et au processus de préparation. Laissez-le vous regarder cuisiner, afin qu’il puisse sentir les arômes des aliments que vous préparez. Demandez quelquefois son avis sur la texture, le goût et la saveur des aliments. Votre enfant sera plus motivé à manger un repas auquel il a participé. Cela peut aider les enfants à surmonter leur néophobie alimentaire et les encourager à essayer de nouvelles saveurs.
Soyez patient et créatif
On ne peut pas présenter à un enfant une assiette pleine d’une nourriture qu’il n’a jamais mangée auparavant et s’attendre à ce qu’il la termine. La meilleure manière de lui faire accepter le nouvel aliment est de commencer petit à petit, avec de petites portions. Vous pouvez même faire en sorte de lui présenter l’aliment nouveau sans qu’il ne remarque même sa présence.
Vous pouvez par exemple incorporer le nouvel aliment dans un gâteau, une crème, une soupe etc. De cette manière, vous vous rapprochez de plus en plus de votre objectif.
Par ailleurs, le fait de sevrer les petits-enfants de l’allaitement maternel en leur donnant des aliments solides, peut être efficace pour prévenir la néophobie alimentaire. Plus l’enfant s’habituera à un nouvel aliment après son sevrage et moins, il sera difficile de l’intégrer à son régime alimentaire.
Dressez un joli tableau
La plupart des enfants dépendent de leur sens descriptif (l’exposition gustative, visuelle, olfactive…), pour faire le choix des aliments qu’ils consomment. Présentez-lui par exemple le nouvel aliment, dans une assiette bien décorée. Vous pouvez aussi couper l’aliment en petits cubes, si possible.
Vous pouvez aussi lui décrire brièvement le nouvel aliment que vous comptez lui présenter de manière imaginaire et, lui donner les informations nutritionnelles sur celui-ci. Cela peut être utile pour accroître sa volonté d’essayer de nouveaux mets et, réduire sa néophobie alimentaire.
Commencez tôt
Avouons-le, les enfants sont plus attirés par les aliments sucrés, croquants ou spongieux en termes de saveur et de texture. Par contre, ils semblent rejeter les aliments fibreux, acides ou fades. Généralement les enfants commencent à développer leur préférence en matière de saveurs et de textures depuis l’utérus, à partir des aliments que vous consommez.
L’essentiel est de l’exposer à de nouveaux repas dès son plus jeune âge car, c’est à ce moment qu’il commence à décider réellement des goûts et textures qu’il préfère.
Essayez toujours
Vous pouvez être tenté, pour éviter les problèmes et gagner du temps, de vous débarrasser des aliments, qui constituent un problème dans l’assiette de votre enfant. Évitez surtout cette approche, si vous voulez vraiment que votre enfant mange les mets que vous mettez dans son assiette.
Cela peut prendre un certain temps avant qu’il ne se familiarise. Mais une fois que cela se produit, il l’accepte généralement. Ne baissez donc pas les bras.
Attendez les signaux de la faim
Chez l’adulte, quand on a le ventre plein, on n’aime pas en rajouter. Il en est de même chez les enfants ; si vous introduisez un nouvel aliment, assurez-vous que votre enfant ait vraiment faim. Ainsi, il sera plus susceptible de l’accepter. Toutefois, ne forcez pas les choses s’il ne veut pas.
S’il pense que manger le repas que vous lui présentez est très important pour vous, il peut utiliser cette situation comme un moyen de vous manipuler, pour avoir d’abord sa nourriture préférée. Ne tombez sous aucun prétexte dans son piège.
En tant que parent, vous avez un rôle important à jouer dans l’alimentation de votre enfant. Vous devez alors l’aider à surmonter sa néophobie alimentaire. Avec un peu de technique, de l’aide et ces conseils sus-donnés, vous serez en mesure de diversifier son palais, évitant ainsi toute carence nutritionnelle.