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Electrophorèse de l’hémoglobine: comment interpréter les résultats  ?

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Electrophorèse de l’hémoglobine: comment interpréter les résultats  ?
Test d'électrophorèse de l'hémoglobine

L’hémoglobine est la principale composante du sang humain. Une électrophorèse de cette composante est souvent réalisée pour en détecter les éventuelles anomalies. Cet examen est très important, parce qu’il permet de déterminer les maladies dont souffre, ou pourrait souffrir le patient. Dans quelles circonstances réalise-t-on une électrophorèse des hémoglobines ? Comment se déroule l’examen ? À quoi sert-il réellement ?

Qu’est-ce que l’électrophorèse de l’hémoglobine ?

Pour comprendre ce qu’est l’électrophorèse de l’hémoglobine, il est important de bien comprendre la notion d’électrophorèse.

En effet, on définit l’électrophorèse comme un procédé biologique permettant de séparer les différentes particules selon leur taille, leur forme et bien d’autres critères. Cette séparation des particules, réalisée grâce à un champ électrique, a pour but d’identifier des microorganismes et de vérifier l’état et l’expression des protéines, afin de pouvoir diagnostiquer d’éventuelles maladies.

Par ailleurs, une électrophorèse est très simple à mettre en place et est généralement peu coûteuse. On l’utilise aussi dans les projets de recherche, même si d’autres tests sont parfois nécessaires pour confirmer les résultats obtenus.

En ce qui concerne l’électrophorèse de l’hémoglobine, elle se pratique sur un échantillon de sang, dans le but d’en séparer les principaux types d’hémoglobines. Il existe en effet dans le sang, plusieurs variétés d’hémoglobines, dont les principales sont l’A1 (représentant jusqu’à 98 % de la composition sanguine chez l’homme adulte) et l’A2. Le reste de la composition sanguine se partage entre les autres hémoglobines, qui ont un étroit rapport avec des maladies du sang (les hémoglobinoses). Une des plus connues de ces hémoglobines est l’hémoglobine S, l’élément principal responsable de la drépanocytose, maladie sanguine qui modifie la forme des globules rouges.

Ainsi, l’électrophorèse de l’hémoglobine se réalise fréquemment lorsqu’on détecte des concentrations anormales des composantes du sang (taux de globules rouges, d’hémoglobine ou autres) et des symptômes caractéristiques de l’anémie. En réalisant donc l’électrophorèse, on arrive à déterminer les diverses formes anormales d’hémoglobine et même les maladies qu’elles cachent.

Quand réaliser une électrophorèse de l’hémoglobine ?

De nombreuses situations médicales ou non peuvent nécessiter la réalisation d’une électrophorèse de l’hémoglobine. Pour commencer, lorsqu’une femme non caucasienne est en situation de grossesse, l’électrophorèse s’impose. Les antécédents familiaux des maladies de l’hémoglobine (thalassémie, drépanocytose) doivent également conduire à la réalisation d’une électrophorèse de l’hémoglobine. On réalise aussi cet examen dans certains cas d’anémie dont les causes ne sont pas réellement connues. En dehors de ces situations, on distingue aussi :

  • Les explorations d’ostéoporose ;
  • Les taux de protides anormalement élevés ;
  • Des symptômes cliniques et biologiques caractéristiques d’une hémopathie ou encore d’un myélome ;
  • Une augmentation soudaine et souvent inexpliquée de la vitesse de sédimentation ;
  • Les répétitions d’infections bactériennes ;
  • Une cirrhose ;
  • Les maladies inflammatoires.

Chacune de ces situations font très souvent l’objet d’une électrophorèse de l’hémoglobine, pour en déterminer les causes et préconiser un traitement à suivre.

À quoi sert l’électrophorèse de l’hémoglobine ?

Sa facilité de réalisation et son coût relativement faible font de l’électrophorèse de l’hémoglobine un examen privilégié, aussi bien dans les diagnostics que dans les projets de recherche. Elle est utilisée à de différentes fins parmi lesquels :

  • L’analyse des différents types d’hémoglobine circulant dans le sang ;
  • L’évaluation de la quantité précise de protéines contenue dans le sang ;
  • La vérification de l’expression des protéines ;
  • Les tests de paternité ;
  • L’identification d’éventuels virus, bactéries, parasites ou champignons ;
  • L’identification des mutations (génétiques par exemple) ;
  • L’établissement du diagnostic de l’anémie falciforme.

Ce ne sont là que les principales fonctions de l’électrophorèse de l’hémoglobine. Cet examen peut bien être utilisé à d’autres fins. Il est également important de préciser qu’en fonction de l’objectif à atteindre, d’autres tests complémentaires peuvent être réalisés pour confirmer le diagnostic du médecin.

Comment se déroule l’électrophorèse de l’hémoglobine ?

Pour réaliser une électrophorèse de l’hémoglobine, on commence par prélever un échantillon de sang du patient. Ce prélèvement doit être réalisé par un professionnel qualifié et dans un laboratoire spécialisé, disposant de l’équipement nécessaire à une telle manipulation. Si le prélèvement est mal fait, cela peut entraîner une altération et même une destruction des globules rouges : on parle d’hémolyse. Ce qui conduit à des résultats erronés.

Par ailleurs, le patient doit rester à jeun pendant au moins quatre heures de temps, avant que le prélèvement ne soit effectué. Toutefois, certains laboratoires utilisant des technologies de pointe, ne demandent pas forcément que le patient soit à jeun. Il est donc important de se renseigner auprès du laboratoire pour savoir la conduite à tenir.

Après le prélèvement, l’électrophorèse se fait à pH alcalin (entre 8 et 9). Cette technique repose fondamentalement sur la mesure du taux de migration des molécules, lorsqu’elles sont soumises à des courants électriques. On visualise les bandes de déplacement, en prenant en compte la taille et le poids des molécules.

Le modèle de bandes obtenu est ensuite comparé au standard normal, pour déterminer les éventuelles anomalies et potentiellement, la formation d’hémoglobines anormales.

Comment sont-interprétés les résultats de l’électrophorèse de l’hémoglobine ?

Le modèle de bandes obtenu par l’électrophorèse de l’hémoglobine est utilisé pour identifier de manière claire et précise le type d’hémoglobine contenu dans le sang du patient. Le poids et le degré de migration de ces hémoglobines sont consignés dans un rapport, qui est à la fois transmis au médecin et au patient.

La procédure de l’électrophorèse consiste notamment à faire migrer les hémoglobines du patient, et à les évaluer selon plusieurs critères. Selon les résultats obtenus, plusieurs interprétations peuvent être faites.

Par exemple, lorsqu’on remarque une hypoprotéinémie (diminution du taux d’albumine), c’est souvent le signe d’une malnutrition, d’une insuffisance hépatique, d’une infection chronique ou encore d’une surcharge hydrique.

En ce qui concerne l’hyperalpha2globulinémie, on l’interprète comme la caractéristique d’un état inflammatoire. Si, au-delà de cet état, la fraction bêta et gamma entre en fusion, on conclut une présence de cirrhose.

Par ailleurs, l’hypogammaglobulinémie  (diminution des gammaglobulines) se traduit habituellement par un dysfonctionnement du système immunitaire. Si, par contre, ce taux de gammaglobuline augmente, cela peut être dû à une situation de myélome, de gammapathies monoclonales, ou encore à des maladies autoimmunes telles que le lupus et la polyarthrite rhumatoïde.

L’électrophorèse de l’hémoglobine peut aussi révéler une augmentation des bêta-globulines, qui s’interprète par une carence en fer, des obstructions biliaires ou parfois une hypothyroïdie.

L’importance de l’électrophorèse de l’hémoglobine dans le diagnostic de la drépanocytose

La drépanocytose est une maladie génétique fréquente, qui se transmet par un gène autosomal récessif. Cette maladie se manifeste par la présence d’une hémoglobine anormale, l’hémoglobine Hb S. Cette maladie est le fruit d’une mutation du gène bêta-globine, qui se manifeste par un remplacement de l’acide glutamique par la valine.

Les avancées technologiques ont fait de l’électrophorèse de l’hémoglobine un moyen de choix, pour diagnostiquer de façon certaine la drépanocytose. En effet, cette technique sera utilisée dans le but de séparer les différentes variétés d’hémoglobine, et donc de détecter les formes anormales qui pourraient être responsables de la drépanocytose. Les différents génotypes d’hémoglobine correspondant à la drépanocytose sont notamment :

  • Le génotype AA qui correspond à un individu homozygote normal ;
  • Le génotype AS pour les porteurs sains ;
  • Le génotype SS qu’on retrouve chez les hétérozygotes drépanocytaires.

Grâce donc à l’électrophorèse de l’hémoglobine, il est possible de détecter le plus tôt possible ces génotypes et d’anticiper si possible un traitement de la drépanocytose.