La chéilite angulaire ou perlèche est une maladie qui s’attaque aux lèvres. Elle survient autant chez les enfants que chez les personnes âgées. Quelles sont les causes d’une chéilite angulaire ? Comment se manifeste-t-elle ? Comment peut-elle être diagnostiquée, traitée et prévenue ? Focus sur cette maladie des lèvres.
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Définition de la chéilite angulaire
De manière générale, le terme chéilite désigne une inflammation chronique survenant sur les lèvres. Cette inflammation affecte en grande partie les bords du vermillon, ainsi que le vermillon lui-même. On note une apparition de rougeurs, de gonflements et des douleurs aux lèvres.
La chéilite angulaire, aussi appelée stomatite angulaire, est l’une des formes les plus fréquentes de chéilite. Elle se traduit notamment par une inflammation, des crevasses douloureuses et une macération qui se forment dans les coins de la bouche. Généralement, la perlèche affecte à la fois les deux commissures et est donc qualifiée de bilatérale. Elle peut aussi être unilatérale quand elle est localisée sur un seul côté.
La chéilite angulaire se retrouve le plus souvent chez trois principaux types d’individus :
- Les enfants ayant l’habitude de se lécher les lèvres ou de sucer leur pouce ;
- Les jeunes et adultes qui souffrent de manière chronique d’une infection au staphylocoque doré ;
- Les individus âgés disposant d’une prothèse dentaire.
La perlèche prend forme au niveau de la commissure des lèvres, qui représente un endroit humide et chaud, favorable au développement des levures Candida. La perlèche constitue alors une forme de candidose cutanée.
Les causes de la chéilite angulaire
De nombreuses causes peuvent entraîner une chéilite angulaire. Elle est souvent liée soit à une infection, soit à des allergies, ou à des irritations. Les infections proviennent des champignons comme le Candida albicans, ainsi que de certaines bactéries. On retrouve parmi celles-ci le Staphylococcus aureus (naturellement logé dans les narines), les streptocoques et la pseudomona aeruginosa.
Les allergies incluent des substances telles que les dentifrices, les produits de maquillage, certains aliments, etc. Quant aux irritations, elles sont relatives à un mauvais ajustement des prothèses dentaires, au léchage fréquent des lèvres, à la bave, à la sécheresse buccale, au tabagisme, etc.
Les autres facteurs comprennent :
- Les carences nutritionnelles comme celle en fer ou en vitamines A et B ;
- Certaines affections chroniques dermatologiques telles que le psoriasis ou la dermatite atopique ;
- L’excès de consommation d’aliments composés essentiellement de sucres rapides ;
- L’état de grossesse ;
- L’usage de certains médicaments tels que les antibiotiques, les rétinoïdes, les corticoïdes absorbés, les antihypertenseurs et les immunosuppresseurs ;
- L’obésité ;
- La succion de pouce observée chez les enfants.
On note également comme facteurs déclencheurs de la chéilite angulaire, les troubles survenant au cours des soins dentaires ou lors des interventions chirurgicales effectuées sur la cavité buccale.
Certaines affections systémiques à l’image du diabète, de l’anorexie mentale ou de la trisomie 21, augmentent aussi le risque. L’âge ne peut en outre être négligé, car on remarque fréquemment chez les personnes âgées une émission permanente de salive. Cela favorise ainsi l’humidité au niveau de la commissure des lèvres.
Symptômes de la chéilite angulaire
La chéilite angulaire se manifeste principalement par une lésion inflammatoire présente dans le coin de la cavité buccale. L’apparence de cette lésion varie d’une personne à une autre en fonction des différents facteurs et causes possibles de l’affection. La lésion peut dans certains cas se limiter à la muqueuse des lèvres. Elle peut aussi dans d’autres cas, progresser hors de la bordure du vermillon pour se retrouver sur la peau du visage.
Dans un premier temps, on note un épaississement gris-blanc ainsi qu’un érythème qui se développent dans les coins de la bouche. L’apparence observée plus tard est une sorte de zone triangulaire de gonflement et de détérioration de la peau aux différents coins de la bouche. La muqueuse des lèvres peut ensuite se fissurer, devenir croûteuse ou ulcérée.
Il peut y avoir sur les parties impliquant la peau, des fissures linéaires encore appelées rhagades rayonnantes. En cas de dermatite, celle-ci peut progresser du coin de la bouche jusqu’à la peau des joues ou du menton. S’il y a implication de la Staphylococcus aureus, la lésion peut être marquée par des croûtes de couleur jaune dorée. Dans les cas de chéilite angulaire chronique, on peut noter une formation de pus, de tissu de granulation ainsi qu’une exfoliation.
D’autres signes peuvent aussi apparaître, notamment la diminution de la hauteur du visage due à de mauvaises prothèses dentaires. Cela peut déboucher par suite sur un effondrement des mâchoires, encore appelé surfermeture mandibulaire. Si l’affection se trouve liée à un déficit nutritionnel, divers symptômes comme la glossite (enflement de la langue) peuvent se présenter. Chez les individus atteints portant de prothèses, on remarque souvent une muqueuse érythémateuse en dessous de la prothèse.
De façon typique, les lésions liées à la perlèche donnent lieu à des signes d’endolorissement, de démangeaisons, de brûlure ou de douleur. En absence de traitement, la progression de la chéilite angulaire peut entraîner une maladie du vermillon des lèvres et des zones cutanées situées aux alentours de la bouche.
Comment diagnostiquer une perlèche?
Le diagnostic de la perlèche est habituellement établi par un médecin généraliste suite à une auscultation des signes caractérisant ce mal. Les facteurs conditionnant l’infection sont recherchés afin d’identifier l’agent pathogène responsable. Si l’inflammation est unilatérale par exemple, cela suggère un traumatisme des syphilides papuleuses.
La perlèche provoquée par un excès de fermeture de la mandibule ou d’autres irritations est le plus souvent bilatérale. Pour détecter si l’affection est d’origine bactérienne avec une potentielle présence de Candida, les lésions sont généralement écouvillonnées (nettoyés à l’aide d’un écouvillon).
Un tamponnage de prothèses aura lieu chez les personnes atteintes portant des prothèses dentaires. Un hémogramme complet peut être nécessaire, sans oublier la mesure des réserves de fer, de vitamines B, de folates et de ferritine. Des examens sérologiques ou microbiologiques peuvent en outre être prescrits, pour confirmer la provenance de la chéilite angulaire. Une affection liée à la cavité buccale est par ailleurs recherchée par le médecin, grâce à un examen minutieux de l’intégralité de cette cavité. Cela permet de mesurer la gravité de l’inflammation.
La chéilite angulaire ne représente pas une urgence médicale en soi. Elle nécessite cependant une consultation permettant de mettre en place un traitement adéquat, avant l’extension de l’infection vers d’autres zones cutanées. Dans la plupart des cas, le diagnostic n’a point besoin d’être confirmé par d’autres examens complémentaires. La provenance bactérienne ou fongique de la chéilite angulaire peut déjà s’identifier par l’âge et l’état de santé de l’individu atteint. Les examens micrologiques sont souvent indiqués aux patients ayant connu un échec thérapeutique suite à la mise en place d’un premier traitement.
Traitements de la chéilite angulaire
Le traitement à appliquer contre une chéilite angulaire dépend de la cause de celle-ci. Si la perlèche est d’origine infectieuse, elle doit être traitée par des médicaments permettant de cibler l’agent pathogène à la base. Au nombre de ces médicaments, on distingue :
- Les antifongiques locaux, ou dans certains cas oraux pour les formes plus sévères ;
- Les solutions désinfectant le pourtour des lèvres ;
- Les produits asséchants.
En cas d’implication de champignons, un bain de bouche doit être utilisé pour traiter l’intérieur de la cavité buccale. Il existe en outre certaines crèmes antifongiques qu’on associe à des corticostéroïdes comme la triamcinolone, pour la réduction des inflammations.
Si l’infection est liée à une staphylococcus aureus, le traitement sera basé sur l’usage d’une crème à acide fusidique, efficace contre ce genre de bactérie. L’acide fusidique peut être remplacé par la mupirocine, la chlorhexidine et la néomycine. En cas de causes irritatives, la perlèche peut être corrigée par :
- L’hydratation des lèvres avec un baume hydratant ;
- L’arrêt du léchage des lèvres pour éviter qu’elles soient trop humides ;
- La réadaptation des prothèses dentaires.
Les prothèses doivent aussi être bien désinfectées à l’aide de certaines solutions commercialisées à cet effet. Notons que les prothèses peuvent également être laissées au cours de la nuit dans de l’eau de Javel diluée à une concentration de 1:10. Il faut cependant que les prothèses soient entièrement faites de plastique et ne comportent aucune pièce en métal. Un rinçage à l’eau claire doit par suite être effectué avant leur utilisation.
Dans les cas rares où les traitements normaux sont insuffisants, des interventions chirurgicales peuvent avoir lieu. Cela peut impliquer des injections de collagène ou de graisse autologue, pour tenter de redonner un aspect normal au visage. D’autres mesures de traitement peuvent aussi être appliquées telles que :
- L’arrêt du tabagisme ;
- L’adoption d’une bonne hygiène bucco-dentaire ;
- L’usage d’une crème de protection ;
- La correction d’un éventuel déficit nutritionnel, etc.
Pour une guérison complète de l’affection, il faut généralement attendre quelques jours à quelques semaines. Si la maladie résiste aux différents traitements, des causes sous-jacentes comme l’anémie ou le VIH doivent être recherchées.
La détermination de celles-ci est primordiale au traitement des cas chroniques. Les inflammations peuvent disparaître quand la maladie sous-jacente est efficacement traitée. Les patch-tests sont par ailleurs indiqués dans certains des cas résistants au traitement où il y a suspicion d’une dermatite allergique.
Comment prévenir la perlèche?
La perlèche peut être prévenue en évitant le léchage des commissures de ses lèvres. Il est également important de bien entretenir sa cavité buccale. Les personnes porteuses de prothèses dentaires doivent les retirer la nuit et les tremper à l’intérieur d’une préparation antiseptique.
Afin d’éviter les carences nutritionnelles, une alimentation à la fois équilibrée et variée s’avère nécessaire. Les produits sucrés facilitant le développement d’une candidose sont à éviter en particulier. Un rinçage de la bouche est aussi recommandé chez les individus suivant un traitement qui inclut l’inhalation de corticoïdes. Il faudra enfin s’abstenir de toucher ses lèvres, pour ne pas provoquer des contaminations infectieuses.