La sinusite est une affection très fréquente des sinus du corps, qui touche environ 90% des adultes au cours de leur vie. Elle peut avoir des causes multiples. Lorsque ces dernières sont d’origine dentaire, on parle de sinusite dentaire. Il s’agit d’une affection des sinus maxillaires, en conséquence à une infection ou à une inflammation des dents, qui sont d’ailleurs, étroitement liées avec lesdits sinus. Dans ce cas, comment soigner la sinusite dentaire ? Quels en sont les causes et symptômes ? Comment la prévenir ? Retrouvez ici quelques réponses ?
Sommaire de l'article
Généralités sur la sinusite dentaire
Les sinus sont des cavités osseuses, qui communiquent avec les fosses nasales par un canal de drainage. La sinusite correspond généralement à une inflammation d’un ou de plusieurs sinus du corps parmi les quatre types que sont, les sinus maxillaires, frontaux, sphénoïdaux et ethmoïdaux. En cas d’affection de ces quatre types de sinus au même moment, on parlera de pansinusite. Plusieurs causes peuvent en être responsables.
La sinusite dentaire, c’est quoi ?
En ce qui concerne la sinusite dentaire, il s’agit d’abord d’une forme de sinusite maxillaire dont l’origine est plutôt particulière. La sinusite maxillaire est une inflammation des muqueuses, qui tapissent les sinus maxillaires du crâne. C’est l’une des affections sinusiennes les plus fréquentes dans la famille des infections ORL. Certains aspects particuliers de la sinusite maxillaire comme l’étiologie (causes), permettent d’en distinguer très clairement les différentes formes.
La sinusite dentaire correspond à une de ces formes et plus particulièrement, à une diffusion infectieuse qui par de la racine dentaire et qui, atteint la pointe du plancher sinusien. Cette pathologie est particulièrement fréquente et représente à elle seule, entre 10% et 30% des sinusites maxillaires. Il s’agit en réalité d’un « bras de fer » dent/sinus, conduisant à une pathologie.
A cet effet, les sinus se situent généralement au-dessus des racines des dents qu’on qualifie de maxillaires, en raison et en fonction de la proximité de leur apex avec le plancher sinusien. Ces dents sont séparées par un plancher osseux d’épaisseur variable. Les dents les plus concernées sont les premières et deuxièmes prémolaires mais également, certaines canines.
Quelles sont les causes de la sinusite dentaire ?
Il existe deux étiologies possibles, en ce qui concerne la sinusite dentaire. La plus courante et la plus connue est la présence de foyers dentaires infectieux. Il peut s’agir de complications telles que les caries dentaires avec (ou sans) nécrose de la pulpe, les abcès dentaires ou encore, d’une infection des tissus qui soutiennent la dent, comme une parodontite apicale. Généralement, elles se prolongent le long de la racine dentaire jusqu’à l’apex et, conduisent à la formation d’un granulome apical.
Lorsqu’une des dents logées sous les sinus maxillaires est infectée ou enflammée, la membrane osseuse peut subir une destruction progressive, qui donne suite à une propagation de l’infection à l’intérieur de la cavité sinusienne. Cette infection donne lieu à des cas de sinusites unilatérales récidivantes ou de sinusites unilatérales prolongées.
La deuxième cause principale concerne les complications infectieuses iatrogènes (post traitement) après une chirurgie orale. Par exemple, lors de l’extraction d’une dent, il peut y avoir des cassures dont les particules s’introduisent dans les sinus. Aussi, le médecin peut procéder au traitement de la racine de la dent, par obturation avec des substances comme le zinc, dont les résidus peuvent également migrer vers les sinus. Ce dernier exemple est d’ailleurs typique et est connu, pour favoriser le développement de l’aspergillus. Ce genre d’intervention expose donc à de nombreux risques d’infection et de surinfection.
D’autres causes moins connues de cette pathologie, existent. Il peut s’agir de causes plutôt générales comme l’immunodépression engendrée par la toxicomanie, de la prise de certains médicaments comme les corticoïdes, les antibiotiques, etc… Ces derniers sont à l’origine de la perturbation de l’éco-flore sinusienne locale. Par ailleurs, la perturbation de la fonction mucociliaire sinusienne peut favoriser, l’apparition d’une sinusite d’origine dentaire.
Symptômes et manifestations de la sinusite dentaire
La sinusite dentaire est souvent confondue à la sinusite aiguë dans leurs symptomatologies, à quelques exceptions près. A cet effet, la sinusite aiguë ne dure généralement pas plus de deux semaines. Les symptômes les plus courants sont :
- La congestion nasale avec un écoulement purulent des narines ;
- Des céphalées diffuses ;
- Une forte douleur au niveau des sinus ;
- Une sensation de malaise ;
- Des éternuements ;
- Etc…
En plus de ces symptômes, peuvent s’ajouter ceux caractéristiques des sinusites maxillaires comme par exemple, des douleurs et des rougeurs au niveau des joues mais aussi, des maux de dents. A tout ceci s’ajoute, les symptômes spécifiques et propres à la sinusite dentaire que sont :
- L’unilatéralité de l’infection ;
- Une rhinorrhée fétide ou purulente ;
- Une cacosmie homolatérale due à la rhinorrhée et qui, entraîne une mauvaise odeur permanente dans le nez et la bouche ;
- Une douleur sous-orbitaire unilatérale, irradiant vers l’arcade dentaire ;
- Un mouchage unilatéral purulent, parfois associé à des filets sanglants ;
- Etc…
Diagnostic de la sinusite dentaire
La plupart du temps, le diagnostic de la sinusite en général, est réalisé par un médecin et est basé sur les symptômes typiques de l’infection. Des plaintes de douleurs, de maux de tête et d’écoulement nasal, peuvent constituer un premier indice. Aussi, le médecin peut vérifier la température et palper les sinus, afin de vérifier si cela ne provoque pas de douleur particulière, éventuellement liée à l’infection. Enfin, l’augmentation de la douleur lorsque le sujet penche sa tête en avant est un signe qui ne trompe pas.
La sinusite dentaire est une infection de type bactérien. Les signes de ce type d’infection constituent également un indice de plus pour le diagnostic. Par exemple, dans le cas d’une sinusite bactérienne, on remarque qu’un sinus est généralement plus atteint que l’autre. En plus, les patients atteints de sinusite d’origine bactérienne, se plaignent souvent d’une sensation de battements et d’une douleur, qui augmente clairement en fin de journée ou pendant la nuit. Les patients peuvent également consulter pour des motifs comme :
- Une obstruction nasale inconsistante ;
- Une rhinorrhée intermittente, unilatérale et purulente ;
- Une algie maxillo-dentaire unilatérale modérée.
En général, c’est l’unilatéralité des symptômes qui indique au médecin qu’il peut s’agir d’une infection d’origine dentaire.
Pour effectuer un diagnostic précis, une batterie d’examens rhinologiques s’impose parfois. Un spécialiste peut procéder à une rhinoscopie (endoscopie des orifices nasaux et ceux des sinus), afin de les visualiser et d’effectuer éventuellement un prélèvement des sécrétions nasales. La rhinoscopie montre généralement une congestion de la muqueuse sinusienne et des sécrétions purulentes, au niveau du méat moyen.
Afin d’être sûr du type de la sinusite, le médecin peut prescrire un traitement symptomatique d’une durée de deux jours. Si au bout de cette période, les symptômes de la sinusite persistent, alors il peut conclure qu’il s’agit bel et bien d’une sinusite bactérienne. Si la fièvre dure également plus longtemps que prévu, l’hypothèse d’une origine bactérienne est tout de suite posée et le médecin vérifie toujours s’il s’agit d’un problème dentaire ou pas. Par la suite, un examen stomatologique permet d’apprécier l’état des dents. Cet examen vise à identifier des caries éventuelles, des fistules bucco-sinusiennes ou encore, une percussion dentaire douloureuse.
Par ailleurs, lorsque le malade présente des complications liées à une sinusite, on peut procéder à une tomodensitométrie (technique d’imagerie médicale), pour en déterminer l’étendue et la sévérité. Elle permet également d’établir un bilan préopératoire.
Aussi, quand le médecin a la certitude qu’il s’agit d’une sinusite maxillaire, il prescrit une radiographie, pour confirmer ou infirmer la présence d’une infection dentaire causée par une carie ou un abcès. Dans les cas où le diagnostic se montre difficile, on peut également avoir recours à un « dentascanner ». C’est l’examen le plus performant, en ce qui concerne l’établissement d’un diagnostic de sinusite dentaire et l’identification des dents concernées.
Traitements de la sinusite dentaire
Dans le cas d’une sinusite maxillaire d’ origine dentaire, le traitement passe forcément par le traitement des sinus mais aussi de la dent à l’origine de l’infection. A cet effet, la collecte des données cliniques peut permettre une collaboration entre médecin dentiste et oto-rhino-laryngologiste, afin de fournir un traitement efficace.
Quel traitement médicamenteux pour la sinusite dentaire ?
Le volet médical concerne surtout celui des sinus. Ce traitement a trois objectifs précis, qui consistent à lutter contre l’infection et contre la douleur et, empêcher la sinusite de devenir chronique. Par ailleurs, le traitement adopte deux approches.
La première approche est locale car elle agit directement sur les sinus impliqués. Plus précisément, elle prévoit la décongestion de l’ostium et permet une meilleure aération des sinus. En général, ce traitement requiert l’utilisation de vasoconstricteurs locaux, sans prolongation sur la durée normale du traitement. On peut aussi avoir recours à des inhalations balsamiques et soufrées mais également, à des aérosols associant à la fois corticoïdes et antibiotiques.
L’approche générale du traitement des sinus associe plusieurs thérapies. Afin de prendre en compte la nature infectieuse de la pathologie, une antibiothérapie probabiliste est envisagée, en tenant compte des germes les plus fréquemment impliqués et de leur sensibilité. A cet effet, l’utilisation d’un complexe associant de la spiramycine et du métronidazole est très particulièrement recommandée, pour le traitement des sinusites dentaires. La durée du traitement ne dépasse généralement pas dix jours.
Les médecins prescrivent aussi des anti-inflammatoires non stéroïdiens, pour une durée d’utilisation comprise entre quatre et six jours. Cette approche du traitement peut également inclure des antalgiques.
En ce qui concerne le traitement de la dent, l’approche médicale se base sur un principe conservateur de celle-ci,par l’éradication endodontique des conséquences intra-sinusiennes. Dans ce cas, on procède généralement à un traitement canalaire, qui peut être (assez rarement) associé à une résection apicale, si l’apex est accessible. On peut également procéder à une intervention endodontique. Celle-ci comprend un débridement, basé sur la neutralisation et l’élimination à la fois des résidus organiques, tissulaires et bactériens, un élargissement et une obturation canalaire.
En cas d’échec du traitement endodontique, si l’accès aux canaux est possible et que la restauration ne compromet pas le maintien de la dent sur l’arcade, un autre traitement canalaire s’impose. Cependant on ne peut envisager cette intervention que si, son succès est également envisageable.
Quel traitement chirurgical ou pour la sinusite dentaire ?
En ce qui concerne le volet chirurgical, il implique autant le traitement des sinus que celui de la dent. Pour ce qui est du traitement chirurgical des sinus, il est surtout réservé pour les sinusites bloquées, hyper allergiques et résistant aux traitements médicaux. L’objectif essentiel du geste consiste à évacuer un empyème sinusien. On peut également avoir recours à une méatotomie, afin de défenestrer le sinus maxillaire autour de l’ostium, pour permettre au sinus d’être mieux ventilé.
Par ailleurs, le traitement dentaire a pour objectif d’éradiquer la cause dentaire mais également, ses conséquences. Ceci dit, il pose le problème de la conservation ou de l’extraction de la dent concernée. La technique chirurgicale endodontique utilisée permet une résection apicale et un scellement à rétro du système canalaire, par un abord muco-osseux exérèse du tissu inflammatoire.
Par ailleurs, une méthode non conservatrice de la dent exige une avulsion ou, une extraction dentairepar dévitalisation de la pulpe, afin d’empêcher une récidive ou une cicatrisation des lésions infectieuses. Certes, l’avulsion conduit à une communication bucco-sinusienne mais, celle-ci se ferme dès la disparition de l’infection.
Ceci dit, d’autres méthodes, moins radicales, permettent de réduire les symptômes associés à une sinusite dentaire.
Comment faire pour soulager les douleurs dues à une sinusite dentaire ?
En cas d’infection des sinus dont l’origine est dentaire, la meilleure façon de soulager les douleurs liées aux symptômes est l’élimination des mucosités accumulées. A cet effet, plusieurs astuces existent pour favoriser cette élimination. On peut par exemple :
- Boire suffisamment de l’eau, pour éclaircir le mucus et, utiliser la vapeur par inhalation, pour faciliter la décongestion et soulager la douleur ;
- Manger épicé afin de profiter des propriétés mucolytiques des aliments forts. Ceci dit, il est préférable de ne pas exagérer ;
- Utiliser un expectorant ou un décongestionnant, pour diminuer le gonflement des muqueuses et faciliter la respiration ;
- Fredonner pour s’endormir, afin de faciliter les échanges entre les sinus et les voies respiratoires et, diminuer considérablement la douleur sinusale ;
- Positionner la tête de manière à permettre au mucus de s’écouler facilement, afin de soulager la douleur et éviter une obstruction.
La sinusite dentaire est une pathologie maxillaire sinusienne qui a pour origine, une infection ou une inflammation des dents. Elle se manifeste généralement par des symptômes semblables à ceux d’une sinusite aiguë mais elle entraîne également des symptômes spécifiques. Quant au diagnostic, il est effectué par un médecin qui procède généralement par élimination du type de sinusite, sauf en cas de symptômes clairs ou alarmants. Le traitement définitif de la sinusite dentaire peut être médicamenteux ou chirurgical mais la douleur associée à ses symptômes peut être atténuée, grâce à des méthodes moins radicales.