Le débit de filtration glomérulaire (DFG) est le meilleur paramètre qui favorise l’étude de l’état de la fonction rénale. En effet, il se traduit par la quantité de glomérules filtrée au niveau des reins suivant une unité de temps. Le DFG est alors un marqueur quantitatif que l’on utilise dans le cadre d’évaluation de la fonction rénale, surtout en cas de diagnostic et de la mise en place d’un suivi de l’insuffisance rénale. Quels sont le rôle, les raisons d’évaluer, les méthodes d’estimations et les interprétations du débit de filtration glomérulaire ?
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Débit de filtration glomérulaire : définition
Le débit de filtration glomérulaire correspond au volume de plasmas que filtrent les reins tout au long d’une unité de temps (millilitre/minute). Il est fonction de la quantité de néphrons (unité fonctionnelle du rein) opérationnels. Ces derniers sont constitués chacun d’un glomérule et d’un tubule. Les néphrons opérationnels sont près de quarante mille à huit cent mille par rein, et ont pour rôle de favoriser la formation de l’urine.
Notez que le rein est un organe nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme, puisqu’il est mieux vascularisé. Le débit sanguin de cet organe est estimé à environ 25% du débit cardiaque (environ un litre par minute de sang ou six cents millilitres de plasma). Alors, la circulation du sang est en continu par le biais des filtres rénaux, qui ne sont rien d’autre que les glomérules. Ce sont ceux-ci qui produisent de l’urine, tout en faisant éliminer le plasma de ses déchets.
En effet, les glomérules assurent approximativement la filtration de 20% du plasma qui circulent au niveau de reins d’une personne en bonne santé. Autrement dit, le DFG normal est près de 120 mL/min (ou du moins 180 L/j). On peut donc définir le débit de filtration glomérulaire comme étant le meilleur marqueur qui permette de quantifier la fonction rénale. Ceci, puisqu’il est directement relié à la quantité de néphrons fonctionnels.
Débit de filtration glomérulaire : pourquoi procéder à son évaluation ?
Bien que la fonction rénale ne soit pas limitée au processus de filtration, le débit de filtration glomérulaire est considéré comme le meilleur indice témoignant de l’état de fonctionnement des reins. À cause de la perte progressive et physiologique de la quantité de néphrons fonctionnels avec le temps, il est bien normal que le DFG soit réduit suivant l’âge. Par contre, si la perte de la masse néphrotique est accélérée, il s’agit d’un dysfonctionnement qui peut être à l’origine d’une insuffisance rénale.
Puisqu’il est directement en corrélation avec le nombre de néphrons fonctionnels, le DFG apparaît alors comme une méthode de choix pour établir un diagnostic ou faire un suivi de l’insuffisance rénale. Le principal intérêt du calcul de ce débit est de mettre rapidement en place un traitement pour une insuffisance rénale précoce, afin d’éviter la dégradation de la fonction rénale.
En outre, l’évaluation du débit de filtration glomérulaire s’impose chez les personnes à risques. Ceci, dans l’optique de réduire le risque de développement d’une insuffisance chronique. Il est question ici des personnes :
- Qui souffrent de diabète ;
- Atteintes de maladies cardiovasculaires ;
- Ayant des antécédents de maladies rénales ou qui prennent des médicaments néphrotoxiques (qui sont probablement toxiques pour les reins).
Comment estimer le débit de filtration glomérulaire ?
L’estimation du DFG est basée sur la filtration de la créatinine, en considérant que la valeur de cette dernière est inversement avec le DFG. Ce qui signifie que plus il y a altération de la fonction rénale plus la créatininémie est élevée.
Raisons d’utilisation de la créatinine pour l’estimation du DFG
On estime concrètement le DFG par la mesure de la concentration en plasmas d’une molécule dont la sécrétion au niveau du sang est connue et stable.
Le dosage de la créatininémie est un indice très utilisé dans le cadre de l’estimation du débit de filtration glomérulaire. Ceci, parce que la créatinine est un élément favorisant la dégradation musculaire filtrée du sang. Par ailleurs, elle est rejetée dans les urines corrélées avec le fonctionnement des reins.
Mais, il faut retenir que ce n’est pas un marqueur totalement parfait de la fonction rénale, puisque la sécrétion de la créatinine est fonction de la masse musculaire, de même que l’âge du patient.
Dans l’optique de spécifier le dosage de la créatinine à la fonction rénale, il faut avoir recours aux formules mathématiques pour estimer le DFG. Tout ceci, en incluant non seulement la créatininémie, mais aussi les indices anthropométriques suivants :
- Âge ;
- Poids ;
- Ethnie ;
- Sexe ;
- Etc.
Formules utilisées pour l’estimation
Il existe actuellement plusieurs formules pour faire une évaluation du DFG, en fonction du contexte.
Formule de Cockcroft et Gault
Établie en 1976, la formule de Cockcroft et Gault est facile à utiliser, mais moins utilisée, à cause de sa précision qui est moindre, comparativement aux formules MDRD et CKD-EPI, qui sont d’ailleurs recommandées.
Les deux méthodes recommandées font l’estimation directe du débit de filtration glomérulaire indexé à la surface corporelle (déterminé en mL/min/1,73 mètre au carré). Elles intègrent principalement l’âge, l’ethnie, le sexe, la créatininémie, hormis le poids du patient.
Formule MDRD-simplifiée et CKD-EPI
La formule CKD-EPI est prise comme supérieure, en ce qui concerne les valeurs de créatininémie basses, par exemple dans le cadre de la dénutrition ou de l’hyperfiltration. De plus, il a été rapporté qu’elle est plus complexe que la méthode MDRD.
Cependant, retenez qu’il n’est pas possible d’utiliser ces formules dans tout contexte clinique. Ainsi, on ne peut pas les utiliser chez l’enfant ou en cas :
- De grossesse ;
- De cirrhose hépatique décompensée ;
- De dénutrition majeure ;
- De variation brutale de la fonction rénale (dans le cadre d’une insuffisance rénale aiguë) ;
- D’amyotrophie importante ou de gabarit hors norme.
Pour évaluer la fonction rénale dans ces différents contextes, il faut avoir recours à d’autres méthodes qui facilitent la détermination directe du débit de filtration glomérulaire. Ceci se fait, par la détermination de la clairance rénale de marqueurs exogènes filtrés au niveau des reins, que sont :
- L’inuline ;
- Le lohexol ;
- Les marqueurs radioactifs (125I-iothalamate, 51Cr-EDTA).
Apparaissant comme étant le gold standard, les méthodes énumérées sont plus précises. Toutefois, elles ne peuvent être utilisées selon le cas, puisqu’en plus de leur complexité, elles sont coûteuses et longues.
Comment se déroule l’interprétation des résultats issus du calcul du DFG ?
L’estimation du DFG permet l’évaluation de la fonction rénale et la vérification d’une probable insuffisance rénale, voire le degré de sévérité. Une personne non atteinte présente un DFG compris entre 90 et 120 mL/min/1,73 mètre au carré.
Cependant, lorsque le DFG est compris :
- Entre 60 et 89 mL/min/1,73 mètre au carré, il y a une insuffisance rénale débutante ;
- Entre 30 et 60 mL/min/1,73 mètre au carré, il y a une insuffisance rénale modérée ;
- Inférieure à 30 mL/min/1,73 mètre au carré, il s’agit d’une insuffisance sévère ou chronique.
Dans le cadre d’une maladie rénale chronique (MRC), la réduction du nombre de néphrons fonctionnels est en général proportionnelle à la diminution du débit de filtration glomérulaire. Cela permet alors de classifier la MRC suivant différents stades qui sont :
- Stade 1 : Normal (le DFG excède 90 mL/min/1,73 mètre au carré) ;
- Stade 2 : l’insuffisance rénale débutante ou légère (le Débit de filtration glomérulaire est compris entre 60 et 89 mL/min/1,73 mètre au carré) ;
- Stade 3 : Maladie rénale chronique modérée (le débit de filtration glomérulaire oscille entre 30 et 59 mL/min/1,73 mètre au carré) ;
- Stade 4 : maladie rénale chronique sévère (le DFG est compris entre 15 et 29 mL/min/1,73 mètre au carré) ;
- Stade 5 : MRC terminale (le DFG en dessous de 15 mL/min/1,73 mètre au carré).
Alors, la régulation du débit de filtration glomérulaire se traduit par une prise en charge spécifique à chaque stade. Le traitement de l’insuffisance rénale passe en effet par différentes thérapies, accompagnées des dispositions hygiéno-diététiques, surtout :
- Le traitement à base de médicaments ;
- Un suivi régulier auprès du cardiologue ;
- Les recommandations diététiques, qui nécessitent par exemple la diminution de l’apport en sel.
Enfin, il peut être recommandé d’augmenter son activité physique pour favoriser le traitement.