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DEPAKINE : indications, posologie et effets secondaires

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DEPAKINE : indications, posologie et effets secondaires
Boîtes de Dépakine

La DEPAKINE est un médicament antiépileptique, commercialisé par le laboratoire Sanofi Aventis France. Il s’agit d’un médicament aux propriétés anticonvulsivantes disponible sous la forme de comprimés gastrorésistants, lesquels contiennent des excipients et une substance active. La DEPAKINE est prise en charge par la Sécurité sociale, à hauteur de 65%. Pour un meilleur usage de ce médicament, il est indispensable que les patients respectent la posologie administrée, les différentes contreindications et les précautions d’emploi établies. Retrouvez dans cet article la composition de ce médicament antiépileptique et les conseils pour l’utiliser à de réelles fins thérapeutiques.

Présentation et composition de la DEPAKINE

La DEPAKINE est un médicament à base de Valproate de sodium (substance active), utilisé pour soigner les crises d’épilepsie. Il renferme également :

  • De l’amidon de maïs ;
  • Du titane dioxyde ;
  • De la povidone K90 ;
  • De l’éthyle phtalate ;
  • Du talc ;
  • Du Macrogol 400 ;
  • Du calcium silicate ;
  • De la cellulose acétophtalate.

À ces composés s’ajoutent le povidone K30 et le magnésium stéarate.

Indications de la DEPAKINE

La DEPAKINE est utilisée chez l’enfant et l’adulte pour le traitement des épilepsies généralisées (crise épileptique tonique, syndrome de Lennox-Gastaut, crise épileptique atonique, crise épileptique clonique, crise épileptique myoclonique et tonico-clonique) et des épilepsies partielles.

Chez l’enfant, elle est aussi utilisée en seconde intention (suite à l’inefficacité des benzodiazépines) pour prévenir le risque de récidive des crises épileptiques, après une ou plusieurs convulsions fébriles.

Mécanisme d’action de la DEPAKINE

Le Valproate de sodium (substance active de la DEPAKINE) possède des effets pharmacologiques qui, en cas d’épilepsie, sont mis en évidence au niveau du système nerveux central. En effet, cette substance a des propriétés anticonvulsivantes qui sont particulièrement efficaces contre des types très variés de crises d’épilepsie.

D’après les spécialistes, elle exerce deux types d’action anticonvulsivante dans l’organisme. La première a un lien avec les concentrations du cerveau et du plasma en valproate. Quant à la seconde, elle est jugée indirecte et est en relation avec :

  • Une modification des neurotransmetteurs ;
  • Les métabolites du valproate persistant dans le cerveau ;
  • Les effets membranaires directs.

Le plus souvent, l’hypothèse la plus admise est celle de l’acide gamma-aminobutyrique dont la concentration est en hausse après l’administration du valproate.

Posologie de la DEPAKINE

Chez les femmes en âge de procréer, les jeunes filles et les enfants de sexe féminin, l’instauration et le suivi du traitement par DEPAKINE doivent être effectués par un médecin professionnel ayant une expérience dans la prise en charge de l’épilepsie. Pour l’obtention de l’effet thérapeutique recherché, le traitement par DEPAKINE doit être initié avec une posologie journalière allant de 20 à 30 milligrammes par kilogrammes. Celle-ci doit être répartie en deux ou trois prises, de préférence au cours des repas.

Chez les patients qui font déjà l’objet d’un traitement avec d’autres antiépileptiques, la DEPAKINE doit être introduite de manière progressive, de sorte à atteindre la dose optimale en 14 jours. En parallèle, les thérapeutiques associées doivent éventuellement être réduites.   Dans le cas où le patient ne reçoit pas d’autres antiépileptiques, une hausse posologique peut avoir lieu tous les 3 jours, afin d’atteindre la posologie optimum, en 7 jours. Par ailleurs, si l’association d’autres antiépileptiques est envisagée, alors elle doit être réalisée progressivement.

Effets indésirables de la DEPAKINE

De nombreux effets indésirables peuvent se manifester, à la suite d’un traitement avec la DEPAKINE. Ils peuvent être fréquents, peu fréquents ou rares. En effet, plus fréquemment, on retrouve :

  • La thrombopénie ;
  • Les tremblements ;
  • L’anémie ;
  • Les sensations vertigineuses ou nauséeuses ;
  • Les troubles de la mémoire ;
  • La sédation ;
  • Les nausées ;
  • La perte d’audition ;
  • Les douleurs épigastriques.

En outre, on peut ajouter l’hyperplasie gingivale, l’incontinence urinaire, la diarrhée (qui se manifeste habituellement au début du traitement et disparaît spontanément au bout de quelques jours), la chute des cheveux et la prise de poids. Il en est de même de la stomatite, de l’hyponatrémie, des vomissements, de l’hépatopathie, du nystagmus, de l’hémorragie, des troubles de l’attention, de l’irrégularité menstruelle (en particulier chez les femmes), des céphalées et des hallucinations.

L’ostéoporose, l’aménorrhée, l’ostéopénie, l’œdème périphérique non sévère, la vascularite leucocytoclasique, l’hypothermie, le syndrome de sécrétion inappropriée de l’hormone antidiurétique, l’ataxie, les troubles capillaires, l’hyperandrogénie et  le coma surviennent peu fréquemment. Il en est de même de l’angioœdème, de la paresthésie, de l’insuffisance rénale, de l’épanchement pleural, de la pancytopénie, de la pancréatite, de la léthargie et de la leucopénie. Les patients peuvent rarement présenter :

  • Une énurésie ;
  • Une macrocytose ;
  • Une diplopie ;
  • Un syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse ;
  • Une agranulocytose ;
  • Des troubles cognitifs ;
  • Un syndrome de Stevens-Johnson ;
  • Une anémie macrocytaire ;
  • Un syndrome de Fanconi réversible ;
  • Une aplasie médullaire globale.

À ces effets, il peut s’ajouter d’une part un syndrome DRESS, une néphrite tubulointerstitielle, un syndrome de Lyell, une hypothyroïdie, un érythème polymorphe, une hyperammoniémie et un syndrome myélodysplasique.  D’autre part, on peut citer une hyperactivité psychomotrice (en particulier chez les enfants), un lupus érythémateux aigu disséminé, un déclin de la mobilité des spermatozoïdes (chez l’homme) et une rhabdomyolyse.

Contre-indications de la DEPAKINE

Si la DEPAKINE est dédiée au traitement des diverses formes d’épilepsie, il existe de nombreux cas dans lesquels son usage est contre-indiqué. En effet, en présence d’alternatives thérapeutiques appropriées, l’utilisation de ce médicament est interdite aux femmes enceintes. Chez les femmes en âge de procréer, il est essentiel que toutes les conditions du programme de prévention de la grossesse soient respectées, avant que la DEPAKINE ne soit utilisée.

Outre cette catégorie, la proscription de la DEPAKINE s’adresse aussi aux sujets qui sont hypersensibles aux composants du médicament, aux malades ayant des troubles de l’urée et à ceux ayant des antécédents de porphyrie hépatique. Les patients avec des antécédents d’hépatite sévère, chronique ou aiguë sont également concernés.

Les patients de moins de deux ans, qui présentent des troubles liés à la POLG, et ceux souffrant de troubles mitochondriaux secondaires à des mutations du gène nucléaire codant la POLG (enzyme mitochondriale polymérase), ne doivent, en aucun cas, absorber la DEPAKINE. Aussi, la combinaison de ce médicament avec le millepertuis est-elle interdite.

Précautions d’emploi de la DEPAKINE

La DEPAKINE est considérée comme un puissant tératogène à l’origine d’un important risque de troubles neurodéveloppementaux et d’anomalies congénitales, lorsqu’elle est absorbée en période de grossesse. Pour ce faire, en cas d’intolérance, ou d’inefficacité des autres formes de traitement, les spécialistes déconseillent son usage chez les femmes en âge de procréer et les enfants de sexe féminin. Si aucune issue n’est envisageable, les patientes devront se conformer aux conditions du programme de prévention de la grossesse.

Programme de prévention de la grossesse

Ce programme aborde les différentes conditions qui doivent être prises en compte avant d’envisager la prescription de la DEPAKINE, chez les femmes en âge de procréer, les enfants de sexe féminin et les femmes enceintes. En effet, le médecin traitant doit analyser, au cas par cas, les situations individuelles de la patiente. Pour ce faire, il doit s’assurer de l’engagement de cette dernière, échanger avec elle à propos des options thérapeutiques existantes et veiller à ce qu’elle comprenne les risques en jeu ainsi que les mesures nécessaires pour les réduire.

En second lieu, il doit évaluer le risque de survenue d’une grossesse. Il doit expliquer à la patiente et s’assurer qu’elle comprenne l’importance de réaliser un test de grossesse avant l’initiation du traitement et au cours du traitement.

En troisième lieu, le médecin prescripteur doit s’assurer que la patiente adhère à l’idée d’utiliser une contraception efficace, tout le long du traitement avec la DEPAKINE. Elle doit comprendre l’utilité de la réévaluation régulière de son traitement par un médecin spécialisé dans la prise en charge de l’épilepsie. Par ailleurs, elle doit avoir une meilleure compréhension sur l’importance de consulter son médecin lorsqu’elle a des projets de grossesse.

Enfin, elle doit recevoir une brochure d’information patiente, et remplir un formulaire annuel d’accord de soins, qui stipule qu’elle a compris les risques et précautions liés à l’usage de la DEPAKINE. Les femmes n’étant pas sexuellement actives sont aussi concernées par ces conditions préalablement énumérées.

Enfants de sexe féminin

Chez les enfants de sexe féminin suivant un traitement par DEPAKINE, les parents doivent comprendre l’importance d’avertir le médecin traitant, dès que ceux-ci manifestent leur première règle. Suite à l’apparition de ces premières menstruations, le médecin doit effectuer une réévaluation annuelle de l’importance du traitement par DEPAKINE, puis envisager l’ensemble des options thérapeutiques alternatives.

Dans le cas où l’usage de la DEPAKINE demeure l’option la plus appropriée, le médecin ainsi que les parents de l’enfant concerné doivent échanger sur les conditions du programme de prévention de la grossesse et sur l’importance d’utiliser une contraception efficace. Toutefois, avant que la patiente n’atteigne l’âge de la puberté, le médecin doit mener tous les efforts possibles pour passer à un traitement alternatif.

Test de grossesse

Avant la mise en place du traitement par DEPAKINE, l’idée d’une grossesse doit être écartée. Chez les femmes en âge de procréer, il ne peut être instauré qu’après l’obtention d’un test de grossesse négatif (approuvé par un professionnel de santé). Ainsi, toute possibilité d’usage volontaire du produit durant la grossesse sera exclue. Au cours du traitement avec la DEPAKINE, le test de grossesse doit être effectué à intervalles réguliers.

Contraception

Les médecins préconisent l’usage d’une contraception efficace (sans interruption) chez les femmes qui sont en mesure de procréer, tout le long du traitement avec la DEPAKINE. Les patientes concernées doivent recevoir des conseils relatifs aux méthodes de contraception jugées efficaces ainsi que toutes les informations en lien avec la prévention de la grossesse. Elles ont le choix entre une ou deux méthodes de contraception complémentaires. L’efficacité de la méthode de contraception à utiliser ne doit pas dépendre de l’utilisatrice. Aussi, même en cas d’aménorrhée, les patientes doivent continuer à suivre les conseils relatifs aux méthodes de contraception.

Médicaments contenant des œstrogènes

L’association de la DEPAKINE à des médicaments contenant des œstrogènes peut potentiellement déclencher une baisse d’efficacité du valproate de calcium. À cet effet,  il est crucial qu’à l’entame ou à l’arrêt du traitement avec les médicaments contenant des œstrogènes, le médecin traitant surveille les réponses cliniques du patient.

Évaluation annuelle du traitement

Dans l’optique de vérifier que le traitement par DEPAKINE représente toujours l’option la plus adaptée pour la patiente, il est indispensable que le médecin traitant effectue chaque année une réévaluation dudit traitement. Au moment de la mise en place du traitement et durant chaque évaluation annuelle, il doit échanger avec la patiente au sujet du formulaire annuel d’accord de soins et veiller à ce que cette dernière comprenne son contenu. Le médecin prescripteur et la patiente (ou son représentant légal) sont les seuls habilités à signer le formulaire annuel d’accord de soins.

Convulsion aggravée

Dans certains cas, l’apparition d’une nouvelle forme de convulsion chez le patient et l’aggravation de l’intensité de celle-ci peuvent être secondaires à la prise de la DEPAKINE. En présence d’une convulsion aggravée, la consultation médicale devient nécessaire. Cette forme de convulsion est différente de celle survenant lors d’un surdosage, d’une toxicité ou d’une interaction pharmacocinétique.

Une fois dans l’organisme, la DEPAKINE se transforme en acide valproïque. Par conséquent, afin de limiter un risque de surdosage en acide valproïque, son association avec d’autres médicaments subissant une transformation identique est à éviter.

Hépatopathie

La prise de la DEPAKINE est liée à une atteinte hépatique d’évolution sévère. Le risque de présenter une telle complication est plus accru chez les nouveau-nés et les enfants de moins de 3 ans atteints d’une épilepsie sévère (associée à un retard psychique, un trouble dégénératif d’origine génétique, des lésions cérébrales). À partir de 4 ans, la probabilité de contracter cette complication diminue significativement et décroît de manière progressive avec l’âge.

Le plus souvent, ces atteintes hépatiques surviennent durant les 6 premiers mois de traitement (plus précisément entre la 2e et la 12e semaine). Les principaux signes évocateurs à prendre en compte sont la réapparition des crises épileptiques malgré le respect du traitement, l’anorexie, les douleurs abdominales, l’abattement, la somnolence, l’asthénie et les vomissements répétés. En présence de ces signes, les proches du patient doivent le faire consulter le plus tôt possible. Lors de la consultation, un examen clinique ainsi qu’un contrôle biologique des fonctions hépatiques devront être effectués.

Pancréatite

Dans de rares cas, l’usage de la DEPAKINE induit une pancréatite dont l’évolution est potentiellement mortelle. Lorsque celle-ci survient, elle peut attaquer tous les patients, quel que soit l’âge. Néanmoins, les enfants présentant une épilepsie sévère sont plus susceptibles de présenter ce risque. En dehors de ceux-ci, les patients souffrant de lésions cérébrales sont également sujets à risque.

Le risque de mortalité s’accroît lorsque la pancréatite est associée à une insuffisance hépatique. Les symptômes qui peuvent orienter sont, entre autres, l’anorexie, les nausées et les vomissements. Toutefois, la manifestation d’une hausse des enzymes pancréatiques doit favoriser l’interruption du traitement et la mise en place des mesures thérapeutiques nécessaires.

Grossesse et DEPAKINE

Des issues de grossesses anormales induites par l’usage de la DEPAKINE ont été évoquées chez de nombreuses patientes. Les études effectuées sur le sujet révèlent que, comparativement à la monothérapie par DEPAKINE, la polythérapie antiépileptique incluant la DEPAKINE augmente plus le risque de malformations congénitales.  

Chez les enfants nés de mères épileptiques ayant fait l’objet d’un traitement par DEPAKINE durant leur grossesse, l’incidence des malformations congénitales est estimée à près de 10%. Dysmorphie faciale, hypospadias, aplasie bilatérale du radius, craniosténose, fente palatine et labiale sont les malformations fréquemment rencontrées. De plus, l’exposition in utero du fœtus à la substance active de la DEPAKINE (valproate de sodium) peut être à l’origine d’une surdité ou d’un déclin auditif. Ces deux troubles auditifs peuvent être unilatéraux ou bilatéraux.

Toujours chez les enfants exposés in utero, la DEPAKINE peut occasionner des troubles neurodéveloppementaux. Des troubles de la mémoire, un retard de la marche et de l’acquisition de la parole, des capacités intellectuelles diminuées ainsi qu’une faible capacité verbale ont été remarqués chez des enfants d’âge préscolaire exposés in utero à la DEPAKINE.

Surdosage de la DEPAKINE

L’abus de cet antiépileptique se traduit habituellement par :

  • Une hypotension ;
  • Une hypotonie musculaire ;
  • Un myosis ;
  • Un coma ;
  • Un choc cardiovasculaire ;
  • Une baisse de l’autonomie respiratoire ;
  • Une hyporéflexie ;
  • Une acidose métabolique.

À ces éléments cités peut s’ajouter une hypertension intracrânienne. Pour corriger les effets entraînés par l’excès de DEPAKINE, diverses options thérapeutiques, notamment une épuration extrarénale et une évacuation gastrique associée à une surveillance cardiorespiratoire, peuvent être envisagées. Malgré l’existence de quelques cas de décès, le pronostic de ces intoxications est, le plus souvent, favorable.

Par ailleurs, en raison de la présence du sodium dans la DEPAKINE, le surdosage peut entraîner une hypernatrémie.

Interactions de la DEPAKINE

La prise simultanée de la DEPAKINE et de la Lamotrigine peut majorer le risque de réactions cutanées sévères. Dans certains cas, on note une élévation des concentrations plasmatiques de lamotrigine. Par ailleurs, une surveillance clinique étroite doit être mise en place lorsque cette association s’avère indispensable.

En outre, l’association de la DEPAKINE avec le Pénems, l’Acétazolamide, la Carbamazépine, l’Aztreonam, le Felbamate, la Nimodipine, le Propofol, la Rifampicine, la Zidovudine ou la Zonisamide comporte des risques. De ce fait, elle est déconseillée.