La dipsomanie est un trouble psychiatrique du même genre que l’éthylisme. Les personnes atteintes de dipsomanie se retrouvent passagèrement dans une condition caractérisée par un désir irrésistible d’ingurgiter des boissons toxiques.
Même si la dipsomanie et l’alcoolisme partagent des ressemblances, ces deux troubles du comportement n’en demeurent pas moins bien distincts. Qu’est-ce que la dipsomanie ? Quels en sont les causes et symptômes ? Comment se fait la prise en charge des personnes atteintes de ce trouble ?
Sommaire de l'article
La dipsomanie : qu’est-ce que c’est ?
Pour comprendre ce qu’est la dipsomanie, il convient non seulement de faire une clarification du terme, mais aussi de la différencier d’un autre trouble similaire.
Dipsomanie : Clarification conceptuelle
Étymologiquement, le mot « dipsomanie » vient du grec « dipso » qui veut dire soif et « mania », pour folie. La dipsomanie ou méthilepsie fait référence à une impulsion maladive et irrésistible vers la consommation de boissons toxiques, en particulier l’alcool. Il s’agit de crises sporadiques au cours desquelles, un sujet qui peut être un éthylique habituel ou même un névrosé non éthylique, ressent un désir impérieux de boire.
L’épisode critique est généralement précédé de symptômes d’alerte, de quelques jours, voire de quelques semaines. Il peut s’agir d’une tristesse ou d’une apathie par exemple. La dipsomanie survient presque toujours après un choc émotionnel, la plupart du temps mineur. Après quoi, le besoin de consommer de l’alcool explose et le patient part à la recherche du fluide qu’il ingurgite frénétiquement jusqu’à l’intoxication la plus complète.
Dipsomanie et alcoolisme : quelle est la différence ?
Même si la dipsomanie et l’alcoolisme partagent des similitudes, ces deux troubles du comportement sont bien différents. La principale différence réside dans le développement de la frénésie elle-même.
Avec la dipsomanie, la consommation excessive d’alcool se produit dans le contexte d’un problème psychologique grave. À l’inverse de l’alcoolisme, où la consommation immodérée d’alcool est le résultat d’une prise régulière sur le long terme. Une autre caractéristique typique est qu’un alcoolique peut boire en toutes circonstances et à la première occasion qui se présente à lui. En revanche, chez le sujet méthylique, la consommation d’alcool ne se produit que pendant les crises.
Aussi, avec la méthilepsie, l’existence du problème est pleinement réalisée. On remarque qu’avant le début de la crise, des efforts incroyables sont faits pour éviter la prise de substances toxiques. L’alcoolique à l’inverse, est sans cesse à la recherche d’une occasion pour boire. La caractéristique distinctive la plus importante reste cependant le retour à l’état de sobriété.
En particulier, chez les individus atteints de dipsomanie, cette étape se fait de façon indépendante. C’est-à-dire sans une quelconque aide extérieure. On constate même qu’après la fin de la frénésie, le dipsomane développe une aversion persistante pour tout alcool en général.
Quels sont les types de dipsomanie ?
Selon la durée, on peut distinguer deux types de méthilepsie.
La dipsomanie momentanée
Il s’agit d’une dipsomanie épisodique. Sa durée est comprise entre 2 et 7 jours. Les individus atteints de ce type de dipsomanie se plongent dans un état d’ivresse temporaire. La raison est le plus souvent un choc émotionnel.
La dipsomanie à long terme
Elle dure dans le temps. À ce stade, la quantité d’éthanol consommée par le dipsomane commence à augmenter. La durée de la période de frénésie augmente elle aussi, et on observe une diminution parallèle des périodes de sobriété. La complication la plus grave de cette forme de dipsomanie est la mort. En effet, il existe des risques d’overdose, le sujet étant à la fois plongé dans un état d’ivresse et en proie à un traumatisme psychiatrique.
Dipsomanie : quelles en sont les causes ?
L’hérédité domine l’étiologie de la dipsomanie. Selon le Centre des Sciences de la Santé Mentale, la quasi-totalité des personnes atteintes de méthilepsie serait, par l’intermédiaire de leurs ancêtres, prédisposées à la maladie mentale. Il est cependant nécessaire de reconnaître qu’un certain nombre de facteurs aléatoires peuvent également contribuer à l’apparition de crises. Ce sont entre autres :
- La mélancolie ou une dépression sévère ;
- Une exposition précoce aux substances addictives ;
- Des troubles impulsifs ;
- Un stress sévère (associé à un surmenage psychoémotionnel) ;
- Un traumatisme mental (une faible estime de soi par exemple), et
- Une absence d’activité.
Par ailleurs, les patients souffrants de troubles cognitifs tels que la Schizophrénie, sont plus à risques de développer cette maladie.
Quels sont les symptômes de la dipsomanie ?
La dipsomanie est ordinairement précédée de plusieurs symptômes d’alerte. Ceux-ci peuvent parfois se manifester sur des jours voire des semaines. Il s’agit :
- De la fatigue ;
- D’une apathie ou d’un sentiment de dépression ;
- D’une perte d’appétit ;
- D’une envie compulsive et incontrôlable de consommer des substances toxiques (drogue, alcool, etc.) ;
- D’une tristesse profonde (qui peut être persistante ou momentanée) ;
- De l’insomnie, et
- D’une variation de l’état émotionnel.
Lors de la crise, certaines personnes peuvent également présenter de graves troubles du comportement (comportement sexuel anormal, actes impulsifs, etc.).
Dipsomanie : comment se fait le diagnostic du trouble ?
Sur la base de certains critères, le médecin peut décider de ce qui s’applique à une personne dipsomane, et planifier un traitement ultérieur en conséquence. Si une dépendance à l’alcool est suspectée, le médecin aura d’abord une conversation détaillée avec la personne concernée. Il pourrait poser les questions suivantes lors d’une première consultation :
- Ressentez-vous souvent le besoin de prendre de l’alcool ?
- Selon vous, quelle est l’origine de vos crises ?
- À quelle fréquence surviennent-elles ?
- Y a-t-il une situation particulière qui vous pousserait à boire autant ?
Également, les symptômes, tels que la transpiration, les tremblements ou les rougeurs de la peau, peuvent être un signe de dipsomanie. Avec l’aide d’un test sanguin, le médecin peut trouver d’autres preuves d’une possible pseudodipsomanie.
Il peut arriver que certaines personnes supportent mal l’alcool, et que la substance cause des dommages à leur organisme. La numération globulaire fournira des informations sur l’état du foie et de certains organes. Ajouté à cela, le médecin effectuera un examen physique complet pour déterminer d’autres atteintes consécutives possibles.
En cas de confirmation de dipsomanie, il n’est plus du ressort du simple médecin généraliste de traiter le trouble. Celui-ci, après les analyses, renverra le patient vers des spécialistes de médecine psychiatrique. La tâche de ces derniers sera alors d’établir un plan de traitement spécifique, afin de lutter contre le trouble ou les symptômes associés.
Comment se fait le traitement de la dipsomanie ?
La thérapie est effectuée à la fois à domicile et par le biais d’un traitement hospitalier. La première option ne convient que si le dipsomane présente des signes bénins de la maladie, ou que la dipsomanie est de courte durée. Un sevrage peut également être envisagé.
Cependant, si le sujet était déjà atteint d’une dipsomanie à long terme, l’abstinence aurait tendance à produire chez lui, des complications graves sur l’activité des organes internes. Dans ce cas, une hospitalisation ainsi qu’un suivi de l’état du patient sont nécessaires.
D’un autre côté, le choix du schéma thérapeutique est effectué individuellement. Un médecin expérimenté sélectionnera l’option qui sera efficace, dans un cas particulier.
Il privilégiera par exemple l’instauration d’une thérapie cognitivo-comportementale ou de sevrage psychologique, pour les personnes atteintes de schizophrénie. La lutte contre la pathologie peut également impliquer l’utilisation d’une méthode médicamenteuse.
Chez les personnes qui ne gèrent pas l’abstinence avec la psychothérapie, des médicaments comme le myorelaxant, ou le Baclofène, peuvent aider à soulager des symptômes.
Dipsomanie : comment faire face aux rechutes ?
La dipsomanie, comme toute autre maladie liée à l’alcoolisme, ne peut pas être complètement « guérie ». En effet, l’affection est souvent congénitale, donc ancrée dans le génome d’un individu. Ainsi, quiconque a déjà été accro à l’alcool doit faire le choix perpétuel de ne plus y toucher, même après avoir réussi une thérapie.
En particulier, chez le dipsomane, tout changement d’humeur ou toute exposition au stress peut favoriser la rechute. Il est donc important pour lui d’apprendre à gérer les situations de choc émotionnel et de dépression.
Le chemin pour se libérer complètement de la dipsomanie est long et difficile. C’est pourquoi le patient doit être prêt à faire face à d’éventuelles rechutes. Les rechutes quant à elles sont fréquentes et il est important que les personnes touchées ne les voient pas comme un échec personnel, mais plutôt comme faisant partie du processus d’apprentissage. Aussi, est-il prudent de reconnaître les éléments déclencheurs des rechutes, afin de les éviter à temps dans le futur.
Questions fréquemment posées sur la dipsomanie
Voici quelques questions fréquemment posées sur la dipsomanie, ainsi que leurs réponses.
Quelles sont les personnes les plus à risques de développer la dipsomanie ?
Sont considérés comme personnes à risque, tous les individus présentant l’un des traumatismes suivants :
- Alcoolisme chronique ;
- Traumatismes crâniens ;
- Epilepsie ;
- Maladie neurodégénérative ;
- Troubles de l’humeur.
À noter que la prise en charge des personnes atteintes à la fois de dipsomanie et de l’un des traumatismes précités, nécessite un traitement simultané des deux troubles.
Chez une personne, le comportement dipsomaniaque peut-il être annonciateur d’une maladie sous-jacente ?
Le comportement dipsomaniaque cache ordinairement un autre trouble psychique. La schizophrénie, par exemple, peut commencer par une crise dipsomaniaque aiguë. La méthilepsie peut également être un symptôme de psychose maniaco-dépressive, de psychopathie, de paralysie progressive et d’autres maladies. C’est pourquoi les médecins, lors du diagnostic, prennent le temps de distinguer la véritable dipsomanie d’une dipsomanie symptomatique.
Dipsomanie : l’assurance maladie couvre-t-elle le traitement du trouble ?
Depuis 1968, la dépendance à l’alcool est reconnue comme une maladie. Par conséquent, le traitement est également couvert par l’assurance maladie. La dipsomanie étant également une maladie psychiatrique, de nombreux organismes indépendants œuvrent pour la prise en charge des personnes atteintes de ce trouble.