La dissection aortique est une urgence médicale, caractérisée par une lésion dans la couche interne de l’aorte. Le plus souvent, elle touche les hommes sexagénaires et septuagénaires. Bien qu’il s’agisse d’une situation relativement rare, cette dissection nécessite un diagnostic et un traitement immédiat. Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur cette fissure de la paroi aortique.
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La dissection aortique : de quoi est-il question ?
La dissection aortique est une fissure dans la paroi de l’aorte, la plus grosse artère du corps humain. Elle peut être de type A ou de type B. Souvent confondue avec l’anévrisme aortique et la rupture aortique, elle cause une hémorragie dans la lumière de l’aorte et nécessite une prise en charge rapide et immédiate.
L’aorte étant la plus large artère du corps, elle s’occupe de la redistribution, dans tout l’organisme, du sang envoyé sous haute pression par le cœur. Pour assurer au mieux sa mission, l’aorte mise grandement sur ses trois couches :
- La couche interne assure la protection de l’aorte
- La couche moyenne donne une certaine élasticité à l’artère
- La couche externe tapisse l’intérieur de l’aorte et se trouve au contact du sang.
En cas de dissection aortique, une fissure au niveau de la couche interne survient. L’écoulement du sang à travers cette déchirure provoque la séparation des couches interne et moyenne (dissection). Comme le sang dévié circule entre les différentes couches, le flux sanguin normal vers certaines parties du corps peut connaître un ralentissement ou un arrêt. Plus rarement, on constate une rupture complète de l’aorte.
Les différents types de dissection aortique
En général, il existe deux types principaux de dissection aortique. Le premier, le type A, se produit dans la première partie de l’aorte et peut mettre immédiatement la vie en danger. Elle nécessite donc une chirurgie thoracique ouverte d’urgence pour la réparation ou le remplacement du premier segment de l’aorte. Le plus souvent, elle s’étend sur toute la longueur de cette artère.
Moins courante que le type A, la dissection aortique de type B commence plus loin dans l’aorte. Elle s’étend généralement de l’aorte descendante du segment abdominal, mais n’implique pas pour autant la première partie de l’aorte, à l’avant de la poitrine. Selon l’emplacement exact de la dissection, la chirurgie peut ou non être nécessaire dans l’immédiat.
La différence entre anévrisme aortique, rupture aortique et dissection aortique
Très souvent, la dissection aortique est confondue avec des pathologies voisines telles que l’anévrisme aortique et la rupture aortique. L’anévrisme aortique est un renflement dans une zone affaiblie de la paroi de l’aorte. Cette tumeur peut entraîner aussi bien une rupture aortique qu’une dissection aortique. En ce qui concerne la rupture aortique, il s’agit d’une déchirure complète à travers les trois couches de l’aorte. Le sang éclate à travers la fissure dans la cavité corporelle environnante.
Les causes de la dissection aortique
La dissection aortique trouve sa source dans l’affaiblissement de la paroi aortique. De nombreuses causes peuvent expliquer ce fait. En outre, il existe des facteurs pouvant augmenter le risque de développement de ce mal.
Les causes connues de la dissection aortique
La dissection aortique survient en raison d’une lente dégradation sous-jacente des cellules composant les parois de l’aorte. La panne s’installe silencieusement pendant de nombreuses années, avant de provoquer finalement la cession de la zone affaiblie de la paroi aortique. La déchirure qui s’ensuit conduit inévitablement à la dissection aortique.
Quelles sont les raisons pour lesquelles la paroi aortique connaît un affaiblissement chez certains et pas chez d’autres ? Selon les études, les dissections aortiques sont causées par une vulnérabilité pouvant être liée à l’hérédité. Aussi, le stress exercé sur cette paroi par une pression artérielle élevée constante peut, chez les personnes sensibles, entraîner une dissection. Bien sûr, les facteurs de risque peuvent augmenter le risque de la développer.
Les facteurs de risque
La survenue d’une dissection aortique, dans bien des cas, résulte de différents facteurs. On peut notamment citer :
- Les maladies cardiaques congénitales ;
- La maladie de la valve aortique ;
- L’athérosclérose ;
- L’âge, entre 60 et 75 ans ;
- Une blessure traumatique à la poitrine, etc.
Il importe de préciser que l’hypertension artérielle est l’un des facteurs de risque les plus importants. En effet, elle endommage directement les couches de tissu aortique. Dans ces conditions, on note une perte de fibres élastiques, une dégradation de la structure de la paroi ainsi qu’une rigidité accrue de cette dernière.
Les symptômes de la dissection aortique
La caractéristique la plus fréquente de la dissection aortique concerne son début brutal. Elle peut survenir à tout moment, que le sujet soit au repos ou au travail. Les autres symptômes sont :
- Une douleur intense, aiguë et soudaine dans la poitrine ou le haut du dos ;
- L’essoufflement ;
- L’évanouissement ou l’étourdissement ;
- La pression artérielle faible ;
- Les pouls faible et rapide ;
- La transpiration abondante ;
- La perte de vision, etc.
La dissection aortique peut se révéler d’une extrême gravité. Environ 40 % des patients meurent immédiatement d’une rupture complète et d’un saignement de l’aorte. Le risque de décès peut atteindre 1 à 3 % par heure jusqu’à ce que le malade reçoive un traitement. Il est donc conseillé de demander des soins d’urgence, en cas de présentation des symptômes de dissection aortique, de fortes douleurs thoraciques ou des symptômes d’accident vasculaire cérébral.
Le diagnostic de la dissection aortique
Pour diagnostiquer une dissection aortique, les médecins priorisent de nombreux tests. Généralement, le choix de l’un d’entre eux dépend de la gravité de la situation. On peut citer :
La radiographie pulmonaire
La radiographie pulmonaire est un test qui permet de créer une image des structures de la poitrine, du cœur, des poumons, des vaisseaux sanguins (y compris l’aorte) et des os. Pour cela, il est utilisé une petite quantité de rayonnement. Bien que peu spécifique, ce test est rapide et oriente facilement le diagnostic.
La tomodensitométrie
La tomodensitométrie peut être effectuée assez rapidement pour rechercher un anévrisme ou une dissection. Pour ce qui est de l’imagerie aortique, un contraste intraveineux (IV) peut être nécessaire.
L’échocardiogramme transœsophagien (ETO)
L’échocardiogramme transœsophagien montre des images plus détaillées des valves et cavités cardiaques. Dans ce sillage, l’aorte thoracique présente d’excellentes vues. A ce niveau, la sonde à ultrasons est placée par la bouche dans l’œsophage, qui passe directement derrière le cœur, à partir de l’aorte descendante.
L’imagerie par résonance magnétique (IRM)
L’IRM consiste à utiliser un grand aimant et des ondes radio pour produire des images plus claires des organes et des structures à l’intérieur du corps, y compris l’aorte. Elle fournit des images animées des valves et cavités cardiaques ainsi que du flux sanguin dans l’aorte. Généralement, ce test est moins rapide à effectuer qu’un scanner typique. C’est pour cette raison qu’il n’est pas souvent utilisé en cas d’urgence.
Les traitements de la dissection aortique
En matière de traitement de la dissection aortique, les options chirurgicales sont davantage privilégiées. Néanmoins, il existe des médicaments qui montrent une réelle efficacité.
Les options chirurgicales
Généralement, les options chirurgicales, dans le cadre d’une dissection aortique, sont plus efficaces. Tout d’abord, elles comprennent le remplacement de la greffe. Avec cette approche, on procède au retrait d’une partie de la section endommagée de l’aorte. Ensuite, un tube synthétique est cousu directement à sa place.
Par ailleurs, la réparation endovasculaire par stent-greffe peut constituer une excellente solution. Précisément, cette opération chirurgicale consiste à utiliser un tube en tissu synthétique soutenu par des stents en fil métallique (endoprothèse) pour réparer l’intérieur de l’aorte. Pour ce faire, une petite incision est pratiquée dans l’aine et un cathéter, avec le stent doublé de tissu attaché, est mis en place et déployé dans l’aorte sous guidage radiographique.
Outre le changement de la greffe et la réparation endovasculaire par stent-greffe, les chirurgiens peuvent recourir à l’approche hybride pour traiter la dissection aortique. A ce niveau, une combinaison de chirurgie ouverte conventionnelle et de technique d’endoprothèse endovasculaire est utilisée pour remettre l’aorte en état. Essentiellement, cette option est privilégiée lorsque la réparation doit s’étendre dans l’arc aortique où les vaisseaux ramifiés du cerveau et des bras apparaissent.
Les traitements médicamenteux
Concernant les traitements médicamenteux, des bêta-bloquants sont souvent prescrits pour abaisser la fréquence cardiaque et la tension artérielle. Particulièrement dans le cas de la dissection aortique de type B, les médicaments seuls peuvent être utilisés pour le traitement initial de la dissection. En fonction de la gravité de la lésion, la chirurgie peut être retardée de plusieurs mois à plusieurs années.
Peut-on prévenir la dissection aortique ?
De nombreux facteurs, qui augmentent le risque de développer une dissection aortique, ne peuvent pas être modifiés. Il s’agit notamment de la naissance, avec certaines maladies cardiaques, des troubles du tissu conjonctif ou des déclencheurs génétiques associés à des antécédents familiaux. Néanmoins, il en existe d’autres qui peuvent bel et bien être réduits. À cet effet, il est recommandé :
- D’abaisser son hypertension artérielle à 120/80 mm/Hg avec des médicaments ou des changements alimentaires ;
- D’arrêter de fumer ou d’utiliser des produits contenant du tabac ;
- De porter sa ceinture de sécurité pour éviter de se blesser à la poitrine en cas d’accident ;
- De consulter son médecin pour des examens réguliers, etc.
Pour finir, il est essentiel que les parents au premier degré d’une personne affectée par une dissection aortique se fassent dépister au plus vite. De cette façon, ils peuvent être suivis et traités avant une éventuelle survenance de cette déchirure.