Pendant les premières semaines de grossesse, des douleurs pelviennes peuvent être remarquées chez les femmes enceintes. Elles se manifestent généralement dans la région du bas-ventre située au niveau des quadrants inférieurs de l’abdomen. Ces douleurs peuvent être entre autres aigües, spasmodiques, sourdes, intenses, à type de tiraillement, permanentes ou à intervalles réguliers.
Associées à d’autres signes ou non, elles font partie des motifs les plus courants de consultation en obstétrique. Les caractéristiques de la douleur orientent le médecin ou la sage-femme sur son étiologie. Pour un bon diagnostic, le spécialiste doit combiner judicieusement interrogatoire, examens cliniques et explorations complémentaires adaptées à chaque cas.
Quelles sont les causes des douleurs retrouvées chez la femme en début de grossesse ? Voici un récapitulatif des étiologies des douleurs type règle en début de grossesse pour vous éclairer.
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Les changements physiologiques de l’organisme
Toutefois, il est important de ne pas paniquer. Dans la majorité des cas, il s’agit de douleurs physiologiques temporaires et bénignes qui surviennent chez bon nombre de gestantes. Elles sont liées aux bouleversements hormonaux observés pendant la grossesse. En effet, sous l’action des hormones de grossesse, l’utérus est soumis à des modifications de sa paroi utérine pour permettre l’implantation de l’embryon. Par ailleurs, la dilatation des muscles utérins peut entraîner des sensations de crampes perceptibles à des intensités diverses selon la femme.
En outre, l’augmentation du volume de l’utérus lors de la grossesse est à l’origine d’une traction des ligaments ronds qui rattachent l’utérus à l’abdomen et le maintiennent en avant. Il se produit alors des élancements, des crampes ou une sensation de brûlure dans la région pelvienne chez la femme enceinte. Pendant cette période, il est souvent recommandé aux femmes de limiter les activités physiques intenses. En outre, certaines femmes ont recours à des bains chauds ou des bouillottes chaudes sur la région pelvienne pour se soulager.
Bien qu’elles puissent être juste bénignes, les douleurs pelviennes peuvent être le signe de pathologies sous-jacentes qui nécessiteront une prise en charge rapide.
Fausse couche
Les douleurs pelviennes peuvent s’accompagner de petits saignements lors des premiers mois de grossesse. Ces saignements sont généralement dus à la fragilisation du col utérin en raison de l’augmentation des taux d’hormones. Aussi, ils peuvent correspondre à des règles anniversaires de la date présumée de règles. Ils ont pour particularité d’être légers, ne s’accompagnent pas de grandes douleurs et cessent spontanément au bout de quelques jours.
Toutefois, face à une douleur pelvienne intense diffuse, associée à des saignements vaginaux abondants, la fièvre et des vomissements, la femme serait sujette à une menace d’avortement. En effet, en dehors de la menace, la fausse couche peut être inévitable, incomplète, complète ou septique. D’ailleurs, pendant les premières semaines de grossesse, les risques de fausses couches sont les plus importants. Une prise en charge médicale rapide permet de poursuivre la grossesse si elle est viable. Une exploration échographique permet de s’assurer de la présence et de la vitalité de l’embryon, signe d’une évolution normale de la grossesse.
Une supplémentation médicamenteuse peut être faite et le repos sera demandé à la femme. Autrement, ces saignements finiront en avortement spontané, comme dans presque 50 % de cas, ce qui correspond à environ une grossesse sur six. Les facteurs de risque de fausses couches les plus cités par la littérature sont :
- un âge de 35 ans et plus ;
- des antécédents de fausses couches ;
- le tabagisme et l’alcoolisme ;
- les anomalies de l’utérus telles que les fibromes ou un utérus cicatriciel ;
- et les béances cervico-isthmiques après les curetages.
Les douleurs pelviennes peuvent être également associées à d’autres pathologies comme les grossesses extra-utérines.
Grossesse extra-utérine ou GEU
La grossesse extra-utérine est une autre cause de douleur type de règle en début de grossesse. Elle correspond à l’implantation et au développement de l’œuf dans l’une des trompes utérines au lieu de la cavité utérine. Elle devrait être soupçonnée face à de fortes douleurs abdominales constantes en absence de menstrues et sans embryon visible à l’échographie pelvienne. Un bilan biologique (comprenant un dosage quantitatif et qualitatif de la Human Chorionic Gonadotrophin ou HCG, un examen cytobactériologique des urines ou la numérotation formule sanguine) permet de mieux orienter le diagnostic.
La GEU concerne environ 2 % des grossesses, un chiffre en constante évolution depuis quelques années en raison des facteurs de risque tels que le tabagisme ou l’âge supérieur à 35 ans. Les antécédents de GEU, de chirurgie tubaire, d’infections génitales hautes ou de techniques de procréation médicalement assistée et l’utilisation d’un dispositif intra-utérin sont aussi indexés. Un diagnostic tardif pourrait conduire à une rupture de la GEU avec des hémorragies internes sévères, ce qu’il faut éviter à tout prix. Face à cette urgence, la prise en charge doit être rapide, puisqu’elle peut entraîner le décès de la femme.
Torsion d’annexe
Des douleurs pelviennes peuvent également se retrouver dans des cas de torsion d’un ovaire. En effet, les ovaires situés de part et d’autre de l’utérus sont maintenus en place par des ligaments, vaisseaux et nerfs formant ainsi un pédicule. Durant la grossesse, les ovaires augmentent de volume sous l’impulsion du corps jaune. Il est possible qu’un ovaire préalablement kystique fasse une rotation partielle ou totale autour du pédicule empêchant ainsi l’apport sanguin vers lui.
La femme ressent alors de vives douleurs abdomino-pelviennes unilatérales au niveau du bas-ventre. L’apparition des douleurs est assez brutale, accompagnée de nausées, de vomissements, parfois d’un état de choc. En dehors de cette cause organique, la torsion peut être plutôt à caractère fonctionnel, engendrée par l’hyperstimulation des ovaires comme dans les cas de procréation médicalement assistée.
Il s’agit d’une pathologie survenant le plus souvent au premier ou deuxième trimestre de grossesse retrouvé dans 17 à 20 % de cas environ. Elle nécessite une intervention chirurgicale d’urgence pour inverser la torsion ou plutôt une ovariectomie ou salpingectomie dans les cas de nécrose de l’ovaire.
Les douleurs pelviennes non gynécologiques
Les maladies intestinales inflammatoires, les syndromes de colon irritables ou les gastro-entérites peuvent occasionner aussi des douleurs constantes à type de crampe avec des épisodes de diarrhée et de vomissements. Enfin, une crise d’appendicite entraînerait des douleurs continues en région hypochondriale droite et une sensibilité abdominale. Toutefois, si les symptômes sont atypiques, ils ne sont pas à négliger puisqu’il s’agit aussi d’une urgence.
En définitive, en cas de douleurs pelviennes associées à des signes tels que le saignement, la fièvre, il est important de consulter un spécialiste sans plus attendre. En outre, il est important de signaler que, quelle que soit l’intensité de douleur ressentie au cours de la grossesse, il est déconseillé de prendre des médicaments sans avis médical.