L’intestin est une partie du tube digestif qui joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’organisme. Il assure la digestion des aliments que nous consommons, puis intervient dans l’absorption des éléments nutritifs et dans la fermentation des aliments non digestibles. Pour son fonctionnement, il se fait aider par des milliards de micro-organismes non pathogènes, présents dans la flore intestinale et nommés microbiote intestinal. Lorsque ce dernier est déséquilibré ou en cas de faible diversité de microbiote, pouvant favoriser l’apparition de multiples affections, on parle de dysbiose intestinale. En quoi consiste concrètement la dysbiose intestinale ? Quels sont les causes et les symptômes associés ? Quels sont les traitements ? Découvrez tout ce qu’il vous faut dans cet article.
En quoi consiste la dysbiose intestinale ?
Le microbiote est l’ensemble des bactéries que comprend la flore intestinale. Il commence à se développer chez l’être humain dès la naissance. Sa population est estimée à environ cent mille milliards de bactéries et il renferme différents types : les mauvaises ou les bonnes. En effet, la dysbiose se traduit par un déséquilibre de la biodiversité au sein de la flore intestinale. Cela peut être dû à une baisse du volume de bactéries présentes dans cette partie de l’organisme ou à un développement des mauvaises bactéries, plutôt que des bonnes.
La dysbiose peut être aussi due à une flore intestinale héritée, qui est pauvre en bonnes bactéries. Par conséquent, la dysbiose intestinale est un phénomène provoqué par une diminution des micro-organismes, à l’origine du déséquilibrage de la flore intestinale.
Quelles sont les causes de la dysbiose intestinale ?
Il existe de multiples origines de la dysbiose intestinale.
Naissance par césarienne
L’acquisition des bactéries par le tube digestif d’un bébé commence dès la naissance, précisément lors de la rupture des membranes fœtales. Un enfant né par voie basse acquiert les germes de sa mère, tandis qu’un enfant né par césarienne, détient au niveau de son intestin, des bactéries issues de l’environnement.
Ainsi, on remarque une inégalité de certains micro-organismes dans les deux différents cas. Cette différence est plus considérable au niveau de la bactérie Bifidobacterium. Le microbiote des enfants nés par voie naturelle, se traduit par une forte proportion de cette espèce comparativement à des enfants nés par voie césarienne. Plusieurs études ont apportés que les nouveau-nés par césarienne sont plus enclins à l’obésité et aux allergies.
Hygiène néo-natale
Suivant les mesures strictes en vigueur en puériculture, les bébés sont de moins en moins exposés aux microbes et aux infections néonatales. Cependant, un excès d’hygiène a d’impact sur la composition du microbiote du bébé. Cela peut entraîner, une baisse de la diversité de la flore intestinale et donc, favoriser un dysfonctionnement du système immunitaire.
Des études effectuées dans le monde ont montré que les enfants élevés à la ferme, et qui consomment du lait cru ou sont en contact avec des vaches, sont moins sensibles aux allergies alimentaires et à l’asthme.
Avancée de l’âge
La plupart des personnes âgées, disposent d’un microbiote pauvre en bactéries bénéfiques à l’organisme comme les Bifidobacteriums et riche en Enterobacteria. Ce dernier type de bactérie peut être source d’infections. Dans ce cas, le microbiote perd en diversité, ce qui augmente la perméabilité intestinale et influe le fonctionnement du système immunitaire. Cela est accompagné d’une augmentation des mécanismes inflammatoires.
D’après les chercheurs, la dysbiose occasionne des troubles liés au vieillissement tels que : l’ostéoporose, des douleurs musculosquelettiques, la fonte et la faiblesse musculaire, la maladie d’Alzheimer, des troubles du comportement, des troubles cognitifs….Néanmoins, certaines centenaires (de 105 à 109 ans) gardent un microbiote favorable à la santé, ce qui peut expliquer en partie leur vieillissement et leur longévité.
Alimentation des premiers mois de vie
Les nouveau-nés qui sont nourris à base d’une préparation infantile ne disposent pas du même microbiote que ceux qui sont allaités. La préparation infantile renferme moins de bactéries de la famille des Bactéroïdes et plus de celle de la famille des Firmicutes. Or, le lait maternel est constitué non seulement des microorganismes, mais aussi des galacto-oligosaccharides.
Ces derniers sont des glucides spécifiques, constituant des éléments de croissance des Bifidobacteriums intestinaux et contribuant au développement précoce du système immunitaire. Même si cela reste à démontrer, l’allaitement apparaît comme un protecteur contre les allergies.
Régime alimentaire
Une étude des différents régimes alimentaires ainsi que des microbiotes associés, indique que les régimes traditionnels, riches en céréales, en fruits, en légumes frais et secs et en végétaux sont convenables à la diversité du microbiote. Ce qui voudra dire qu’une forte réduction de ces aliments qui fournissent des glucides servant d’énergie à certaines bactéries, peut conduire en trois semaines, à l’appauvrissement du microbiote.
Le régime occidental, par exemple, est pauvre en végétaux et riche en graisses animales, viandes, aliments industriels ultra-transformés constitués des additifs et sucres. Il favorise donc l’apparition de la dysbiose et le développement des micro-organismes nuisibles : les Firmicutes (impliqués dans le diabète de type 2 et le surpoids), les Escherichia Coli (dont l’excès peut provoquer des infections) et autres bactéries à l’origine du développement de la stéatohépatite non alcoolique ou de l’athérosclérose.
Utilisation des antibiotiques
Ayant pour objectif d’éliminer les microbes nuisibles sous-jacents d’une infection, les antibiotiques détruisent par la même occasion une partie du microbiote. Cela entraîne une dysbiose, même si c’est passager. Les études ont montré que la prise précoce ou répétée des antibiotiques dans les tout premiers mois de vie, est susceptible d’orienter le profil du microbiote.
Chez les adultes ou les enfants plus grands, le microbiote met un à deux mois pour se reconstituer, après un traitement antibiotique. Si les traitements sont rapprochés ou deviennent fréquents, cela peut aboutir à une dysbiose définitive.
Autres médicaments
Hormis les antibiotiques, il existe d’autres médicaments susceptibles d’avoir un impact sur la composition du microbiote. C’est le cas de certains antiacides (oméprazole, ésoméprazole….), utilisés dans le cadre des brûlures d’estomac. Ils favorisent l’envahissement du tube digestif par des bactéries, ne résistant pas à l’acidité.
Il y a également la metformime (traitement du diabète de type 2), dont une partie de son action, serait en rapport avec les modifications du microbiote qu’elle occasionne. Toujours dans cette catégorie de médicaments pouvant être à l’origine du dysbiose intestinal, il y a certains antithrombotiques, anti-inflammatoires, antipsychotiques et antiarythmiques.
La consommation abusive de tabac et le stress sont aussi des facteurs susceptibles d’occasionner la dysbiose intestinale.
Quels sont les symptômes de la dysbiose intestinale ?
Les symptômes de la dysbiose intestinale sont multiples. Elle se manifeste souvent par des troubles digestifs : troubles du transit, douleurs abdominales, gaz, ballonnements…Plusieurs allergies peuvent être liées à cette affection dans certains cas. Il s’agit :
- De l’asthme ;
- Des éruptions cutanées ;
- D’allergie à certains aliments.
Vous pouvez rencontrer des signes comme :
- Des douleurs prémenstruelles ;
- De la persistance d’une mauvaise haleine ;
- De la cystite : surtout chez les femmes ;
- De la fatigue ; des maux de tête ;
- De l’infertilité : principalement chez les hommes ;
- De l’anxiété, voire la dépression.
En dehors de ces symptômes, il y a des pathologies digestives qui sont fréquentes tout au long de la dysbiose intestinale. On note :
- La Maladie de Crohn : affection chronique de l’intestin, l’individu présente des douleurs abdominales et des diarrhées ;
- Syndrome de l’intestin irritable : c’est une affection dont l’origine reste inconnue. Le patient est confronté à de fortes douleurs abdominales. La fréquence et l’aspect des selles changent, accompagnés d’une douleur ;
- Rectocolite hémorragique : c’est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin. Le malade présente des signes suivants, saignements rectaux et diarrhées.
Quels sont les traitements possibles ?
De nombreux traitements existent pour prendre en charge le déséquilibre lié à la flore intestinale.
Prendre beaucoup de légumes bios
Pour nourrir et prendre soin des bactéries qui colonisent votre intestin, il est indispensable de leur procurer du carburant, puisqu’elles constituent après tous des organismes vivants. Premièrement, vous devez les nourrir avec des aliments riches en fibres végétales et en céréales complètes. Tous ces derniers constituent une source de leur développement.
Ces fibres ont aussi pour rôle d’évacuer les déchets alimentaires et de nettoyer le côlon, ce qui contribue à l’assainissement de l’intestin. Plus vous prenez des végétaux et des légumes, plus vous apportez des fibres et par conséquent de l’énergie aux bactéries de la flore intestinale. Il faut aussi penser à prendre suffisamment d’eau, des fruits frais et des fruits secs.
Prendre des probiotiques naturels
Il faut noter que certains aliments contiennent des bactéries ou probiotiques naturellement. C’est le cas des yaourts à ferments lactiques, mais de manière qualitative, il faut privilégier des produits fermentés ou lacto-ferments, riches en probiotiques : miso, natto, soja fermenté, tempeh, tamari (sauce soja fermentée sans gluten), olives, kéfir, cornichons, kombucha, choucroute et autres légumes fermentés.
La consommation régulière de ces aliments permet de développer la flore intestinale avec une excellente diversification des bactéries.
Réduire la consommation de viande
Contrairement aux résidus des végétaux qui permettent d’éliminer les fèces et de faire une évacuation dans le côlon, les résidus de la viande stagnent au niveau du côlon et favorisent une flore de putréfaction. À cet effet, les bactéries dégagent des toxines.
Si les résidus stagnent toujours dans l’intestin et dans le côlon sur le long terme, cela entraînera une inflammation et une perméabilité intestinale, puis au même moment, un déséquilibre de la flore. Le fait de limiter les tissus animaux et la viande au profit des végétaux, sera alors bénéfique pour le développement d’une excellente flore intestinale.
Assainir et désinfecter la flore intestinale avec les plantes, les épices et les aliments
Dans l’optique d’éliminer les agents pathogènes, de purifier et d’assainir la flore intestinale, vous pouvez faire recours à de nombreux compléments alimentaires, plantes et aliments efficaces, comme :
- De l’origan ;
- Du laurier ;
- Des clous de girofle ;
- Du thym ;
- De l’olivier ;
- De la cannelle ;
- De l’ail.
Il y a également l’acide caprylique, qui est un meilleur antifongique, que vous pouvez retrouver dans le beurre de coco et dans l’huile, par exemple. Il permet de limiter la multiplication du Candida alibicans. Vous devez donc penser à consommer ces épices et herbes dans votre quotidien.
Rééquilibrer la flore intestinale avec des huiles essentielles
Quelques huiles essentielles sont très puissantes et plus efficaces que les antibiotiques dans le cadre d’un assainissement et d’une désinfection de la flore intestinale. Afin d’équilibrer la flore et d’assurer la santé intestinale, vous pouvez utiliser les huiles essentielles de sarriette, de menthe poivrée, de basilic exotique et d’origan.
Toutefois, l’utilisation de ces huiles essentielles nécessite des précautions d’emploi, car elles peuvent être neurotoxiques, hépatotoxiques, abortives ou dermocaustiques.
Nourrir les bactéries et entretenir la flore intestinale
Après le peuplement de la flore, il faut nourrir les bactéries afin de favoriser leur développement. Les fibres végétales, comme indiqué plus haut, sont idéales pour nourrir les bactéries. C’est également le cas des prébiotiques, qui sont des chaînes de glucides spécifiques, capables d’assurer l’optimisation de la croissance de ces bactéries. Il s’agit par exemple des fructo-oligosaccharides (FOS), des galacto-oligosaccharides (GOS) ou de l’insuline.
Il existe plusieurs aliments très riches en ces prébiotiques : asperges, artichauts, poireaux, ail, topinambour, oignon, panais, échalotes, chicorée, salsifis, échalotes, banane….Une consommation régulière de ce type d’aliments permettra à votre flore intestinale, de se nourrir et favorisera le développement et le renforcement des bonnes bactéries.
Pratiquer des activités physiques
Une étude effectuée par l’Université de Cork en 2014 sur les joueurs de rugby professionnel, a montré que, ces athlètes possédaient un microbiote spécialement diversifié. De nombreux travaux ayant pour objectif d’évaluer l’impact de l’activité physique sont en cours. A cet effet, vous pouvez suivre la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé : mener une activité d’endurance (vélo, natation, marche). Ceci, pendant au moins 150 minutes par semaine en cas d’une intensité modérée et au moins 75 minutes si l’activité est soutenue.
Il faut noter que l’activité doit être pratiquée chaque fois suivant une fréquence de temps d’au moins dix minutes. Le mieux serait de l’accompagner avec des exercices de renforcement des groupes musculaires (bras, abdos, pectoraux, cuisses, dos…) au moins, à deux reprises par semaine.
Jeûner
Une astuce rapide permettant de régénérer le microbiote intestinal est le jeûne diététique hydrique sur plusieurs jours.