L’éruption polymorphe de la grossesse est la dermatose qui survient le plus fréquemment durant la gestation. C’est une affection relativement bénigne qui est provoquée par un certain nombre de facteurs apparaissant chez la femme enceinte. Elle disparaît généralement après la grossesse, mais peut être très gênante pour la patiente en raison de l’intensité des démangeaisons. Si elle est a priori sans danger pour le bébé et pour la mère, il est tout de même important que vous ayez une idée de ses caractéristiques.
Qu’est-ce que c’est une éruption polymorphe de la grossesse ?
Il s’agit d’une dermatose (maladie de la peau) qui débute en général en fin de grossesse ou dans des cas plus rares, juste après l’accouchement. C’est une maladie qui se fait voir le plus souvent au cours d’une première grossesse, mais pas uniquement.
Encore connue sous le nom de papules et plaques urticariennes prurigineuses, l’éruption polymorphe de la grossesse est la dermatose gestationnelle la plus courante chez la femme. En effet, on la rencontre chez près de 0,5 à 1 % des femmes enceintes, dont 50 à 70 % au cours de la première grossesse.
Elle fait partie de la catégorie des affections cutanées qui sont sans gravité pour la mère et le bébé. La plupart du temps, l’éruption disparaît quelques jours ou quelques semaines après l’accouchement. Il est possible que d’autres formes d’urticaire affectent une femme enceinte au cours de sa grossesse, sans qu’elles soient pour autant liées à la grossesse en elle-même.
Les causes de l’éruption polymorphe de la grossesse
Dans le domaine de la médecine, de nombreuses interrogations demeurent encore inexpliquées sur la genèse de cette dermatose. Plusieurs analyses réalisées par divers experts de la dermatologie ont permis de déduire que plusieurs facteurs peuvent l’induire.
L’hormone est l’un des premiers facteurs que l’on pense être responsable de l’apparition d’une éruption polymorphe pendant la grossesse. De plus, l’action régulière des facteurs hormonaux placentaires engendre souvent une prolifération en fibroblastes dans l’organisme.
Le chimérisme périphérique qui est le terme utilisé pour décrire le dépôt d’ADN fœtal au niveau cutané serait aussi à l’origine d’une majoration de la vascularisation cutanée. Il provoquerait des lésions au niveau du collagène générant des réactions immunitaires.
D’ailleurs, c’est un phénomène qui a tendance à survenir au cours de la première grossesse, et qui s’atténue ensuite lors des grossesses suivantes du fait d’une possible immunisation.
Enfin, la distension abdominale rapide majorée se produisant en fin de grossesse favorise des dommages au niveau du tissu conjonctif selon plusieurs médecins. Dans le même temps, l’exposition antigénique au niveau du collagène peut induire l’éruption, et favoriser même parfois le développement de stries abdominales.
Quels sont les symptômes de l’éruption polymorphe de la grossesse ?
Il est assez facile de reconnaitre les signes de cette maladie. Le prurit est un des éléments les plus distinctifs de la manifestation d’une éruption polymorphe de la grossesse. Dans 80 % des cas, il accompagne cette dermatose et est généralement le signe annonciateur de la maladie. En outre, précède l’apparition des manifestations cutanées très polymorphes.
Une peau souffrant de l’éruption polymorphe de la grossesse peut présenter divers types de lésions cutanées :
- les lésions de type 1 avec des plaques œdématiées ayant l’aspect d’une urticaire ;
- des lésions de type 2 avec des papules ou des macules érythémateuses ;
- des lésions de type 3 qui associent les deux formes précédentes.
Toutefois, il n’est pas rare que d’autres manifestations cutanées soient également répertoriées comme précédant la dermatose. Ainsi, dès lors que votre peau souffre de vergetures discrètement érythémateuses, pensez à faire un diagnostic.
Une peau où l’on retrouve des lésions maculopapuleuses ou ayant des lésions pustuleuses ou excoriées est aussi susceptible d’accueillir une éruption polymorphe. Notez que les lésions à l’origine de cette dermatose débutent au niveau de l’abdomen dans 90 % des cas, et peuvent aussi concerner non seulement le visage et la racine des membres, mais également les paumes et les plantes des pieds, ainsi que les fesses.
Diagnostic de l’éruption polymorphe de la grossesse
Pour réaliser le diagnostic de cette maladie, la patiente doit nécessairement se rendre à l’hôpital. En effet, le diagnostic est surtout clinique. Cependant il est possible en cas de doute d’effectuer une biopsie cutanée. Il n’est pas recommandé de faire un examen anatomopathologique, car il est peu spécifique étant donné qu’il est superposable à celui de la pemphigoïde de la grossesse.
Toutefois, il permet quand même d’objectiver des lésions centrées sur l’épiderme comme la spongiose ou la parakératose et un infiltrat dermique inflammatoire lymphohistiocytaire. Notez que lorsque l’éruption est suffisamment typique, aucun examen complémentaire n’est nécessaire.
Cependant, dès lors qu’il s’agit d’un cas de prurit isolé, avec peu ou pas de lésions de la peau, la patiente devra passer un bilan sanguin hépatique. Les médecins essayeront alors de rechercher une cholestase de la grossesse (par accumulation de sels biliaires).
Si au nombre des symptômes de la dermatose, la patiente a des bulles (cloques/ampoules contenant un liquide clair) sur sa peau, une biopsie lui sera prescrite. Elle devra être combinée avec une immunofluorescence, afin que l’on puisse rechercher des dépôts d’anticorps au niveau de la peau.
Le médecin pourra ainsi faire la différence entre une pemphigoïde de la grossesse, et une éruption polymorphe de la grossesse.
Comment traiter l’éruption polymorphe de la grossesse ?
Étant donné que cette dermatose est assez bénigne, il n’est pas vraiment nécessaire de prendre un traitement. De plus, elle disparaît le plus souvent dans le mois qui suit l’accouchement, et n’a pas tendance à survenir lors d’une deuxième grossesse. Elle n’est pas contagieuse et n’affecte négativement ni la mère ni l’enfant.
Toutefois, il est possible que le médecin, après diagnostic, prescrive des crèmes dermocorticoïdes. C’est un traitement relativement sain et qui est sans danger pour la mère et pour l’enfant. Les crèmes doivent être appliquées largement et uniformément sur toutes les zones atteintes, une seule fois par jour.
Elles servent à soulager les démangeaisons ainsi que les symptômes de la maladie, en attendant la disparition spontanée de l’éruption après l’accouchement. Il existe aussi des crèmes hydratantes apaisantes pour le corps qui aident à soulager le prurit.