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Fibrose hépatique : comment traiter la fibrose du foie?

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Fibrose hépatique : comment traiter la fibrose du foie?
Fibrose hépatique – © Crédit : informationhospitaliere.com

En médecine clinique, le terme « fibrose hépatique » décrit une transformation de la structure cellulaire du foie. À un stade avancé, cette pathologie peut entraîner une altération des fonctions hépatiques, une cirrhose et même une hypertension portale.

Les causes de la fibrose hépatique sont variées. Certaines sont des maladies systémiques (affections auto-immunes, maladies inflammatoires, etc.) et d’autres des maladies toxiques, virales, ou encore métaboliques. Qu’est-ce que la fibrose hépatique ? Quels en sont les causes, les signes annonciateurs et comment la traite-t-on ?

Fibrose : Définition

La fibrose en image  – © Crédit : informationhospitaliere.com
La fibrose en image – © Crédit : informationhospitaliere.com

Le mot « fibrose » du latin fibra (fibre) désigne la prolifération pathologique des fibres du tissu conjonctif dans un organe. En terme simple, la fibrose ou fibrose d’organe est une réaction partielle patho-biochimique importante, dont la finalité est d’empêcher le processus de cicatrisation d’un organe. La fibrose représente donc une forme pathologique de cicatrisation des plaies, étant donné qu’une cicatrisation normale des lésions d’un viscère s’accompagne d’une réglementation stricte des processus de réparation.

Des études montrent que les maladies fibro-prolifératives causent environ 45 % des décès, directement ou indirectement.

La fibrose peut survenir sur divers organes, à savoir :

  • Les poumons ;
  • Les reins ;
  • Le foie ;
  • Le pancréas (endocrine et exocrine) ;
  • Le myocarde (cœur) ;
  • La peau ;
  • L’œil ;
  • La moelle.

Selon l’organe touché, les fibroses peuvent être des facteurs d’aggravation de maladies sous-jacentes telles que l’athérosclérose, la maladie d’Ormond et la contracture de Dupuytren.

En raison des temps de développement souvent longs, ces maladies sont les causes de la morbidité à long terme. Ainsi, elles ont une importance socio-médicale et socio-économique considérable. Les médecins distinguent deux grandes catégories de fibroses.

  • Les fibroses primaires

Ce sont des formes de fibroses tissulaires sans dommages externes notables. C’est le cas de la cirrhose biliaire primitive.

La cirrhose du foie – © Crédit : informationhospitaliere.com
La cirrhose du foie – © Crédit : informationhospitaliere.com
  • Les fibroses secondaires

Elles sont causées par des distensions d’origines exogènes ou endogènes. Les fibroses secondaires sont les plus fréquentes de l’ensemble des pathologies fibro-kystiques.

Chez les individus atteints de fibrose secondaire, les fibroblastes sont activés dans le bandage tissulaire détruit. Ceux-ci produisent plus de tissu conjonctif interstitiel, ce qui conduit à la formation de tissu cicatriciel, d’où l’apparition de fibrose.

La fibrose hépatique est le résultat des processus de remodelage dans le foie, qui conduisent progressivement à une accumulation de tissu conjonctif. Chez les individus atteints, les tissus fonctionnels des lobules du foie se retrouvent graduellement remplacés par des fibres de tissu cicatriciel.

Comment se développe la fibrose hépatique ?

Le foie est l’un des rares organes dotés d’une extraordinaire capacité d’auto-régénération. Ainsi, si la moitié de l’organe est prélevée lors d’une greffe, il faudra en moyenne dix semaines pour qu’il retrouve sa taille d’origine. Cependant, certaines maladies du foie telles que les hépatites constituent une menace directe pour l’organe. En effet, celles-ci attaquent les cellules saines du foie et provoquent des inflammations répétées.

Les hépatocytes meurent alors soit de dommages immédiats (nécrose), soit de mort cellulaire programmée (apoptose). Cela déclenche une réponse immunitaire qui combat l’inflammation, et met le processus de guérison en marche. Dans le cas où un tissu fibreux se forme à grande échelle au lieu d’un tissu hépatique sain, les cicatrices de l’organe se développent, formant ainsi une fibrose hépatique.

Pourquoi la fibrose hépatique est-elle si dangereuse ? 

La chose insidieuse à propos de la fibrose hépatique est que même avec des cicatrices graves, les symptômes ne se manifestent pas nécessairement. La plupart des cas ne sont découverts que lorsque la fibrose développe soit une cirrhose ou une tumeur maligne du foie.

Par ailleurs, les symptômes tels que le saignement des gencives ou la perte d’appétit, n’indiquent pas nécessairement une fibrose. Ce n’est que très tardivement que des signes typiques de lésions hépatiques apparaissent. Il peut être question d’un jaunissement de la peau, des yeux ou de démangeaisons sur tout le corps. Ce sont des signaux clairs qui montrent que la fonction hépatique est déjà gravement endommagée par la prolifération du tissu conjonctif.

Si le foie ne peut plus compenser le déséquilibre, il rétrécit et durcit. La structure lobulaire typique menace de s’effondrer, la circulation sanguine s’arrête et la pression s’accumule dans la veine porte. Ainsi, le stade de la cirrhose est atteint, et toutes les conditions pour la formation de carcinomes sont remplies. Chez un patient sur cinq, la cirrhose apparaît en seulement deux ans et demi.

Quels sont les différents stades d’évolution d’une fibrose hépatique ?

Stade de développement d'une fibrose  – © Crédit : informationhospitaliere.com
Stade de développement d’une fibrose – © Crédit : informationhospitaliere.com

 Le degré de fibrose hépatique peut être illustré selon le schéma suivant :

  • Stade 0 : Pas de fibrose

Il n’y a aucune prolifération de fibres portales et pas de formation de tissus conjonctifs.

  • Stade 1 : Fibrose de bas grade

C’est le stade initial de la fibrose hépatique. On observe une prolifération des fibres portales.

  • Stade 2 : Fibrose modérée

Ici, les fibres portales continuent leur propagation. Le septum hépatique s’ouvre, mais de façon incomplète. Le patient peut souffrir d’hydropisie abdominale (accumulation de liquide dans l’abdomen).

  • Stade 3 : Fibrose de haut grade

L’hyper-prolifération des fibres portales conduit à une destruction de l’architecture du foie. Le tissu conjonctif est transformé en grande quantité.

  • Stade 4 ou stade terminal : Cirrhose

Au stade terminal, le foie n’est plus en mesure d’assurer pleinement sa fonction de détoxification. On assiste à un remodelage probable ou définitif de l’organe.

Quelles sont les causes de la fibrose hépatique ?

La fibrose hépatique peut être le résultat d’une variété de maladies chroniques du foie. Certaines étant des maladies systémiques et d’autres des maladies toxiques, virales, ou encore métaboliques. Les causes courantes de la fibrose hépatique sont :

  • Une consommation excessive d’alcool ;
  • Une suralimentation ;
  • Des troubles ou syndromes métaboliques ;
  • Les toxines hépatiques (agissantes de manière permanente) ;
  • Les hépatites virales chroniques (particulièrement l’hépatite B et hépatite C) ;
  • La congestion chronique hépatite (arriéré de sang veineux dans le foie) et la
  • La congestion chronique de la bile dans le foie.

Il existe des formes héréditaires rares de fibrose du foie. C’est le cas de l’hémochromatose héréditaire (HH), qui est une maladie due à une mutation génique d’origine maternelle.

Quels sont les symptômes de la fibrose hépatique ? 

De nombreux cas de fibroses hépatiques ne présentent pas des symptômes au début de la maladie. En conséquence, plusieurs patients hépatiques chroniques ne sont découverts qu’au moment où ces signes deviennent déjà visibles. Ces derniers étant malheureusement enclins à développer une cirrhose à long terme. L’absence de symptômes n’est donc pas la garantie d’un foie en bonne santé. Inversement, la présence de symptômes correspondants ne signifie pas nécessairement que le patient souffre de fibrose hépatique. Cette maladie ne possède pas de signe pathognomonique.

La fibrose mineure provoque des symptômes similaires à la stéatose hépatique. Par contre, une fibrose hépatique prononcée, qui a déjà déplacé une grande proportion du tissu hépatique, peut montrer tous les symptômes d’une maladie hépatique avancée. En raison du rétrécissement du tissu conjonctif et des vaisseaux hépatiques, la pression dans la veine porte augmente. Cela peut provoquer des varices dans l’œsophage, accompagnées de saignements graves, de vomissements sanguins et des selles de goudron.

Symptômes possibles de la fibrose hépatique au stade initial de son développement

Les personnes en stade initial de fibrose hépatique peuvent présenter les signes cliniques suivants :

  • Une fatigue suivie d’une apathie ;
  • Une perte d’appétit ;
  • Une perte de poids sans cause apparente ;
  • Une sensation de pression dans le haut de l’abdomen ;
  • Une intolérance à la graisse ou à l’alcool ;
  • Des ballonnements ou la diarrhée ;
  • Des saignements fréquents des gencives ou du nez (sous forme d’ecchymoses) ;
  • Une tendance accrue à transpirer ou à geler.

Les symptômes susmentionnés sont non spécifiques de la pathologie. Si une personne souffre par exemple de fatigue ou de diarrhée, cela n’indique pas forcément qu’il est atteint d’une fibrose hépatique au stade initial.

Symptômes spécifiques, plutôt dans l’évolution ultérieure de la fibrose hépatique

Les symptômes suivants peuvent évoquer une fibrose hépatique en cours de développement :

  • Le jaunissement de la peau et de la conjonctive des yeux (« jaunisse ») ;
  • Une urine brunâtre, selles claires à blanches ;
  • Des démangeaisons sur tout le corps ;
  • Des signes cutanés du foie ;
  • Une absence des saignements menstruels, des troubles de l’érection ou une diminution du désir sexuel ;
  • Des troubles de la concentration, oubli, irritabilité ;
  • Une accumulation de liquide dans l’abdomen (« hydropisie abdominale »).

La combinaison de deux ou trois de ces facteurs devrait alerter un patient, sur une possible altération de la fonction hépatique. À ce stade, il est conseillé de se renseigner auprès d’un spécialiste.

Symptômes visibles à la surface du corps chez un patient atteint de la fibrose hépatique au stade terminal

Les symptômes associés au stade terminal d’une fibrose hépatique sont :

  • Un jaunissement de la peau et de la conjonctive des yeux (« jaunisse ») ;
  • Des effets de grattage sur la peau, en raison des démangeaisons générales ;
  • Une apparition de « spider naevi » qui sont des extensions en forme d’étoile des vaisseaux sanguins sur la peau ;
  • Des rougeurs diffuses ou tachetées de la paume de la main ;
  • Un durcissement tissulaire sur les doigts (« contracture de Dupuytren ») ;
  • Une décoloration rose clair à blanc argenté des ongles des doigts et des orteils.

Par ailleurs, en raison de l’accumulation de tissu conjonctif à l’intérieur du foie, on assiste à une apparition d’œdèmes sur plusieurs parties du corps, en particulier les jambes. Ces œdèmes donnent lieu à des épanchements de liquide (sang, plasma…), favorisant ainsi l’élargissement des glandes mammaires.

En quoi consiste le diagnostic de la fibrose hépatique ? 

Pour diagnostiquer la fibrose hépatique, une biopsie du foie avec coloration tissulaire ultérieure est généralement utilisée. Cependant, selon la région du foie étudiée, il peut arriver que le tissu hépatique soit infecté ou exempt de toute affection. La biopsie dépend donc de l’expertise du pathologiste, ce qui rend difficile une évaluation objective du degré de fibrose.

Étant donné que la biopsie du foie n’est pas un diagnostic optimal, il est important d’établir des méthodes non invasives afin d’apprécier le stade d’évolution de la fibrose hépatique. Par ailleurs, le degré de fibrose peut être décrit à l’aide de divers systèmes ponctuels, le score d’Ishak étant le plus utilisé.

Des systèmes radiologiques et biochimiques sont également utilisés. Ils font cas de l’élastographie transitoire (ou FibroScan) du FibroTest, et du test dit APRI (Aspartate Aminotransferase to Platelet Ratio Index). Une méthode relativement nouvelle est l’analyse dite glycomique. C’est un examen de profil du plasma, qui consiste en l’évaluation de la teneur en protéines dans les artères et veines hépatiques.

Fibrose hépatique : quels sont les traitements disponibles ? 

Jusqu’à ce jour, aucune méthode standard de traitement de la fibrose hépatique n’est connue. Certes, l’élimination de substrats tels que l’alcool provoquant la fibrose hépatique est une condition préalable, pour influencer le processus de cicatrisation. Toutefois, cette condition n’est souvent pas suffisante pour stopper la pathologie.

Alternativement, les médecins utilisent le traitement par interféron pour soigner les patients atteints de fibrose hépatique. Cependant, cette thérapie est très coûteuse, mais aussi associée à des effets secondaires très graves. Puisque les réactions inflammatoires favorisent la fibrose hépatique, l’administration d’anti-inflammatoires peut aider à réguler à la baisse, la production de toxines dans le foie.

Une autre stratégie de traitement de la fibrose hépatique consiste en l’administration de divers antioxydants, de vitamine E ou d’alpha-phosphatidylcholine. Ces substances jouent un rôle crucial, en ce sens qu’elles protègent les cellules hépatiques de l’apoptose (mort cellulaire). Plusieurs autres approches thérapeutiques sont encore en phase d’essai clinique sur des animaux. Bien qu’elles montrent des perspectives de réduction de la fibrose, ces approches ne peuvent malheureusement pas encore être appliquées à l’humain, en raison de diverses complications.