Une femme enceinte présente un risque de coagulation sanguine plus élevée et de complications lors de l’accouchement. La bonne nouvelle est que certains médicaments peuvent aider à minimiser l’ensemble de ces risques. Parmi ceux-ci figure l’héparine. Que savoir de ce comprimé ? Comment se l’injecter ? Décryptage dans cet article.

Qu’est-ce que l’héparine ?

L’héparine est un anticoagulant que l’organisme produit naturellement dans le foie et dans les cellules mastocytes du tissu conjonctif. Son action consiste à empêcher la coagulation du sang à travers l’activation de l’enzyme antithrombine III, dont le rôle est de réguler le processus de coagulation sanguine.

En raison de son utilité, l’héparine est également synthétisée pour servir dans le traitement et la prévention des thromboses et des embolies. Elle est considérée comme un médicament très efficace qui aide à prévenir la formation des caillots sanguins. En effet, l’héparine est un polymère sulfaté qui s’associe avec l’antithrombine III. Cela renforce son effet inhibiteur pour bloquer la formation de caillots sanguins.

En outre, l’héparine peut être administrée par voie sous-cutanée, intraveineuse ou per os. Le choix de l’une de ces voies dépend de l’état clinique du patient et de l’indication thérapeutique. Le médicament s’utilise alors pour traiter l’angine de poitrine instable, l’infarctus du myocarde, les complications thrombotiques de certaines maladies et bien d’autres.

L’administration de l’héparine peut donner lieu à des effets secondaires chez le patient. Pour cela, toute personne sous traitement de ce médicament doit être surveillée attentivement afin d’éviter tout risque de complications hémorragiques. Chez les patients atteints d’hypertension artérielle ou d’insuffisance rénale, le suivi doit être plus pointu, puisque des complications dues à la rétention de liquide pourraient surgir.

Comment faire une injection d’héparine chez soi ?

L’injection de l’héparine peut se faire par un médecin. Néanmoins, il est possible de le réaliser soi-même. Pour y arriver, vous devez absolument respecter la dose ainsi que la fréquence requise pour le traitement. Ces informations doivent être définies avec un professionnel de la santé afin de réduire les risques. Passée cette étape, voici toutes les étapes à suivre.

Préparez le matériel à utiliser

La première étape de l’injection consiste à préparer le matériel à utiliser pour la réussite de l’opération. Cela peut inclure la seringue pré remplie d’héparine prescrite, les tampons d’alcool et un mouchoir propre. Vous devez également prévoir un récipient spécifique pour les déchets médicaux, tel qu’un conteneur d’aiguille.

Lavez vos mains

Après avoir réuni le matériel, vous devez soigneusement laver vos mains à l’eau et au savon avant d’entamer l’injection. Cette étape est indispensable, car elle vous aide à minimiser les risques de propagation de certaines infections. Cela vaut également pour votre hygiène personnelle.

Choisissez le site d’injection

La troisième étape du processus est le choix du site d’injection. Parmi les zones envisageables,  il faut citer l’abdomen, la cuisse ou le bras. Quelle que soit la zone choisie, assurez-vous que celle-ci soit suffisamment distante des régions meurtries, des cicatrices ou des zones à problèmes de peau. Après votre choix, utilisez un tampon d’alcool afin de nettoyer le site d’injection. Frottez délicatement l’endroit en faisant un mouvement circulaire pour désinfecter la zone.

Préparez la seringue

À ce niveau, vous devez préparer la seringue pré remplie d’héparine. Pour y parvenir, retirez le capuchon et évitez de toucher l’aiguille. Ensuite, vérifiez que le médicament est exempt de particules et de décoloration. Au cas où vous constatez des anomalies, ne l’utilisez pas et contactez votre médecin pour l’informer. Autrement, passez à la phase suivante qui consiste à vérifier que vous avez la bonne dose prescrite. Toutes les vérifications faites, maintenez la seringue vers le haut puis tapotez légèrement pour transférer les bulles d’air vers la partie supérieure. Ensuite, tirez légèrement le piston, ce qui va permettre d’expulser une bonne partie des bulles d’air hors de la seringue.

Passez à l’injection

Pour procéder à l’injection, utilisez votre seconde main pour maintenir fermement la zone d’injection. Gardez la seringue à la manière de tenir un stylo et insérez rapidement l’aiguille dans un mouvement droit et sûr. Enchaînez l’opération en poussant progressivement le piston pour injecter l’héparine dans les tissus sous-cutanés. Pendant l’injection, transférez le liquide selon votre tolérance personnelle. Attendez quelques secondes avant de retirer l’aiguille, car il est déconseillé de le faire automatiquement.

Retirez l’aiguille et tamponnez la zone injectée

Les secondes épuisées, vous pouvez à présent retirer l’aiguille en douceur. Utilisez le tampon d’alcool ou un mouchoir propre pour effectuer une légère pression sur la zone où doit se faire l’injection. Cette action doit durer seulement quelques secondes en vue d’arrêter le saignement. Ne frottez surtout pas la zone d’injection, car cela pourrait irriter la peau.

Rangez le matériel

Une fois l’opération terminée, vous devez ranger le matériel utilisé. Pour le faire, mettez l’aiguille usagée ainsi que la seringue dans le conteneur réservé aux déchets médicaux, car leur usage est unique. Aussi, veillez à fermer le récipient en sécurité pour éviter que d’autres personnes ou vous-mêmes ne soyez exposées à des blessures potentielles.

Pourquoi faire l’injection de l’héparine chez soi ?

Pour diverses raisons, votre médecin peut vous autoriser à faire l’injection de l’héparine à domicile. C’est d’ailleurs ce qui se fait généralement. Cependant, votre professionnel de santé doit analyser en amont certains paramètres tels que votre condition médicale spécifique et votre capacité à suivre les instructions appropriées. Voici d’ailleurs quelques-unes des raisons pour lesquelles l’injection de l’héparine peut se faire à domicile.

Un traitement de longue durée

L’héparine est souvent utilisée comme traitement de longue durée pour prévenir la formation de caillots sanguins. Cela concerne, notamment les personnes atteintes de certaines conditions médicales. Il s’agit notamment de la thrombose veineuse profonde et des fibrillations auriculaires. De plus, l’injection de l’héparine peut se faire une à six fois par jour. Dans ces conditions, les patients peuvent être autorisés à s’injecter de l’héparine chez eux pour faciliter le traitement.

L’autonomie dans le traitement et la réduction des coûts

Lorsque vous êtes autorisé à vous auto administrer l’héparine chez vous, cela vous donne une plus grande autonomie. Ainsi, vous pouvez mieux contrôler votre traitement. Aussi, l’injection du médicament à domicile peut améliorer vos conditions de soin et, parallèlement, réduire les coûts liés aux soins de santé.

Limitation des visites médicales

Une autre raison de préférer l’injection de l’héparine à domicile est que cette pratique limite les visites médicales. En évitant les visites répétées à l’hôpital ou à la clinique juste pour une injection d’héparine, vous pouvez économiser du temps. Cela peut également vous aider à réduire les risques d’infections nosocomiales ou d’autres complications liées aux soins médicaux.

Pourquoi l’injection d’héparine pendant la grossesse ?

L’héparine peut être administrée aux femmes enceintes pour diverses raisons médicales. Comparée à d’autres anticoagulants tels que le Warfarine, elle est la plus bénéfique et se révèle moins dangereuse. En réalité, ce médicament ne traverse pas le placenta, ce qui fait de lui une option plus avantageuse en situation de grossesse. Voici quelques indications courantes de l’héparine chez la femme enceinte.

Prévention et traitement des caillots sanguins

Comme mentionné précédemment, l’héparine est souvent utilisée pour prévenir ou traiter des caillots de sang. Pendant la grossesse, la femme présente plus de risque de formation de caillots sanguins. Cela se justifie par un certain nombre de facteurs parmi lesquels, il faut citer :

• l’immobilité accrue ;
• changements hormonaux ;
• la hausse de la pression exercée sur les veines due à l’élargissement de l’utérus.

En effet, l’héparine est utilisée pour prévenir et traiter ces caillots sanguins, en particulier dans les cas de thrombose veineuse profonde (TVP). Elle intervient également dans les situations d’embolie pulmonaire. Ainsi, le médicament vous aide à vous défaire des peines et douleurs liées à la coagulation sanguine.

Réduction du risque du Syndrome des Anti Phospholipides (SAPL)

Le SAPL est un trouble auto-immun qui incite le système immunitaire à la production d’anticorps propres à attaquer les phospholipides. Ces derniers sont des molécules impliquées dans la coagulation normale du sang. Par cette action, le SAPL augmente le risque de prééclampsie chez la femme enceinte, vous exposant ainsi à des fausses couches répétées. Cela peut aussi provoquer un retard de croissance intra-utérine. C’est justement pour minimiser ces différents risques que l’héparine est administrée.

Prévention du risque de Placenta accreta

Dans certains cas, le placenta s’implante dans la paroi utérine de façon anormale : on parle alors de placenta accreta. Cette situation peut entraîner des problèmes sévères lors de l’accouchement, tels que des saignements excessifs ou une délivrance impossible. L’héparine peut donc être administrée à une femme enceinte qui présente ces risques, afin de prévenir ou de limiter les complications potentielles.

Quels sont les effets secondaires de l’héparine ?

L’héparine est un anticoagulant largement utilisé dans la médecine. Bien qu’elle soit considérée comme sûre, elle peut toutefois présenter quelques effets secondaires. Ceux-ci peuvent varier selon certains facteurs tels que la voie d’administration. À cela peuvent s’ajouter la dose ainsi que la durée du traitement. Quoiqu’il en soit, vous devez prévenir un médecin, si vous présentez l’un des effets suivants.

Les saignements

Étant donné que l’héparine empêche la coagulation sanguine, son utilisation peut engendrer des saignements ou en augmenter le risque. Cette situation est probante, particulièrement si la dose est trop élevée ou si la patiente traînait d’autres problèmes de coagulation sanguine. Dans les cas moins critiques, on peut observer des saignements mineurs, tels que des ecchymoses ou des saignements nasaux. Au pire des cas, des hémorragies internes peuvent en découler, sauf qu’elles surviennent rarement.

La thrombocytopénie induite par l’héparine (TIH)

La TIH est une réaction immunitaire indésirable au cours de laquelle l’héparine peut induire une diminution des plaquettes sanguines appelées thrombocytopénie. Cette situation est susceptible d’accentuer le risque de formation de caillots sanguins et d’entraîner d’autres complications. Il est donc recommandé de signaler l’état, aussitôt que possible pour une promptitude d’action.

Les réactions allergiques

Les réactions allergiques sont également possibles lorsque vous êtes sous un traitement à l’héparine. En réalité, il s’agit des cas rares où des personnes font face à des démangeaisons, des éruptions cutanées ou de l’urticaire. Certaines patientes peuvent constater un gonflement de leur visage ou de la gorge. Dans les cas extrêmes, ces réactions allergiques liées à l’héparine peuvent inclure un choc anaphylactique.

L’ostéoporose

L’ostéoporose est une maladie qui se manifeste par une diminution de la densité des os. L’utilisation prolongée d’héparine peut être associée à un risque accru de cette maladie, d’où un risque d’augmentation de fractures osseuses. Par conséquent, il est nécessaire de suivre minutieusement  les normes d’administration pour se prémunir des situations désavantageuses.

Héparine : quelles sont les contre-indications ?

Comme tout médicament, l’héparine peut être contre-indiquée dans certains cas. Pour le savoir, il revient au professionnel d’évaluer les risques et bénéfices du médicament avant de vous le prescrire. Cela devient plus obligatoire lorsque vous êtes dans un état de grossesse. Quoi qu’il en soit, sachez qu’il est déconseillé de prendre l’héparine lorsque vous remplissez l’une des conditions suivantes :

• une hémorragie cérébrale ;
• des maladies graves du foie ou des reins ;
• un ulcère gastrique ou duodénal en cours ;
• une hypersensibilité à l’héparine ou à l’un de ses composants ;

Vous ne devez plus faire usage de l’héparine si vous avez subi une chirurgie récente du cerveau ou de la colonne vertébrale. De même, l’héparine est contre-indiquée si vous avez des antécédents d’accidents vasculaires cérébraux ou d’hypertension cérébrale. Toutefois, votre médecin peut juger nécessaire de vous administrer le médicament après analyse de bénéfices/risques.

Dose oubliée ou dose excessive d’héparine : que faire ?

Si vous manquez environ deux doses d’héparine, cela n’affecte pas pour autant votre traitement. Soumettez néanmoins la situation à votre médecin qui pourra vous recommander de continuer la prise. Notez que cela n’est pas valable pour tous les médicaments. En outre, en cas de surdosage de l’héparine, l’organisme peut en être affecté. Entre autres, il est possible de noter des dysfonctionnements sur votre corps qui pourraient s’aggraver si rien n’est fait. Afin d’éviter toute contrariété, il est préférable de veiller au respect de la dose prescrite.

Il faut reconnaître que l’injection d’héparine regorge de nombreux avantages pour la femme enceinte. Elle permet de limiter la coagulation sanguine et de minimiser les risques de complications qui peuvent survenir à l’accouchement. Toutefois, la décision de s’auto-injecter l’héparine doit se prendre en collaboration avec un médecin.