Les glandes du système endocrinien jouent un rôle important dans la sécrétion des hormones. Les hormones secrétées, interviennent dans le maintien de l’homéostasie et dans la régulation du métabolisme du corps humain. Toutefois, ces glandes peuvent parfois être sujettes aux affections qui provoquent une altération de leur fonctionnement. C’est le cas de la gynécomastie ; une maladie qui touche un grand nombre de personnes à travers le monde. C’est une affection exclusivement masculine qui attaque les glandes mammaires. Qu’est-ce que la gynécomastie? Quelles sont ses causes et éventuellement les traitements et techniques médicales disponibles pour lutter contre la maladie ?
Sommaire de l'article
Qu’est-ce que c’est que la gynécomastie ?
On parle de gynécomastie lorsque les cellules des glandes mammaires augmentent de manière excessive de volume, par turgescence. Ce terme est exclusivement réservé à l’individu de sexe masculin. En effet, comme la femme, l’homme possède deux glandes mammaires, toutes deux situées sous les mamelons. La gynécomastie peut donc affecter un mamelon. Dans ce cas, on parle de gynécomastie unilatérale. Lorsque les deux mamelons sont touchés, on parle de gynécomastie bilatérale. Lorsqu’un individu atteint ne fait pas recours aux traitements, le volume mammaire peut être difficile à vivre par la suite.
Qui est touché par la gynécomastie ?
La gynécomastie n’est pas contagieuse ; cependant les hommes de tout âge peuvent être atteints par la maladie. On estime qu’à peu près 4 hommes adultes sur 100 souffrent de la gynécomastie à un stade plus ou moins avancé. Cette affection touche le plus souvent le jeune adolescent en période de puberté. Car, à cette étape de la vie, l’organisme sécrète des hormones sexuelles, notamment les œstrogènes et la testostérone ; hormones responsables de l’apparition et du maintien des caractères sexuels secondaires. Chez le garçon atteint de gynécomastie, on observe une sécrétion prématurée des œstrogènes ; le taux de testostérone étant relativement faible.
Les causes de la gynécomastie
Sont des facteurs pouvant entraîner une gynécomastie, toute modification qui peuvent induire :
- une baisse du taux de testostérone ;
- une inefficacité des récepteurs hormonaux ;
- un pic du taux d’œstrogène ;
- une élévation du taux de la Sex Hormone-Binding Blobulin (SHBG)
Ces facteurs ont bien sûr des origines variées. On classe les principaux en trois grandes catégories à savoir : les troubles endocriniens ; les syndromes paranéoplasiques et les causes médicamenteuses.
Les troubles endocriniens
Ce sont essentiellement :
L’acromégalie
L’acromégalie est un trouble hormonal, dû à un dysfonctionnement de l’hypophyse. Ce dérèglement hormonal est le plus souvent lié à une tumeur adénome hypophysaire. Dans ce cas, l’hypophyse sécrète en grande quantité des hormones de croissance notamment la FSH, la LH, la Prolactine et la STH. Ces hormones contrôlent le développement du corps entier. Un excès de sécrétion de ces hormones de croissance peut provoquer entre autres une augmentation du volume des organes et des tissus mammaires.
L’insuffisance surrénalienne chronique
L’insuffisance surrénalienne chronique, ou maladie d’Addison est une pathologie rare d’origine endocrinienne. La caractéristique principale de cette affection, c’est un défaut de sécrétion d’hormones surrénaliennes à savoir : les glucocorticoïdes et les minéralocorticoïdes. Elle provoque la destruction progressive des corticosurrénales.
Afin de mieux comprendre le concept d’insuffisance surrénalienne chronique, il importe de décrire le fonctionnement normal d’une glande surrénale. La glande surrénale est constituée de deux hémisphères :
- une corticosurrénale : dont l’activité principale est la synthèse des hormones (les glucocorticoïdes, les minéralocorticoïdes, et les androgènes surrénaliens). Les androgènes surrénaliens sont particulièrement responsables du développement des caractères physiques chez l’homme ;
- une médullosurrénale : dont la fonction est de secréter des catécholamines essentiellement l’adrénaline et la noradrénaline.
Les sécrétions du lobe corticosurrénal agissent sur les tissus glandulaires endocrines, alors que ceux de la médullosurrénale opèrent sur les tissus nerveux modifiés ; dont le rôle est de sécréter des neuromédiateurs dans le sang. Dans le cas d’une insuffisance surrénalienne chronique, on observe une altération de la corticosurrénale. La sécrétion d’androgène surrénalienne se retrouve parallèlement impactée ; ce qui induit une régression voire, la disparition des caractères physiques masculins.
Les troubles liés à l’alcoolisme
L’alcool aussi est un facteur de dérèglement hormonal. Une surconsommation d’alcool peut en effet causer une réduction de la production d’hormones de croissance, notamment de la testostérone chez l’homme.
Les syndromes paranéoplasiques
Le cancer des testicules
Les gonades mâles ou testicules font partie de l’appareil reproducteur du mâle. Leur rôle physiologique est essentiellement la production des semences masculines ; les spermatozoïdes. Les testicules participent aussi à la stéroïdogenèse (synthèse de testostérone, d’œstrogènes etc.) chez l’homme. En cas d’atteinte des testicules comme c’est le cas avec le cancer du testicule ; ceux-ci sont dans l’incapacité de synthétiser des stéroïdes hormonaux et essentiellement, de la testostérone.
Les cancers du rein
Les reins jouent aussi un rôle très important dans la régulation hormonale. En effet, ils sont constitués de deux lobes fonctionnels : la corticosurrénale et la médullosurrénale, dont les rôles ont été décrits plus haut. Les maladies telles que l’insuffisance surrénalienne chronique sont les conséquences d’un dysfonctionnement du rein ; ici d’origine tumorale.
La prolactinome
La prolactinome est une affection tumorale bénigne de l’hypophyse. Elle a un impact direct sur la sécrétion de la prolactine. Car, en effet, la pathologie induit une élévation de la sécrétion de prolactine. Il est important ici de rappeler l’un des rôles de la prolactine qui est la croissance des organes mammaires. Une élévation trop importante du taux de prolactine entraîne donc le développement anormal des glandes mammaires comme c’est le cas avec la gynécomastie.
l’Hyperthyroïdie
Chez l’homme, elle s’accompagne dans un tiers des cas d’une gynécomastie. Le taux d’estradiol est alors élevé en rapport avec une augmentation de la production de la delta-4- androstènedione. Une activité aromatase périphérique accrue par les hormones thyroïdiennes et une élévation du taux plasmatique de TeBG. Cela a pour conséquence, une baisse de la testostérone libre.
La cyrose
La cirrhose du foie est à l’origine d’une gynécomastie dans près de 40 % des cas. Elle est souvent associée à des signes d’hypogonadisme (pilosité faible, baisse de la libido, impuissance, hypotrophie testiculaire). Les mécanismes de cette gynécomastie sont multiples.
L’élévation des taux d’œstrogènes est liée à une diminution de l’extraction hépatique de la delta-4-androstènedione. Elle est également due à une augmentation de l’aromatisation périphérique de ce précurseur androgénique et une élévation du taux plasmatique de la protéine vectrice TeBG. Cette dernière, responsable d’une diminution de la testostérone libre. La toxicité directe de l’alcool est également en cause.
Les causes médicamenteuses
La pousse des seins chez l’homme peut résulter des effets secondaires provoqués par un certain nombre de médicaments. On parle essentiellement de médicaments contenant :
- de la digitoxine en dose élevée ;
- de la cimétidine ;
- des amphétamines ;
- des œstrogènes ou leurs dérivés ;
- des antipsychotiques ;
- des stéroïdes hormonaux ;
- des amphétamines ; etc .
On retrouve également des traitements, comme ceux utilisés contre le VIH/SIDA ou en chimiothérapie anticancéreuse.
Les autres causes
Les autres causes se résument essentiellement aux maladies ou aux mutations génétiques telles que :
- le syndrome homme XX ;
- le syndrome d’insensibilité aux androgènes ;
- la maladie de Kennedy ;
- le syndrome de Klinefelter.
Des affections du foie comme les cirrhoses et les hépatites chroniques actives peuvent aussi, dans certains cas, entraîner une gynécomastie.
Le diagnostic de la gynécomastie
La gynécomastie est due à une croissance démesurée du volume des glandes mammaires. Il convient donc avant tout, de la différencier d’autres pathologies ayant les mêmes signes à savoir le cancer du sein et la pseudo-gynécomastie. La vérification se fait en utilisant des techniques et examens radiologiques (mammographie ou échographie). Si la mammographie ou l’échographie confirme qu’il s’agit bien d’une gynécomastie, le médecin va rechercher la cause secondaire (une maladie ou traitement médical par exemple) à l’origine de l’augmentation du volume des seins.
En général, quand le patient est un adolescent en pleine puberté, le médecin envisage un suivi sur plusieurs mois avant de demander des analyses complémentaires. A cet âge, la maladie peut reculer. Par contre, chez l’homme adulte, les techniques et examens radiologiques sont complétés par une palpation des testicules (à la recherche d’éventuels cancers) et des analyses sanguines, afin d’apprécier la concentration intra sanguine d’hormones sexuels.
Comment se traite la gynécomastie ?
Les traitements naturels
Des gestes simples du quotidien permettent en effet de traiter et accessoirement de prévenir la gynécomastie. Il s’agit de :
Faire régulièrement des exercices de cardio training
L’objectif de ces exercices n’est pas forcément de ragaillardir le haut de votre corps. Ils ont plutôt pour but d’aider dans la perte de poids et de masse graisseuse. Plus le patient va perdre de la graisse, plus les muscles qui entourent le mamelon seront tonifiés. Il est conseillé de faire au moins 2 heures d’exercices au cours de la semaine sinon plus. Les sports collectifs ainsi que la marche et les pompes sont grandement recommandés.
Changer son régime alimentaire pour réduire l’excès de graisse
- réduisant les apports en calories ;
- évitant les glucides ;
- faisant le plein de protéines ;
- consommant assez de légumes ;
- évitant de consommer les aliments issus de la transformation industrielle et les friandises ;
- buvant beaucoup d’eau tous les jours.
Les traitements médicamenteux
Habituellement, la gynécomastie disparaît naturellement quand elle est d’origine physiologique. Pour avoir les meilleurs résultats possibles, le médecin doit commencer le traitement hormonal (médicamenteux) assez précocement. Les traitements les plus utilisés sont :
Le traitement par dihydrotestostérone
Ce traitement est très efficace s’il s’agit d’une gynécomastie dont on ne connaît pas l’origine. La dihydrotestostérone permet de hausser la concentration d’androgènes sans pour autant induire le même effet sur celle de l’estradiol. Le traitement dure entre 3 et 6 mois et a pour but de réduire la gêne mammaire. Dans à peu près trois-quarts des cas, ce traitement favorise la diminution de la gynécomastie, voire sa disparition.
Le traitement par Le danazol
Le danazol anti-gonadotrope dénué de propriétés ostrogéniques et progestatives et les anti-estrogènes peuvent être utiles chez des patients se plaignant de douleurs mammaires très intenses
La chirurgie esthétique
Si le traitement médicamenteux connaît un échec, le traitement chirurgical devient le recours indispensable. L’opération correctrice dépend du type de gynécomastie. Le clinicien doit d’abord faire une appréciation de la taille du mamelon. Si l’affection nécessite véritablement une opération chirurgicale, la glande mammaire est amputée tout en s’assurant de la lipoaspiration des composantes graisseuses, s’il y en avait.
Enfin, il est important de retenir qu’avant tout traitement de la gynécomastie, une enquête rigoureuse de ses causes sur le patient s’avère impérative. Lorsque le constat est négatif un traitement s’impose. En ce qui concerne le traitement chirurgical, il intervient en dernier recours.