La constitution du sang est l’un des nombreux indicateurs de l’état de santé d’un patient. Pour l’analyser, rien de mieux que la NFS (numération formule sanguine ou hémogramme), un examen sanguin on ne peut plus complet. Cette analyse comprend divers éléments, dont l’hématocrite. Exprimé en pourcentage, ce dernier est utilisé pour prévenir, diagnostiquer ou suivre certaines affections. Voici l’essentiel à savoir sur l’hématocrite.
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L’hématocrite : qu’est-ce que c’est ?
L’hématocrite (abrégé Hct ou Ht) représente le volume qu’occupent les hématies (globules rouges) sur le volume total du sang. À l’origine, pour mesurer l’hématocrite, l’échantillon de sang prélevé chez le patient était centrifugé dans un tube à essai ou un tube capillaire. La hauteur relative du culot composé d’érythrocytes (globules rouges) était ensuite mesurée.
Avec les progrès de la technologie, des appareils électroniques ont été conçus pour déterminer plus facilement l’hématocrite. Pour cela, il suffit d’avoir le nombre de globules rouges et leur volume cellulaire. Le sang se prélève généralement au niveau du bras (chez les adultes), du bout des doigts ou des talons (chez les enfants et nouveau-nés).
Il faut savoir que l’hématocrite est un examen complémentaire à certaines analyses de sang figurant dans la numération formule sanguine. Il permet aussi d’obtenir deux autres grandeurs essentielles : le volume globulaire moyen (VGM) et la concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine (CCMH).
La première grandeur permet d’évaluer la taille des globules rouges circulant dans le sang et la seconde permet d’évaluer la concentration massique des globules rouges.
Quelle est la valeur normale de l’hématocrite ?
Identification de l’hématocrite – © Crédit : informationhospitaliere.comPour savoir si l’hématocrite est bas ou élevé, il faut d’abord connaître sa valeur normale. Cette dernière varie d’une personne à une autre, notamment en fonction du sexe et de l’âge.
- Entre 40 et 52 % chez l’homme.
- Entre 35 et 47 % chez la femme.
- Entre 32 et 45 % chez l’enfant.
Chez le nouveau-né, l’hématocrite est encore plus élevé que chez l’enfant : entre 50 et 60 %. Schématiquement, la différence entre l’hématocrite de l’homme et de la femme s’explique par le fait que les femmes ont naturellement moins d’hématies que les hommes.
Avant de déduire la signification de l’hématocrite, il faut savoir que cette grandeur ne peut être interprétée toute seule. Elle doit être mise en relation avec deux autres paramètres : le nombre total de globules rouges et le taux d’hémoglobine qui font aussi partie de l’hémogramme.
Comment interpréter un hématocrite bas ?
Un hématocrite est considéré comme bas lorsqu’il est situé en dessous des valeurs de référence (normales). Puisque celles-ci varient en fonction du sexe et de l’âge, les interprétations ne seront pas les mêmes chez tout le monde. Chez l’homme par exemple, un hématocrite inférieur à 40 % est déjà bas, alors qu’il faut descendre en dessous de 35 % chez la femme.
Anémie
Généralement, l’hématocrite bas signe une anémie. Dans ce cas, le nombre de globules rouges est, lui aussi, situé en dessous de la valeur normale. Différents types d’anémie peuvent être à l’origine d’un hématocrite bas. Il s’agit de :
- l’anémie par carence en vitamine B12 ;
- l’anémie ferriprive (due à une carence en fer) ;
- l’anémie hémorragique (provoquée par une perte de sang importante) ;
- l’anémie aplasique (liée à une synthèse insuffisante de globules rouges).
L’anémie peut aussi être hémolytique (causée par une destruction trop rapide des globules rouges).
Autres causes d’hématocrite bas
Outre l’anémie, l’hématocrite peut être en dessous des valeurs de référence à cause de la drépanocytose (maladie génétique caractérisée par une altération des globules rouges). La grossesse peut, elle aussi, justifier un hématocrite bas.
En effet, au cours de la gestation, plusieurs paramètres sanguins, dont l’hématocrite évoluent. L’augmentation du volume de sang chez la femme enceinte traduit la diminution de l’hématocrite. Il s’agit d’une modification normale et indispensable au développement du futur bébé.
Cela étant, un hématocrite bas au cours d’une grossesse nécessite tout de même un avis médical. Il peut ne pas être physiologique et signer par exemple une anémie. Du fait de la hausse des besoins en fer, l’anémie ferriprive est particulièrement fréquente lors de la gestation. L’hémogramme peut donc permettre de prévenir une éventuelle anémie chez la femme enceinte.
Comment interpréter un hématocrite élevé ?
L’hématocrite est élevé lorsqu’il est au-dessus des valeurs de référence. Cette anomalie est généralement liée à une polyglobulie. La polyglobulie est une anomalie de la production de globules rouges qui se traduit par l’augmentation anormale du taux d’hémoglobine et du nombre d’érythrocytes. Elle peut être primitive ou secondaire.
Polyglobulie primitive
La polyglobulie primitive est un fonctionnement exacerbé de la moelle osseuse (qui assure normalement la production de globules rouges). Ce dysfonctionnement s’explique par une maladie de la moelle osseuse comme la maladie de Vaquez. Cette dernière se caractérise par la présence d’une protéine entraînant une prolifération incontrôlée des cellules pourvoyeuses d’hématies.
Polyglobulie secondaire
La polyglobulie est secondaire lorsqu’elle est liée à l’augmentation du taux sanguin d’hormones stimulant la production des globules rouges, notamment l’érythropoïétine (EPO). Ce dysfonctionnement peut être causé par une maladie pulmonaire (bronchite chronique avec BPCO, emphysème), une cardiopathie congénitale, une tumeur rénale, certains cancers, etc.
Autres causes d’hématocrite élevé
D’autres situations peuvent être à l’origine de l’élévation de l’hématocrite. Il s’agit :
- du tabagisme ;
- des séjours en altitude ;
- et de la déshydratation sévère de l’organisme.
N’hésitez donc pas à fournir des informations claires à votre médecin. Cela permettra d’éviter l’errance diagnostique ou des erreurs de diagnostic.
Cas particulier des sportifs
Plus le sang contient de globules rouges, plus il peut transporter de l’oxygène vers les muscles. Ainsi, chez les sportifs, un hématocrite élevé traduit généralement une meilleure santé physique. D’ailleurs, certains sportifs s’en servent comme méthode de dopage.
Ils se font transfuser du sang ou s’injectent de l’érythropoïétine dans le but d’augmenter leurs capacités. Pourtant, le dopage sanguin n’est pas autorisé par la réglementation internationale, que ce soit pendant et en dehors des compétitions.
Lorsque le taux est trop élevé, cela peut avoir des conséquences néfastes sur l’organisme. En effet, si le sang contient trop d’érythrocytes, il sera anormalement visqueux et circulera plus difficilement dans les petits vaisseaux sanguins. Cela augmente le risque de certaines maladies telles les thromboses et les accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Quand faut-il mesurer son hématocrite ?
La mesure de l’hématocrite est généralement prescrite par un médecin sur la base d’un certain nombre de signes. Connaître ces derniers peut vous permettre de consulter à temps et donc d’éviter l’aggravation d’une éventuelle maladie.
Anémie
L’anémie peut être suspectée devant les signes suivants : fatigue généralisée, manque d’énergie, faiblesse musculaire, vertiges et malaises, essoufflement, pâleur cutanéomuqueuse (au niveau des paumes et des muqueuses palpébrales).
Polyglobulie
La polyglobulie peut être soupçonnée face aux signes suivants : vertiges, maux de tête, troubles visuels, acouphènes (sifflement ou bourdonnement au niveau des oreilles), rougeurs cutanées, fourmillements dans les doigts et démangeaisons au contact de l’eau.
Déshydratation
Il peut arriver à tout le monde d’être très légèrement déshydraté. Mais lorsque la déshydratation atteint une certaine gravité, on peut noter des signes tels que : soif intense, sècheresse de la bouche et des lèvres, manque de sueur et/ou d’urine, perte de force musculaire et fatigue anormale.
Autres indications médicales
Votre médecin peut également demander un hémogramme (comprenant l’hématocrite) à but préventif. Cela permet de vérifier l’absence d’anomalies sanguines ou de faire un diagnostic précoce de certaines anomalies et ainsi limiter les risques de complications.
Par ailleurs, l’hématocrite peut être utilisé pour suivre l’évolution d’une pathologie ou vérifier l’efficacité d’un traitement. Par exemple, chez un patient pris en charge pour polyglobulie, un hématocrite peut être demandé afin de s’assurer que sa prise en charge est adaptée et prometteuse.
Test antidopage
En dehors des causes purement médicales, l’hématocrite peut aussi être mesuré pour lutter contre le dopage. Par exemple, dans le cyclisme, les sportifs ayant un taux d’hématocrite trop élevé risquent l’exclusion des compétitions.
Quelles habitudes adopter pour garder un hématocrite normal ?
Une fois que le médecin vous a diagnostiqué une baisse ou une hausse de l’hématocrite, il est déconseillé de prendre quelque initiative sans son avis. Vous pourriez aggraver votre situation sans le savoir. Toutefois, il est possible de prévenir les anomalies de l’hématocrite en combattant les causes qui en sont à l’origine. Il s’agit principalement de l’anémie, de la polyglobulie (primitive ou secondaire), de la déshydratation, du tabac, de la drépanocytose et bien évidemment du dopage.
Par exemple, éviter ou arrêter de fumer constitue un excellent moyen de lutter contre la hausse de votre hématocrite. De même, veiller à ce que votre apport alimentaire en fer ou en vitamine B12 soit suffisant permet de prévenir certaines formes d’anémie.