Dans le domaine médical, le terme « hémospermie » (ou hématospermie) désigne un état pseudo-pathologique, caractérisé par la présence de sang dans les semences masculines (sperme). Bien qu’elle représente un signe clinique très alarmant pour le patient, dans la plupart des cas, l’hémospermie ne cache aucune maladie sous-jacente.
Aujourd’hui, près de 6 hommes sur 10 affirment avoir déjà aperçu du sang dans leur semence, au moins une fois dans leur vie. Ces statistiques inquiétantes font de l’hémospermie un des problèmes les plus fréquents en urologie. Qu’est-ce que c’est que l’hémospermie ? Quelles en sont les causes et comment se fait le diagnostic ainsi que, le traitement de ce trouble ? Retrouvez ici quelques réponses.
Sommaire de l'article
Hémospermie : clarification conceptuelle
L’hémospermie ou hématospermie est une affection, qui se caractérise par la présence de sang dans le sperme. La plupart des patients concernés par ce trouble décrivent le problème, en se plaignant de taches de couleur rouge vif dans le sperme. Chez certains sujets, les tâches sont de couleur brune, comparables à diverses nuances de café. Le sang dans l’éjaculat peut être très préoccupant, pour certains hommes. L’hémospermie peut en effet être le premier indicateur d’un trouble urologique.
En outre, une hémospermie est fréquemment retrouvée, à la suite d’une biopsie de la prostate. Cependant, elle peut aussi être due à une hyperplasie des organes génitaux, des infections des voies urinaires (urétrite), de la prostate (prostatite) ou des testicules. Plus rarement, la présence de sang dans l’éjaculat est une conséquence d’obstructions ou de traumatismes (bénins ou malins), dans n’importe quelle partie de l’appareil reproducteur.
L’hémospermie survient de façon sporadique ou chronique. Souvent, elle passe inaperçue, et se résorbe d’elle-même, de sorte que la prévalence exacte de ce trouble est inconnue. L’une des raisons, pour lesquelles il est difficile de faire des statistiques exactes concernant l’hémospermie est que, la plupart des hommes ne regardent souvent pas leur éjaculat après un rapport sexuel.
Les médecins pensent cependant que l’hémospermie représente environ 15 % de tous les symptômes urologiques cumulés. Ce trouble de l’éjaculation touche principalement, les hommes plus jeunes, de moins de 40 ans. Le diagnostic d’hémospermie est généralement très préoccupant, pour l’homme et, pour le couple. La personne concernée par le trouble craint en effet qu’une maladie sexuellement transmissible, ou qu’une tumeur maligne ne se cache derrière ce symptôme.
Pourtant, l’hémospermie n’est généralement pas un problème grave. D’ailleurs, dans la majorité des cas, le trouble a tendance à disparaître spontanément après quelques jours, sans qu’un traitement spécifique soit nécessaire.
D’autre part, l’apparition de sang dans le sperme après 40 ans peut, dans certains cas, être le symptôme de certaines affections génito-urinaires plus graves, comme la vésiculite ou la prostatite, qui nécessitent un traitement. Dans ce cas, il est nécessaire de consulter un urologue, pour identifier la cause et, commencer le traitement approprié.
Quels sont les symptômes de l’hémospermie ?
L’hématospermie cache dans 20 % des cas, une inflammation des vésicules séminales. Dans d’autres cas, ce trouble peut être un signe de maladie affectant l’urètre, ou les testicules ou encore, un signe de l’épididyme, ou de la prostate. Les symptômes, qui peuvent survenir avec l’hématospermie peuvent inclure :
- la présence de sang dans les urines ;
- une fièvre ou des frissons ;
- des douleurs à la selle ;
- des douleurs lors de l’éjaculation ;
- un gonflement du scrotum ;
- une hypersensibilité au niveau de la région de l’aine.
Hémospermie : La classification
Sur la base des caractéristiques cliniques du sang dans le sperme, il convient d’effectuer une classification précise du type d’hémospermie. On distingue l’hémospermie chronique de l’hémospermie idiopathique.
L’hémospermie chronique
L’hémospermie chronique est la variante la plus grave de l’hémospermie. C’est un état caractérisé par la présence de sang de couleur noir café dans le sperme. Ceci s’explique par la rupture des vaisseaux sanguins, survenue lors de l’éjaculation. En effet, la contraction des muscles lisses au moment de l’éjaculation, soumet les parois des capillaires, déjà endommagées auparavant, à un effort excessif. La conséquence de ce mécanisme se traduit par la fuite de sang veineux mêlé au sperme.
Dans la majorité des cas, les individus atteints de la variante chronique de l’hémospermie se plaignent souvent d’une éjaculation douloureuse. Lorsque le signe survient fréquemment, il est très probable qu’il y ait une inflammation de l’urètre, de la prostate ou des vésicules séminales. Dans ce cas, il est recommandé de faire appel à un urologue pour traiter le trouble.
L’hémospermie idiopathique
L’hémospermie idiopathique, ou non pathologique, est la forme la plus fréquente d’hémospermie. Chez la plupart des sujets diagnostiqués, le sang dans le sperme est de couleur rouge vif. Contrairement à l’hémospermie chronique, cette variante ne cache aucune maladie sous-jacente.
Une hémospermie idiopathique peut bien entendu, persister pendant des mois. Cependant, la fréquence de ce trouble ne devrait pas inquiéter le patient. Ce signe est la manifestation d’un léger dysfonctionnement de l’appareil génital masculin. L’hémospermie idiopathique disparaît dans la quasi-totalité des cas, de façon spontanée.
Hémospermie : Les causes
Historiquement, l’hémospermie était considérée comme le résultat d’une abstinence sexuelle prolongée ou d’une activité sexuelle excessive. Même au cours des dernières décennies, l’étiologie précise était inconnue dans plus de 70 % des cas. Ces dernières années, cependant, grâce à l’amélioration des diagnostics, les causes de l’hémospermie ont été pour la plupart clarifiées.
Un traumatisme de l’appareil génital
Une cause fréquente d’hémospermie est un traumatisme iatrogène, en particulier après une biopsie de la prostate, guidée par échographie transrectale, pour exclure un cancer de la prostate. Les traumatismes de l’appareil génital masculin représenteraient, près de 65 % des cas d’hémospermie.
La vésiculite
La vésiculite (ou spermatocystite) est une maladie inflammatoire, qui touche les vésicules séminales. Cette affection est souvent associée à d’autres processus inflammatoires affectant les organes génito-urinaires masculins, bien qu’elle puisse survenir de manière totalement indépendante. Dans la plupart des cas, la vésiculite est causée par des infections bactériennes, et peut conduire à l’infertilité.
Les manifestations de cette affection comprennent une éjaculation douloureuse, une hématospermie, une difficulté à uriner (dysurie), une augmentation de la miction diurne (pollakiurie) et un dysfonctionnement sexuel (impuissance ou problèmes de maintien d’une érection).
L’urétrite
L’urétrite est une inflammation aiguë, ou chronique de l’urètre, un petit tube qui transporte l’urine de la vessie vers l’extérieur. Elle s’accompagne souvent de douleurs, et de brûlures urétrales, qui deviennent plus intenses lors de la miction. L’urétrite peut être causée par des infections virales, bactériennes ou fongiques. Elle peut également résulter d’un traumatisme d’origine iatrogène.
Les causes moins fréquentes
Plus rarement, l’hémospermie peut résulter :
- d’infections sexuellement transmissibles, telles que l’herpès génital, la chlamydia, la blennorragie, et le trichomonas ;
- d’une élévation sévère de la pression artérielle ;
- d’un trouble de la coagulation sanguine ;
- de cancers (prostate, testicules et vessie) ;
- de calcul des vésicules séminales ;
- d’une inflammation de la glande de la prostate (la glande qui produit des spermatozoïdes) ;
- de l’hypertrophie bénigne de la prostate ;
- de kystes des vésicules séminales ;
- de brachythérapie ;
- d’épididymite .
Aussi, la masturbation excessive, ou l’exposition aux rayonnements ultra-violets, peuvent causer l’hémospermie. Les médecins ont récemment mentionné la tuberculose, ainsi que la prise de certains médicaments, notamment ceux qui contiennent du coumaphène, comme facteurs pouvant aggraver le trouble.
Autres causes de l’hémospermie
Les autres causes de l’hémospermie comprennent :
- l’orchite ;
- une hyperactivité sexuelle ;
- des traumatismes testiculaires ;
- une vasectomie ;
- l’amylose ;
- la schistosomiase.
Ces conditions sont plus graves et peuvent nécessiter un traitement spécialisé.
Comment se fait le diagnostic de l’hémospermie ?
Le but du diagnostic est de trouver une cause cliniquement pertinente, ou traitable de l’hémospermie, ou d’exclure une origine maligne. Une anamnèse exacte, et un examen physique incluant un toucher rectal sont des préalables indispensables à une clarification bien fondée.
L’anamnèse
L’anamnèse est une des premières étapes de la consultation médicale. Elle consiste en un interrogatoire dirigé du patient, par le médecin. Lors de l’interrogatoire, le médecin posera certaines questions typiques telles que :
- De quelle couleur est votre éjaculat ?;
- Vous est-il est déjà arrivé dans le passé de souffrir d’un quelconque trouble de l’éjaculation ?;
- Quand avez-vous pour la première fois constaté du sang dans votre éjaculat ?;
- Quelque chose est-il arrivé, qui aurait pu causer ce symptôme ?;
- Souffrez-vous d’un cancer de la prostate, des testicules, etc.
L’objectif principal de l’anamnèse est d’exclure la possibilité de « pseudo-hémospermie » dans laquelle, un patient interprète à tort, un saignement provenant de son organe génital ou, le sang du partenaire sexuel, comme une hémospermie.
L’examen physique
L’examen physique est un test courant, effectué par un médecin, dans le but d’évaluer l’état de santé global du patient. Cet examen inclut la mesure de la tension artérielle du patient. En effet, dans certains cas, l’hypertension peut être associée à une hémospermie.
Cette association est bien connue des médecins, bien que le mécanisme exact par lequel elle se produit soit inconnu. Aussi, lors de l’examen physique, le pénis est soigneusement inspecté, pour exclure toute lésion pouvant conduire à un saignement. Le médecin palpe aussi les canaux déférents sur tout leur trajet, pour s’assurer de leur présence et, écarter tout durcissement ou nodule.
Au toucher rectal, une attention particulière est portée aux vésicules séminales, et à la présence de masses médianes. Les vésicules séminales sont normalement des structures non palpables. Dans le cas où le médecin arriverait à les palper, il suspecterait directement une pathologie sous-jacente importante (le cancer par exemple). Chez les hommes plus âgés (plus de 50 ans), une attention particulière est portée à la prostate, car l’hémospermie peut parfois être un signe avant-coureur de cancer de la prostate.
Autres examens
Pour plus de précision, le médecin peut également faire recours aux techniques d’imagerie médicale, ou à un examen clinique. Dans la mesure du possible, un examen macroscopique, et microscopique de l’éjaculat doit être fait au laboratoire. Aussi, l’échographie transrectale est un examen sûr, moins invasif, et peu coûteux, pour examiner les tumeurs malignes en cas de suspicion d’un cancer. Principalement chez les hommes atteints d’hémospermie chronique, des études récentes ont montré l’efficacité de la tomodensitométrie et de l’imagerie par résonance magnétique (IRM), dans le diagnostic.
Hémospermie: Le traitement
Le traitement dépend de la cause de l’hémospermie. Si, par exemple, des dommages mécaniques (comme une blessure au pénis ou une rupture des vaisseaux péniens) sont responsables du trouble, alors il est conseillé, de s’abstenir de toute pratique sexuelle pendant un certain temps. Cela inclut également la pratique de la masturbation. Si l’inflammation est la raison de l’apparition de résidus sanguins dans le liquide séminal, certains médicaments sont utilisés en fonction du déclencheur.
- Les infections bactériennes sont traitées par antibiothérapie.
- Les infections virales peuvent être traitées avec des médicaments antiviraux.
Si une hypertrophie bénigne de la prostate est détectée lors de l’examen clinique de l’hémospermie, le médecin agit en fonction de l’étendue et des circonstances qui l’accompagnent. S’il n’y a pas de douleur, le traitement peut être mis en attente. Lors d’un futur examen annuel, le changement des symptômes est discuté, la grosseur de la prostate est vérifiée, et si nécessaire, un traitement est initié.
Enfin, en cas de détection de calculs, de kystes ou de diverticules dans les organes urinaires ou génitaux, une intervention chirurgicale est nécessaire. Les tumeurs sont également traitées initialement par chirurgie, et si nécessaire par chimiothérapie.