Le terme hydramnios est évoqué en cas d’une grande quantité de liquide amniotique pendant la grossesse. On peut également parler de polyhydramnios ou de polyamnios. Ce phénomène est souvent associé à des complications fœtales et maternelles. Le diagnostic de l’hydramnios est posé à partir de la détermination du niveau du liquide amniotique par échographie.
Ce phénomène peut conduire à la mort du fœtus, si la prise en charge n’est pas immédiate. Il existe néanmoins des traitements permettant de soulager la femme atteinte, et ils visent principalement à réduire le liquide amniotique. Les causes, complications, diagnostic et traitements de l’hydramnios dans ce billet.
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Hydramnios : de quoi s’agit-il concrètement ?
Bien avant, notons que le liquide amniotique est le fluide dans lequel se développe un fœtus tout au long des neuf mois de grossesse. Le volume de ce liquide n’est pas stable pendant la grossesse. Il peut passer de 20 ml dans la septième semaine d’aménorrhée, à environ 980 ml dans la trente-deuxième et trente-sixième semaine d’aménorrhée, pour finalement diminuer légèrement à la fin de l’aménorrhée.
C’est d’abord l’embryon qui se charge de la sécrétion du liquide amniotique, et ensuite le fœtus prend le relai au cours de la miction et de la déglutition. Ainsi, le système urinaire du fœtus se charge de le filtrer et de le renouveler. C’est en effet, un bon signe de fonctionnement des voies digestives, urinaires et rénales.
Parfois, une absence de liquide amniotique (on parle de l’anamnios) et un manque (oligoamnios) peuvent survenir, ou le phénomène contraire, c’est-à-dire la présence en grande quantité du liquide : il s’agit de l’hydramnios. Celui-ci est observé dans environ 0,5 à 6% des grossesses, mais les estimations varient selon les sources. En général, le niveau de liquide amniotique oscille entre huit-cent millilitres et un litre. Mais, en cas d’hydramnios, la quantité du liquide varie entre un et deux litres, et parfois plus.
D’après les médecins, il existe deux types d’hydramnios. Nous avons l’hydramnios aigu, qui survient précocement pendant la grossesse. Il est caractérisé par une quantité importante et une progression considérable. Le second est l’hydramnios chronique. Il est le plus fréquent, survient de manière progressive et apparait plus tardivement. L’hydramnios chronique est très favorable en ce qui concerne l’issue pour la grossesse.
Polyhydramnios : quelles sont les causes ?
Les causes de l’hydramnios sont multiples et sont énumérées en quatre grandes catégories :
Causes fœtales
Elles sont responsables de l’hydramnios dans 40% des cas. Les causes fœtales comprennent :
- Les malformations (spina-bifida, cour, système digestif, poumons, système nerveux central, etc.) ;
- La tumeur sacro-coccygienne ou cervicale ;
- L’anomalie chromosomique.
Causes materno-fœtales
L’hydramnios est d’origine materno-fœtales dans 20% des cas. Les causes incluent généralement :
- Le diabète gestationnel ;
- Les anémies sévères ;
- Les infections du fœtus : herpès, toxoplasmose, syphilis, cytomégalovirus ;
- L’incompatibilité sanguine fœto-maternelle.
Causes placentaires et en rapport au cordon
Observées dans environ 10% des cas, les causes placentaires sont :
- Les anomalies du placenta ;
- Les obstacles à la circulation du cordon : la tumeur, la thrombose, le nœud, la torsion ;
- Le syndrome transfuseur-transfusé dans le cas d’une grossesse gémellaire.
Causes indéterminées
Les réelles causes de l’hydramnios ne sont pas déterminées dans 30% des cas. La raison de l’excès du liquide amniotique évoquée dans ce contexte, est le poids du fœtus supérieur à la moyenne.
En effet, la détermination de la réelle cause de l’excès de liquide amniotique nécessite de nombreux examens.
Hydramnios : quels sont les symptômes ?
L’hydramnios est généralement asymptomatique, on n’observe aucun symptôme chez la future maman. Toutefois, en cas d’excès de liquide amniotique sévère ou grave, elle peut avoir des difficultés de respiration, de l’essoufflement et des contractions de travail douloureuses.
En outre, l’hydramnios peut se manifester par la prise de poids excessive et rapide, et une augmentation de la taille de l’utérus. Il est possible d’observer également des œdèmes au niveau des jambes de la femme enceinte.
Diagnostic de l’hydramnios
A partir des signes échographiques ou encore du volume de l’utérus (plus considérable que prévu), on peut suspecter l’hydramnios. Mais pour une précision du diagnostic en cas de suspicion d’hydramnios, il faut évaluer le niveau de liquide en se référant à un indice de liquide amniotique.
Notons qu’il n’est pas possible de déterminer le volume de liquide amniotique directement, si ce n’est qu’en cas d’accouchement par césarienne. On détermine donc l’excès de liquide de manière indirecte, à partir des critères échographiques, qui ne sont rien d’autre que l’indice de liquide amniotique.
Pour trouver la valeur de l’indice du liquide amniotique, il faut effectuer la somme des dimensions verticales du liquide, à l’intérieur de chaque quart de circonférence de l’utérus. Le taux normal de liquide amniotique oscille entre plus de cinq et moins de vingt-quatre centimètres. Une mesure excédant vingt-quatre centimètres traduit un hydramnios.
Hormis l’indice de liquide amniotique, il existe plusieurs autres examens supplémentaires pouvant permettre de déterminer la cause de l’hydramnios. À cet effet, les examens à effectuer sont fonction des causes suspectées :
- L’examen échographique complet : il permet de rechercher les malformations fœtales ;
- L’hyperglycémie ;
- Les tests sérologiques chez la mère pour rechercher une infection (rubéole, toxoplasmose, parvovirose, syphilis et cytomégalovirus par exemple) ;
- Le test de Kleihauer-Betke (pour rechercher l’hémorragie fœto-maternelle) ;
- Les tests pour rechercher les troubles héréditaires suspectés au niveau clinique, comme l’anémie ;
- L’amniocentèse pour caryotype du fœtus.
Polyhydramnios : quels sont les traitements ?
Lorsque l’hydramnios est d’origine materno-fœtale, comme une infection ou un diabète gestationnel, le traitement consiste en la prise en charge de la cause.
Dans le cas d’un hydramnios chronique, le traitement passe par la surveillance de très près de la grossesse, accompagnée d’une mise au repos de la patiente, afin de s’assurer que la grossesse se déroule bien.
Dans les cas d’hydramnios aigus, sévères ou critiques, c’est-à-dire en cas de possibilité d’un travail sévère, il faut envisager un amnio-drainage ou un amnio-réduction. Ce traitement consiste à diminuer la quantité de liquide amniotique, en réalisant des ponctions évacuatrices.
Complications pour la grossesse en cas d’excès de liquide amniotique
L’hydramnios peut avoir des conséquences graves sur la grossesse :
- Contractions prématurées entraînant un travail prématuré ou un accouchement prématuré ;
- Mauvaise présentation du fœtus pendant l’accouchement ;
- Rupture prématurée des membranes ;
- Trouble respiratoire maternel ;
- Fausse couche ;
- Décès du fœtus ;
- Atonie utérine ;
- Procidence du cordon ombilical.
Toutes ces complications sont fonction de plusieurs facteurs : degré de stagnation de liquide amniotique, origine de l’hydramnios, stade de la grossesse, etc.