Les gonades jouent un rôle prépondérant pour le bon fonctionnement de l’appareil reproducteur. Cependant, le déficit en gonadotrope, communément appelé hypogonadisme provoquerait un dysfonctionnement des gonades. Qu’est-ce que l’hypogonadisme ? Quels sont ses symptômes et comment peut-on soigner cette maladie ?
Sommaire de l'article
Qu’est-ce que l’hypogonadisme ?
Encore appelé déficit gonadotrope, l’hypogonadisme est une anomalie de l’appareil reproducteur qui provoque la perte de fonction des gonades (testicules ou ovaires). C’est une maladie rare ayant une prévalence mal connue. Par exemple sur 10 000 individus, il peut toucher 2 personnes.
Les gonades ont deux fonctions. En effet, elles assurent la production des gamètes (spermatozoïdes ou ovules) et celle des hormones (progestérone, testostérone, inhibe B, œstradiol, hormone antimüllérienne). Néanmoins, une déficience en hormones sexuelles peut engendrer des effets de suppression chez les adultes, notamment une ménopause prématurée (cas de la femme) et, une carence du développement sexuel primaire ou secondaire.
Un développement imparfait des spermatozoïdes (gamète mâle) ou des ovules (gamète féminin) peut aussi causer une stérilité. L’hypogonadisme est donc considéré comme une forme d’intersexuation. Ce mal peut se manifester à l’âge adulte tout comme avant la puberté. La forme la plus courante d’hypogonadisme est l’hypogonadisme du vieillissement.
Les types d’hypogonadisme
Il existe plusieurs formes d’hypogonadisme.
L’hypogonadisme masculin
L’hypogonadisme masculin est lié à un déficit en testostérone ou une réduction de la production des spermatozoïdes. Il résulte d’une malformation des testicules ou d’une perturbation de l’axe hypothalamo-hypophysaire. Il peut être congénital ou même acquis avec une maladie, le vieillissement, des médicaments ou d’autres facteurs.
Le diagnostic est confirmé par l’analyse des taux hormonaux. Le traitement se fait en fonction de l’étiologie, mais comprend habituellement un traitement substitutif par la testostérone ou la gonadotrophine.
L’hypogonadisme féminin
L’hypogonadisme féminin se caractérise par un dysfonctionnement des ovaires. Ce dysfonctionnement va entraîner la chute de la production des œstradiols.
L’hypogonadisme hypogonadotrope
C’est une forme d’hypogonadisme que l’on contracte dès l’enfance. Cette forme d’hypogonadisme provoque :
- une mauvaise sécrétion des neuromédiateurs (qui sont sécrétés au niveau du cerveau) et ;
- une mauvaise sécrétion de FSH et de LH par l’hypophyse.
Ceci entraîne un impact sur la gonade, qui sécrétera en faible quantité de l’œstradiol (chez les femmes) et de la testostérone (chez les hommes).
L’hypogonadisme hypergonadotrope
Il est aussi appelé déficit ovarien précoce, car les ovaires ne fonctionnent pas assez. Pour tenter de stimuler ces derniers, des hormones sont sécrétées en grande quantité. D’où l’appellation hypergonadotrope.
Les causes de l’hypogonadisme
Les causes de l’hypogonadisme sont multiples. Cette maladie peut être causée par :
Une cryptorchidie
La cryptorchidie (testicules non descendus) est l’un des facteurs déclenchant l’hypogonadisme. En effet, la cryptorchidie se manifeste par une non-descente d’un ou des deux testicules. Habituellement, les testicules descendent dans le scrotum juste avant la naissance. Environ 3 % des garçons ont des testicules qui ne sont pas descendus à leur naissance. Mais, les testicules de la plupart d’entre eux descendent durant les 04 premiers mois de vie, spontanément.
Un syndrome de Klinefelter
Il est généralement engendré par une malformation chromosomique, où un homme ayant normalement un chromosome Y et un chromosome X, présente un chromosome Y et au moins deux chromosomes X.
Un syndrome de Kallmann
C’est une maladie génétique provoquant non seulement une altération de l’odorat, mais également un retard de la puberté. Les enfants porteurs de ce syndrome ont une insuffisance en hormones sexuelles.
Une absence de cellules Leydig
On retrouve les cellules Leydig dans les testicules. Elles assurent la production de testostérone. Cependant, leur absence entraîne un développement partiel ou même ambigu des organes génitaux. Les organes génitaux dits ambigus ne sont ni féminin ni masculin.
Un syndrome de Prader-Will
Le syndrome de Prader-Will est une maladie génétique. Il est lié à une anomalie d’un chromosome. Ainsi, la fonction de l’organe reproducteur est réduite. Cela entraîne un retard du développement sexuel et de la croissance.
Outre toutes ces causes, on peut également citer la chimiothérapie, l’obésité, l’usage d’opioïde et le traumatisme aux testicules.
Symptômes de l’hypogonadisme
Les manifestations de l’hypogonadisme sont liées aux caractères sexuels primaires ou secondaires.
Chez l’homme
Chez l’homme, l’hypogonadisme se manifeste le plus souvent par :
- une mauvaise qualité orgasmique ;
- la fatigue ;
- des syndromes dépressifs ;
- des troubles de la concentration ;
- des troubles de la sexualité (avec déclin de la libido) ;
- une réduction des érections nocturnes ;
- une diminution de la qualité érectile ;
- une chute du volume éjaculatoire et une asthénie.
Compte tenu de l’implication de la testostérone dans le métabolisme musculaire, certains auront un hypogonadisme accompagné d’une ostéoporose et d’une faible densité musculaire. L’hypogonadisme masculin survient sporadiquement.
Chez la femme
Les symptômes de l’hypogonadisme chez la femme sont pratiquement identiques à ceux de l’homme. En plus de cela, à partir de la cinquantaine, la femme a du mal à perdre du poids. Elle accumule du gras androgénique (masse grasse) au niveau abdominal. Ceci intervient chez toutes les femmes, car la ménopause survient entre 50 et 55 ans.
Diagnostic de l’hypogonadisme
Le diagnostic est réalisé à travers un dosage d’hormones dans le sang. En effet, chez les hommes, en présence d’une chute totale de la testostérone, une origine secondaire a été évoquée avec des taux de LH et FSH normaux ou bas. On demande alors une IRM de l’hypophyse afin de rechercher une tumeur, avec un bilan sanguin complémentaire à la recherche d’un déficit hypophysaire incluant des dosages de cortisol ou d’ACTH.
Si l’on retrouve une insuffisance de gonadotrope isolé accompagnée d’une perte de l’odorat, il sera donc évoqué un syndrome de Kallmann-De Morsier. Si les taux de FSH ou LH sont élevés et celui de la testostérone est bas, le diagnostic de la maladie de Klinefelter sera alors porté.
Chez les femmes, des examens complémentaires sont prescrits en fonction du contexte clinique pour identifier la cause probable de l’hypogonadisme. Si la femme est âgée (généralement à partir de 50 ans), le diagnostic est orienté vers la ménopause. Dans ce cas précis, il faudra faire un dosage de FSH, LH et des œstrogènes. En ce qui concerne la femme enceinte, un dosage de hCG confirmera le diagnostic.
Suite à un accouchement compliqué, il sera diagnostiqué un syndrome de Sheehan accompagné d’un déficit hypophysaire dissocié ou complet.
Le diagnostic peut également se faire avec une échographie ovarienne, un scanner cérébral et un dosage hormonal auquel s’ajoute une exploration des organes.
Traitement de l’hypogonadisme
Le traitement varie en fonction de l’âge et du sexe du sujet malade.
Le traitement de l’hypogonadisme lié au vieillissement (très fréquent) est basé sur la prise de testostérone. De nos jours, 04 traitements à base de testostérone sont disponibles. Ces traitements sont entre autres :
- La pantestone
C’est un traitement dont la gestion est simple et facile. Il consiste à ingérer un total de 9 comprimés par jour pendant le repas (qui doit être riche en graisse).
- L’Androtardyl
Le traitement repose sur des injections sous-cutanées ou intramusculaires qui se réalisent toutes les 3 semaines. Le remboursement est assuré par la sécurité sociale. La contrainte avec ce traitement est qu’à l’injection, le taux de testostérone est élevé et en fin de dose, ce taux chute et quelques effets indésirables réapparaissent.
- Le NEBIDO
C’est un implant qui aura une action efficace sur trois mois. Il favorise une libération prolongée des doses fixes de testostérone. Ce traitement est très confortable pour le sujet malade. En revanche, il faut payer 150 euros chaque trimestre, car il n’est pas pris en charge par l’assurance maladie.
- Les gels de testostérone
Ce traitement à base de gel est très agréable, car il reproduit typiquement la pulsatilité de la testostérone. L’utilisation de ce gel occasionnera moins d’effets néfastes.
Par ailleurs, en cas de cryptorchidie, l’opération chirurgicale peut montrer toute son efficacité. L’opération permettra de faire descendre les testicules dans le scrotum. À la suite de cette intervention, les testicules pourront assurer leur fonction.
Chez la femme, le traitement repose sur une injection d’œstrus-progestatifs puis d’œstrogènes. En cas de désir de grossesse, le traitement est basé sur une injection de gonadotrophine pour soigner l’infertilité.
Ces traitements favoriseront une amélioration considérable de la qualité de vie des personnes malades ainsi qu’une réduction immédiate des principaux symptômes. Par ailleurs, l’administration de ces traitements doit se faire en l’absence de contre-indications. Chez les femmes, il s’agit du cancer du sein. Quant aux hommes, il y a la polyglobulie et le cancer de prostate (bien évidemment en cours de traitement).
Suivi de l’hypogonadisme
La prise en charge immédiate est habituellement favorable, mais dépend de l’âge auquel le traitement a débuté et de la sévérité de l’insuffisance gonadotrope. Le suivi et le dosage d’hormones sexuelles favorisent une reprise de la libido et la diminution de la fatigue chez les hommes.
Ils facilitent chez les femmes un retour des règles et un déclin de la fatigue. Si le traitement est hormonal, il est recommandé aux hommes de faire un régulier bilan prostatique. Quant aux femmes, elles doivent être attentives à une ostéoporose précoce.
De façon générale, l’hypogonadisme est un déficit gonadotrope. Ainsi, les gonades ont du mal à assurer leur fonction. Il s’attaque tant aux hommes qu’aux femmes. Cependant, il existe des traitements qui permettront de contrer ce mal.