Le dioxygène (O2) est une molécule chimique très importante pour le maintien de la vie des êtres vivants. Sans cette molécule, les hommes ne peuvent survivre que quelques minutes. En réalité, elle est indispensable à l’organisme, car il est responsable des réactions de dégradation des molécules de glucose, ce qui permet de fournir de l’énergie dont nous avons besoin pour rester en vie. C’est ce que l’on appelle : la respiration tissulaire. Mais il arrive parfois que des dysfonctionnements à divers niveaux privent l’organisme de ce précieux gaz. Ce fait, nommé hypoxémie, est une maladie très grave qui peut conduire à la mort.
Qu’est-ce que l’hypoxémie et qu’est-ce qui peut la provoquer ? Quelles sont ces conséquences et comment la traiter en cas d’atteinte ? Cet article est spécialement conçu pour vous éclairer sur cette anomalie et ses corollaires.
Sommaire de l'article
L’hypoxémie : Généralités
Généralement, l’hypoxémie survient des suites d’une complication au point de jonction entre les systèmes respiratoire et circulatoire.
Définition
L’hypoxémie est la diminution de la quantité d’oxygène transportée dans le sang vers les tissus. Il est souvent synonyme d’un mauvais échange entre les alvéoles pulmonaires et les capillaires sanguins. On en parle généralement, lorsque la pression partielle de l’oxygène dans le sang (PaO2) est en dessous de la normale [80 ; 100 mmHg].
Le besoin de l’organisme humain en oxygène est assuré par les systèmes respiratoire et circulatoire. Au niveau des alvéoles pulmonaires, il se développe un dense réseau de capillaires sanguins et d’artères. Ces derniers, viennent s’approvisionner en oxygène lors de l’inspiration et se déchargent des molécules de CO2.
Le sang chargé en oxygène repart au cœur avant d’être refoulé dans tout l’organisme pour satisfaire les besoins en oxygène des tissus. Les biologistes parlent d’échange gazeux pulmonaire qui est la principale source d’approvisionnement de l’organisme en oxygène. En effet, il devrait y avoir un équilibre entre la demande et la livraison d’oxygène afin de maintenir constante l’homéostasie dans le corps.
Un fonctionnement anormal de l’un des deux systèmes responsables (systèmes respiratoire et cardio-vasculaire) entraîne le développement d’une hypoxémie et ses conséquences néfastes. L’hypoxémie non corrigée peut conduire à une hypoxie.
Différence entre hypoxémie et hypoxie
Les termes hypoxie et hypoxémie ne sont pas synonymes, bien que les gens ont tendance à les confondre. En effet, l’hypoxie est définie par un niveau réduit d’oxygénation des tissus alors que l’hypoxémie se caractérise par une diminution de la pression partielle d’oxygène dans le sang. Elle peut être due soit à une livraison défectueuse, soit à une mauvaise utilisation de l’oxygène par les tissus.
L’hypoxémie et l’hypoxie ne coexistent pas toujours. Les patients peuvent développer une hypoxémie sans hypoxie s’il y a une augmentation compensatoire du taux d’hémoglobine et du débit cardiaque (CO). De même, il peut y avoir hypoxie sans hypoxémie. Dans l’empoisonnement au cyanure, les cellules sont incapables d’utiliser l’oxygène malgré un niveau d’oxygène normal dans le sang et les tissus.
Par ailleurs, les symptômes d’une hypoxémie se traduisent souvent par des nausées, des céphalées ou maux de tête, une hyper ventilation, une tachycardie, des troubles du comportement…
Les différentes causes de l’hypoxémie
Une variété de circonstances et de conditions peuvent restreindre la capacité du corps à fournir des niveaux normaux d’oxygène au sang. Un problème avec l’un de ces facteurs (la haute altitude, l’asthme ou une maladie cardiaque, le déficit en hémoglobine) par exemple peut entraîner une hypoxémie. Et plus particulièrement dans des conditions plus extrêmes, telles que l’exercice ou la maladie. Les causes courantes d’hypoxémie comprennent :
- Les affections cardiaques, y compris les malformations cardiaques congénitales ;
- Les affections pulmonaires telles que l’asthme l’emphysème et la bronchite ;
- Les anémies parmi lesquelles on peut citer : l’anémie ferriprive et celle par carence en vitamines ;
- D’autres maladies respiratoires comme les broncho-pneumopathies chroniques, l’embolie pulmonaire ou l’infarctus pulmonaire ;
- Une hémorragie ou un état de choc ;
- les insuffisances cardiaques ;
- Les séjours en haute altitude où l’oxygène dans l’air est plus faible ;
- L’effet des médicaments puissants contre la douleur ou autres problèmes qui ralentissent les respirations telles que certains narcotiques et anesthésiques ;
- Apnée du sommeil (respiration altérée pendant le sommeil)
Les personnes à risques
Au-delà des causes qui conduisent à l’hypoxémie, les scientifiques ont identifié des facteurs de risque. Le risque d’hypoxémie est notamment accru chez les personnes asthmatiques. Les personnes présentant un risque d’anémie notamment les personnes âgées, les femmes enceintes et les femmes allaitantes sont plus exposées aux risques de développer une hypoxémie.
Les personnes présentant un risque cardio-vasculaire, les plongeurs, les fumeurs n’en sont pas du reste.
Les conséquences de l’hypoxémie
L’une des conséquences directes de l’hypoxémie est l’hypoxie. Étant donné l’importance de l’oxygène pour le bon fonctionnement de l’organisme, une hypoxie peut être à l’origine de complications très graves pour l’organisme. Elle est souvent à l’origine de la cyanose, qui est caractérisée par l’apparition d’une coloration bleutée au niveau de la peau et des muqueuses.
Elle cause également des lésions neurologiques, qui peuvent notamment être responsables de troubles de la mémoire. Dans les cas les plus graves, l’hypoxie peut conduire à une anoxie qui constitue une urgence médicale ; car elle expose l’organisme à des complications graves telles que : une insuffisance cardiaque, un accident vasculaire cérébral (AVC), des lésions cérébrales irréversibles, un coma…
Outre ces conséquences liées à l’hypoxie, on peut en citer d’autres qui sont d’ordre général :
- Les réflexes des voies respiratoires sont déprimés (la toux) ;
- L’entraînement ventilatoire augmente en raison de l’activation des chimiorécepteurs carotidiens ;
- L’échange d’oxygène respiratoire devient moins efficace en raison de la diminution des gradients de concentration et des dommages alvéolaires hypoxiques ;
- La postcharge augmente dans la circulation pulmonaire ;
- Les réseaux d’artérioles régionaux se dilatent en réponse à une hypoxie locale ;
- l’hypoxémie produit une hypertension et une tachycardie d’origine sympathique de manière systémique ;
- Le débit sanguin cérébral augmente ;
- Une alcalose respiratoire et une acidose métabolique se développent, en raison de l’augmentation de la concentration du CO2 et de l’augmentation de la production de lactate ;
- Il y a une diminution de la diurèse ;
- Le foie diminue sa consommation d’oxygène et libère des quantités accrues de glucose pour compenser une demande accrue (le métabolisme anaérobie nécessite plus de glucose) ;
- La libération rénale d’érythropoïétine augmente, stimulant la production d’érythrocytes ;
- La libération de facteurs inductibles par l’hypoxie stimule les cellules immunitaires à produire des cytokines (principalement pro-inflammatoires) ;
Le traitement de l’hypoxémie
Le traitement de l’hypoxémie obéit aux règles générales du traitement de toute sorte de maladies. C’est-à-dire qu’il faut passer par la phase du diagnostic avant celle du traitement proprement dit.
Le diagnostic de l’hypoxémie
Pour diagnostiquer l’hypoxémie, le médecin procédera à un examen physique pour écouter le cœur et les poumons du patient. Il est évident que des anomalies dans ces organes peuvent être le signe d’un manque d’oxygène dans le sang, et donc l’origine de l’hypoxémie. Le médecin peut également vérifier si la peau, les lèvres ou les ongles du patient sont bleutés.
Les médecins utilisent également des tests pour vérifier votre taux d’oxygène, notamment :
- Le test d’Oxymétrie de pouls : Un capteur qui glisse sur votre doigt mesure la quantité d’oxygène dans votre sang. L’oxymétrie de pouls est indolore et non invasive. De nombreux médecins l’utilisent régulièrement à chaque visite ;
- L’Analyse des gaz du sang artériel: une aiguille est utilisée pour prélever un échantillon de sang dans votre artère afin de mesurer les niveaux d’oxygène dans votre sang ;
- Autres tests respiratoires : ils peuvent impliquer de respirer dans des tubes connectés à des ordinateurs ou à d’autres machines.
Le traitement proprement dit
Après les diverses analyses, le médecin arrive à avoir une idée des causes du mal. Le protocole de traitement de l’hypoxémie dépend essentiellement des causes et des diverses anomalies susceptibles d’y conduire. En effet, le but premier visé en traitant l’hypoxémie est d’augmenter les niveaux d’oxygène dans le sang.
Si l’origine est une affection sous-jacente comme les affections pulmonaires ou cardiaques, les médecins peuvent utiliser des médicaments pour les traiter et suivre l’évolution. Ces médicaments sont souvent administrés par un inhalateur qui permet au patient de respirer le médicament dans ses poumons.
Dans les cas plus graves cependant, le médecin peut prescrire une oxygénothérapie. Les gens reçoivent généralement de l’oxygène supplémentaire grâce à divers dispositifs. Le lieu et la durée pendant laquelle l’on peut recevoir une oxygénothérapie dépendent des besoins individuels.
L’apport supplémentaire d’oxygène peut être fait en utilisant :
- Un masque à oxygène, couvrant le nez et la bouche, pour apporter de l’oxygène aux poumons ;
- Une sonde d’intubation endo-trachéale, insérée par la bouche ou par le nez, pour maintenir la ventilation mécanique ;
- Une canule de trachéotomie, qui est un tube placé au niveau de la trachée par chirurgie pour assurer la respiration ;
- Un caisson d’oxygène hyperbare, qui est notamment employé pour apporter de l’oxygène en cas d’intoxication au monoxyde de carbone
Des méthodes préventives
Il existe des mesures que vous pouvez prendre pour empêcher le retour de l’hypoxémie après le traitement. Pour augmenter les niveaux d’oxygène dans votre sang, votre médecin peut vous recommander :
- Des exercices de respiration profonde ;
- Des exercices légers comme la marche ou le yoga ;
- De manger sainement ;
- De boire beaucoup d’eau ;
- Et d’arrêter de fumer.