Certains problèmes médicaux sont plus fréquents dans les pays industrialisés : c’est le cas de l’insuffisance veineuse. Touchant principalement les femmes, cette maladie est parfois le résultat des suites morbides d’une thrombose veineuse profonde. Les facteurs de risque d’insuffisance veineuse comprennent une position debout prolongée, l’obésité, l’âge, les antécédents familiaux, etc. La prise en charge dans ce cadre consiste à compresser les membres inférieurs, à soigner les troubles cutanés et parfois, à pratiquer une chirurgie. Causes, manifestations, complications et traitements de l’insuffisance veineuse ici.
Insuffisance veineuse : définition et différentes formes
Encore appelée maladie veineuse, l’insuffisance veineuse est une affection chronique, caractérisée par une altération des valvules (petits clapets). Cette dernière entraîne une mauvaise circulation du sang dans les veines. Autrement dit, l’altération empêche normalement la redescente du sang dans les jambes. Lorsque les valvules ne laissent aucun passage au sang, ce dernier reflue vers le bas et plus précisément dans les petites veines : le sang est donc stagné. Cette stagnation sanguine est à l’origine d’un affaiblissement au niveau de la paroi des veines.
L’insuffisance veineuse est une maladie très présente dans les pays industrialisés, avec une prévalence estimée entre 1 et 60% chez les femmes et entre 2 et 56% chez les hommes. D’après l’Insee, près de dix-huit millions de Français sont concernés par le problème de circulation de sang dans les veines. Aux États-Unis, le nombre de patients atteint de l’insuffisance veineuse chronique est estimé à environ 5%.
En effet, il existe deux formes d’insuffisance veineuse que sont : maladie post-thrombotique et maladie variqueuse primitive.
- Maladie post-thrombotique
Encore connue sous le nom du syndrome post-phlébitique, la maladie post-thrombotique se caractérise par des séquelles d’une thrombose veineuse profonde (altération d’une veine profonde par un caillot). C’est la complication de la maladie veineuse, qui peut affecter jusqu’à 50% des patients qui souffrent d’une thrombose veineuse profonde. La maladie post-thrombotique survient généralement, un à deux ans après une thrombose veineuse profonde aigüe.
- Maladie variqueuse primitive
Elle se traduit par l’apparition de varices, une sorte de veines possédant une paroi pathologique (les veines sont tortueuses et dilatées). La cause de la maladie variqueuse primitive est mal connue, mais plusieurs facteurs peuvent la favoriser.
Insuffisance veineuse : causes et facteurs de risques
L’insuffisance veineuse est provoquée par un dysfonctionnement du système anti-reflux, présent dans les veines, qui contraint la redescente du sang vers les pieds. Elle survient généralement dans les cas suivants :
- Après une obstruction veineuse (dans le cas de la thrombose veineuse profonde) ;
- Diminution de la contraction des muscles situés sont autour des veines, dans le cadre d’une immobilité par exemple ;
- Défaillance des valvules veineuses.
Toutes ces situations diminuent le débit veineux et stimulent une augmentation de la pression veineuse (une hypertension veineuse), ce qui entraine l’insuffisance veineuse. À titre illustratif, une accumulation de liquide dans les membres inférieurs dans le cadre d’une insuffisance cardiaque droite peut favoriser la maladie veineuse.
Outre ces situations, plusieurs facteurs peuvent favoriser la survenue d’une insuffisance veineuse :
- Hérédité : un parent variqueux présente jusqu’à 45% de risque d’avoir des varices, et il peut le transmettre à ses enfants (le risque s’élève à 60% chez les filles et à 25% chez les garçons) ;
- Grossesse : elle est associée à des troubles circulatoires ;
- Sédentarité ;
- Absence d’activité physique ;
- Obésité ;
- Antécédents de thrombose veineuse profonde ;
- Immobilité ; professions qui contraignent à rester debout pendant de longues heures ;
- Tabagisme ;
- Avancée dans l’âge ;
- Défaillance du système cardiovasculaire (principalement une insuffisance cardiaque).
Ainsi, les sujets à risques d’insuffisance veineuse sont des personnes âgées, souffrant d’obésité, enceintes et alitées. On retrouve également les individus ayant des antécédents de thrombose profonde et familiale de maladie veineuse.
Insuffisance veineuse : quels sont les symptômes ?
La maladie veineuse se caractérise par des symptômes et signes suivants :
- Fourmillements et picotements dans les différents membres inférieurs : ces symptômes peuvent s’aggraver en cas d’adoption d’une position débout pendant longtemps ou la marche ;
- Douleurs ou crampes au niveau des membres inférieurs. S’il arrivait que le mollet soit compressé, celui-ci peut être douloureux ;
- Démangeaisons ;
- Lourdeurs au niveau des jambes ;
- Varicosités (des petites varices) ou varices (des veines gonflées et tortueuses) ;
- Gonflement des jambes : il s’agit d’un œdème.
Les symptômes énumérés peuvent s’avérer irritants lorsqu’il fait chaud, et être plus intenses en fin de journée. En cas d’immobilité prolongée, l’insuffisance veineuse peut s’aggraver, laissant survenir des hémorragies.
En cas de non prise en charge de l’insuffisance veineuse, le sang stagne au niveau des jambes, et cette situation peut être inconfortable. Les complications de la maladie sont observables en termes d’esthétique et fonctionnel : les troubles cutanés, les saignements par rupture des varices, etc.
Les complications plus graves de la maladie veineuse pouvant survenir sont : une thrombose veineuse ou phlébite, une embolie pulmonaire, etc.
Insuffisance veineuse : diagnostic
Le diagnostic de la maladie veineuse est crucial pour orienter le traitement à proposer. À cet effet, le médecin commence par interroger le patient sur ses antécédents familiaux, l’ancienneté et l’évolution des douleurs. Il s’intéresse également aux conditions d’apparition des premiers signes, les maladies dont souffre le patient, ainsi que les traitements suivis.
De plus, le professionnel de santé ne se passera pas des habitudes du patient : sa profession, son mode de transport, ses conditions de travail, le sport qu’il pratique, etc. Il peut même demander à l’intéressé de passer en fin de journée, afin qu’il apprécie ses jambes.
Ensuite, le fournisseur de santé procède à un examen clinique, qui se déroule en position debout, et le patient est dévêtu de la tête au pied. Cela permet de déterminer la cause des troubles veineux et son importance. Cet examen est complété de l’examen en position allongée, qui permet de mesurer cuisses, chevilles et mollets et d’évaluer la portée des varices. Un écho-doppler veineux des membres inférieurs est également effectué, pour écarter le risque de thrombose veineuse profonde.
Insuffisance veineuse : quels sont les traitements possibles ?
Le traitement de l’insuffisance veineuse consiste à élever les jambes, à les compresser et à effectuer des soins locaux des plaies. Il y a également des médicaments prescrits pour le soulagement des manifestations, avec des techniques chirurgicales et non chirurgicales en cas de varices.
Élévation des membres inférieurs
Une élévation de la jambe au-dessus ou à hauteur du cœur permet de réduire autant l’hyperpression que l’œdème. Ce geste peut être réalisé trois fois par jour pendant plus de trente minutes. Notez cependant que beaucoup de patients ne sont pas en mesure de suivre ce traitement, du fait de leurs activités.
Compression des membres inférieurs
Qu’elle soit préconisée comme mesure de soins ou de prévention des conséquences de la maladie veineuse chronique, la compression est efficace. Concrètement, nous avons trois techniques :
- Bas de contention : ils doivent être portés au réveil, avant l’aggravation de l’œdème avec l’activité. Plus encore, ces bas de contention doivent exercer une pression maximale aux chevilles et moins importante de manière progressive en amont ;
- Bandages élastiques : le patient doit les utiliser jusqu’à la disparition des ulcères et de l’œdème ;
- Compression pneumatique intermittente : l’usage d’une pompe, qui gonfle et dégonfle de manière cyclique les jambes, favorise l’expulsion des liquides et du sang des jambes.
Prescription des médicaments
Les médicaments peuvent être administrés aux patients dans le cadre du traitement de l’insuffisance veineuse chronique. Les pharmaceutiques souvent prescrits sont : l’aspirine, les diurétiques, les antibiotiques, les veinotoniques et les corticostéroïdes. Notez que ceux-ci ne jouent pas un rôle curatif dans le cadre de cette maladie.
Traitements cutanés
Les traitements cutanés sont importants pour le traitement des ulcères de stase veineuse. Ils peuvent s’effectuer de différentes manières :
- Pansements occlusifs interactifs, à base de chlorure d’aluminium ;
- Pansements passifs secs : prescrits en cas d’un important exsudat, les pansements passifs secs sont absorbants ;
- Botte d’Unna : ce sont des bandages imprégnés d’oxyde de zinc.
En cas d’inefficacité de ces différentes mesures chez les personnes atteintes d’ulcères de stase, une greffe de peau est une option envisageable. Mais, si la stase veineuse à l’origine n’est pas traitée, cette greffe subit une ulcération.
Techniques non chirurgicales
Les techniques non chirurgicales permettent de prendre en charge les varices et les varicosités.
Sclérothérapie
La sclérothérapie nécessite une injection de produit sclérosant (Aethoxysklérol, polidocanol) directement à l’intérieur la veine dilatée. Cela est à l’origine d’une irritation de la paroi veineuse, entraînant par la suite le durcissement, la rétraction de même que l’occlusion de la veine.
Thermocaogulation
Elle consiste à faire vibrer un courant de haute fréquence, qui provoque une action thermique au bout d’une aiguille très fine (dont la protection est assurée par une gaine isolante). Dans ce contexte, la chaleur permet la coagulation du vaisseau, sans provoquer de brûlure, de nécrose ou de dépigmentation.
Après que les mini-vaisseaux, situés sous la surface de la peau, soient atteints, on procède à des microsléroses (à l’aide d’une très fine aiguille). Ceci se déroule sous éclairage par un équipement de trans-illumination qu’on applique sur la peau de la personne concernée.
Techniques chirurgicales
Il est également possible d’avoir recours aux techniques chirurgicales pour traiter les varices, dans le cadre de la prise en charge de l’insuffisance veineuse :
- Phlébectomie : elle permet de retirer une varice en faisant une mini-incision ;
- Laser endoveineux : il consiste à supprimer le reflux en procédant à la destruction de la veine par l’intérieur ;
- Éveinage ou stripping : elle permet de retirer le réseau veineux affecté, et elle est pratiquée sous anesthésie générale ;
- Ligature de veines perforantes : elle est pratiquée en cas d’alimentation d’un paquet variqueux par une veine perforante incontinente. Dans ce cadre, la veine concernée est ligaturée dans l’optique d’éliminer le reflux en provenance du réseau profond.
Outre ces traitements, la balnéothérapie, les cures thermales ainsi que la phytothérapie peuvent contribuer au soulagement des symptômes de l’insuffisance veineuse.
Insuffisance veineuse : quels sont les moyens de prévention ?
En présence de facteurs de risques, plusieurs conseils peuvent être suivis pour prévenir ou ralentir la survenue d’une insuffisance veineuse :
- Opter pour les escaliers au lieu de l’ascenseur, pour la marche ou le vélo plutôt que la voiture…. ;
- Pratiquer régulièrement une activité physique pour réactiver la pompe musculaire ;
- Surélever les jambes lorsque vous êtes en position assise ;
- Dormir les jambes légèrement surélevées, en mettant des cales sous les pieds du lit ;
- Éviter les bains chauds, de même que les hammams, les saunas…. ;
- Eviter de rester debout pendant longtemps et trop souvent ;
- Éviter de porter des vêtements trop serrés (les pantalons, les chaussettes, etc.) ;
- Porter des bas de contention ;
- Mettre en place un plan de perte de poids dans le cadre de surpoids, voire obésité ;
Enfin, il faut opter pour une alimentation saine et équilibrée et réduire sa consommation de sel.