Maladie génétique héréditaire, la drépanocytose est la plus répandue en France. Elle affecte le sang des malades causant des complications diverses allant de l’anémie à des crises et des convulsions, voire au coma. La gestion de cette maladie est une préoccupation de santé publique et de santé génétique et reproductive. Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur cette pathologie, en partant des causes aux variants, en passant par ses manifestations et enfin, comment se fait la prise en charge.
Sommaire de l'article
Qu’est-ce que la drépanocytose ?
Définition
La drépanocytose est une maladie génétique du sang, plus précisément des hémoglobines présentes dans le sang. On l’appelle également l’anémie à hématies falciformes. Avec cette maladie, les globules rouges ont une déformation et une circulation difficile dans le sang. Des fois, elles se bloquent dans les vaisseaux sanguins.
Origine
C’est une maladie apparue brusquement en Afrique, en Inde, en Italie du Sud, en Grèce, au Proche-Orient, aux Antilles et au Brésil. Aujourd’hui, bien qu’elle sévisse toujours dans ces régions, c’est la maladie génétique la plus répandue en France et dans le monde.
Environ 300 000 enfants drépanocytaires naissent chaque année dans le monde. En France, la prévalence est d’un enfant atteint pour 1 736 naissances. En 2015, 466 enfants drépanocytaires ont vu le jour en France.
Description de la pathologie
La drépanocytose est une altération génétique des hémoglobines. En effet, l’hémoglobine est faite de quatre protéines (deux sous-unités d’alpha globine et deux sous-unités bêta globine). Il y a drépanocytose lorsqu’il y a une mutation ponctuelledans l’ADN du gène codant la bêta-globine, au niveau du chromosome 11.
Cette mutation donne une structure modifiée à l’hémoglobine qui forme des chaînes (polymère) en cas d’hypoxie (faible concentration d’oxygène dans le sang). Observés au microscope, lesdits polymères donnent une forme de faucille (Sickle en anglais) aux hématies. C’est ainsi qu’on parle d’hémoglobine S (Sickle) chez les drépanocytaires.
Les différents types de drépanocytose
Plusieurs types de drépanocytose existent. La forme la plus courante et également la plus grave est celle où le sujet a sur chacun des deux chromosomes 11 le gène muté codant pour l’hémoglobine S. Il y a donc deux copies du gène dans l’ADN de l’individu. C’est la forme homozygote SS.
Les autres types de drépanocytose associent une copie du gène codant pour l’hémoglobine S et une autre mutation sur la seconde copie. Il s’agit de la forme hétérozygote. S’il n’y a pas de mutation sur la seconde copie, le sujet est porteur sain. Il ne souffrira pas de la maladie, mais pourrait la transmettre à ses enfants.
Drépanocytose homozygote (SS)
C’est la forme de drépanocytose la plus grave. Elle implique une mutation des deux gènes chez l’individu. Elle attaque souvent les personnes comprises déjà entre 12 et 18 mois ; avant l’âge de deux ans.
Cette forme de drépanocytose particulièrement grave, touche plus de 3 000 personnes en France.
Drépanocytose hétérozygote (SC et Sβthalassémique)
La forme hétérozygote de la drépanocytose est une forme cachée. Les patients ont le gène codant pour l’hémoglobine S sur un chromosome 11. Le second étant une autre mutation génétique. Il a donc les cas suivants :
- Sujet avec des hémoglobines SC ;
- Sujet avec des hémoglobines Sβthalassémique.
On distingue alors trois formes de drépanocytose. La forme SS, celle SC et enfin celle Sβthalassémique.
Les porteurs sains
Il s’agit des personnes porteuses de la maladie sur un seul gène. Elles ont des hémoglobines de type AS. Ce sont des porteurs sains, généralement asymptomatiques. Le risque encouru par ces derniers est de transmettre la maladie à leurs enfants.
En effet, si leur partenaire est également porteur sain du gène, ils peuvent donner naissance à un enfant drépanocytaire malade. Le risque est d’un enfant sur quatre.
Quelles sont les causes de la drépanocytose?
Cette maladie génétique, héréditaire et non contagieuse est transmise par les deux parents. Ainsi, seuls les enfants qui reçoivent de chacun de leurs deux parents un allèle muté du gène régissant la drépanocytose, peuvent être malades.
En effet, si un enfant ne reçoit qu’un allèle muté, il ne développera pas la maladie. Cependant, il pourra toujours la transmettre s’il a un enfant avec une personne dans le même cas que lui (porteur sain). Deux « porteurs sains » ont donc une chance sur quatre d’avoir ensemble un enfant malade. Si le couple est fait d’un porteur sain et d’une personne malade, le risque est de ½.
En somme, la drépanocytose est une maladie génétique. Elle est causée par la transmission par les deux parents un allèle muté dont au moins un du gène de la drépanocytose à leurs enfants.
Quels sont les symptômes de cette maladie héréditaire ?
Les symptômes caractéristiques
La drépanocytose se manifeste principalement dans sa forme homozygote. Les symptômes associés à la maladie sont les suivants :
- Anémie ;
- Ictère ;
- Pâleur ;
- Gros foie ;
- Grosse rate ;
- Crises douloureuses abdominales ;
- Douleurs des membres.
Les médecins peuvent parfois évoquer une crise de rhumatisme articulaire aigu ou uneappendicite.
Les symptômes moins caractéristiques de la drépanocytose
En plus de ces symptômes principaux, il y a d’autres symptômes moins évocateurs. Il s’agit de :
- Infections respiratoires à répétition (trachéite) ;
- Convulsions ;
- Coma ;
- Paralysies ;
- Insuffisance cardiaque ;
- Hématurie.
Le syndrome drépanocytaire majeur
Certaines personnes sont atteintes d’un syndrome drépanocytaire majeur. Ils sont très exposés aux infections banales ou sévères. Généralement ces infections sont sévères chez les drépanocytaires âgés de moins de 5 ans. Il s’agit des infections suivantes :
- Pneumopathies ;
- Méningites ;
- Septicémies ;
- Ostéomyélites, etc.
Quelles sont les complications de la drépanocytose ?
En ce qui concerne les complications de la drépanocytose, il y a :
- L’aggravation de l’anémie : Il se manifeste par une pâleur généralisée, des asthénies, des gênes respiratoires et un ictère ;
- L’accident vasculaire thromboembolique : notamment l’hémiplégie et l’infarctus pulmonaire ;
- Les crises brutales de déglobulisation : Il s’agit d’un arrêt de production des globules rouges (aplasie médullaire transitoire) ;
- Les crises douloureuses fréquentes : notamment de douleurs musculaires et/ou osseuses ;
- Les crises vaso-occlusives : Les globules rouges deviennent rigides à cause des polymères d’hémoglobine S. Ils finissent par bloquer la circulation du sang dans les petits vaisseaux sanguins causant une thrombose. Cela entraîne des douleurs aiguës extrêmement violentes dans les os et articulations au niveau du dos, de la poitrine, des bras et des jambes ;
- Le syndrome thoracique aigu : C’est la première cause de décès chez les drépanocytaires. Il survient généralement après une crise vaso-occlusive ;
- Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) : Ils se manifestent surtout chez les enfants drépanocytaires. Généralement transitoires, ils peuvent parfois laisser des séquelles graves au niveau moteur et/ou intellectuel ;
- L’insuffisance rénale ;
- L’arthrose ;
- L’ostéoporose ;
- L’hémorragie intraoculaire ;
- L’hypertension artérielle pulmonaire ;
- Calculs de la vésicule biliaire.
Une des complications courantes surtout chez les enfants de moins de cinq ans est la séquestration splénique aiguë. Elle se caractérise par une anémie aiguë suivie d’une énorme rate dont l’apparition est brutale. Cela résulte de la suractivité de la rate pour détruire les hémoglobines mal formées. Face à cette complication, une transfusion sanguine s’impose en extrême urgence.
Diagnostic et traitement de la drépanocytose
Le diagnostic
Le diagnostic complet de cette maladie nécessite trois examens de référence. Il s’agit de :
- L’électrophorèse de l’hémoglobine qui permet le diagnostic général ;
- Le frottis sanguin qui permet d’observer les globules rouges sous forme de faucille ;
- La numération de la formule sanguine (NFS) pour découvrir le taux d’hémoglobine entre 7 et 9 g/dl.
Traitement
Il est actuellement impossible de guérir de la drépanocytose en ramenant les hématies à leur forme normale. Cependant, l’évolution de la médecine a permis de mettre en place des traitements palliatifs et curatifs à haut risque.
Il s’agit d’un suivi et accompagnement du drépanocytaire qui permettent d’intervenir à trois niveaux que sont celui :
- Du soulagement des douleurs du drépanocytaire en période de crise ;
- De la prévention des risques d’infections graves ;
- De la prévention ainsi que de la prise en charge les complications.
Une multitude de traitements sont disponibles. Ils sont à utiliser selon la gravité de la maladie et la manière dont elle se manifeste. Les traitements exigent des interventions médicales et l’adoption de certains comportements quotidiens comme boire régulièrement de l’eau.
L’adoption de quelque traitement que ce soit nécessite l’avis d’un médecin. N’hésitez point à consulter votre médecin à ce propos. De façon générale, les traitements ont trait à ce qui suit :
- Une transfusion sanguine : Il devient nécessaire quand le taux d’hémoglobine est inférieur à 7 g/dl. Des concentrés filtrés érythrocytaires phénotypés sont utilisés ;
- Une bonne hydratation : Le drépanocytaire doit veiller à ne pas être déshydraté. Il se doit donc de boire suffisamment d’eau ;
- Une utilisation d’antalgiques pour calmer l’intensité des douleurs : Des antalgiques comme paracétamol, nalbuphine et autres peuvent être utilisés ;
- Une utilisation d’antibiotiques : Ils sont nécessaires pour traiter les infections des germes staphylocoques, pneumocoques, mycoplasmes, salmonelle et hémophilus ;
- La prise de chélateurs du fer tel que Exjade : Ils permettent l’amélioration de la qualité de vie des patients. Ce sont des produits qui éliminent l’excès de fer stocké dans le foie et la rate suite aux transfusions multiples. Ils aident aussi à la diminution des douleurs abdominales ainsi que du besoin d’autres transfusions ;
- Une prise journalière de vitamine B9 (acide folique) : Ceci limite l’aggravation de l’anémie dans certains cas ;
- Une utilisation d’anticoagulants d’oxygène hyperbare, de vasodilatateurs, d’antiagrégants, etc. Ils sont nécessaires en cas de falciformation ;
- Une greffe de moelle osseuse : Ce traitement est réservé aux formes très sévères. C’est le seul traitement curatif disponible nos jours.
Pour éviter de faire des enfants drépanocytaires et donc de diminuer le taux de mortalité dû à cette maladie, il est important de faire des examens. En effet, les conjoints ou futurs mariés doivent faire leurs tests d’électrophorèse pour être sûrs de leur état et savoir s’ils auront ou pas des enfants drépanocytaires.