La maladie du sommeil ou Trypanosomiase humaine africaine correspond à une infection dont le principal agent pathogène est le parasite Trypanosoma brucei. Ce parasite est transmis à l’homme par la mouche tsé-tsé, qu’on retrouve majoritairement en Afrique. Ceci en fait le continent le plus affecté par cette affection. Pour que les chances de survie soient grandes, il est important que le mal soit diagnostiqué le plus tôt possible. Voici donc l’essentiel des informations à connaître sur la maladie du sommeil.
Sommaire de l'article
Définition de la maladie du sommeil
De son nom scientifique la Trypanosomiase humaine africaine, la maladie du sommeil est une maladie tropicale ou plus précisément une parasitose. Elle se transmet principalement à travers les mouches tsé-tsé. Comme son nom peut bien l’indiquer, la trypanosomiase sévit principalement sur le continent en africain. Lorsque cette maladie survient, elle doit être traitée le plus rapidement possible au risque de voir les parasites injectés dans l’organisme envahir le système nerveux central. Les troubles du sommeil et du comportement sont les principales conséquences de cet envahissement. Dans les cas graves, cela peut aussi conduire à une mort par méningo-encéphalite.
Entre 30 et 36 pays d’Afrique Subsaharienne sont affectés par la maladie du sommeil. Par ailleurs, c’est en République Démocratique du Congo qu’on retrouve le plus grand nombre de cas de la maladie du sommeil.
Cependant, l’épidémie de la maladie du sommeil a connu un important recul. Cela grâce à la mise en place par l’Organisation Mondiale de la Santé et les différents pays concernés, de programmes sanitaires. En effet, le nombre de cas de la Trypanosomiase humaine africaine aurait chuté de plus de trois-quarts entre 2000 et 2012. Dès l’année 2020, la maladie du sommeil a été éliminée comme problème de santé publique par l’Organisation Mondiale de la Santé, même si certains rares cas persistent.
Il est important de préciser que d’autres types de Trypanosomiase existent en dehors de celle humaine africaine. Il s’agit notamment
- Des trypanosomiases animales qui affectent généralement les animaux sauvages et domestiques ;
- De la trypanosomiase américaine encore appelée maladie de Chagas qui sévit en Amérique latine. Elle est provoquée par une espèce de trypanosome complètement différente de celle qui provoque la trypanosomiase humaine africaine.
La mouche tsé-tsé, principal vecteur de transmission du mal, est le plus souvent infectée lorsqu’elle pique des animaux sauvages ou domestiques déjà infectés. Ces animaux sont alors qualifiés de réservoirs du parasite. Aussi, d’autres insectes piqueurs hématophages tels que les moustiques peuvent constituer un vecteur de transmission de la maladie du sommeil.
En outre, la transmission de la maladie du sommeil de la mère à l’enfant est possible. En effet, le trypanosome a la capacité de franchir la barrière formée par le placenta pour ensuite infecter le fœtus à l’intérieur de l’utérus. La maladie peut aussi se transmettre par des rapports sexuels ainsi que par des piqûres accidentelles avec des aiguilles infectées.
Selon le type de trypanosome et l’espèce de glossine impliqués, on distingue majoritairement deux différentes formes de la maladie du sommeil. La première forme est le Trypanosoma brucei gambiense qui conduit généralement à une infection chronique. Elle représente environ 98% des cas recensés de maladie du sommeil. Selon certaines études, cette forme de la maladie existerait dans 24 pays d’Afrique et serait majoritairement transmise par le Glossina palpalis. Il s’agit d’un parasite qu’on retrouve généralement dans les forêts près des zones humides.
La deuxième forme de la maladie du sommeil est le Trypanosoma brucei rhodesiense. Cette forme estqui est beaucoup plus rare que la précédente, mais qui existe quand même dans 13 pays d’Afrique de l’Est et Australe. Elle se présente généralement sous forme d’infections aiguës se transmettant principalement par le parasite Glossina morsitans qui vit préférentiellement dans les zones sèches de savanes.
La maladie du sommeil : épidémiologie
Les pays dans lesquels on recense le plus de cas sont bien évidemment ceux dans lesquels les mouches tsé–tsé sont les plus nombreux. Cependant, il existe certains pays dans lesquels on ne retrouve aucun cas de la maladie du sommeil malgré le nombre très élevé des mouches tsé-tsé. Dans la majorité des pays, c’est une forme de la maladie qui se manifeste. L’Ouganda constitue la seule exception puisque les deux formes de la maladie y sont présentes.
Par ailleurs, les populations rurales sont les plus exposées à la maladie du sommeil. En effet, elles pratiquent des activités à risque telles que l’agriculture, l’élevage, la peĉhe ou encore la chasse. Selon les régions etleurscaractéristiques, l’intensité de la maladie du sommeil peut varier. Il est aussi important de préciser que de grandes épidémies de la maladie du sommeil ont frappé l’Afrique entre 1890 et 1990. La première s’étend de 1896 à 1906 ; une période durant laquelle la maladie était très fréquente au Congo et en Ouganda. En 1920, une nouvelle épidémie survient, plus grave que la précédente et affecte de nombreux pays d’Afrique. La plus récente des épidémies de la maladie du sommeil est celle qui a débuté en 1970 et qui s’est achevée vers la fin des années 1990. Elle a affecté de nombreux pays sur le continent africain.
Aujourd’hui encore, certains pays comme la République Démocratique du Congo continuent de signaler des cas de maladie du sommeil. Dans le même temps, d’autres pays africains n’en ont pas signalé depuis plus de 10 ans.
Les causes de la maladie du sommeil
Les piqûres des mouches tsé-tsé constituent la principale origine de la maladie du sommeil. Ces mouches sont aussi connues sous le nom de glossine. Lorsqu’elles piquent une personne, elles injectent dans son organisme un parasite du genre Trypanosoma. Il existe globalement deux variétés de ce parasite qui conduit à la maladie du sommeil. La première est connue sous le nom de Trypanosoma brucei gambiense et représente aussi la plus fréquente. Quant à la deuxième forme du parasite, elle est appelée Trypanosoma brucei rhodesiense.
Les principaux symptômes de la maladie du sommeil
Lorsque la maladie du sommeil s’installe, elle évolue en deux phases principales. Pendant la première phase de la maladie, le sujet présente une forte fièvre, des maux de tête (ou céphalées), une fatigue chronique et une irritabilité. On peut aussi remarquer des douleurs musculaires et articulaires ainsi qu’une inflammation des ganglions lymphatiques.
La deuxième phase d’évolution de la maladie, elle n’intervient que si aucun diagnostic ou traitement n’a été mis en place pendant la première phase. À cette étape, le parasite infecte le système nerveux central et conduit à des troubles du sommeil et de la personnalité. Le sujet commence alors à éprouver des difficultés à parler et à se déplacer. Si rien n’est fait, on peut rapidement assister à une inflammation des méninges et de l’encéphale (méningo-encéphalite. Ceci peut conduire à des pertes de conscience, au coma et même à la mort.
Chez certains patients, les symptômes de la maladie du sommeil peuvent mettre des mois et même des années à apparaître après l’infection par le parasite. De toutes les façons, la maladie entraîne la mort en quelques mois tout au plus si elle n’est pas traitée.
Si l’affection est causée par une piqûre de mouche tsé-tsé, la zone piquée est marquée par le développement d’une lésion cutanée semblable à un chancre inflammatoire. Lorsqu’elles ont intégré la structure de la peau, les trypanosomoses commencent à se multiplier de manière incontrôlée à l’intérieur des tissus cutanés. Ensuite, elles s’étendent au système sanguin lymphatique, provoquant ainsi des poussées de fièvre, des arthralgies et parfois des démangeaisons cutanées.
La maladie du sommeil peut aussi se manifester par d’autres symptômes au nombre desquels on peut citer :
- Une mauvaise coordination ;
- Un état confusionnel ;
- La survenue de troubles sensoriels ;
- D’importantes perturbations du cycle du sommeil ;
- L’apparition d’oedèmes au visage ;
- Des troubles psychiques ;
- Certains troubles métaboliques tels que l’impuissance et l’aménorrhée.
On peut aussi évoquer les problèmes cardiaques qui sont assez rares.
Le diagnostic de la maladie du sommeil
L’étape du diagnostic de la maladie du sommeil est très importante, puisque c’est en fonction de cela que sera déterminé le traitement à suivre. Dans les pays les plus touchés par le mal, tout signe neurologique doit être considéré comme un indicateur de trypanosomiase humaine africaine.
Pour diagnostiquer la maladie du sommeil, les médecins se basent généralement sur les signes cliniques évocateurs de la maladie dans un premier temps. Au nombre de ces signes, il y a la fièvre inexpliquée ainsi que certains troubles neurologiques.
Il est aussi fréquent de réaliser un bilan sanguin ainsi que des sérologies. La sérologie est un examen de mise en évidence d’anticorps dirigés contre le parasite de la maladie du sommeil.
Il faut préciser que le patient a un meilleur pronostic si la maladie est diagnostiquée avant la phase de la méningo–encéphalite. Toutefois, le diagnostic peut s’avérer difficile en raison du faible nombre de parasites dans les prélèvements ou du manque de sensibilité des diverses techniques utilisées. Aussi, est-il souvent difficile de réaliser des ponctions lombaires dans les zones rurales.
Comment prévenir et traiter la maladie du sommeil ?
Les divers programmes de santé mis en place par l’OMS s’articulent essentiellement autour d’un combat pour faire disparaître les mouches tsé-tsé. Ces programmes visent également à étendre les possibilités de dépistage, surtout dans les régions difficiles d’accès.
Comme pour beaucoup de maladies, les chances de guérison de la maladie du sommeil sont importantes lorsque le diagnostic est réalisé assez tôt. Cela s’explique par le fait que la première phase de la maladie soit assez simple à traiter. Les possibilités de traitement seront, par contre, considérablement réduites si le système nerveux central est touché.