L’une des plus dangereuses IST, que l’humanité ait connues, est la syphilis. En 1860, elle a décimé environ 120 000 personnes en France. Après deux siècles de ravage, elle a un peu disparu grâce aux nouvelles méthodes de prévention qui ont été développées. Fort est de constater qu’elle connaît une recrudescence ces dernières années. Elle se remarque plus au sein des communautés LGBT (environ 84 % des cas enregistrés en 2014), mais le nombre de cas ne cesse de croître chez les hétérosexuels aussi. C’est une maladie qui commence silencieusement, ce qui la rend encore plus dangereuse. Il importe de tout savoir sur cette maladie pour pouvoir s’en prémunir et réagir convenablement en cas d’infection. Retrouvez ici tout ce qu’il vous faut savoir sur la syphilis.
La syphilis, qu’est-ce que c’est ?
Quelle est l’origine de la syphilis ?
Pour commencer, référons-nous à l’histoire de la syphilis. Il existe plusieurs rumeurs qui tentent d’expliquer son origine. La plus populaire affirme qu’elle aurait été rapportée en Europe par les marins de Christophe Colomb, vers la fin du XVe siècle. Elle y est entrée par l’Italie, c’est d’ailleurs pour ça qu’on la surnomme le « mal de Naples ». Là, elle se développa et se fit une renommée jusqu’au XIXè siècle, à tel point que Maupassant, Baudelaire, Daudet ou encore Nietzsche furent infectés.
En effet, le terme « syphilis » vient d’un poème italien du XVè siècle. C’est le nom que l’auteur donne à un berger qui aurait contracté la maladie.
Cette théorie a longtemps fait objet de controverse. Pour cause, certains scientifiques affirment que la syphilis existait depuis la préhistoire. De nombreux autres essais d’explication ont été apportés.
Présentation de la Syphilis
La syphilis est une maladie sexuellement transmissible d’origine bactérienne. Elle est causée par une bactérie de la famille des spirochètes, du nom de treponema pallidum ou encore tréponème pâle. Lorsqu’elle pénètre dans l’organisme, elle se répand dans la circulation sanguine et dans les tissus profonds. Ainsi, elle réussit à atteindre tous les organes. Le seul moyen de le stopper, c’est de le dépister et le traiter à temps.
La syphilis provoque des lésions au niveau de la peau et des muqueuses, comme les lèvres, les parties génitales et l’anus. Elle est très contagieuse. Il suffit d’un simple contact avec l’une des lésions pour être infecté.
Par le passé, elle fut une grande source de mortalité et pouvait provoquer l’invalidité du patient. Mais vers la fin du XIXè siècle, des solutions ont été trouvées pour prévenir et même, soigner ce mal.
La syphilis présente plusieurs formes cliniques qu’on distingue à travers ses trois stades. Ces trois stades présentent différents symptômes.
Comment contracte-t-on la syphilis ?
Il existe plusieurs modes de contamination pour cette pathologie. La plus connue et la plus évidente est la voie sexuelle.
La transmission par voie sexuelle
La tenue de rapport sexuels non protégés avec une personne infectée est un moyen sûr d’attraper la maladie. Que ce soit par voie, orale, vaginale ou anale, la syphilis se transmet très facilement lorsqu’on ne se protège pas. Sachez que vous pouvez attraper la syphilis même au travers d’un simple baiser.
Vous pouvez aussi attraper la syphilis en étant en contact avec les liquides émanant du corps de la personne malade. En effet, la syphilis se manifeste entre autres par un ulcère indolore. Cet ulcère sécrète et libère un liquide transparent gorgé de bactéries de la syphilis. Le contact avec la peau ou une muqueuse de personne saine est suffisante pour l’infecter. La nouvelle personne contaminée développe encore un ulcère et ainsi de suite ; ces ulcères se situent souvent sur les parties non couvertes du corps. Ce qui facilite la transmission même à l’insu de la personne porteuse.
La transmission par voie congénitale
Il est possible qu’une mère porteuse transmette la maladie à son enfant. Cela peut se faire soit lors de la grossesse, lors de l’accouchement ou lors de l’allaitement. Cependant, cela n’arrive que rarement. En France comme dans d’autres pays du monde, les femmes enceintes sont soumises à un test de dépistage systématique, dès les premières semaines de la gestation. Cela permet aux médecins de prendre les mesures nécessaires pour écarter ce genre de transmission.
La transmission par transfusion
Il est également possible d’attraper la syphilis après transfusion d’un sang infecté. Toutefois, ce risque est très faible, voire nul aujourd’hui. Les poches de sang collecté, sont passées aux cribles pour détecter toute sorte de pathologies, avant qu’elles ne soient transfusées.
Quels sont les symptômes de la syphilis ?
La syphilis commence silencieusement et évolue en affichant ses symptômes. Les symptômes évoluent en fonction du stade de la maladie. On distingue trois stades de la maladie.
La syphilis primaire
Tout commence par une période d’incubation dite silencieuse allant de 3 semaines à 3 mois. Au cours de cette période, le germe de la syphilis se développe sans afficher de symptômes. Le porteur n’est donc pas conscient de son état.
Après l’incubation, on note l’apparition d’un chancre. Il s’agit d’une lésion sans inflammation et sans douleur. Elle est propre et ses limites sont bien déterminées. Au bout de quelques jours, elle s’endurcit et libère un liquide clair. On remarque le chancre à deux différents endroits :
- Sur les parties génitales : notamment au niveau de la peau des testicules, le gland, les grandes lèvres, la paroi du vagin, le col de l’utérus, le clitoris ;
- Les parties extra génitales : C’est plutôt rare, mais il peut apparaître au niveau des amygdales, la langue, les lèvres, l’anus, etc.
Il arrive très souvent que des ganglions durs se forment autour du chancre sans pour autant provoquer de douleur.
La syphilis secondaire
Si le mal n’est pas détecté et pris en charge, la bactérie en profite pour s’ingérer dans le sang et atteint ainsi, tous les autres organes. Elle peut couvrir une période d’un mois à 1 an après la contamination. À ce stade, la syphilis se manifeste par divers signes. La majorité de ces signes s’affichent sur la peau (apparition de nombreuses lésions contagieuses, qui sont plutôt des plaques rondes brunes ou rouges) et vers les muqueuses (vulve, bouche, langue, gland, anus). Ces plaques s’implantent aussi sur les pieds, la poitrine, les bras, les jambes. Dans des cas rares, elles apparaissent aussi sur la plante des pieds et sur les paumes de mains. Ces lésions s’accompagnent généralement de :
- Fatigue ;
- Augmentation de la température corporelle ;
- De maux de tête ;
- De nombreux ganglions indolores ;
- De méningite ;
- Atteintes rénales ;
- Hépatite ;
- Etc.
À ce stade, le patient est déjà conscient du problème et doit se faire dépister. Ainsi, il pourra commencer les traitements nécessaires. C’est l’absence de traitement qui déclenche la troisième phase.
La syphilis tertiaire
Après quelques mois, voire quelques années selon le cas, le troisième niveau se déclenche avec de plus graves symptômes. Entre autres, on peut citer des problèmes :
- Cardiaques ;
- Neurologiques ;
- Digestives ;
- Hépatiques ;
- Rénales ;
- Oculaires ;
- Laryngées ;
- Psychiatriques.
Dans la majorité des cas, le patient n’est plus en mesure de contaminer son entourage à ce stade.
La syphilis latente
C’est une forme de la maladie qui consiste en une infection, sans aucune manifestation clinique ou physique. Toutefois, les tests réalisés sur le sang, affichent un statut sérologique positif. Elle se divise en deux étapes : la syphilis latente précoce (pendant la première année suivant l’infection) et la syphilis tardive (à partir de la deuxième année après l’infection). Tout porte à croire que la maladie a disparu. Elle peut rester inactive pour le reste de la vie. De même, elle peut resurgir plusieurs années plus tard, avec plus de gravité.
La Neurosyphilis
On parle de Neurosyphilis lorsque la syphilis s’attaque au cerveau. Lorsque le cerveau est atteint, on le remarque à travers les comportements du patient. On observe un changement de sa personnalité, des difficultés à penser clairement et des troubles de mémoire. Notons que cette attaque du cerveau peut survenir à n’importe quel stade de la maladie.
Complications possibles
À l’étape de la syphilis tertiaire, la maladie peut causer d’autres complications. Trois de ces complications sont très courantes.
Des lésions du cœur et des vaisseaux sanguins
Il peut arriver que la syphilis tertiaire porte atteinte aux parois de l’aorte, qui représente la plus grosse artère que le cœur exploite. Ces dommages peuvent conduire à la formation d’un anévrisme. Cette dernière intervient souvent 10 à 15 ans après la contamination.
Les lésions cérébrales
En fonction de la zone cérébrale qu’elles touchent, il peut en résulter :
- des troubles moteurs comme les tremblements ;
- des troubles de l’humeur comme la mégalomanie ;
- de la douleur ;
- de la faiblesse musculaire ;
- la perte des mouvements ;
- la dégradation de la coordination musculaire ;
Des lésions au niveau de la rétine, des vaisseaux sanguins à l’arrière de l’œil, des nerfs vitaux
Il n’est pas rare que la syphilis s’attaque aux yeux. Si ces dommages ne sont pas pris en charge, ils risquent de laisser des séquelles comme la cécité. Néanmoins, ces complications et leurs conséquences n’apparaissent que plusieurs années après l’infection initiale.
Quelles sont les évolutions possibles de la syphilis ?
SI le mal n’est pas détecté et traité tôt, il risque d’évoluer d’une manière ou d’une autre selon le cas. La syphilis évolue :
- Vers une guérison naturelle dans 33 % des cas ;
- Vers les formes secondaires et tertiaires dans 33 % des cas ;
- Vers la syphilis latente dans 33 % des cas.
Comment s’établit le diagnostic de la syphilis ?
Le diagnostic de la syphilis s’établit sur la base de plusieurs examens. Le médecin réalise des examens cliniques qu’il accompagne d’une série d’examens complémentaires.
Les examens cliniques
La syphilis étant une maladie sexuellement transmissible, les médecins doivent orienter leurs investigations vers les autres MST. Au moyen d’interrogatoires et d’examens cliniques, il doit pouvoir identifier si le patient est porteur d’autres MST.
Si le patient présente des signes du stade de la syphilis primaire, le médecin doit rechercher le chancre dans les parties génitales, comme les parties extra génitales. Il doit le chercher de manière minutieuse, car il pourrait le rater. Dans ce cas, la maladie ne sera pas traitée et elle aura le temps de se développer vers sa forme secondaire.
Par contre, si le patient a déjà des symptômes de la phase secondaire, le médecin devra inspecter et décrire les diverses lésions de la peau et des muqueuses. Ces dernières peuvent se cacher sur la langue, les muqueuses anales, les plis, les muqueuses rectales.
Les examens complémentaires
À cette étape, le médecin, en se basant sur les données recueillies auprès du patient, doit effectuer des examens de laboratoire pour dégager des conclusions.
Si les signes apparents sont ceux du stade de la syphilis primaire, il pourra user du microscope à fond noir pour détecter la bactérie. Il met en exergue le tréponème sur le liquide prélevé du chancre avant la prise de tout antibiotique. C’est le seul examen auquel on peut se fier à cette étape de la maladie. Il permet de faire un diagnostic précoce puisque les réactions sérologiques s’activent après le 15e jour d’existence du chancre.
Lorsque le patient est déjà au stade de la syphilis secondaire, l’ultramicroscope à fond noir affiche clairement au niveau des quelques lésions de la peau.
En France, certains examens sont reconnus pour leur efficacité dans le dépistage de la syphilis. On dénombre :
- Le VDRL (Venereal Disease Research Laboratory) : il est utile 3 semaines après l’apparition du chancre. Mais attention, la présence d’autres maladies (comme la varicelle, la tuberculose, la mononucléose infectieuse, les hépatites virales, etc.) peut afficher un positif ;
- Le FTA (Fluorescent Treponemal Antibody) : c’est un test très efficace et très spécifique pour détecter précocement la syphilis (utile après 7 jours après l’apparition du chancre) ;
- Le test de Nelson est un test très prisé, qui peut rendre un verdict définitif au bout d’un mois après l’apparition du chancre.
La syphilis et le VIH, qu’en est-il ?
Le VIH et la syphilis sont deux maladies qui « s’entraident ». La syphilis provoque une augmentation de la charge virale et favorise ainsi un développement ou une aggravation du VIH le cas échéant. De son côté, le VIH soutient la progression de l’infection de la syphilis. Lorsqu’un patient développe ces deux maladies, il est plus exposé à la Neurosyphilis.
Évitez la confusion avec d’autres pathologies
Il peut arriver que les symptômes de la syphilis soient semblables à ceux d’autres maladies. Il ne faut donc pas confondre la syphilis avec :
- Le chancre mou : le chancre de la syphilis primaire peut ressembler au chancre mou qui est plutôt lié à une autre pathologie. Vous devez faire recours à leurs caractéristiques cliniques et passer des examens complémentaires pour identifier plus formellement votre mal ;
- Les maladies dermatologiques : la syphilis secondaire se manifeste par des lésions cutanées. Ces lésions peuvent faire penser à des maladies dermatologiques. Seuls l’analyse des autres symptômes et les examens pourront vous fixer.
Comment traite-t-on la syphilis ?
Contrairement à nombre de maladies sexuellement transmissibles, on peut guérir la syphilis. Son traitement est simple et repose sur l’apport en antibiotiques. Le meilleur antibiotique connu à ce jour contre la syphilis est la Pénicilline G. Le traitement consiste donc en une série d’injections de Benzathine-Pénicilline G. Au cas où le patient serait allergique à la Pénicilline, on pourrait utiliser d’autres antibiotiques comme les macrolides ou les cyclines. La dose et les modalités d’administration de ces traitements dépendent du stade de syphilis à traiter.
- Cas de la syphilis primaire : la seule injection intramusculaire de Benzathine-Pénicilline G suffit. Pour les macrolides ou les cyclines, il faut les prendre par voie orale pendant 15 jours ;
- Cas de la syphilis secondaire : Il faut 3 injections successives de Benzathine-Pénicilline G intercalées d’une semaine chacune. Pour les macrolides ou les cyclines, il faut les prendre par voie orale pendant 15 jours ;
- Cas de la syphilis tertiaire (accompagnée ou non de Neurosyphilis) : Il faut 3 injections successives de Benzathine-Pénicilline G, intercalées d’une semaine chacune. Il est aussi possible de la prendre pendant 15 jours, par voie intraveineuse.
Il est possible que le patient développe la réaction d’Herxheimer. Il s’agit de l’apparition ou de l’aggravation des certains symptômes comme, les malaises, les douleurs musculaires, la fièvre… Il est possible d’éviter cette réaction en administrant des corticoïdes au patient environ 48 h avant le début du traitement.
Il est important de notifier que les injections d’antibiotiques n’immunisent pas le patient contre la syphilis. Après guérison, il peut toujours être infecté par un mode de contamination ou un autre. Il lui faut donc plus de vigilance désormais pour éviter de se faire contaminer à nouveau.
Notons qu’il est aussi important de dépister (et traiter le besoin) le partenaire sexuel d’une personne atteinte.
Comment prévenir la syphilis ?
Sachez qu’il n’existe aucun traitement préventif, ni vaccin pour se prémunir contre la syphilis. Le seul moyen, c’est d’utiliser le préservatif (masculin ou féminin) pour vous protéger lors des différents types de rapports sexuels. Évitez d’utiliser les mêmes objets coupants ou tranchants qu’une personne atteinte. Faites un test de dépistage tous les six mois, pour favoriser un diagnostic précoce et un traitement rapide.