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Le lymphœdème : causes, symptômes et traitements

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Le lymphœdème : causes, symptômes et traitements
Les stades de développement du lymphœdème

La lymphe est un liquide organique très utile pour la défense immunitaire. Elle facilite le transport des hormones vers les organes cibles. Elle régule la température corporelle et protège le corps contre les infections. Lorsqu’elle éprouve des difficultés à circuler, elle s’accumule au niveau des tissus mous d’un membre et entraîne le lymphœdème. Qu’est-ce que cette pathologie ? Quels sont ses causes et ses signes évocateurs ? Quels sont les moyens pour la prévenir ? Analyse dans ce billet.

Qu’est-ce que le lymphœdème ?

La lymphologie est l’ensemble des pathologies liées aux vaisseaux lymphatiques ou au système lymphatique. Parmi ces pathologies figure le lymphœdème, qui traduit l’augmentation chronique du volume d’un membre comme la jambe ou le bras. Il survient à la suite d’une accumulation de lymphe, en l’occurrence un mauvais drainage de ce liquide par les vaisseaux lymphatiques locaux. Par conséquent la lymphe s’accumule dans les tissus qui sont localisés sous la peau.

Lymphœdème - Crédit : informationhospitaliere.com
Lymphœdème – Crédit : informationhospitaliere.com

Généralement, les lymphœdèmes proviennent d’un événement pouvant engendrer la détérioration partielle du système lymphatique ou du blocage partiel de la circulation de la lymphe. Il peut s’agir de :

  • Un cancer ;
  • Une chirurgie ;
  • Un rhumatisme ;
  • Une infection parasitaire.

Tous ces événements sont appelés lymphœdèmes secondaires et sont d’ailleurs les plus courants. En outre, les lymphœdèmes dits primaires quant à eux se font de plus en plus rares. Très souvent, ils sont retrouvés chez des individus présentant des malformations congénitales du système lymphatique.

Dans la plupart des cas, ils affectent seulement les organes génitaux ou les jambes. Chez un patient jeune ayant passé l’étape pubertaire, les lymphœdèmes primaires apparaissent sous forme de cas isolés. Et il faut noter que les filles en sont les plus touchées.

Quelles sont les causes du lymphœdème ?

Les causes du lymphœdème varient selon qu’il s’agit du lymphœdème primaire ou du lymphœdème secondaire. Voici ce qu’il faut retenir dans chaque cas :

Le lymphœdème primaire

Le lymphœdème primaire est causé par l’insuffisance des vaisseaux lymphatiques, ce qui empêche l’absorption de la lymphe dans son entièreté. Selon le constat général, ce problème attaque plus les jambes et moins les bras. En outre, notons qu’il existe plusieurs maladies héréditaires qui justifient l’apparition du lymphœdème primaire. Ces dernières varient en partie selon l’âge ou l’étape à laquelle le gonflement se présente.

Le lymphœdème secondaire

Le lymphœdème secondaire est dû au blocage de la circulation de la lymphe dans les organes génitaux ou dans un membre. Parmi les obstacles qui peuvent en être à son origine, on peut citer ;

  • Les parasites ;
  • La cicatrice ;
  • Les cellules cancéreuses ;
  • Les micro-organismes infectieux.

Peu importe le cas, la lymphe s’accumule de façon progressive au-dessus de l’obstacle avant de stagner. En conséquence, on assiste au gonflement de l’organe ou du membre touché. La peau quant à elle, commence à s’épaissir. En dehors de la filariose, il faut souligner que le lymphœdème secondaire est très souvent lié au cancer et à ses traitements. Entre autres, on peut énumérer :

  • La radiothérapie ;
  • La chirurgie ;
  • La curiethérapie : il s’agit d’un traitement qui nécessite l’usage d’une source radioactive momentanément implantée dans la tumeur.

En effet, les traumatismes et les interventions chirurgicales sont susceptibles de provoquer une formation de cicatrices. Ils peuvent également former des anomalies des vaisseaux lymphatiques, ce qui gêne à coup sûr la circulation de la lymphe. Cependant, dans des cas comme le cancer du sein, il faudra éviter de confondre le lymphœdème avec un gonflement banal.

Quels sont les facteurs de risque du lymphœdème ?

Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de contracter un lymphœdème, notamment secondaire. Parmi ceux-ci, il faut noter :

  • La sédentarité ;
  • Le manque d’activité physique ;
  • Le traitement par radiothérapie jointe à la chirurgie ;
  • Un cancer propagé aux ganglions lymphatiques ;
  • Une blessure au niveau des ganglions lymphatiques ;
  • La prise de certains médicaments de chimiothérapie ;
  • L’obésité ou le surpoids dont souffre une personne opérée ;
  • Une inflammation ou une infection ayant endommagé les vaisseaux lymphatiques ;
  • La mastectomie employée pendant le traitement du cancer du sein : le retrait d’un sein ;
  • Le curage ganglionnaire : le retrait d’une quantité importante de ganglions lymphatiques pendant une chirurgie.

Quels sont les symptômes du lymphœdème ?

Lorsque le membre d’une personne est atteint de lymphœdème, cette dernière ressent une impression de lourdeur qui pourrait constituer un obstacle à la mobilité du membre, d’où la douleur. Aussi, il est probable que la peau de la partie touchée devient dure et rouge. Lorsqu’il s’agit du bras, notons que le lymphœdème peut se limiter à la main. Il peut ensuite s’étendre à l’avant-bras ou au bras complet.

Dans de rares cas, le problème affecte des membres du corps tels que le tronc, le visage, les organes génitaux ou le cou. Il n’apparaît pas nécessairement à la suite d’une opération comme la chirurgie qui pourrait en être à l’origine. Le déclenchement peut s’observer 1, 2, voire 3 ans après.

Par conséquent, plusieurs recommandations sont à observer par les personnes ayant subi des traitements susceptibles d’entraîner un lymphœdème. Ces dernières doivent, par exemple, surveiller durant les jours et les années suivantes, la probable apparition des signes. Au moindre doute, une consultation médicale sera nécessaire. Par ailleurs, les signes qui peuvent donner l’alerte sont notamment :

  • Une enflure ;
  • Le gonflement ;
  • Une douleur continue ;
  • Une sensation de brûlure ;
  • Un endurcissement de la peau ;
  • Une mobilité limitée de la main ou du bras ;
  • Une sensation de resserrement dans la peau ;
  • Une sensation de lourdeur ou de tension dans le bras sans une raison manifeste ;
  • Un épaississement de la main ou de la peau du bras comparativement à l’autre bras ;
  • L’impression que les bracelets, les bagues ou tout autre bijou sont excessivement serrés.

Quelles sont les complications du lymphœdème ?

Les complications liées au lymphœdème sont de divers ordres. Entre autres, il faut citer :

Les complications infectieuses

Le blocage de la circulation de la lymphe entraîne la stagnation de cette dernière dans le membre concerné. Le cas échéant, les protéines grandes de tailles contenues dans le liquide s’accumulent dans les tissus et les vaisseaux lymphatiques. Elles stimulent les fibroblastes ainsi que les cellules responsables du renouvellement de la peau.

L’action des protéines provoque l’épaississement de la peau. Celle-ci devient moins souple, ce qui constitue une condition favorable à la formation de petites poches de graisse. Aussi, notons que la stagnation de la lymphe gêne considérablement l’immunité locale. Dès lors, la peau est sujette aux infections, particulièrement à celles relatives aux streptocoques. Une fois que le système immunitaire ne contrôle plus ces streptocoques, l’apparition de l’érysipèle est probable.

En outre, précisons que la complication infectieuse du lymphœdème est très fréquente. Présente chez près de 40% des personnes souffrantes, elle entraîne une réaction inflammatoire qui attaque généralement les couches profondes de la peau. Celle-ci se gonfle, se chauffe, luit et rougit. Ce sont autant de lésions qui s’accompagnent d’une fièvre inattendue et élevée.

Le handicap fonctionnel

Loin de connaître une évolution statique, le lymphœdème peut devenir chronique au bout de quelques mois. Dès que le membre atteint est volumineux, il est fort probable que sa mobilité soit perturbée. Cela peut entraîner des douleurs chroniques, d’où un handicap fonctionnel. En effet, ce handicap est le plus souvent le résultat du lymphœdème, notamment sur :

  • Les articulations : une inflammation au niveau de l’épaule par exemple ;
  • La peau : les rétractions cicatricielles pouvant réduire l’amplitude des mouvements ;
  • Les nerfs : syndrome du canal carpien ou douleurs permanentes.

Les complications psychologiques et sociales

À sa phase chronique, le lymphœdème peut perturber la qualité de vie de la victime. Parmi les difficultés psychologiques qui pourraient en découler, on distingue :

  • La dépression ;
  • La perte de la confiance en soi ;
  • La perturbation de l’image de son corps et de soi ;
  • L’anxiété : elle est très récurrente dans le cas du cancer. En effet, le lymphœdème constitue un rappel permanent de la maladie et d’une récidive possible.

Par ailleurs, sur le plan social, l’apparition d’un lymphœdème chronique peut entraîner des problèmes de couples. Elle peut également interférer avec la situation professionnelle de la victime. Cela pourrait pousser à un changement de profession ou un réaménagement de poste.

Comment se déroule le diagnostic du lymphœdème ?

Le lymphœdème peut être soupçonné par un médecin lorsqu’un membre du corps affiche un diamètre supérieur à son opposé. Une différence de diamètre supérieure ou égale à 2 cm peut donner l’alerte, notamment en cas de suites d’un traitement de cancer du sein. Il existe cependant d’autres signes qui peuvent davantage renseigner sur le fait. C’est le cas de la souplesse de la peau, une infection de la peau, l’existence du godet ou des modifications de couleurs. Par ailleurs, pour confirmer le diagnostic, certains examens sont nécessaires :

  • La lymphoscintigraphie : pour visualiser le système lymphatique ;
  • L’écho Doppler : pour éliminer l’existence probable d’une maladie veineuse ;
  • Le scanner abdomino-pelvien : en cas de lymphœdème des organes génitaux ou d’une jambe ;
  • L’imagerie par résonance magnétique : encore appelée lympho-IRM, elle est efficace pour identifier le ralentissement de la circulation lymphatique.

Comment traiter le lymphœdème ?

Il n’existe jusqu’à ce jour aucun traitement curatif pour le lymphœdème. Cela se justifie par le fait que les vaisseaux lymphatiques locaux sont irrémédiablement atteints. Il est alors possible que, malgré un traitement, les symptômes apparaissent à nouveau. Pour cette raison, les traitements préconisés dans le cas d’un lymphœdème visent, entre autres, à :

  • Prévenir les infections ;
  • Limiter le gonflement ;
  • Prévenir les réductions de mobilité ;
  • Diminuer les complications douloureuses, le cas échéant ;
  • Prévenir les effets négatifs du problème sur la qualité professionnelle et personnelle de la victime.

En effet, le traitement du lymphœdème se fait selon une physiothérapie décongestive combinée. Cette dernière permet de réduire très tôt le volume du membre atteint. Même si elle paraît contraignante, elle permet cependant de soulager les symptômes. Parmi les traitements prévus dans ce contexte, on peut citer :

  • La compression du membre atteint à l’aide des bandages de compression et des textiles : cela s’accompagne d’un port permanent de contentions élastiques ;
  • Des séances de drainage lymphatique : elles sont constituées de massage manuel pratiqué par un spécialiste, en particulier un kinésithérapeute ;
  • La pratique d’une activité physique adéquate sous la direction du kinésithérapeute ;
  • Des conseils hygiéniques pour préserver la peau et prévenir le surpoids.

Par ailleurs, il faut préciser que le traitement du lymphœdème se déroule en deux phases distinctes à savoir :

  • La phase intensive ou de réduction de volume : pour réduire le volume du membre affecté ;
  • La phase d’entretien : pour maintenir le volume réduit obtenu sur une longue période.

Comment prévenir le lymphœdème ?

Pour prévenir le lymphœdème, des soins de peau sont à privilégier. Entre autres, il faut :

  • Garder la peau propre à partir d’un bain régulier ;
  • Éviter la chaleur ou le froid extrême en utilisant une compresse froide ou un coussin chauffant ;
  • Appliquer un écran solaire pour limiter les risques de coups de soleil ;
  • Garder les pieds, les mains et les cuticules souples et propres ;
  • Couper régulièrement les ongles d’orteils en ligne droite ;
  • Limer les ongles de doigts ;
  • Privilégier le port des chaussures confortables ;
  • Éviter les piqûres d’insectes et les égratignures d’animaux.
  • Éviter les vêtements, dont les manches et la taille possèdent des bandes élastiques serrées ;

Aussi, il faut enfiler des vêtements de compression. Encore appelés vêtements compressifs, ces derniers exercent une certaine pression contrôlée sur le membre. Cela permet à la lymphe de circuler et de ne pas s’accumuler. Outre les recommandations pour la peau, il est aussi bénéfique d’avoir une alimentation saine et équilibrée.

Il faut, par exemple, apporter au corps une quantité suffisante de fibres tout en réduisant les graisses et le sucre. À la bonne alimentation doit s’ajouter la consommation d’au moins 2 litres d’eau par jour. Aussi, en lieu et place de l’eau, les boissons non sucrées sont fortement conseillées. De fait, il faudra éviter ou réduire le mieux qu’on peut, l’alcool et la nicotine.

En outre, il est important de rester à l’écoute de son corps afin de capter les signaux que celui-ci envoie. Ainsi, il sera plus facile de définir une activité sportive qui lui convient le mieux. Quoi qu’il en soit, la natation, le jogging léger et la marche restent des pratiques à privilégier et à pérenniser. Les sports d’endurance ainsi que les activités nécessitant des mouvements doux sont également adaptés.