L’organisme humain est une machine complexe, un véritable arsenal biologique composé de plusieurs systèmes dynamiques. Cependant, le moindre déséquilibre ou la moindre perturbation d’origine externe peut remettre en cause le fonctionnement harmonieux et l’intégrité de l’organisme. À propos, l’une des problématiques sanitaires majeures du siècle présent repose sur le muscle ilio-psoas.
Très peu connu du grand public, le muscle ilio-psoas est un organe important de l’anatomie humaine. De la flexion de la jambe au maintien du corps en position statique, le psoas a toujours été sollicité. Si la sensation d’une douleur au niveau de ce muscle témoigne d’une éventuelle lésion ou d’une contracture, le psoas est le plus souvent sujet à de nombreuses pathologies à cause de sa singularité anatomique et de son innervation assurée par le nerf crurale. Par conséquent, les manifestations cliniques initiales d’une pathologie du psoas peuvent s’assimiler à une atteinte lombocrurale, pelvienne ou coxo-fémorale, rendant ainsi le diagnostic assez complexe.
Dans cet article, nous faisons le point des enjeux d’ordre sanitaire liés à ce muscle structurel très profond.
Sommaire de l'article
Anatomie et physiologie du muscle ilio-psoas
Le muscle psoas-iliaque, comme on l’appelle souvent dans le jargon médical, émane de la fusion de deux faisceaux musculaires, notamment le grand muscle iliaque aplati et triangulaire et le muscle psoas fusiforme. Ces faisceaux musculaires dont l’intercession forme le muscle ilio-psoas proviennent des profondeurs de la zone postérieure de l’abdomen et forment un tendon unique s’incrustant à l’arrière du fémur.
Ce muscle est un organe stratégique de l’anatomie humaine. En plus d’être un puissant fléchisseur de la hanche, il relève la cuisse dans une diversité de mouvements. Aussi, il ramène le tronc et le bassin vers l’avant au cours des exercices sollicitant les abdominaux. En outre, la rotation et la flexion des vertèbres lombaires ne seraient possibles sans l’intervention de ce muscle.
C’est aussi un muscle postural. Il permet à ce titre de corriger et de rétablir une bonne posture lorsque le corps est déséquilibré. C’est le cas notamment lorsque surviennent les blocages des articulations et les tensions musculaires au sein des membres inférieurs et du bassin.
La technologie innovante de l’électromyographie kinésiologique a parmi de s’introduire dans l’intimité fonctionnelle du muscle ilio-psoas. L’activité du muscle est observée à travers chacune de ses contractions qui se traduisent par l’émission de signaux bio électriques interprétables sur la base de plusieurs paramètres. Bien que l’implication du muscle ilio-psoas autour des axes antéro-postérieurs soit l’objet de nombreuses controverses, il joue de manière évidente un rôle d’adducteur et de rotation externe.
Mode de diagnostic d’une atteinte du muscle ilio-psoas
Les examens cliniques
Avant de confirmer une atteinte pathologique de muscle ilio-psoas, faire passer le patient à un interrogatoire pertinent et le soumettre par la suite à des examens cliniques systématiques sont des préalables incompressibles, d’autant plus qu’ils permettent de réaliser un diagnostic plus précis en éliminant la piste éventuelle d’une pathologie viscérale, notamment une appendicite ou une pyélonéphrite. Cependant, le psoïtis est un indice évocateur d’une atteinte pathologique du muscle ilio psoas, même s’il demeure un indicateur inconstant.
En effet, le psoïtis est un fléchissement irréductible de la cuisse vers le bassin. En raison des rapports structuraux avec le nerf crural, l’amyotrophie quadricipitale peut se manifester comme étant une pathologie de l’ilio-psoas. Il en est de même pour la suppression quasi systématique du réflexe rotulien ou la défaillance motrice et sensitive dans la zone crurale.
L’IRM
Les examens cliniques ne représentent pas les seules alternatives permettant de déceler une atteinte du muscle ilio psoas. L’IRM est une alternative assez efficace pour déceler les pathologies affectant le psoas. Facilement réalisable et ne nécessitant pas une grande implication du patient, cet examen permet une bonne distinction entre les muscles et les tissus adjacents, et permet d’identifier avec précision les zones saines et les zones pathologiques au niveau du muscle.
Le plus souvent, les coupes transversales sont suffisantes pour un diagnostic exhaustif. Cela dit, les coupes sagittales et frontales permettent de déceler l’ampleur de la pathologie. Elles permettent d’étendre le diagnostic, en permettant de déceler une éventuelle atteinte intrarachidienne.
À titre d’exemple, un hématome récent peut être identifié grâce à une IRM, par un aspect en hyposignal ou en hypersignal dans certaines zones du muscle. Mais, à la phase chronique, l’hématome ne sera caractérisé que par un aspect en hypersignal généralisé à tout le muscle. Toutefois, une contrainte majeure émerge dans l’utilisation de l’IRM pour le diagnostic d’une atteinte du psoas, il s’agit de l’impossibilité de distinguer avec certitude un abcès d’une tumeur d’autant plus que l’ampleur du signal d’un abcès semble s’assimiler à celui d’un lymphome ou d’une métastase.
L’IRM montre néanmoins sa suprématie sur la tomodensitométrie (TDM) aussi bien pour différencier les zones saines des zones anormales du psoas-iliaque, que pour déceler l’origine hémorragique.
La technique de l’imagerie
L’imagerie médicale est la technique de prédilection permettant de confirmer une atteinte pathologique de l’ilio-psoas, car elle va au-delà de l’aspect diagnostique et fournit des données assez précises sur l’étiologie de la pathologie et son envergure, ce qui constitue un guide efficace sur les indications thérapeutiques. Cependant, pour situer avec précision les lésions au niveau du muscle ilio-psoas, la technique de l’imagerie devient une méthode obsolète, ce sont le scanner et l’IRM qui permettront de remédier à cette défaillance.
Le scanner abdomino-pelvien
Dans le processus de diagnostic des pathologies affectant le psoas, le scanner est un examen de référence en raison de son accessibilité et de la rapidité de son exécution. Il existe des critères de diagnostics permettant de déceler des atteintes infectieuses ; c’est le cas des infections hémorragiques et néoplasiques. Mais, en absence d’informations provenant d’examens cliniques, les interprétations scanographiques n’aboutiront à des diagnostics avérés que dans 50 % des cas environ. L’un des indices les plus plausibles permettant de diagnostiquer un abcès dans 70 % des cas est la présence d’une zone hypodense au niveau de la lésion. Lorsque l’atteinte diffuse de tout le muscle, c’est plutôt un hématome qui est diagnostiqué dans 80 % des cas environ.
Par contre, lorsqu’on remarque des lésions à bords irréguliers, la pathologie se révèle être une lésion tumorale dans 55 % des cas. Toutefois, la manifestation d’une altération osseuse, l’observation de calcification au sein de l’image ou la présence d’une adénopathie sont les présages d’un processus infectieux néoplasique, même si ces observations ne permettent pas d’établir de manière certaine le diagnostic d’une atteinte néoplasique.
Le scanner est donc un outil important dans le diagnostic des atteintes pathologique du psoas. Cette technique est d’autant plus efficace quand elle est associée aux données des examens cliniques. Par contre, s’il s’agit de guider une ponction ou de suivre l’évolution du volume d’un abcès, le scanner est entièrement autonome pour assurer avec une extrême efficacité ces tâches.
Étiologies des pathologies relatives à l’ilio-psoas
Parmi les différentes atteintes pathologiques du muscle ilio-psoas, on remarque la manifestation des atteintes infectieuses, les atteintes tumorales et les atteintes hémorragiques. En ce qui concerne les atteintes hémorragiques, elles se manifestent le plus souvent chez les personnes présentant des troubles de coagulation dus à l’hémophilie ou des personnes soumises à un traitement anticoagulant. Les personnes ayant subi des traumatismes ou des interventions chirurgicales sont potentiellement exposées aux atteintes hémorragiques du muscle ilio-psoas.
Ces atteintes hémorragiques se manifestent de manière récurrente au niveau des populations juvéniles victimes d’hémophilie. Chez les personnes du troisième âge, l’hématome survient le plus souvent suite à un déséquilibre lors d’un traitement anticoagulant. Soumettre le patient à un interrogatoire et à des examens cliniques est un préalable pour un bon diagnostic étiologique suite à une atteinte hémorragique du muscle ilio-psoas.
En ce qui concerne les atteintes infectieuses, ce sont plutôt les staphylocoques dorés qui sont incriminés ; ils sont le plus souvent à la base des abcès primitifs du muscle ilio-psoas affectant de manière plus spécifique les sujets immunodéprimés affectés par le virus du SIDA ou faisant usage des substances psychoactives injectables. Pour ce qui est des abcès secondaires, ils sont généralement causés par des bactéries gastro-intestinales, rachidiennes et urogénitales. C’est le cas du germe Mycobacterium tuberculosis dont la recrudescence s’est fait remarquer au cours de ces dernières années.
Les atteintes tumorales du muscle ilio-psoas sont des évènements rares et le plus souvent dus à des extensions de lésions voisines qu’à des tumeurs primitives. C’est la raison pour laquelle la majorité des tumeurs affectant le muscle ilio-psoas sont des extensions des tumeurs primitives des compartiments retro-péritonéales ou des tumeurs du tractus urogénitales. Chez certains sujets jeunes, il est souvent question d’un lymphome, d’une métastase ou des tumeurs testiculaires.
Enfin, au-delà de la cinquantaine, on note la recrudescence des atteintes métastatiques pulmonaires ou digestives et les extensions des tumeurs de l’appareil urogénital.