S’il existe des cellules qui protègent notre corps des infections et les cancers, c’est bien les leucocytes. Présentes dans le sang et dans certains organes de l’organisme notamment la lymphe, les organes lymphoïdes et certains tissus, elles sont produites par la moelle osseuse. Vous l’avez compris, les leucocytes interviennent principalement dans les défenses immunitaires de l’organisme.
Cependant, en cas d’inflammation, d’infection, d’allergie, d’un dysfonctionnement de la moelle osseuse, ces cellules connaissent certaines variations (diminution ou augmentation). Quel rôle jouent les leucocytes ? Quelle interprétation faire lorsqu’ils sont élevés ou en baisse ? Dans cet article, vous découvrirez toutes les réponses à ces questions.
Définition et rôle des leucocytes
Les leucocytes sont couramment connus sous l’appellation de « globules blancs ». Leur rôle est de défendre l’organisme contre les agressions des agents pathogènes extérieurs. Il s’agit des bactéries, virus, parasites, etc. en réalité, ce sont les globules blancs qui constituent le système immunitaire. on les retrouve dans le sang, les ganglions, la rate, les amygdales, les végétations et la lymphe.
Selon les études, il existe près de 4 000 à 11 000 leucocytes dans un microlitre (un millième de millilitre) de sang. En général, on distingue trois classes de globules blancs : les lymphocytes, les monocytes et les polynucléaires.
Les monocytes ou macrophages
Ce sont des cellules phagocytaires qui sont efficaces contre les infections bactériennes ou les champignons. Elles représentent 7 % des leucocytes. l’on peut compter 2 à 8 monocytes pour 100 globules blancs. Les monocytes sont fabriqués par un tissu organique contenu dans la moelle osseuse. Après leur transformation en phagocytes, les monocytes constituent le mécanisme par lequel la cellule absorbe les micro-organismes indésirables pour les détruire.
Les lymphocytes
Considérés comme « tueurs » spécifiques face aux infections et des régulateurs de la réponse immune, les lymphocytes représentent 30 % des leucocytes. Il existe les lymphocytes B et les lymphocytes T. Les lymphocytes B produisent des anticorps spécifiques aux antigènes. Pour rappel, est appelé antigène toute substance étrangère à l’organisme et qui provoque une réponse immunitaire visant à l’éliminer. Ainsi, les anticorps se fixent sur les antigènes afin de les détruire.
Par contre, les lymphocytes T, sécrétés par le thymus avant de se transformer en thymocytes, sont des cellules qui se divisent et se multiplient rapidement lorsqu’elles sont exposées à un antigène. À la différence de la réponse immunitaire innée, les lymphocytes ne sont pas présents à la naissance ni immédiats (l’immunité acquise). Ils interviennent uniquement lorsque le système immunitaire d’une personne rencontre et reconnaît des agents infectieux étrangers appelés « antigènes ».
Les polynucléaires (granulocytes)
Les granulocytes réalisent « la phagocytose ». En effet, ils attaquent les corps étrangers en cas d’infection. Ils font partie du système de l’immunité innée et sont présents dès la naissance. Ils représentent la première réponse de l’organisme lors d’une agression par un agent pathogène. Les polynucléaires se déclinent en trois types à savoir:
- Les polynucléaires neutrophiles: Ils sont les plus nombreux dans l’organisme et représentent 60 à 70 % des globules blancs. Ils mangent les micro-organismes (les phagocytent) et les tiennent en produisant des substances toxiques. Ces dernières permettent de lutter contre les bactéries. Ils sont les premières cellules à intervenir face aux infections dues aux bactéries et aux champignons ;
- Les polynucléaires éosinophiles : Ils interviennent dans les réactions allergiques et la lutte contre l’infection parasitaire. Les polynucléaires éosinophiles représentent 2 à 4 % des globules blancs. En cas d’augmentation, ils sont appelés éosinophilie, avec des taux supérieurs à 4 % ;
- Les polynucléaires basophiles: Leur nombre se situe entre 0.5 et 1 % de globules blancs. Ils permettent de contrôler les processus d’inflammation. Dans certaines pathologies du sang et certaines intoxications, ils augmentent. Lorsque l’augmentation du taux des polynucléaires basophiles est supérieure à 1 %, on parle de Cela s’observe au cours de certaines leucémies, pathologies hépatiques ou thyroïdiennes.
Quelle est la valeur normale des leucocytes ?
La concentration de leucocytes dans le sang est fixée par une numération de la formule sanguine (NFS ou hémogramme). Cette numération a pour but de comptabiliser tous les éléments du sang. Ainsi, le taux des globules blancs doit normalement être compris entre 4 000 et 10 000 par mm3 (ou ml) de sang chez l’homme et la femme adultes.
Par ailleurs, quand le taux des globules blancs est en dessous de 3 500 leucocytes par mm3, on parle de leucopénie. Lorsque le taux dépasse 10 000 leucocytes par mm3, il s’agit d’une hyperleucocytose. Si le taux est compris entre 10 000 et 15 000, on dit que la valeur du leucocyte est modérée, au-delà de 15 000, on parle d’hyperleucocytose franche.
Chez la femme enceinte, ce taux peut dépasser les 10 000. C’est la concentration de polynucléaires neutrophiles qui est à la base de cela. Ce taux est composé de :
- 20 à 40 % de lymphocytes (soit 1 000 à 4 000/mm3) ;
- 02 à 10 % de monocytes (80 à 1 000/mm3) ;
- 50 à 80 % de polynucléaires neutrophiles (2 000 à 8 000/mm3) ;
- 01 à 4 % de polynucléaires éosinophiles (40 à 400/mm3) ;
- 0 à 1 % de polynucléaires basophiles (0 à 100/mm3).
Toutefois, ces normes peuvent légèrement varier en fonction de la technique utilisée dans le laboratoire et l’âge du patient. Chez l’enfant, les lymphocytes doivent représenter 35 à 60 % du taux total de leucocytes. Concernant les polynucléaires neutrophiles, les normes varient entre 40 et 60 %.
La formule leucocytaire permet aussi d’étudier la forme des éléments cellulaires du sang. Elle vise à diagnostiquer une éventuelle maladie affectant le système immunitaire.
Pour quelles raisons est prescrite la formule leucocytaire ?
Cet examen est judicieux dans la mesure où il contribue au diagnostic de certaines maladies allergiques, immunitaires, infectieuses. La formule leucocytaire sert en effet à :
- Étudier la capacité de l’organisme à répondre et à lutter contre une infection ;
- Renseigner sur la présence d’une infection bactérienne ou virale ou d’une infestation par des parasites et les réactions allergiques ;
- détecter certains types de leucémies ou de lymphomes.
La formule leucocytaire est un examen qui fait partie intégrante de l’hémogramme. Elle est indiquée à de nombreuses occasions. Elle nécessite simplement un prélèvement sanguin dans une veine du bras ou par piqûre au bout du doigt. Chez le nouveau-né, le prélèvement s’effectue via une lancette par piqûre au talon. Vous n’avez pas besoin d’être à jeun pour réaliser cette analyse. De plus, aucune précaution particulière n’est à observer.
Comment interpréter les résultats d’un taux bas de leucocytes ?
Étant donné que chaque type de leucocytes joue un rôle particulier, ils ne réagissent pas de la même manière en cas d’anomalie ou d’agression. De plus, les effets diffèrent selon que le taux des globules blancs est en baisse. Et pour une meilleure interprétation, il faut d’abord connaitre la signification, les causes, les symptômes et comment les médecins arrivent à déterminer que le taux des leucocytes est en bas.
La diminution des lymphocytes permet de comprendre qu’il y a une leucopénie et donc un déficit immunitaire de l’organisme. Cela voudra dire que l’un des composants du système immunitaire est défaillant ou absent. Lorsque cela arrive, le risque d’infection augmente. Le pronostic vital du patient est menacé par certaines infections.
Quelles sont les causes d’un taux de globules blancs faible ?
Plusieurs causes peuvent expliquer un faible taux des globules blancs :
- Les médicaments: De nombreux médicaments comme l’interleukine 2 (aldésleukine, Proleukin) et le rituximab (Rituxan) peuvent être à l’origine, mais particulièrement les médicaments de chimiothérapie ;
- Les infections: Il s’agit du VIH, de nombreuses autres infections virales et une infection bactérienne grave généralisée (septicémie) ;
- Les cancers: Ceux qui naissent dans la moelle osseuse, comme les leucémies, les lymphomes ou les myélomes ;
- Les cancers métastatiques dans la moelle osseuse: C’est le cas du cancer du sein ou le cancer de la prostate ;
- Les autres problèmes de moelle osseusetels que les troubles myélodysplasiques ;
- La radiothérapie: Celle qui implique la moelle osseuse.
Quels sont les symptômes d’un taux de globules blancs faible ?
Le faible taux des leucocytes n’entraîne pas de symptômes spécifiques. Cependant, le patient présente quelques symptômes causés par les infections qu’il contracte. Ces symptômes peuvent apparaître soudainement ou progressivement et peuvent comprendre :
- La fièvre ;
- L’éruption cutanée ;
- Le gonflement des ganglions lymphatiques ;
- Les plaies douloureuses dans la bouche et l’anus.
Comment les médecins peuvent-ils déterminer que le faible taux des leucocytes ?
Pour déterminer que le nombre des globules blancs est faible, les médecins réalisent une numération formule sanguine (NFS) de routine. Quand la cause est évidente, il peut s’en passer. Par contre quand elle n’est pas claire, les médecins peuvent réaliser :
- Une analyse de sang, d’urine et imagerie à la recherche d’une infection ;
- Une biopsie de la moelle osseuse. Il s’agit d’un prélèvement de moelle osseuse qui se fait à l’aide d’une aiguille pour réaliser des analyses.
Comment les médecins traitent-ils le faible taux des leucocytes ?
Pour le traitement, le médecin peut faire quelques propositions. Généralement, les professionnels recommandent des antibiotiques pour le traitement des infections. La prise de certains médicaments est également conseillée pour forcer l’organisme à fabriquer plus de globules blancs. Dans d’autres cas, il est suggéré un traitement pour toute maladie susceptible d’être à l’origine de la numération réduite.
Comment interpréter les résultats un taux élevé de leucocytes ?
Les résultats définissent le pourcentage de chaque type de leucocyte présent dans l’échantillon. Ainsi, l’interprétation se fait à partir des valeurs absolues c’est-à-dire quantitativement et qualitativement.
Polynucléaires neutrophiles augmentés (polynucléose)
Concernant les polynucléaires neutrophiles, leur taux augmente lorsqu’il y a infection bactérienne, de maladie inflammatoire de traitement corticostéroïde, plus rarement de leucémie. Les diagnostics possibles sont :
- Les infections bactériennes ;
- Les parasitoses dans certains cas ;
- Les maladies inflammatoires ;
- L’ischémie, nécrose tissulaire (infarctus du myocarde, traumatismes) ;
- Les cancers ;
- La maladie de Hodgkin ;
- Les syndromes myéloprolifératifs ;
- L’hémorragie et hémolyse ;
- Les désordres métaboliques : goutte, urémie, éclampsie ;
- Les intoxications : Avec du benzène, des radiations et certains médicaments ;
- Le tabagisme.
Les polynucléaires éosinophiles augmentés (éosinophilie)
Quant aux polynucléaires éosinophiles, leurs taux sont élevés suite à des problèmes allergiques ou lors d’une infection parasitaire ou des affections cutanées. Dans des cas rares, des infections ou diverses hémopathies malignes peuvent être impliquées. Les diagnostics possibles sont :
- Maladies allergiques comme l’asthme, eczéma, intolérances diverses, etc. ;
- Parasitoses (helminthiases) : parasitoses à vers, taeniasis, distomatose, anguillulose, bilharziose, etc. ;
- Hémopathies (maladie de Hodgkin, lymphome non hodgkinien) ;
- Certaines maladies auto-immunes ;
- etc.
Les polynucléaires basophiles augmentés
S’agissant des polynucléaires basophiles, ils augmentent en cas de leucémies, d’inflammations chroniques, de réactions d’hypersensibilité alimentaire ou suite à une radiothérapie. Diagnostics possibles :
- Syndromes myéloprolifératifs ;
- Hypothyroïdie ;
- Colite ulcéreuse.
Les lymphocytes augmentés (lymphocytose)
Le taux des lymphocytes augmentent lorsqu’il a présence d’infections virales (rhume par exemple) ou bactériennes ou en cas de maladie auto-immune. Les diagnostics suivants sont possibles pour les détecter :
- La physiologique chez l’enfant ;
- Les infections aiguës virales ou bactériennes (syndrome monucléosique, viroses, coqueluche, maladie de Carl Smith) ;
- La tuberculose, brucellose ;
- L’endocrinopathies (thyrotoxicoses…) ;
- La réaction allergique médicamenteuse ;
- Les maladies auto-immunes ;
- L’hémopathie lymphoïde maligne (leucémie lymphoïde chronique) ;
- La maladie de Waldenström.
Les monocytes augmentés (monocytose)
Les monocytes par contre augmentent en cas de maladies infectieuses chroniques ou d’inflammations. Les diagnostics possibles sont :
- Infections bactériennes: brucellose, salmonellose, syphilis, lèpre, endocardite subaiguë, tuberculose ;
- Parasitoses: paludisme, leishmaniose, trypanosomiase, typhus, fièvre des rocheuses ;
- Syndromes inflammatoires: polyarthrite rhumatoïde, lupus érythémateux disséminé, rectocolite hémorragique, maladie de Crohn, sarcoïdose ;
- Monocytose réactionnelle face à neutropénie aiguë ou chronique (baisse des polynucléaires) ;
- Collagénoses, maladies de surcharge ;
- Tumeurs malignes en cours de prolifération lymphoplasmocytaire: lymphome, myélome, maladie de Hodgkin ;
- Monnocytose leucémique: leucémies myélo-monocytaires chroniques, syndromes myéloprolifératifs, myélodysplasie, leucémie aiguë ;
- Tumeurus solides (ovaire, estomac, sein, mélanome) ;
- Traitement prolongé aux corticoïdes à fortes doses ;
- Présence d’éléments médullaires immatures ;
- Syndromes myélo-prolifératifs (myélémie) ;
- Érythroblastose après splénectomie, hémolyse sévère ;
- Métastases de cancers dans la moelle osseuse ;
- Blastose sanguine dans leucémies aiguës ;
Pour établir un diagnostic définitif, le médecin doit comparer ses symptômes avec d’autres examens d’imagerie médicale ou un myélogramme (analyse au microscope des cellules de la moelle osseuse). Si les résultats obtenus ne sont pas normaux, le médecin traitant va effectuer des examens complémentaires ou vous prescrire un traitement adapté.
Les leucocytes sont censés diminuer une fois l’infection ou l’inflammation est soignée. Le médecin-prescripteur effectuera un autre prélèvement sanguin pour s’assurer que tout va bien.