Encore appelées pertes blanches ou pertes vaginales, les leucorrhées caractérisent l’écoulement vaginal non sanglant. C’est un phénomène physiologique normal dans la vie de la femme, si les pertes sont spécifiquement blanches, inodores et fluides, et ne sont pas associées à un symptôme. Mais, dès que les pertes changent de couleur (prennent la couleur jaune par exemple) ou deviennent abondantes, il s’agit d’un phénomène anormal et par conséquent une affection. Quel est le rôle des leucorrhées et quand deviennent-elles anormales ? Quels sont les causes et symptômes des leucorrhées colorées ou abondantes ? Comment se déroule le traitement ?
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Leucorrhées : quels sont leurs rôles ?
Les leucorrhées sont définies comme un phénomène physiologique normal chez la femme. Elles sont généralement provoquées par la desquamation vaginale et les sécrétions de glaire cervicale et glandes annexes. Ces sécrétions sont stimulées par le taux d’œstrogène élevé. Apparaissant dès la puberté et disparaissant au fur et à mesure le long de la ménopause, les leucorrhées sont de couleur blanchâtre.
En effet, les leucorrhées permettent d’une part d’hydrater, de nettoyer et de lubrifier le vagin de temps en temps. D’autre part, elles luttent contre les risques d’infections tout en éliminant les germes susceptibles de se développer dans le vagin. Les pertes blanches constituent en quelque sorte le témoin d’une flore vaginale protectrice en parfait équilibre. Ainsi, il est normal qu’une femme observe des leucorrhées chaque jour.
Cependant, l’abondance ainsi que l’aspect des pertes blanches varient d’une patiente à l’autre, et selon la période de son cycle menstruel :
- Lors des quarante-huit heures qui précèdent l’ovulation, aucune augmentation de la quantité de leucorrhées n’est constatée chez la femme qui ne prend pas de pilule. Les pertes blanches sont fluides et presque transparentes, donnant l’aspect du blanc d’œuf ;
- Le jour de l’ovulation, l’abondance et la fluidité des leucorrhées en lien avec la glaire cervicale atteignent leur pic ;
- Après l’ovulation, les pertes vaginales redeviennent plus épaisses.
Leucorrhées : comment évoluent-elles avec l’âge ?
Les pertes vaginales surviennent à la puberté, sous l’action des hormones sexuelles chez la femme. Elles sont généralement observées, une à deux années précédant l’apparition des premières règles. Sous l’effet des hormones sécrétées par le placenta et les ovaires, les leucorrhées deviennent plus abondantes en périodes de grossesse.
À la ménopause, la baisse ou la non-sécrétion des œstrogènes provoque une atrophie, une sécheresse de la muqueuse vaginale ainsi qu’une modification du microbiote vaginal. À ce niveau, l’équilibre de la flore vaginale est rompu, ce qui favorise l’émergence des agents pathogènes, ou entraine le développement des infections, de mycoses ou de cystites.
Quand est-ce que les leucorrhées deviennent anormales ?
Comme notifié plus haut, les leucorrhées sont de couleur blanchâtre et plus ou moins abondantes. Plus encore, elles ne dégagent pas d’odeurs et ne sont pas liées à une démangeaison, à une brûlure ou tout autre symptôme général. Dans ce cas, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, puisque c’est un phénomène naturel.
En revanche, lorsque des changements notables sont observés par rapport à l’aspect, à la couleur, à l’odeur ou l’abondance des pertes vaginales, accompagnées d’autres symptômes (comme irritations, douleurs ou démangeaisons), il s’agit des leucorrhées pathologiques. Dans ce contexte, les pertes blanches peuvent prendre autre couleur comme le jaune ou devenir abondantes.
Les causes des leucorrhées pathologiques ou anormales sont multiples.
Cervicite
La cervicite est une sorte d’irritation du col de l’utérus. Elle peut provenir d’une infection ou non. Très souvent, elle est associée à Chlamydia trachomatis, au Mycoplasma genitalium ou au Neisseria gonorrhoeae. La cervicite peut provoquer des leucorrhées avec ou sans saignements (métrorragies).
Infections Génitales Hautes (IGH)
Les pertes blanches peuvent être le signe d’infections génitales hautes. Les agents pathogènes responsables des IGH peuvent être, des bactéries responsables des infections sexuellement transmissibles comme la chlamydia trachomatis ou la gonorrhée. Il peut également s’agir des germes pathogènes opportunistes, provenant de la flore vaginale (anaérobie, streptocoque, entérocoque, staphylocoque) et parfois des agents à l’origine des infections primaires spécifiques (bilharziose, tuberculose).
Cancer
Qu’elles soient accompagnées de saignements ou non, les leucorrhées peuvent être les symptômes d’un cancer du col de l’utérus : cancer primitif ou cancer secondaire.
Cancer primitif
Apparaissant entre cinquante et soixante ans, le cancer primitif entraîne des pertes blanches ou des saignements, notamment après des actes sexuels. Il peut affecter des jeunes femmes ou jeunes filles dont les mamans avaient fait usage du diéthylstibestrol lors de la grossesse.
Cancer secondaire
Très fréquent, le cancer secondaire se traduit par une métastase à distance. Cette dernière peut provenir d’un cancer de l’ovaire, de l’utérus ou de la vulve.
Provenant généralement d’une infection, les leucorrhées pathologiques changent de couleurs (jaunâtre, verdâtre, etc.), deviennent trop abondantes ou dégagent une mauvaise odeur, et peuvent même contenir dans certains cas du sang. Elles sont, dans certains cas, liées à d’autres symptômes locaux (le prurit, les brûlures, etc.) ou généraux (comme la fièvre, les douleurs bas-ventre, la fatigue, etc.).
De plus, l’ectropion peut également entrainer une sécrétion abondante de pertes vaginales.
Leucorrhées pathologiques : quels sont les facteurs de risque ?
Les facteurs de risque liés à l’augmentation des leucorrhées normales restent la grossesse et la période d’ovulation. En revanche, les facteurs de risque des pertes blanches pathologiques, c’est-à-dire colorées, odorantes et liées à autres symptômes (altération de l’état général ou démangeaisons) sont :
- Hygiène excessive ou agressive (en se servant du savon mal adapté) des parties génitales ou même de l’intérieur du vagin ;
- Port de strings ;
- Port de sous-vêtements humides et irritants (non conçus en coton) ;
- Port continu de serviettes hygiéniques ;
- Chaleur, hypertranspiration ;
- Port de pantalons trop serrés ;
- Etc.
Leucorrhées pathologiques : quels sont les symptômes ?
Les pertes blanches sont caractérisées par un volume variable, elles sont non odorantes et claires.
Quant aux leucorrhées pathologiques, elles se manifestent suivant leur cause, par plusieurs signes. Elles peuvent devenir :
- Grisâtres, verdâtres ou jaunâtres ;
- Liquides, épaisses ou mousseuses ;
- S’accompagner d’une odeur nauséabonde variable.
Elles peuvent aussi s’accompagner des symptômes suivants :
- Brûlures vaginales ;
- Douleurs abdominales ;
- Démangeaisons ;
- Fatigue et fièvre ;
- Rapports sexuels douloureux, voire impossibles.
Notez cependant qu’il est important de se faire consulter dès la suspicion d’une leucorrhée, qu’elle soit normale ou pathologique.
Comment diagnostiquer les leucorrhées pathologiques ?
Le diagnostic des leucorrhées anormales est posé suivant plusieurs examens.
Examen clinique
Il consiste à interroger la patiente (sur les symptômes, le cadre de l’infection, les antécédents familiaux ou personnels) et à examiner l’utérus, le vagin et les ovaires. Pour y arriver, le médecin, en se protégeant avec un gant, introduit le médius et l’index dans le vagin, en exerçant avec l’autre main, une pression sur la partie inférieure de l’abdomen.
Lorsque ce geste est à l’origine d’une douleur considérable ou en cas de fièvre, cela traduit qu’il y a éventuellement autres foyers infectieux.
Prélèvement vaginal
Le médecin effectue un prélèvement d’échantillon de pertes vaginales, à l’aide d’un coton monté, si éventuellement, elles sont présentes. L’échantillon prélevé est ensuite examiné au microscope. Les données recueillies de cet examen permettront au médecin de déterminer l’origine des pertes vaginales (IST, Mycose, vaginite).
Prélèvement cervical
Le professionnel de santé, en se servant du coton, prélève également un échantillon de pertes blanches au niveau du col de l’utérus. Il analyse l’échantillon afin de rechercher les infections sexuellement transmissibles IST (trichomonas, chlamydia, mycoplasme, gonocoque, etc.).
Comment prévenir les leucorrhées pathologiques ?
Comme mesures de prévention des infections provoquant des pertes blanches pathologiques, il est recommandé :
- D’éviter les sous-vêtements humides ;
- De restreindre le nombre de partenaires sexuels ;
- De prendre une douche, après un rapport sexuel ;
- D’éviter les culottes trop serrées et celles conçues en matière synthétique, puisqu’elles favorisent la transpiration ;
- D’éviter les douches vaginales ainsi que les toilettes intimes agressives et trop fréquentes ;
- De changer de serviettes hygiéniques, tampons, et autres plusieurs fois par jour ;
- De conserver une bonne hygiène intime au quotidien, en se servant d’un savon adapté ;
- De sécher des parties intimes de manière douce et minutieuse.
Il faut également éviter les protège-slips ou n’en faire usage que dans le cadre d’une perte vaginale considérable. Par ailleurs, l’utilisation d’antiseptique au niveau de la vulve et du vagin est déconseillée sans un avis médical.
Quels sont les traitements possibles des leucorrhées anormales ?
La prise en charge est fonction de la forme que prennent les pertes blanches.
Cas de leucorrhées trop abondantes
Aucune prise en charge spécifique n’existe en ce qui concerne les pertes blanches, même si celles-ci sont abondantes. Pour réduire leur volume, le médecin peut prescrire des probiotiques ou une pilule contraceptive. Cependant, le simple usage de protège-slips peut apporter une amélioration au confort de la patiente.
Cas d’absence de leucorrhées (sécheresse vaginale)
Dans le cadre d’une sécheresse vaginale ou d’insuffisance voire absence de pertes vaginales, principalement lors de la ménopause, le médecin peut proposer plusieurs traitements :
- Traitements locaux avec ou sans œstrogènes : l’usage de gels, des ovules ou des crèmes contre la sécheresse vaginale ou pour lubrifier le vagin ;
- Traitements hormonaux systémiques (THS) à base de progestérone et d’œstrogènes ;
- Une réjuvénation vaginale peut être effectuée chez la femme en ménopause. C’est un traitement au laser qui confère au vagin un aspect «jeune», le vagin est bien lubrifié. Par ailleurs, notez que la sécurité sociale ne prend pas en compte ce soin, qui donne de bons résultats.
Lorsque la sécheresse vaginale est associée à l’utilisation d’un contraceptif hormonal, votre médecin gynécologue peut proposer un changement de ce moyen de contraception. Si par contre, elle empêche les rapports sexuels, prenez rendez-vous chez un sexologue.
Cas d’infection vaginale
Dans le cas des pertes vaginales abondantes, colorées et mal odorantes, la consultation auprès d’un gynécologue s’impose, parce qu’elles peuvent constituer la manifestation d’une infection. S’il s’agit bel et bien d’une infection, la prise en charge est fonction de l’agent pathogène.
Dans le cas d’une mycose vaginale
On introduit dans le vagin les capsules antifongiques (appartenant à la famille des imidazoles actifs sur Candida albicans) ou les ovules. Lorsque c’est la vulve qui est atteinte, le traitement vaginal est complété par l’application d’une crème antifongique. Votre partenaire sexuel doit suivre un traitement, au même moment que vous. Par ailleurs, il existe des traitements par voie orale, dans le cadre d’une mycose récidivante.
Dans le cas de vaginose bactérienne
La prise en charge consiste ici à prendre des antibiotiques (comme le secnidazole, la clindamycine ou le métronidazole).
L’utilisation de scenidazole par voie orale durant sept jours en une prise, constitue un traitement de choix pour les patientes non enceintes. Mais, comme tout médicament, il peut être à l’origine d’effets indésirables sur la santé. À cet effet, les médecins privilégient l’administration aux patientes enceintes, de métronidazole sous forme de crème vaginale ou de gel vaginal.
Dans le cas d’une infection sexuellement transmissible
Le médecin administre des antibiotiques à la femme, ainsi qu’à son ou ses partenaire (s) sexuel (s) :
- Trichomonase vaginalis : administration d’une seule dose de trinidazole ou de métronidazole ;
- Chlamydia : azithromycine en dose unique d’un gramme ou doxycycline de cent grammes, deux fois par jour durant sept jours ;
- Gonocoque : il faut administrer une céphalosporine en dose unique, le choix est fait dans ce cadre entre la céfixime par voie orale ou la ceftriaxone par voie injectable.
En général, on recommande de faire une toilette intime (non agressive) une fois par jour, pour réduire le risque d’infection et entretenir votre flore vaginale. La cryothérapie (froid) ainsi que le laser facilitent la réduction des pertes blanches gênantes lors d’ectropion. En cas de survenue d’un cancer, une prise en charge particulière est instaurée.