Depuis quelques années, il est remarqué un fort taux d’accroissement des maladies dues aux infections sexuellement transmissibles. C’est le cas de l’urétrite, une pathologie très contagieuse se manifestant par le gonflement de l’urètre et pouvant conduire à la stérilité. A quoi nous renvoie le concept de l’urétrite ? Quelles sont les caractéristiques d’une personne souffrant de cette pathologie ? Quels en sont les enjeux et les traitements possibles ? Comment prévenir l’urétrite ?
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L’urétrite : qu’est-ce que c’est ?
D’une manière générale, l’urétrite peut se définir comme une inflammation ou une irritation de l’urètre (canal par lequel est évacuée l’urine de la vessie vers l’extérieur du corps). Il s’agit d’une maladie qui cause d’énormes douleurs quand on a envie d’uriner. Les agents pathogènes responsables des infections sexuellement transmissibles (IST) en sont généralement la cause.
ATTENTION ! Il ne faut pas confondre l’urètre aux uretères. Les uretères (au nombre de 2) sont situés en amont de la vessie, étant considérées comme les canaux reliant les reins et la vessie.
Il existe plusieurs formes d’urétrite. L’une d’entre elles est l’urétrite gonococcique (gonnhorée), due au gonocoque Neisseria gonorrhoeae. C’est la forme d’urétrite la plus constatée chez les victimes.
Il arrive que cette forme d’urétrite soit associée à une sorte de bactérie (la chlamydia) : on parle de la forme mixte d’urétrite. Ces deux formes d’urétrite sont dites infectieuses.
On distingue également l’urétrite non gonococcique, se traduisant par l’absence du gonorrhoeae. Par ailleurs, on retrouve aussi les urétrites non infectieuses, qui se manifestent chez certains patients.
Quelles sont les causes de l’urétrite ?
Généralement, les causes des urétrites infectieuses sont liées aux agents pathogènes responsables des maladies sexuellement transmissibles (MST). Ainsi, les urétrites infectieuses peuvent être causées par la chlamydia trachomatis (25 % des cas), le Neisseria gonorrhoeae (gonocoque de la gonorrhée 15 à 40 % des cas) ou encore le trichomonas vagils.
Ils se transmettent au cours d’un rapport sexuel non protégé, ou par contact avec le vagin, le pénis, l’anus. Ils peuvent également se transmettre par la bouche, même si cette dernière ne présente pas de symptômes.
Particulièrement chez les hommes, il peut arriver que d’autres agents pathogènes soient responsables d’une urétrite. On peut notamment citer :
- L’ureaplasma urealyticum ;
- Le candidat albicans ;
- Des bactéries responsables d’autres infections urinaires telles que les staphylococcus cuireus ou l’escherichia coli ;
- Les adénovirus ;
- L’herpès simplex (HSV-1 et HSV-2).
Dans des cas rares, une tuberculose, un cancer de la prostate, une vessie instable, un traumatisme, une maladie systémique, une endoscopie ou certaines, peuvent causer une urétrite.
Quels sont les facteurs de risque de l’urétrite ?
Étant donné que l’urétrite est fréquemment liée aux infections sexuellement transmissibles (IST), les facteurs de risques concernent beaucoup plus les rapports sexuels non protégés. Le fait d’avoir plusieurs partenaires sexuels et des antécédents d’IST représente également un facteur de risques de la maladie.
Comment se manifeste l’urétrite ?
Les symptômes de l’urétrite peuvent se manifester de manières différentes, aussi bien chez l’homme que chez la femme. Chez l’homme, les symptômes peuvent se traduire par :
- Une grande douleur semblable à une sorte de brûlure ou moment de la miction (chaude pisse)
- Des douleurs au niveau de l’urètre ;
- Une fièvre ;
- Une envie d’uriner forte, mais avec une faible quantité d’urine émise ;
- Un écoulement de couleur particulière (verdâtre, jaunâtre ou blanchâtre) par l’orifice urinaire, ceci en dehors des mictions habituelles ;
- Des sentiments répétés d’avoir envie d’uriner.
Moins importants que ceux des hommes, les symptômes de l’urétrite chez la femme se manifestent par des signes gynécologiques tels que :
- L’inflammation du col de l’utérus ;
- Des douleurs ressenties de façon persistante au cours des rapports sexuels ;
- Des pertes vaginales anormales et malodorantes ;
- Des sensations de poids au niveau du bas-ventre ;
- Des démangeaisons au niveau du vagin.
L’origine et l’étendue de l’infection peuvent conduire à ce que les symptômes précités se présentent avec d’autres signes.
Il faut préciser que certaines personnes (les femmes très souvent) restent asymptomatiques. Ceci parce que, chez elles, l’infection est très souvent associée à une cystite et passe inaperçue. Cela entraîne une méconnaissance de l’infection et un risque important de contamination.
Comment faire le diagnostic de l’urétrite ?
Lorsqu’on observe des signes probables (symptômes) d’urétrite, un diagnostic s’avère nécessaire. L’objectif du diagnostic est la recherche d’agents pathogènes susceptibles de causer la maladie. Cela permet de prendre les meilleures dispositions pour un traitement adéquat.
Des techniques très souvent utilisées, sont celles de la PCR (polymérase chain reaction) et la technique de recherche des leucocytes dans l’urine. Des prélèvements sont effectués à cet effet. Il s’agit d’un prélèvement :
- De l’échantillon de l’écoulement urétral ;
- Du premier jet urinaire ;
- D’un échantillon de pertes vaginales ;
- Au niveau du col de l’utérus de la femme lorsqu’il y a cervicite.
Ces prélèvements sont soumis ensuite au laboratoire, pour subir des analyses médicales. Lorsqu’une bactérie (agent pathogène de l’urétrite) se fait détecter, surviendra une étude de sa sensibilité aux différents antibiotiques.
Par ailleurs, l’urétrite étant lié aux maladies sexuellement transmissibles (MST), il est souvent recommandé au moment du diagnostic, un dépistage de la syphilis, de l’hépatite B, de l’hépatite C et du VIH, chez le patient ainsi que chez sa partenaire. Ces pathologies sont diagnostiquées par des bilans sanguins.
Urétrite : quels sont les différents traitements possibles ?
Il est nécessaire de confirmer par un examen (test recherchant la présence de gonorrhée et de chlamydia), toute suspicion d’urétrite. Il faut donc éviter des médicaments en vente libre (notamment les anti-inflammatoires). Cela pourrait conduire à des risques de complications.
En effet, le traitement adéquat pour une urétrite dépend du type de bactérie en cause. Mais, il faut notifier que tous les traitements d’urétrite sont généralement liés aux antibiotiques.
Pour ce faire, juste après la confirmation du diagnostic, il est recommandé que le médecin prescrive un traitement antibiotique. Le traitement idéal est celui associant un anti-gonococcique par ceftriaxone 500mg en injection IM, et un autre anti-chlamydia par azithromycine, en prise unique.
On peut aussi prescrire le doxycycline 100mg ou le cefixime, à prendre deux fois par jour pendant sept (07) jours. Ces traitements contribuent à la guérison des infections les plus courantes.
En cas d’une éventuelle absence de gonorrhée et de chlamydia après résultats du diagnostic, le médecin peut prescrire un antibiotique de la famille des fluoroquinolones. Cependant, s’il s’agit d’une infection par un champion, un traitement de type antifongique sera appliqué. Et lorsque la cause serait de nature herpétique, un traitement antiviral serait l’idéal.
Par ailleurs, il est nécessaire que le patient victime de l’urétrite informe tous ces partenaires sexuels (des deux mois récents) de la situation. Un examen, un diagnostic et un traitement leur est recommandé d’urgence.
D’autre part, les prochains rapports sexuels pendant la durée du traitement doivent être protégés jusqu’à disparition des symptômes. Deux consultations sont requises après la prescription du traitement : une, trois jours après la persistance des symptômes (pour permettre de rechercherd’autres germes ou microbes moins fréquents) et l’autre, sept jours après le traitement. Cela permet d’analyser ou de confirmer les résultats.
Par ailleurs, il faut rappeler qu’il n’existe aucun traitement naturel contre l’urétrite. Il n’y a que des traitements antibiotiques qui soient possibles. Et ces traitements sont délivrés sur ordonnance uniquement.
Quelles sont les complications possibles d’une urétrite ?
Généralement, les urétrites sont simples et légères lorsqu’un traitement adéquat est fait, déjà dès les premiers signaux. Cependant, en dehors des risques de contamination de ses partenaires, un patient non traité ou mal traité court des risques de complications.
Il peut s’agir :
- D’une urétrite chronique (4% des cas) ;
- D’une augmentation de volume des épididymes et de la prostate ;
- D’une augmentation du risque d’infection urinaire ;
- D’un jet urinaire très faible ;
- D’une diminution de l’aspect de l’urètre ;
- D’une septisémie ;
- D’une masse de pus autour de l’urètre.
L’accumulation de pus va entraîner la formation d’abcès. Cela pourrait atteindre la peau, le vagin ou le rectum.
Un mauvais ou une absence de traitement peut également causer une inflammation de l’anus (proctite), une inflammation aiguë des trompes utérines (salpingite), une grossesse extra-utérine (représentant 2% des cas) ou une stérilité secondaire..
Rappelons que lorsque les complications deviennent plus graves, cela pourrait conduire à une opération chirurgicale.
Comment prévenir l’urétrite ?
Les urétrites sont très contagieuses et restent asymptomatiques chez certaines femmes. Ce qui pourrait engendrer des problèmes de stérilité.
Pour ce faire, il est donc préférable de prévenir l’urétrite en :
- S’abstenant des rapports sexuels ou en optant pour les rapports sexuels protégés (le préservatif permet de ne pas être infecté par les IST);
- Traitant de façon systématique les infections ;
- Réalisant des tests de dépistage pour les IST aux partenaires sexuels habituels.
Lorsqu’une urétrite est causée par un agent pathogène transmis de façon sexuelle, il est important de faire une enquête d’entourage. Ceci, afin de réaliser des dépistages d’IST.
Combien de temps dure une urétrite ?
L’urétrite ne dure généralement pas chez les personnes qui en souffrent, lorsque les dispositions sont prises au préalable. Ainsi, avec un traitement d’antibiotiques prescrit selon le cas, les symptômes peuvent disparaître déjà, en quelques jours. Des traitements peuvent durer quatre (04) à six (06) semaines, afin d’éviter la récidive ou une sténose de l’urètre comme complication.