Décrite pour la toute première fois par le neurologue Danois Knud Krabbe en 1916, la maladie de Krabbe est une affection extrêmement rare qui se caractérise par une destruction de la myéline. Il s’agit d’un trouble du système nerveux, induit par une anomalie génétique, qui survient habituellement très tôt dans la vie. Appartenant à la famille des sphingolipidoses, cette pathologie peut être à l’origine d’une insuffisance respiratoire pouvant être fatale pour la personne atteinte.
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La présentation de la maladie de Krabbe
Encore appelée leucodystrophie à cellules globoïdes (du fait de son aspect à l’imagerie) ou lipidose à galactosylceramide, la maladie de Krabbe est un trouble lysosomal qui affecte la myéline. Cette dernière correspond à une substance lipidique et protéique, formant une gaine qui entoure les terminaisons des neurones du système nerveux périphérique et central.
Sur 100000 naissances, la maladie de Krabbe concerne environ 1 enfant. Ces chiffres reflètent sa faible prévalence. Chez la plupart des personnes atteintes, elle se manifeste précocement, plus précisément dès les premiers mois de naissance. Par ailleurs, on note également l’existence d’une forme d’apparition tardive de la maladie. Qualifiée de « forme adulte », celle-ci survient habituellement après l’âge de 8 ans. Toutefois, il faudrait notifier que la forme infantile est plus répandue que celle adulte.
Les causes de la maladie de Krabbe
La lipidose à galactosylceramide est une affection génétique héréditaire, dont la transmission ne peut avoir lieu que selon le mode autosomique récessif. En d’autres termes, pour qu’un enfant soit atteint de ce trouble, il faudrait qu’il possède une paire de mutation génétique. Pour que cette condition soit réunie, chaque parent doit posséder une copie du gène défectueux.
Comme de nombreux troubles génétiques, la maladie de Krabbe est due à une mutation du gène qui contrôle la synthèse de la galactocérébrosidase : il s’agit du gène GALC. Par ailleurs, dans de rares cas, une mutation du gène PSAP (gène codant la saposine-A) peut déclencher l’apparition de cette pathologie infantile.
Le mécanisme de la maladie de Krabbe
Siège de la réflexion, de l’identité et des émotions, le cerveau est considéré comme étant le « chef d’orchestre » de l’organisme. L’une des fonctions de cet organe est la transmission du message nerveux à travers le corps.
Dans le cerveau, on retrouve les oligodendrocytes (cellules gliales) qui, à travers la production de myéline, participent à la bonne circulation de l’information entre les neurones. Au sein des oligodendrocytes, se trouvent les lysosomes, qui sont des organites cellulaires qui s’occupent du recyclage des déchets cellulaires.
En présence d’une leucodystrophie à cellules globoïdes, on assiste à un dysfonctionnement des lysosomes, entraînant, de ce fait, une accumulation des déchets cellulaires dans les oligodendrocytes. Cette accumulation de produits toxiques provoque respectivement l’apoptose des oligodendrocytes, la démyélinisation (perte subséquente de myéline) du système nerveux périphérique et du système nerveux central, puis la mauvaise circulation de l’information nerveuse.
Les symptômes de la maladie de Krabbe
Trois stades, se succédant durant les premiers mois de naissance de l’enfant (plus précisément entre le 2e et le 6e mois), caractérisent la forme infantile de la maladie de Krabbe :
- Stade primaire de la maladie de Krabbe : au cours de cette phase, divers symptômes, notamment les troubles de l’alimentation, les contractures musculaires, le retard de croissance, l’irritation et l’hypotonie axiale (difficulté à maintenir la tête droite) peuvent se manifester chez l’enfant ;
- Deuxième stade de la maladie de Krabbe : qualifié de phase hypertonique, il se distingue du premier stade par l’apparition d’une fièvre, des douleurs, des crises de convulsion et la régression des fonctions motrices et intellectuelles ;
- Troisième stade de la maladie de Krabbe : au cours de ce stade hypotonique, l’état de santé de l’enfant se détériore très rapidement. Cécité, trouble de la déglutition (favorisant la survenue des infections respiratoires) et surdité sont les principaux symptômes que le patient peut présenter durant cette phase.
Dans la majorité des cas, les enfants malades décèdent, le plus souvent, avant l’âge de 2 ans, suite à des complications en lien avec la diminution du tonus musculaire, la perte totale de la mobilité ou à cause d’une insuffisance respiratoire. En ce qui concerne la forme tardive de la maladie de Krabbe, on la reconnaît grâce aux symptômes suivants :
- Ataxie ;
- Perte de vision ;
- Faiblesse musculaire ;
- Paresthésie avec sensation de brûlure ;
- Paraparésie spastique ;
- Hémiplégie.
Chez les patients présentant la forme tardive, la maladie est souvent d’une évolution lente. Contrairement aux patients atteints de la forme infantile, ils ont une espérance de vie beaucoup plus longue, particulièrement en raison de la faible intensité des atteintes.
Le diagnostic de la maladie de Krabbe
Parfois, bien avant l’apparition des symptômes primaires, un diagnostic de la leucodystrophie à cellules globoïdes peut être effectué, grâce à des tests de dépistage. Toutefois, chez la majorité des patients, l’apparition des symptômes précède la réalisation des tests, qui donne ainsi lieu à une exploration des causes possibles.
Pour établir le diagnostic de la maladie de Krabbe, le médecin effectue différents examens tels que l’électroencéphalogramme (EEG), le test de laboratoire, le test génétique et le test d’imagerie.
Test de laboratoire
La réalisation d’un tel test nécessite une biopsie et un échantillon de sang. Une fois obtenus, ces éléments sont envoyés au laboratoire, où le médecin effectue une analyse du niveau d’activité de l’enzyme GALC. La présence d’une maladie de Krabbe peut être affirmée lorsque les résultats de l’examen mettent en évidence un niveau d’activité nul ou très faible de l’enzyme GALC.
Bien qu’il permette l’établissement du diagnostic, ce test ne fournit pas de détails au sujet de la vitesse de progression de la maladie. En réalité, une très faible activité de l’enzyme GALC ne signifie pas pour autant que l’affection aura une progression rapide.
Electroencéphalogramme (EEG)
Le plus souvent, il est utilisé pour renforcer l’hypothèse de la maladie de Krabbe.
Tests d’imagerie
Le médecin peut opter pour la réalisation d’un ou de plusieurs tests d’imagerie, afin de déceler la perte de myéline au niveau des zones affectées du cerveau. Les tests les plus réalisés sont :
- L’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) : grâce aux ondes radio et au champ magnétique, ce test d’imagerie fournit des images 3D détaillées ;
- L’étude de conduction nerveuse : ce test est utilisé pour apprécier la vitesse à laquelle les nerfs peuvent effectuer la transmission d’un message. Une conduction nerveuse lente indique une altération de la myéline ;
- La tomographie informatisée : elle est utilisée pour la production d’images bidimensionnelles.
Test génétique
Généralement, un échantillon de sang suffit pour la réalisation d’un test génétique et pour la confirmation du diagnostic de la maladie de Krabbe. Sa réalisation n’a de sens qu’en présence de l’une des conditions ci-dessous :
- Lorsqu’un ou les deux parents sont porteurs du gène défectueux ;
- Lorsque les parents sont porteurs de la pathologie, en raison des antécédents familiaux ;
- Lorsqu’une porteuse connue souhaite effectuer une fertilisation in vitro.
Le traitement de la maladie de Krabbe
Il n’existe aucune option thérapeutique pouvant modifier le cours de la maladie de Krabbe. Néanmoins, un traitement symptomatique peut être instauré pour soulager les patients concernés. Ainsi, ces derniers peuvent bénéficier d’une physiothérapie (afin de limiter la dégradation du tonus musculaire), des anticonvulsivants (pour faire face aux crises de convulsion), d’une ergothérapie et d’une transplantation de cellules souches hématopoïétiques favorisant le maintien de la myéline.
La transplantation de cellules souches hématopoïétiques peut être particulièrement bénéfique chez les patients qui ne présentent encore aucun symptôme de la maladie. En effet, chez ceux-ci, elle freine sa progression.