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Malnutrition calorique : causes, symptômes et traitements

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Malnutrition calorique : causes, symptômes et traitements
Concept de malnutrition

La malnutrition calorique est l’une des formes de malnutrition les plus répandues qui touche des millions d’enfants. Il s’agit d’un grave problème de nutrition auquel sont surtout confrontés l’Afrique, ainsi que d’autres pays en développement. Quelles sont les causes de la malnutrition calorique ? Comment se manifeste-t-elle ? Quels sont les moyens de traitement possibles ?

Malnutrition calorique : l’essentiel à savoir

La malnutrition calorique désigne un déficit énergétique lié à des insuffisances chroniques de tous les macronutriments essentiels à une bonne alimentation. Cette malnutrition peut être progressive, brusque ou totale (jeûne). Elle est d’une gravité, qui va de carences infracliniques à une dénutrition évidente, voire extrême. De nombreux organes peuvent en être aussi affectés.

Dans les pays regorgeant de ressources alimentaires convenables, la malnutrition calorique, bien qu’elle soit souvent non détectée, est assez fréquente. On la retrouve en particulier, chez les adultes hospitalisés ou atteints de pathologies liées au manque d’appétit et affectant l’assimilation, la digestion ou le métabolisme des aliments. Pour ce qui est des pays avec un taux d’insécurité alimentaire élevé, ce sont les enfants ne consommant pas assez de calories qui sont les plus affectés.

Classification et causes de la malnutrition calorique

La malnutrition calorique est généralement, soit d’un niveau normal, léger, modéré ou sévère. Ce niveau est déterminé grâce au calcul d’un certain pourcentage de poids, respectant les standards internationaux. Ainsi, le niveau est :

  • Normal, pour un pourcentage entre 90 et 110 % ;
  • Léger, entre 85 et 90 % ;
  • Modéré, entre 75 et 85 % ;
  • Sévère pour les valeurs en dessous de 75 %.

Ce déficit énergétique peut, en outre, être primitif ou secondaire. Dans le cas primitif, l’affection résulte d’un apport insuffisant en nutriments. Quant au cas secondaire, on note l’implication d’autres pathologies ainsi que la prise de certains médicaments.

Malnutrition calorique primitive

Au plan mondial, la malnutrition calorique primitive est essentiellement observée chez les enfants et les personnes âgées n’ayant pas accès aux nutriments. La dépression constitue en outre, une cause assez courante chez la personne âgée. Ce type de malnutrition peut aussi être provoqué par un jeûne ou une anorexie mentale. Cette dernière étant caractérisée par :

  • Un grand désir de minceur ;
  • Une peur d’obésité pathologique ;
  • Un aspect du corps distordu ;
  • Une insuffisance des apports énergétiques par rapport aux besoins, qui amène à une perte de poids conséquente.

La malnutrition calorique primitive peut, par ailleurs, être due à des sévices sur les enfants ou les personnes âgées. Les formes de ce type de malnutrition les plus rencontrées, sont : le marasme et le kwashiorkor.

En effet, le marasme entraîne une perte de poids, de graisses et de muscles. Dans les pays avec un fort taux d’insécurité alimentaire, il constitue la forme de malnutrition calorique la plus répandue chez l’enfant.

Le kwashiorkor de son côté, est une forme de dénutrition, liée à un arrêt précoce d’allaitement. Il se manifeste de façon typique lors d’une nouvelle naissance, éloignant le précédent enfant du sein maternel. Les enfants atteints de kwashiorkor tendent ainsi à être plus âgés que ceux atteints du marasme.

Le kwashiorkor est essentiellement causé par une alimentation assez pauvre en protéines. Il peut être aussi secondaire à une affection aiguë comme une gastro-entérite. Moins courant que le marasme, le kwashiorkor a tendance à se limiter à des endroits spécifiques du monde tels que les zones rurales de l’Afrique.

On note par ailleurs, chez des sujets atteints de ces deux maladies, une diminution de l’immunité à médiation cellulaire, qui augmente ainsi les risques d’infections. Il s’agit notamment d’infections bactériennes telles que la gastro-entérite, le sepsis, la pneumonie, l’otite moyenne et les infections urinaires. Ces différentes infections libèrent des cytokines. Ces dernières aggravent la fonte des muscles, provoquent une anorexie et induisent une importante baisse de l’albumine sérique.

Malnutrition calorique secondaire

Ce type de malnutrition est souvent issu de certaines pathologies.

  • ●       Pathologies affectant les fonctions gastro-intestinales

Il s’agit des maladies qui perturbent l’assimilation (entéropathie, entérite), la digestion (insuffisance pancréatique) ou le transport lymphatique des nutriments (rétropéritonéale, fibrose…).

  • ●       Pathologies cachectisantes

Chez des personnes atteintes des maladies cachectisantes comme le cancer, le BPCO ou le VIH, le catabolisme crée un excès de cytokines qui conduit à la dénutrition via anorexie et cachexie. L’insuffisance cardiaque en stade terminal peut entraîner la survenue d’une cachexie cardiaque, une dénutrition assez sévère, avec une mortalité particulièrement élevée.

Les facteurs à l’origine de cette affection peuvent inclure un œdème au niveau de l’intestin (bouleversant l’absorption), ainsi qu’une congestion hépatique passive (entraînant une anorexie). Une forme avancée de la cachexie cardiaque pourrait être causée par un accroissement des besoins en oxygène, dû à un métabolisme anaérobie. Les pathologies cachectisantes peuvent altérer l’appétit ou le métabolisme des nutriments.

  • ●       Pathologies augmentant les besoins métaboliques

On retrouve parmi ces pathologies, l’hyperthyroïdie, les infections, les brûlures, le phéochromocytome, les traumatismes, des troubles endocriniens et d’autres affections graves.

Quels sont les symptômes de la malnutrition calorique ?

Les individus souffrant de malnutrition calorique modérée, présentent des symptômes pouvant être généraux, ou concerner spécifiquement certains organes. Généralement, les signes suivants sont souvent notés :

  • Une irritabilité ainsi qu’une apathie assez fréquente ;
  • Une faiblesse et un affaiblissement de la capacité à l’effort ;
  • Une altération des facultés cognitives et de la conscience dans certains cas ;
  • Le développement d’une carence en lactase et d’une achlorhydrie ;
  • Des diarrhées assez fréquentes pouvant être aggravées par un déficit en disaccharidases ;
  • Une atrophie des tissus gonadiques ;
  • Une aménorrhée chez la femme et une baisse de la libido au niveau des deux sexes.

La fonte musculaire et graisseuse se retrouve dans toutes les formes de malnutrition calorique. Chez les adultes ayant jeûné volontairement pendant 30 à 40 jours, on note une perte de poids estimée à 25 % du poids initial. Cette perte peut atteindre 50 %, si le jeûne dure encore plus longtemps.

La cachexie est assez évidente chez l’adulte, au niveau des sites où des dépôts adipeux sont normalement localisés. Les muscles sont atrophiés et les os, saillants. La peau devient pâle, fine, froide, sèche et perd en élasticité. Les risques de fracture à la hanche et d’escarres sur les points de pression s’élèvent chez les patients âgés.

Lors d’une malnutrition chronique sévère ou aiguë, les mouvements et la taille du cœur diminuent. On peut noter une décroissance de la pression artérielle ainsi qu’un ralentissement du pouls. La fréquence de respiration et la température corporelle sont réduites. Il peut également y avoir un développement d’ictère, d’œdème, d’anémie et de pétéchies.

Comment s’effectue le diagnostic de la malnutrition calorique ?

En cas d’insuffisance d’apports nutritionnels, le diagnostic de la malnutrition calorique peut se baser sur les antécédents alimentaires du patient (anamnèse). Un examen clinique est souvent réalisé pour confirmer le diagnostic. Il doit inclure la mesure du poids et de la taille, l’évaluation anthropométrique de la masse maigre et le contrôle de la répartition des graisses du corps.

La sévérité de la malnutrition est évaluée grâce au calcul de l’indice de masse corporelle (IMC). Elle peut être aussi déterminée, en évaluant l’albumine sérique, la réponse aux antigènes cutanés, la quantité totale de lymphocytes et de lymphocytes CD4+T.

Si l’anamnèse ne fait pas clairement ressortir les insuffisances d’apports caloriques, des examens biologiques vont s’avérer nécessaires. Ces derniers permettent en effet, l’identification des causes d’une malnutrition calorique dont le caractère secondaire est suspecté. Quand la cause de la malnutrition n’est pas certaine, un dosage du récepteur soluble de l’interleukine-2 ou de la protéine C réactive doit être réalisé.

Ces différentes mesures peuvent permettre la détection d’un excès de cytokines. Il est également possible de mettre en œuvre des tests thyroïdiens fonctionnels.

Il existe en outre, d’autres examens de laboratoire pouvant aider au décèlement de troubles associés nécessitant un traitement. L’urée sérique, l’ionogramme, la glycémie et parfois les taux de phosphate, calcium, magnésium et sodium sériques doivent faire l’objet d’une mesure. Habituellement, la glycémie, le magnésium, le calcium, le phosphate ainsi que les électrolytes sériques sont bas.

Outre les cas d’insuffisance rénale, l’urée sérique est d’habitude basse. Un test à la tuberculine, des ECBU, un RX thorax et des hémocultures sont parfois nécessaires dans le diagnostic d’infections occultes. Les personnes atteintes étant extrêmement sensibles à ces infections.

Prévention et traitement de la malnutrition calorique

Généralement, les moyens de prévention les plus importants contre la malnutrition calorique, consistent à limiter la pauvreté et fournir de meilleures informations nutritionnelles. Les mesures de santé publique doivent également être améliorées.

En ce qui concerne le traitement, les cas de malnutrition calorique modérée ou légère, peuvent être traités au moyen d’un régime alimentaire équilibré par voie orale. En cas de non-ingestion correcte des aliments solides, des compléments d’aliments liquides oraux (d’habitude sans lactose) sont administrés. L’alimentation par voie orale peut souvent être perturbée par la diarrhée.

En effet, le déficit d’apport énergétique augmente les risques de transfert de bactéries dans les plaques de Peyer par le tube digestif. Cela favorise ainsi une diarrhée infectieuse. La persistance de diarrhée (évocatrice d’une intolérance au lactose), nécessite l’administration de préparations à base de yaourt, au détriment de celles de lait. Le patient doit aussi recevoir en complément, des produits alimentaires multivitaminés.

Pour les cas de malnutrition calorique sévère, une hospitalisation ainsi qu’un régime alimentaire contrôlé sont nécessaires. L’une des plus grandes priorités réside dans le traitement des infections, et la correction des troubles hydro-électrolytiques.

De récentes études suggèrent qu’une prophylaxie antibiotique pourrait aider les enfants dans leur lutte contre la malnutrition. L’autre priorité est d’administrer des macronutriments par voie orale ou, en cas de difficulté de déglutition, via une sonde nasogastrique, un tube ou un bouton gastronomique. En cas de malabsorption sévère, une nutrition parentérale serait indiquée.

D’autres traitements peuvent s’avérer nécessaires, pour la correction des déficits spécifiques pouvant survenir au moment de la reprise de poids. Il est important, pour éviter ces déficits, que les patients reçoivent les macronutriments à des doses excédant deux fois celles de l’apport journalier requis.

Des complications peuvent avoir lieu lors du traitement de la malnutrition calorique. Elles peuvent comprendre :

  • Une hyperglycémie ;
  • Un apport liquidien excessif ;
  • Des troubles cardiaques ;
  • Des carences électrolytiques.

On note aussi la diarrhée parmi ces complications. Cette dernière est généralement modérée. Cependant, la diarrhée en cas de malnutrition calorique sévère, peut provoquer une forte déshydratation, et même conduire au décès. Il est donc important de traiter les causes de cette maladie très vite.