L’onchocercose est une pathologie parasitaire endémique dans plusieurs pays du monde. Elle est provoquée par un ver, l’onchocerca Volvulus, qui lui-même est transmis par la piqûre d’une mouche noire infectée appelée simulie. Elle est à la base d’intenses démangeaisons, de gonflements des ganglions et de nombreux autres symptômes. À elle seule, l’onchocercose se décline non seulement en une maladie cutanée, mais peut provoquer des troubles de la vision. Ces différentes caractéristiques facilitent son diagnostic, qui ne nécessite plus de très longs examens. Le traitement de cette affection est relativement simple, par rapport à ceux des autres maladies infectieuses connues. Plusieurs molécules sont disponibles aujourd’hui pour en venir à bout. Cependant, c’est une maladie qu’il vaut mieux éviter, en appliquant certaines règles strictes.
Sommaire de l'article
Qu’est-ce que c’est l’onchocercose ?
L’onchocercose est une maladie infectieuse qui touche principalement les yeux et la peau.
Cette maladie est encore appelée « Cécité des rivières » parce que le Simulie, la mouche noire qui la transmet à l’homme se reproduit dans des cours d’eau agités. Ce nom est aussi dû au fait que, l’affection accroît le risque de développer une cécité, chez les personnes vivant dans les environs.
Dans le monde, on dénombre environ 18 millions de personnes atteintes par cette pathologie. Parmi elles, 270 000 personnes sont déjà aveugles et 750 000 souffrent de troubles visuels. En effet, elle représente la deuxième cause de cécité infectieuse sur la planète.
La femelle infectée du Simulie qui est responsable de cette maladie, la transmet à l’homme à travers un ver. Une fois dans le corps, ce ver, l’onchocerca volvulus se reproduit pour donner naissance à des milliers de vers microfilaires, qui se répandent dans tout l’organisme. Ces microfilaires se déplacent sous la peau, laissant au passage plusieurs dommages à celle-ci, couplés d’un trouble de vision voire une cécité.
Le cycle parasitaire de l’onchocercose
Le cycle évolutif de cette pathologie concerne deux hôtes :
- L’homme en tant qu’hôte définitif ;
- La simulie en tant qu’hôte intermédiaire et vecteur.
Le contact de l’infestation se produit par la piqûre de l’homme par la simulie, un insecte de l’espèce Simulium damnosum.
Le ver Onchocerca volvulus commence son cycle lorsqu’une simulie femelle est infestée par des parasites, pendant un repas de sang. Lors de ce repas, sa salive contenant des larves d’onchocerca volvulus au stade trois, les transmet au sang de l’hôte. Une fois dans le sang, ces larves évoluent vers le tissu sous-cutané pour former des nodules. Là, elles se développent et deviennent matures en une période de 6 à 12 mois.
Après cette période de maturation, les vers mâles adultes s’accouplent aux femelles de grande taille pour produire entre 1000 et 3000 œufs par jour. Notons que la durée de vie normale d’un ver adulte est de 15 ans environ. Les œufs libérés de cette façon prennent encore un temps de maturation pour devenir des microfilaires, que la femelle libère un à un. Ces derniers vont se loger dans les kystes du tissu sous-cutané.
Les microfilaires continuent leur développement pour arriver à maturité totale après une période d’une à trois semaines : c’est le stade trois larvaire. Ce n’est qu’après la fin de ce cycle parasitaire que l’onchocerca Volvulus est transmis au seul hôte définitif : l’homme. Il est important de notifier que ces microfilaires peuvent vivre jusqu’à 1 ou 2 ans.
Quelles sont les causes de l’onchocercose ?
La cause de l’onchocercose est bien connue. Elle est provoquée par l’onchocerca, qui est transmis par la piqûre d’une mouche noire appelée simulie. Lors d’une piqûre, elle transmet des milliers de larves microfilaires qui se déplacent sous la peau et à travers les tissus des yeux du sujet humain. Et ce sont ces larves qui provoquent la maladie.
Le monde connaît deux foyers principaux pour l’onchocerca. Il s’agit de l’Afrique Centrale et de l’Amérique centrale. En général, l’infection se développe pour occasionner les symptômes après plusieurs piqûres. C’est pourquoi, très peu de personnes ayant effectué un court séjour dans les pays où cette maladie sévit développent cette maladie. Néanmoins, les personnes atteintes présentent des symptômes visibles et facilement reconnaissables.
Quels sont les symptômes de l’onchocercose ?
L’onchocercose est une pathologie parasitaire qui attaque sur plusieurs fronts. Voici les symptômes que les patients présentent relativement à chaque zone ciblée.
Les Nodules
Les nodules situés sous la peau ou plus profondément (les onchocercomes), contiennent les vers adultes. Normalement, ils restent visibles, mais asymptomatiques. Il peut cependant arriver qu’ils contiennent des cellules inflammatoires et des tissus fibreux en quantité variée. Dans tous les cas, ils finissent par se calcifier ou se nécroser. À cette étape, le patient affiche les signes comme :
- Une hypertrophie des ganglions inguinaux ;
- Une hypertrophie des ganglions fémoraux ;
- Une hypertrophie des autres ganglions lymphatiques ;
- Un gonflement local des organes génitaux ;
- Possibilité de développer des hernies inguinales.
L’onchocercose comme une dermatite
Les symptômes cutanés sont dus au stade microfilaire de l’onchocerca volvulus. Lorsque l’infection n’est pas grave, un prurit intense peut être le seul signe visible.
Les lésions cutanées que provoque l’onchocercose sont généralement des éruptions maculopapuleuses, accompagnées de signes comme :
- Des excoriations secondaires ;
- Une lichénification ;
- Des ulcérations papuleuses ;
- Une lymphadénopathie.
L’onchocercose peut être responsable d’autres symptômes comme :
- Les rides prématurées ;
- Une hypopigmentation inégale ;
- Une atrophie cutanée ;
- Une perte de l’élasticité de la peau.
- D’intenses démangeaisons ;
- L’épaississement de la peau, qui devient rugueuse ;
- Les douleurs sur la peau, en cas d’exposition au soleil.
Dans les cas les plus graves, les patients développent des plis de peau atrophique, vers la partie basse de l’abdomen et au niveau supérieur médial des cuisses.
La dermatite de l’onchocercose recouvre généralement tout le corps des patients. Toutefois, il arrive qu’elle soit localisée. Elle apparaît comme une dermatite eczémateuse. Elle s’accompagne de desquamation, de dépigmentation et d’hyperkératose. On retrouve plus cette forme au Soudan et au Yémen.
Lorsque ce mal n’est pas traité, il peut provoquer des lésions inesthétiques sur la peau, plusieurs années plus tard. Ces lésions sont appelées « peau de lésion ».
L’onchocercose comme une maladie des yeux
La manifestation de l’onchocercose au niveau des yeux, varie entre quelques troubles de vision et l’aveuglement total. Néanmoins, les lésions au niveau de la partie antérieure de l’œil présentent :
- Une kératite ponctuée : en flocons de neige et un infiltrat inflammatoire aigu ;
- Une kératite sclérosante : elle peut provoquer une subluxation du cristallin et un aveuglément total ;
- Un iridocyclite ou une uvéite antérieure : capable de déformer la pupille.
- Une névrite optique ;
- Les douleurs : en cas d’exposition à la lumière vive.
- Une chloriorétinite ;
- Inflammation des yeux qui deviennent rouges ;
- Une atrophie optique.
En absence du traitement, la cornée peut devenir opaque et laisser des cicatrices. Le mal peut également atteindre d’autres parties de l’œil comme la rétine, la pupille, l’iris, etc. Le nerf optique peut aussi être sujet d’inflammation, ce qui provoquera la dégénérescence.
Comment diagnostiquer l’onchocercose ?
Le diagnostic de l’onchocercose est relativement simple. Le grand nombre et la spécificité des symptômes attirent facilement l’attention des professionnels de la santé. Le médecin interroge donc le patient sur ses diverses activités pour savoir s’il a pu être exposé à une ou plusieurs piqûres de simulie.
Pour confirmer ses soupçons, le médecin peut étudier les biopsies de peau. Il peut aussi examiner la fente de l’œil à la lampe. Les conclusions de ces deux analyses réunies permettront de déceler aisément un cas d’onchocercose.
Comment traite-t-on l’onchocercose ?
Le meilleur traitement connu aujourd’hui est celui qui utilise l’Ivermectine. Il est connu pour diminuer la production des microfilaires en amont. En aval, il permet de réduire considérablement le nombre de microfilaires sous la peau et dans les yeux. Il faut avouer que ce médicament ne tue pas les femelles adultes. Cependant, à partir d’une certaine dose, il est capable de réduire leur niveau de fertilité. Il réduit les démangeaisons et freine l’évolution vers l’aveuglement total.
En parlant de dose, ce médicament se prend suivant une périodicité de 6 à 12 mois. Il s’agit d’une prise dont la dose est calculée de 150 µg/kg. La durée optimale pour le traitement n’est toujours pas définie. Généralement, il se poursuit durant toute la durée de vie des vers femelles, qui peut s’étendre de 10 à 14 ans. Certains l’arrêtent après un certain nombre d’années, dès que le prurit disparaît. Mais il faut vérifier que les microfilaires ont complètement disparu lors d’une biopsie de la peau ou après un examen des yeux.
Il peut arriver que le traitement à l’Ivermectine provoque certains effets indésirables. Qualitativement, ces effets ressemblent à ceux que provoque la diéthylcarbamazine. Quantitativement, ils sont moins graves et moins fréquents et régressent au fur et à mesure de la prise. Les spécialistes évitent d’utiliser la diéthylcarbamazine à cause des effets secondaires dont elle est responsable. En effet, elle provoque une réaction d’hypersensibilité sévère face aux antigènes filariens libérés. Plus tard, ces derniers peuvent nuire à la peau et aux yeux, en provoquant un collapsus cardiovasculaire.
Toutefois, il convient de prêter attention à un détail. Avant de commencer un traitement à l’Ivermectine, il faudra faire des examens pour dénicher une potentielle infection par Loa Loa. En effet, l’Ivermectine peut entraîner de graves réactions, lorsque le patient est co-infecté par le Loa loa.
D’un autre côté, la doxycycline peut aussi être utilisée dans le cadre du traitement contre l’onchocercose. En effet, elle est capable d’éliminer les bactéries endosymbiotes Wolbachia, qui participent à l’embryogenèse de l’onchocerca volvulus et à sa survie. Ainsi, cette molécule réduit l’effectif des vers femelles adultes de plus de 60 %. Elle stérilise ou réduit tout au moins la fertilité de celles qui survivent à son action. Cependant, elle n’arrive pas à éliminer les microfilaires.
C’est pourquoi le meilleur protocole de traitement contre l’onchocercose préconise une dose de 150 µg/kg d’Ivermectine, accompagnée une semaine plus tard, par une dose de doxycycline. Il s’agira de 100 mg de doxycycline à prendre 1 ou 2 fois par jour par voie orale, sur une durée de 6 semaines.
Aussi, l’exérèse chirurgicale des onchocercomes accessibles pourrait permettre de réduire l’effectif des microfilaires sous la peau. Mais, on la substitue par le traitement à l’Ivermectine.
Comment prévenir l’onchocercose ?
Jusqu’ici, aucun médicament ni aucun vaccin ne s’est montré efficace pour se prémunir de l’infection à l’onchocerca volvulus. La prévention de l’Onchocercose consiste donc à éviter le plus possible les piqûres de simulie. C’est pourquoi, il faut :
- Éviter les endroits fréquentés par les mouches ;
- Porter des vêtements de protection ;
- User de produits anti-insectes ou même des insecticides respectueux de l’environnement.
D’un autre côté, des organismes internationaux ont entrepris des pulvérisations aériennes d’insecticides sur les endroits connus, susceptibles d’être infestés par les simulies. Cette méthode a permis d’éradiquer l’onchocercose de l’Afrique de l’Ouest.