Le phosphène est un trouble de la vision. Caractérisé par l’apparition soudaine d’une lumière ou l’irruption de taches lumineuses dans le champ visuel, il n’est pas toujours pathologique. Que faut-il donc savoir à propos de ce trouble visuel ?
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Phosphène : quelles en sont les manifestations ?
Le phosphène n’a pas de nombreux symptômes particuliers, car il est lui-même un symptôme. Cela dit, certaines manifestations peuvent vous conduire à soupçonner ce trouble de la vision. Généralement, le phosphène est décrit comme une petite lumière.
Cette dernière peut être semblable à un flash, une tache lumineuse (parfois multicolore), un éclair ou une étincelle. Ce phénomène visuel peut être perceptible les yeux fermés ou les yeux ouverts. Dans tous les cas, le phosphène dérange la vision de la personne qui y est sujette.
Généralement, le phosphène n’est pas permanent. C’est-à-dire qu’il disparaît au bout de quelques secondes ou minutes. Il peut survenir dans de nombreuses situations et peut être lié à des causes multiples.
Quelles sont les causes du phosphène ?
Les causes du phosphène se subdivisent en deux groupes. Le premier est celui des origines non pathologiques. En effet, le phosphène n’évoque pas nécessaire une maladie. Il est dans ce cas une simple manifestation de la persistance rétinienne.
La persistance rétienne apparaît de façon naturelle lorsque vous fixez une source lumineuse durant un certain temps. Cette source lumineuse est d’ailleurs souvent gênante. Il peut s’agir du soleil, d’une lampe, des phares d’un véhicule, etc.
Cette observation prolongée provoque un éblouissement majoritairement anodin. C’est ce dernier qui est à l’origine du phosphène qui se manifeste souvent par des taches lumineuses dont la ou les couleurs peuvent varier d’une seconde à l’autre.
Par exemple, lors d’une mission, les cosmonautes sont souvent sujets à ce trouble visuel à cause de l’effet Tcherenkov. Dans l’espace, les particules du vent solaire traversent l’humeur aqueuse de l’œil, sont perçues par l’œil et engendrent un phénomène pouvant être assimilé à un phosphène.
Il se peut également que des vertiges orthostatiques soient accompagnés de phosphènes. Ces vertiges surviennent lorsqu’un individu se lève trop rapidement d’une position assise ou couchée. Ils ne sont pas forcément pathologiques.
Le second groupe est constitué des causes pathologiques. Ces dernières sont généralement d’origine neurologique ou ophtalmique.
La migraine
Le phosphène peut être observé en cas de crise de migraine ophtalmique. Avec le scotome, la quadranopsie ou l’hémianopsie, ce trouble visuel peut survenir en amont d’une migraine. Précédant généralement l’apparition de la douleur, il a tendance à disparaître dès son installation. Dans ce cas, il est qualifié d’aura visuelle.
Durant la migraine, le patient est soumis à des céphalées (maux de tête) pulsatiles et parfois térébrantes. Elles peuvent être unilatérales (localisées à un seul côté de la tête). Elles s’associent souvent à une photophobie (sensibilité exagérée à la lumière, voire intolérance).
La migraine peut également se manifester par une phonophobie (peur psychologique de certains sons). Cette dernière s’accompagne souvent d’une sensation digestive désagréable, voire de nausées ou des vomissements. Il arrive même que les vomissements soulagent la douleur.
Le décollement du vitré
Le corps vitré est une substance gélatineuse attachée à la rétine et remplissant la partie postérieure de l’œil derrière le cristallin. Le phosphène peut signer une traction du corps vitré sur la rétine. Cette traction peut être favorisée par la myopie ou le vieillissement oculaire.
Dans le décollement du vitré, le phosphène se manifeste par des corps flottants sous forme d’éléments fibrillaires faisant penser à des points noirs, des virgules ou des mouches volantes qui se déplacent avec le regard. Ils sont plus nombreux et plus importants chez les personnes myopes, car leur corps vitré est moins homogène.
Il est important de consulter au plus vite un ophtalmologue dans une telle situation. Son examen lui permettra de différencier un décollement postérieur du vitré isolé et une déchirure ou un décollement de la rétine. Le premier est bénin tandis que les deux derniers s’avèrent plus graves.
Si lors de l’examen le médecin détecte des lésions de rétine périphériques (trous ou déchirures de rétine), un traitement de photo coagulation par laser à l’Argon peut être proposé par le médecin. Les patients font généralement cas d’une diminution, voire d’une disparition des corps flottants.
En France, les médecins n’interviennent généralement pas sur ces corps flottants en raison des risques de décollement de rétine ou de complications. Toutefois, certains pays utilisent le laser Yag ou même une vitrectomie pour faire disparaître ces corps flottants. Il peut également être conseillé de boire suffisamment d’eau pour limiter la déshydratation du vitré.
Le déchirement de la rétine
Il s’agit d’une complication du décollement du vitré. D’où la nécessité de détecter ce dernier tôt. Du fait de la traction exercée par le vitré sur la rétine, une déchirure peut survenir. Si cette dernière n’est pas prise en charge, elle peut finir par entraîner un décollement de la rétine avec une perte irréversible de la vision.
On comprend donc aisément qu’en cas d’apparition des manifestations de phosphène, il est préférable de consulter au plus vite un médecin. Cela permet d’éviter le pire s’il s’agit d’une cause pathologique. Les phosphènes du déchirement de la rétine sont généralement nombreux, petits, diffus, peu brillants, blancs et unilatéraux (localisés au niveau d’un seul côté).
Les traumatismes
Il est possible qu’un traumatisme soit à l’origine d’un phosphène. Il peut être question d’un traumatisme oculaire, d’un traumatisme crânien ou d’un traumatisme cervical. Dans le cas du traumatisme du globe oculaire, le patient peut voir apparaître des éclairs ou des taches lumineuses devant les yeux.
Ce traumatisme peut être à l’origine de tractions du corps vitré sur la rétine. Cela peut entraîner des déchirures. Le traumatisme oculaire est donc également une urgence. Même en absence de signes, il est préférable de consulter un médecin.
La myopie sévère et la phantosmie
La myopie est un trouble visuel rendant flous les objets éloignés. Lorsqu’elle est sévère, elle peut être à l’origine de phosphènes. Quant à la phantosmie, elle se définit comme une hallucination associée souvent associée à des troubles psychologiques, à l’épilepsie, à la maladie de Parkinson, au neuroblastome ainsi qu’à des crises de céphalées à répétition.
Phosphène : comment le diagnostiquer ?
Deux diagnostics sont à prendre en compte en cas de phosphène. Il s’agit du diagnostic différentiel et du diagnostic étiologique. Le premier permet d’éliminer tous les phénomènes semblables au phosphène sans en être. En effet, les manifestations du phosphène sont similaires à celles d’autres troubles visuels.
Le second diagnostic (étiologique) est celui qui permet d’identifier l’origine du phosphène. C’est lui qui permet au médecin de mettre un nom sur la cause du trouble visuel et de proposer des traitements adaptés au patient. Il est donc très important et lorsqu’il est mal fait, les déconvenues pouvant en découler risquent d’être graves.
Diagnostic différentiel
Deux principaux troubles lumineux peuvent être confondus avec le phosphène. Il s’agit dans un premier temps des photopsies. Ce sont des points lumineux peu intenses, brillants et mobiles. Même s’ils signent parfois un décollement du vitré ou une migraine oculaire, ce ne sont pas des phosphènes. Les photopsies sont souvent liées au vertige paralysant ou maladie de Gerlier.
Le second trouble est connu sous le nom de scotome scintillant. Ce dernier se manifeste généralement par l’apparition de lignes brisées lumineuses, entourant une tache sombre ou une frange lumineuse en zigzag et mobile.
Le scotome scintillant peut évoquer une migraine ophtalmique, une DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), une inflammation du nerf optique, un glaucome, une rétinopathie hypertensive (hypertension à l’intérieur du globe oculaire), des maladies chroniques comme le diabète ou une tumeur cérébrale ou optique. Vu la divergence des causes liées à chaque phénomène visuel, la justesse du diagnostic différentiel est très importante.
Diagnostic étiologique
Pour déterminer la cause d’un phosphène, un bilan complet de l’œil peut être demandé par le médecin. Mais généralement, le fond d’œil est un examen crucial de ce bilan. Le médecin peut par ailleurs se baser sur les signes associés au phosphène pour orienter son diagnostic. Il est donc important de ne négliger aucune information, y compris celles qui paraissent inutiles.
Il faut savoir que le décollement postérieur du vitré est la première pathologie à envisager en cas de phosphène. Si cette cause est écartée, on doit alors envisager une déchirure ou un décollement de la rétine.
Il est essentiel d’éliminer ou de confirmer ces pathologies à cause de leur gravité. Aussi, la rapidité de la prise en charge détermine leur évolution. Ce n’est qu’après leur élimination qu’on peut penser à des causes non ophtalmiques telles que la migraine avec aura (migraine ophtalmique).
Phosphène : quel traitement y opposer ?
Le traitement du phosphène repose généralement sur le traitement étiologique (traitement de sa cause). Il se peut que certains produits supplémentaires soient prescrits pour atténuer la gêne. Cependant, tant que l’étiologie n’est pas identifiée et traitée, le trouble visuel demeure.
Dans certains cas, il arrive que des séquelles demeurent après le traitement. Par exemple, le déchirement de la rétine peut entraîner une perte partielle de la vision. Cette dernière peut même persister souvent après le traitement. Pour éviter un tel désagrément, il faut consulter un spécialiste le plus tôt possible. Voilà ! Vous savez désormais l’essentiel sur le phosphène.