Le terme « pied creux » décrit une malformation anatomique caractérisée par une courbure excessive de la voûte plantaire. Les individus atteints de cette anomalie sont sujets à des douleurs, des torsions ou à une instabilité lors de la marche. En absence de traitement adéquat ou de correction chirurgicale, cette condition peut altérer de façon permanente la posture ou la démarche de l’individu atteint. Quelles sont les causes d’un pied creux ? Comment en reconnaître un et le traiter ?
Sommaire de l'article
Rappel anatomique sur le pied
Le pied est une structure complexe composée de nombreux os, muscles et ligaments. D’un point de vue anatomique, il est divisé en trois zones à savoir :
- La racine du pied ou tarse ;
- Le métatarse, et
- Les orteils.
Le pied est l’un des organes de soutien les plus importants de l’organisme humain. Il porte le poids corporel quand on est debout et favorise autant la marche que la course. Au cours de la marche, un mouvement ne se produit que dans les deux articulations de la cheville et de l’orteil. Les autres articulations (dans la région de la racine du pied et du milieu du pied) sont fermement fixées par leurs connexions ligamentaires.
À la puberté, le pied développe sa forme finale avec une voûte plantaire servant notamment à absorber la charge pondérale. Lors de la marche, la pression agissant par le haut est répartie d’une part sur les métatarsiens et l’os du talon (le calcanéum) et d’autre part sur le milieu du pied. Ici, la voûte agit activement à travers ses nombreux muscles et tendons.
Lorsqu’on est debout pendant une longue période, la pression sur la semelle réduit la distance entre l’os du talon et la tête des os métatarsiens grâce à une tension musculaire permanente. Cela explique pourquoi rester debout pendant une longue période est plus pénible que de courir. En effet, lors de la course, les muscles sont tendus et détendus à nouveau en alternance constante.
Les fractures du pied sont fréquentes chez l’enfant comme chez la personne adulte. Cependant, le pied peut être sujet à des malformations qui entravent la posture ou les mouvements. C’est le cas avec le pied creux, qui est l’une de ces malformations.
Qu’est-ce que le pied creux ?
D’origine congénitale ou acquise, le pied creux peut être considéré comme la condition opposée aux pieds plats. Il s’agit d’une malformation anatomique qui décrit une accentuation ou une incurvation excessive de la voûte plantaire. En conséquence, la zone médiale du pied a tendance à se détacher du sol, ce qui diminue considérablement la surface de support et empêche une répartition correcte du poids. Cette situation prédispose à la surcharge du talon et de la tête métatarsienne.
Le pied creux peut être bilatéral ou unilatéral, c’est-à-dire qu’il est possible qu’un des pieds présente la malformation et l’autre non. Souvent, les individus atteints de l’anomalie ont tendance à marcher en plaçant la majeure partie du poids vers le talon et les orteils. Cela est dû au fait que le poids corporel, au lieu de peser sur trois parties (talon, voûte plantaire, orteils), est redistribué uniquement sur les zones qui reposent sur le sol (talon, orteils).
En absence de traitement adéquat ou de correction chirurgicale, le pied creux peut altérer de façon permanente la posture ou la démarche de la personne qui en souffre. C’est pourquoi il est important dès la constatation des premiers signes de consulter un médecin en vue d’une prise en charge rapide.
Quelles sont les causes des pieds creux ?
Un pied creux peut être d’origine congénitale ou acquise. Dans le premier cas, la pathologie est transmise par l’un des parents comme une caractéristique somatique à sa progéniture. Parfois, des traumatismes aux pieds ou aux chevilles ou une faiblesse des muscles du pied peuvent conduire à cette déformation. Cela se remarque surtout chez les personnes qui portent régulièrement des chaussures à talons hauts. Les ligaments et les tendons de ces derniers raccourcissent avec le temps, ce qui détermine en conséquence un début d’apparition de pied creux.
Certaines pathologies neurologiques progressives, telles que :
- Le syndrome de Charcot-Marie-Tooth ;
- L’ataxie de Friedreich ;
- La neuropathie autonome ou la dystrophie musculaire peuvent favoriser la survenue de la malformation.
Également, un pied creux peut se révéler des suites d’une pathologie neurologique statique, telles que la paralysie cérébrale ou un accident vasculaire cérébral. Dans le cas d’une formation de pied creux dite idiopathique, il n’y a pas de processus pathologique assimilable et donc pas de cause claire.
Pieds creux : quels sont les symptômes ?
La présence du pied creux peut être asymptomatique (donc sans aucune perturbation) ou symptomatique. Lorsque le pied creux est symptomatique, les symptômes peuvent consister en :
- Des douleurs ou un inconfort dans les pieds, en particulier dans les côtés ou dans la région métatarsienne ;
- Des douleurs à la cheville ;
- Une instabilité des chevilles qui prédispose à des distorsions répétées ;
- Une sensation de raideur et/ou d’insensibilité aux pieds ou aux chevilles ;
- Une difficulté à rester debout pendant de nombreuses heures d’affilée, à marcher sur de longues distances ou à courir, à cause de l’intensité de la douleur ;
- La présence de pied de marteau ;
- L’apparition de callosités dans certaines zones spécifiques des pieds, telles que le talon, les bords extérieurs ou la zone métatarsienne.
À noter que certains symptômes sont typiques, mais non exclusifs d’un pied creux.
Quelles sont les complications du pied creux ?
Dans certaines circonstances malheureuses, le pied creux peut entraîner des complications.
Les plus courantes sont :
- La tendinite péronière.
- Les problèmes de tendon d’Achille (par exemple une rupture).
- La fasciite plantaire et le syndrome dit de conflit de la cheville.
Il est également important de se rappeler que les maladies neurologiques progressives sont souvent responsables d’une aggravation croissante du pied creux. Ces dernières peuvent également déterminer l’apparition d’une sensation douloureuse particulière, connue sous le nom de douleur neuropathique.
Diagnostic du pied creux
Pour un diagnostic de pied creux, il faut le plus souvent un examen physique et une anamnèse. En général, l’utilisation de tests de diagnostic supplémentaires et plus approfondis se fait dans deux cas de figure à savoir :
- Lorsque les médecins soupçonnent que le pied creux est dû à une pathologie neurologique ;
- Lorsque l’image symptomatique est très grave.
Il est important de savoir qu’un diagnostic précis du pied creux et de ses causes est essentiel, pour pouvoir planifier le traitement le plus approprié.
L’examen physique et l’anamnèse
L’examen physique est l’ensemble des manœuvres de diagnostic, effectuées par le médecin, pour vérifier la présence ou l’absence, chez le patient, de signes indiquant un état anormal du pied. Il s’agit du premier geste effectué par le clinicien pour confirmer la présence d’une éventuelle difformité au pied. En présence d’une affection présumée du pied creux, le podiatre, ou l’orthopédiste observe les pieds du patient de l’avant, de l’arrière et pendant une promenade.
La confirmation de son diagnostic sera aidée d’une anamnèse. Il s’agit d’une étude critique des symptômes et des faits d’intérêt médical, rapportés par le patient ou les membres de sa famille. L’anamnèse est particulièrement importante si le patient est un enfant.
Les tests de diagnostic supplémentaires
Il s’agit principalement de la radiographie, de la résonnance magnétique nucléaire et de l’électromyographie.
La radiographie
Pour le diagnostic, la radiographie avec rayon X est utilisée, afin d’identifier l’anatomie squelettique précise des pieds et l’état de santé de ceux-ci. Les rayons X aux pieds produisent des images sur la « plaque » radiographique des os et des articulations, présents dans cette partie du corps. La radiologie est très utile pour détecter d’éventuelles anomalies du squelette chez un individu.
La résonnance magnétique nucléaire
Grâce à l’exécution d’une résonance magnétique nucléaire du cerveau et de la moelle épinière, les médecins étudient la présence de pathologies ou de troubles neurologiques. La résonance magnétique nucléaire fournit des images détaillées des tissus mous et des tissus durs, présent dans le squelette. En plus d’être indolore, cette méthode de diagnostic est aussi non invasive. En effet, les champs magnétiques, qui sont utilisés pour créer des images, sont complètement exempts de danger, pour la santé de l’être humain.
L’électromyographie
L’électromyographie est une procédure visant à évaluer l’état de santé des muscles et des cellules nerveuses qui contrôlent ces dernières, c’est-à-dire les motoneurones. L’utilisation d’un tel examen est indiquée, lorsqu’à l’origine du pied creux le médecin suspecte une pathologie ou un trouble neurologique, affectant les muscles. Il s’agit d’une procédure à faible risque et avec des effets indésirables réduits.
Cependant, l’électromyographie est contre-indiquée pour les personnes munies d’un stimulateur cardiaque ou d’un défibrillateur cardiaque implantable. Ce test de diagnostic est également inconvenant, pour ceux qui souffrent de lymphœdème ou d’hémophilie.
Traitement du pied creux
Le traitement du pied creux dépend essentiellement de trois facteurs.
- Les causes : dans certaines circonstances, le traitement des causes ou maladies sous-jacentes est essentiel pour éviter une aggravation du pied creux.
- La gravité des symptômes : Plus les symptômes sont graves, plus la probabilité de devoir recourir à un traitement invasif est grande.
- La vitesse d’apparition du pied creux : Si le pied creux est apparu soudainement, c’est une source de préoccupation et cela nécessite plus d’attention d’un point de vue thérapeutique.
Selon ces différents facteurs, les médecins traitants peuvent opter pour un traitement non chirurgical (ou conservateur) ou pour un traitement chirurgical.
La thérapie non chirurgicale (ou conservatrice)
La thérapie non chirurgicale (ou conservatrice) inclut tout remède utilisé pour soulager les symptômes associés au pied creux. Elle utilise plusieurs moyens de traitement.
- L’utilisation d’orthèses ou de contremarches (à insérer dans les chaussures) : modelées sur le pied du patient, les orthèses et les contremarches assurent un meilleur contact avec le sol et une meilleure répartition du poids corporel sur les pieds. Le patient acquiert aussi une plus grande stabilité de l’articulation de la cheville. Tout cela devrait réduire la douleur et le risque d’entorses.
- La mise en place d’exercices d’étirement et de renforcement pour tous les muscles de la jambe qui se réfèrent au tendon d’Achille.
- L’utilisation de chaussures adaptées à l’état du pied creux. Ces chaussures assurent une meilleure répartition du poids corporel sur les pieds, de sorte que la douleur est réduite.
- L’administration de médicaments contre la douleur.
- La mise en place d’exercices de physiothérapie pour l’amélioration des techniques de marche et de course.
- Une période d’arrêt de toutes les activités qui favorisent l’apparition de douleurs (par exemple : course à pied, longues marches, etc.). Alternativement, les médecins recommandent de faire de la nage.
À noter que la thérapie non chirurgicale ne permet pas de redresser l’arc plantaire incurvé. Elle permet juste de calmer les douleurs ressenties par le patient.
La thérapie chirurgicale
Les médecins envisagent une intervention chirurgicale pour le pied creux lorsque le traitement conservateur s’est avéré inefficace ou n’a pas fourni les résultats souhaités et que la symptomatologie est très intense. En général, les objectifs de la chirurgie sont de corriger autant que possible la déformation, soulager la sensation douloureuse, préserver la cheville des entorses (supplémentaires) et améliorer le soutien au sol des pieds. Il existe trois types de chirurgie dans le cas de la correction d’un pied creux.
- Les opérations réservées aux tissus mous : celles-ci comprennent des procédures telles que l’allongement chirurgical du tendon d’Achille, la distension chirurgicale du fascia plantaire et les transferts tendineux.
- Les opérations d’ostéotomie : elles consistent en l’ablation des parties osseuses, afin de réduire la déformation. Les os sur lesquels le chirurgien peut agir sont, par exemple, les métatarsiens ou le calcanéum ;
- L’opération de l’arthrodèse : pour la stabilisation articulaire. Elle est très utile pour les patients qui souffrent d’entorses répétées de la cheville.
Le choix du type de chirurgie dépend, bien sûr, du chirurgien traitant ainsi que de la nature de la déformation. S’il existe une pathologie neurologique progressive à l’origine du problème, une seule chirurgie du pied creux peut ne pas suffire.
Quand contacter un médecin ?
Une personne ayant le pied creux devrait communiquer avec son médecin lorsqu’elle remarque l’un ou l’autre des symptômes susmentionnés. À noter que les personnes les mieux indiquées pour traiter une telle difformité sont le podiatre et l’orthopédiste. L’un est spécialiste des maladies du pied. L’autre par contre est spécialisé dans le diagnostic, le traitement et la prévention des pathologies des muscles, des os, des tendons, des ligaments et des nerfs.