Les selles constituent le moyen d’évacuation par excellence des déchets solides de l’organisme. Par leur forme, leur composition, leur texture et leur couleur, elles peuvent renseigner sur votre état de santé. De ce fait, un changement d’aspect peut être une grande source d’inquiétudes. Vos selles comportent-elles des matières graisseuses non digérées ? Si oui, alors vous êtes probablement atteint de stéatorrhée. Que faut-il savoir de cette pathologie ? Quelles sont ses causes et manifestations ? Comment la traiter ? Découvrez ici l’essentiel à savoir sur cette infection.
Sommaire de l'article
Qu’est-ce que la stéatorrhée ? Comment la diagnostiquer ?
En ce qui concerne les diarrhées graisseuses, elles sont liées soit à une malabsorption des lipides au niveau de l’intestin grêle soit à une mauvaise digestion. Elles se caractérisent par l’évacuation de selles abondantes, luisantes et réparties sur la journée. De même, elles laissent une tache d’huile sur le papier toilette.
Le diagnostic de la stéatorrhée peut être évoqué dès que vous remarquez la présence de graisses dans vos excréments. Pour cela, vous devez vous rendre dans un centre de santé pour consulter un spécialiste du domaine. Ce dernier réalise alors un dosage de vos selles afin de vous donner un résultat exact.
Autrement dit, la confirmation d’une infection de la stéatorrhée ne peut être réalisée que par un bilan digestif précis et une mesure de la quantité de graisses rejetée. À cet effet, vos selles sont recueillies pendant trois jours après une charge orale de 100 grammes de lipides. L’hypothèse de cette pathologie est validée lorsque vos matières fécales contiennent plus de 6 % de graisses, soit six grammes par 24 heures.
Quelles sont les causes de cette pathologie ?
Les causes de la stéatorrhée sont diverses et variées. D’abord, cette affectation peut être une manifestation d’un problème pancréatique. En effet, cet organe secrète des enzymes (les lipases et autres) qui se chargent de la dissolution des lipides afin de les rendre absorbables par l’intestin grêle. Ainsi, une maladie du pancréas telle qu’un cancer ou une pancréatite chronique peut être à l’origine de la présence des matières graisseuses dans les selles.
Cette pathologie s’observe également lorsque l’intestin grêle est incapable d’absorber les lipides apportés par l’alimentation. Cela s’explique généralement par deux grands mécanismes : les syndromes de malabsorption et les affections de mauvaise digestion.
Les syndromes de malabsorption chronique de l’intestin
Les problèmes de malabsorption sont principalement liés aux maladies intestinales. Parmi les différentes pathologies de l’intestin, il en existe deux qui sont très couramment impliquées dans les cas de stéatorrhée. La première d’entre elles est la maladie cœliaque.
Cette maladie auto-immune caractérisée par une intolérance aux protéines renfermées dans le gluten du seigle, du blé et de l’orge entraîne donc une mauvaise absorption des nutriments des aliments au niveau de l’intestin.
La seconde cause la plus fréquente d’une stéatorrhée par malabsorption est le syndrome de Crohn. Ce dernier appartient à la nucléarité des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et n’est responsable de la stéatorrhée qu’en cas de résection ou d’atteintes étendues de l’intestin grêle.
Les affections responsables d’une male digestion
Comme mentionné plus haut, les problèmes de digestion constituent la seconde cause de la stéatorrhée après les maladies de malabsorption. On retrouve dans cette catégorie les maladies associées aux troubles de pancréas et les calculs biliaires.
La présence de matières grasses dans les selles constitue la manifestation la plus fréquente d’une pancréatite. Puisque les sécrétions exocrines du pancréas sont réduites, les triglycérides ne sont pas dissolus en acide gras sous l’action des enzymes pancréatiques. Ils ne sont donc pas absorbés dans l’intestin et ressortent dans les selles sous forme de graisse. Dans ce cas, la fatigue, la jaunisse et l’amaigrissement constituent les premiers symptômes.
De même, une insuffisance en sels biliaires entraîne un manque de solubilisation des acides gras dans l’intestin grêle. Les lipides ne sont alors pas absorbés lors de la digestion. Il existe plusieurs autres anomalies qui peuvent être impliquées dans les cas de stéatorrhée. On peut citer :
- la cirrhose du foie ;
- la cirrhose biliaire primitive ;
- l’acromégalie ;
- la fibrose kystique ; etc.
Ainsi, la stéatorrhée est la conséquence de toute affection ayant une influence négative sur le cycle des acides biliaires, la fabrication des enzymes pancréatiques ou le bon fonctionnement de l’intestin grêle. Les graisses alimentaires sont alors mal absorbées et restent avec le bol alimentaire sous forme peu hydrolysée avant d’être éliminées par les selles.
Quelles sont ses manifestations ?
Dans la majorité des cas, la stéatorrhée s’accompagne de gonflements et de douleurs abdominales. La personne atteinte fait des diarrhées de malabsorption fréquentes. Celles-ci entraînent une perte plus ou moins considérable de poids malgré les apports alimentaires réguliers. Cette émission de selles graisseuses s’accompagne de crampes, de vomissements, de nausées, de fatigue et d’anémie.
La mauvaise absorption intestinale entraîne également des carences en nutriments et en vitamines liposolubles (A, D, E et K). Celles-ci peuvent aboutir à des douleurs osseuses, des crises de tétanie liées au manque de calcium et de magnésium dans l’organisme. À cela, il faut ajouter des troubles visuels dus à une carence en vitamine A. Chez les enfants et les adolescents souffrant de stéatorrhée, un retard de croissance peut être un symptôme complémentaire.
Comme dans toute diarrhée, une bonne partie de l’eau consommée est éliminée par les selles. Le flux urinaire est alors réduit avec une augmentation de la concentration de l’urine. Ainsi, la stéatorrhée peut provoquer l’apparition de calculs urinaires sur le long terme.
De même, les graisses éliminées par les selles emportent avec elles une bonne partie du calcium. Les oxalates qui doivent normalement se fixer sur le calcium dans l’intestin ne trouvent plus leur substrat physiologique. Ils arrivent donc en très grande quantité dans une urine déjà très concentrée. Il s’en suit une précipitation des cristaux et la formation de calculs.
Si vous remarquez donc que vos selles sont graisseuses et que la situation ne s’améliore pas au bout de quelques jours, pensez à consulter votre médecin. Dans le cas où vous auriez déjà été diagnostiqué ou seriez à risque pour l’une des pathologies associées, pensez à vous rendre au plus tôt dans un centre de santé.
Comment traiter cette anomalie des selles ?
Le traitement idéal contre la stéatorrhée ne peut être proposé qu’après un diagnostic précis. Ce dernier permettra d’identifier la cause exacte de votre problème afin de vous fournir le remède approprié. En réalité, la stéatorrhée en elle-même ne constitue pas une maladie. Elle n’est que la manifestation d’un mal sous-jacent. Des traitements peuvent être proposés après l’identification de la cause exacte de votre état de santé.
Dans le cas d’une maladie cœliaque
Le traitement de stéatorrhée dans le cas d’une maladie cœliaque repose principalement sur l’adoption d’un régime sans gluten. En d’autres termes, vous devez éviter de consommer tous les aliments contenant du blé, de l’avoine, du seigle, de l’épeautre et de l’orge. Vous devez également faire attention aux aliments industriels et leur dériver.
Pour votre santé, n’hésitez surtout pas à vous renseigner sur les aliments susceptibles de contenir du gluten, et donc d’aggraver votre état. Cela vous évitera de consommer des aliments à risques.
Dans le cas d’une maladie de Crohn
Dans le cas de la maladie de Crohn, le traitement dépendra du niveau de la stéatorrhée. Si elle est maitrisée, il n’est pas nécessaire de suivre un régime particulier. Dans le cas contraire où la stéatorrhée serait sévère, vous aurez besoin de conseils diététiques supplémentaires.
Ces derniers reposeront principalement sur le choix d’aliments spécifiques issus du régime d’épargne intestinal. Cette sélection alimentaire aura pour principal effet de réduire le travail digestif et de modifier les apports en lipide afin de limiter la quantité de graisses émise.
Plus précisément, il sera primordial de réduire la quantité de matières grasses utilisées pour la préparation des repas tout en conservant une petite portion. Dans la pratique, vous pouvez opter pour des triglycérides à chaînes moyennes (TCM) en lieu et place des graisses d’assaisonnement usuelles (le beurre, la margarine, etc.) et de celles contenant certains aliments (le lait et ses dérivés, les œufs, la viande, etc.).
Il convient de préciser que la stéatorrhée ne disparaît pas forcément avec ce régime spécifique. Toutefois, la pathologie diminue puisque les graisses consommées sont mieux absorbées. La sensation constante de faim s’apaise alors et vous reprenez petit à petit du poids.
Pour éviter la formation des calculs urinaires sur le long terme, vous pouvez réduire votre consommation d’aliments riches en oxalate. Vous pouvez par exemple limiter la quantité de betteraves rouges, d’oseille, d’épinards, d’asperges, de thé, de chocolat, etc., dans votre alimentation.
Si cette restriction vous paraît sévère, vous pouvez tout simplement ajouter à votre alimentation un supplément de 500 à 1000 mg de calcium en comprimés. Vous devrez alors boire assez de liquide (eau ou autre boisson).
En somme, la stéatorrhée est une émission de selles anormalement graisseuses. Loin d’être une maladie en soi, elle n’est que la manifestation d’une autre affection. Son traitement nécessite donc d’identifier le mal associé afin de proposer des soins appropriés. Vous devez donc vous tourner vers un spécialiste de la santé dès que vous remarquez des taches d’huile sur le papier toilette, notamment si vous avez déjà été diagnostiqué à un problème de mal absorption ou de mauvaise digestion.