Affection très répandue mais méconnue du grand public, le syndrome de Costen se présente comme un dysfonctionnement de l’articulation temporo-mandibulaire. Les individus atteints du trouble se plaignent très souvent de douleurs à la mâchoire, et présentent des symptômes qu’ils qualifient de gênants. La complexité de ce syndrome peut être la cause d’une errance de diagnostic. Quels sont donc les causes et manifestations du syndrome de Costen ? Quel traitement efficace pour s’en débarrasser ?
Sommaire de l'article
Qu’est-ce que c’est que le syndrome de Costen ?
Le syndrome de Costen ou syndrome algo-dysfonctionel de l’appareil manducateur, est un trouble répandu du système masticatoire. Il inclut plusieurs maladies des articulations temporo-mandibulaires, des muscles masticateurs ainsi que des troubles des contacts dentaires, qui se produisent isolément ou de façon conjointe.
Chez les individus atteints de ce trouble, on observe une inflammation des articulations qui, entre autres choses, remplissent la fonction de mastication. Cette inflammation est à l’origine des douleurs intenses dans les parties telles que l’oreille, la tête et le cou.
Syndrome de Costen : les origines
Dans les années 30, le Dr. Costen, un oto-rhino-laryngologiste, a constaté que plusieurs patients souffrant de dysfonctionnements de l’articulation temporo-mandibulaire ou des muscles masticateurs, se plaignaient de douleurs à l’oreille. Dès lors, il énonça l’hypothèse selon laquelle, l’inflammation de ces structures était à l’origine des douleurs à l’oreille.
James Bray Costen découvrit quelques temps après que la douleur pouvait même s’étendre aux zones voisines de l’oreille, telles que le cou ou le crâne. Elle pouvait également s’attaquer à l’ensemble de l’appareil masticateur. Il donnera plus tard le nom de « Syndrome de Costen » à ce signe pathologique qui, aujourd’hui, est connu sous l’appellation de syndrome algo-dysfonctionel de l’appareil manducateur.
Syndrome de Costen : quels sont les stades d’évolution ?
Le syndrome de Costen a quatre stades de développement.
- La première étape se manifeste par un rétrécissement progressif de l’espace articulaire, un relâchement des ligaments ;
- Lors de la deuxième étape, la capacité de l’articulation temporo-mandibulaire à se déplacer est considérablement réduite, une ossification du processus musculaire de la mâchoire inférieure est observée ;
- La troisième étape est caractérisée par une dégénérescence du disque cartilagineux et l’apparition d’une sclérose en plaques des surfaces articulaires, tandis que la mobilité de la mâchoire inférieure est progressivement perdue ;
- A la quatrième étape d’évolution, on observe une croissance active du tissu fibreux, une immobilisation presque complète de la mâchoire inférieure.
Généralement, c’est le patient lui-même qui détecte le trouble. A ce moment, la maladie n’est ordinairement qu’au stade 2 de son évolution. Avec une thérapie adaptée, la maladie peut être rapidement traitée.
Quels sont les signes annonciateurs du Syndrome de Costen ?
Les symptômes du Syndrome de Costen peuvent être classés en deux groupes à savoir : symptômes les plus apparents et les moins visibles.
Les symptômes perceptibles à première vue
Plusieurs signes clairs permettent de reconnaître un sujet atteint du syndrome algo-dysfonctionel de l’appareil manducateur. Au nombre de ceux-ci, on peut énumérer :
- Des restrictions de mouvements au niveau de la région du cou ;
- Une douleur à la mâchoire (qui survient généralement au repos ou lors de la mastication d’un ou des deux côtés de la mâchoire inférieure ou supérieure) ;
- Des tensions perceptibles dans l’articulation temporo-mandibulaire ;
- Une sensibilité des articulations temporo-mandibulaires et/ou des muscles masticateurs au toucher ;
- Des maux de dents ;
- Des raideurs matinales dans les muscles masticateurs ou dans les groupes musculaires adjacents.
Très souvent, les personnes souffrant du syndrome de Costen ont des difficultés à ouvrir la bouche. Chez d’autres, les articulations temporo-mandibulaires sont hyper mobiles, ce qui les prédispose au bruxisme, un grincement involontaire des dents.
Les symptômes les moins apparents
Les personnes affectées du Syndrome de Costen peuvent, dans certains cas, présenter des symptômes qui, à première vue, ne semblent pas être associés au système masticatoire ou à une douleur à la mâchoire. Il s’agit entre autres de :
- Maux d’oreilles et/ou bruits d’oreilles (acouphènes) ;
- Maux de tête, généralement dans la région temporale ;
- Difficulté de torsion du cou ;
- Vertiges ;
- Difficulté à avaler (dysphagie) ;
- Perturbations de la voix ;
- Tension et douleur au niveau des épaules ou dans le dos ;
- Pression derrière les yeux et dans les sinus environnants ;
- Dyspareunie.
On note par ailleurs un stress émotionnel chez les victimes. Il n’est pas rare que les personnes atteintes de syndrome de Costen se plaignent d’inconfort dans les parties adjacentes du corps telles que les épaules, le cou ou le dos. En effet, la tension des muscles de la tête et du cou peut engendrer des douleurs plus loin dans le dos.
Quelles sont les causes du Syndrome de Costen ?
Plusieurs causes peuvent expliquer la survenue du syndrome de Costen chez un individu. Ce sont entre autres :
- Des traumatismes dentaires (par exemple la perte de dents) ;
- Une malposition de prothèses dentaires ;
- Un désalignement des dents ou de la mâchoire ;
- Un retard de croissance du crâne ;
- Des troubles hormonaux ;
- Des problèmes psychologiques (anxiété, dépression, stress émotionnel) ;
- Des comportements défavorables.
Les maladies sous-jacentes telles que le rhumatisme, l’arthrose et l’arthrite représentent également des risques d’apparition de la maladie.
Syndrome de Costen : quand consulter un médecin ?
Normalement, la combinaison de deux des symptômes susmentionnés devrait suffire à emmener une personne à consulter un médecin. Malheureusement, quand les symptômes se produisent, il y a peu de sujets qui choisissent de consulter un médecin. Le choix est généralement pris en considération, lorsque la douleur dépasse un certain seuil. En réalité, le diagnostic du syndrome de Costen est rapide et est formulé principalement par un examen physique.
Comment faire le diagnostic du syndrome de Costen ?
Sur la base de certains critères, le médecin peut décider de ce qui s’applique à une personne atteinte de syndrome de Costen. Il planifiera par suite un traitement en conséquence. Le médecin pourrait demander au patient d’effectuer les actions suivantes lors d’un examen physique :
- Ouvrir la cavité buccale assez largement ;
- Essayer de bouger la mâchoire latéralement ;
- Tordre le cou doucement ;
- Serrer les dents ;
- Déplacer les muscles de la mâchoire.
Si le dentiste soupçonne un blocage de l’articulation temporo-mandibulaire, il peut l’examiner de plus près à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). En plus des examens physiques et radiologiques, le médecin peut poser des questions sur l’état mental. Par exemple, il demandera au patient s’il souffre d’anxiété ou de stress émotionnel. Car, chez certains patients, les situations de stress peuvent les emmener à grincer des dents.
Syndrome algo-dysfonctionnel de l’appareil manducateur : quels sont les traitements disponibles ?
Le premier but du traitement est de soulager les symptômes et de prévenir une éventuelle progression de la maladie. Pour ce faire, le médecin peut mettre en œuvre les stratégies suivantes :
- L’utilisation d’une morsure de résine qui s’adapte à la forme des arcades dentaires : elle est particulièrement utile chez les patients qui souffrent de bruxisme et qui ont tendance à grincer des dents ou à resserrer fortement leurs dents ;
- La pratique d’exercices de physiothérapie relaxants, enseignés par le spécialiste en gnathologie : ces exercices sont à répéter quotidiennement. Ils favorisent l’allongement des ligaments mandibulaires ;
- Le traitement psychologique ou psychothérapeutique visant à contenir le stress du patient ;
- Eviter de prendre des boissons excitantes, par exemple riches en caféine ou en sucre, avant le repos de la nuit ;
- L’utilisation de médicaments anti-inflammatoires, anxiolytiques ou relaxants musculaires. Les médicaments les plus utilisés sont : l’ibuprofène, le sel de kétoprofène lysine, l’acide acétylsalicylique, le piroxicam ;
- Le retrait et la correction de toutes les prothèses dentaires qui peuvent avoir causé la symptomatologie ;
- La photobiostimulation (traitement médical LED pour la stimulation tissulaire) sur les articulations, qui aide à réduire la douleur grâce à l’utilisation de lasers à diodes ;
- Une injection intra-articulaire des médicaments anesthésiques ;
- Une chirurgie maxillo-faciale, si le problème est causé par une malformation de l’os mandibulaire, qui peut être résolue grâce à la chirurgie.
A noter que les tests d’imagerie utilisés au stade du diagnostic peuvent être répétés pendant le traitement, afin de surveiller l’évolution de la maladie.
Conséquences du syndrome de Costen
Le syndrome de Costen est une pathologie qui peut entraîner des complications importantes dans le fonctionnement de nombreux systèmes du corps humain. On peut citer entre autres :
- Une accumulation de liquide dans la cavité articulaire ;
- Un affaiblissement des ligaments ;
- Un trouble digestif, qui est la conséquence d’une digestion inadéquate des aliments.
Parfois, les individus atteints du syndrome algo-dysfonctionnel de l’appareil manducateur peuvent souffrir de troubles du sommeil. Ceci est la conséquence de la douleur intense qu’ils perçoivent.
Comment dépister soi-même le syndrome de Costen ?
Il est possible d’effectuer le test musculaire de mastication soi-même. Pour ce faire, il suffit d’ouvrir la bouche à moitié et d’y placer les doigts (de préférence le majeur et l’index), en direction de la gorge vers les molaires. Dans la zone des deux dernières molaires, se trouvent les muscles masticateurs.
En exerçant une petite pression sur les doigts, ces derniers entrent en activité. Si la pression entraine une douleur puis un relâchement immédiat des muscles masticateurs, il y a de fortes chances qu’il y ait un dysfonctionnement de l’articulation temporo-mandibulaire. Dans le cas contraire, si vous arrivez à maintenir la pression sans gêne pendant un certain temps, il n’y a pas de risques apparents de survenue du syndrome de Costen.