Les maladies génétiques sont des troubles secondaires dus à des mutations dans les gènes. Ces mutations peuvent perturber la fonction normale des protéines produites par les gènes, entraînant ainsi des problèmes de santé. Le syndrome de Noonan est l’une de ces maladies génétiques qui affectent plusieurs organes. Elle est due à des mutations dans plusieurs gènes liés à la signalisation cellulaire. Zoom sur le syndrome de Noonan, les causes de son apparition et les options thérapeutiques envisageables.
Sommaire de l'article
Définition du syndrome de Noonan
Pathologie génétique rare, le syndrome de Noonan est un trouble qui affecte le développement physique et intellectuel d’un individu.
Prévalence du syndrome de Noonan
La prévalence exacte du syndrome de Noonan est inconnue, mais on estime qu’il affecte environ 1 individu sur 1 000 à 2 500. La maladie affecte les deux sexes et toutes les ethnies de manière égale.
Elleest aussi associée à une variété de mutations génétiques, ce qui explique les différences de présentation clinique chez les patients. Près de 50 à 70 % des cas de syndrome de Noonan sont dus à une mutation génétique spontanée. Par contre, 30 à 50 % sont hérités de l’un des parents porteurs de la mutation génétique.
Le syndrome de Noonan peut également être sous-diagnostiqué ou mal diagnostiqué, en raison de la variété de symptômes et de la ressemblance avec d’autres troubles génétiques. En effet, il est très facile de le confondre avec le syndrome de Turner ou le syndrome de Costello.
Causes du syndrome de Noonan
Le syndrome de Noonan est causé par des mutations génétiques (altérations dans l’ADN empêchant la production de protéines nécessaires au développement cellulaire). Les mutations sont souvent spontanées. Cela signifie qu’elles se produisent lors de la formation des cellules reproductrices (ovules et spermatozoïdes) ou au début du développement embryonnaire, sans être transmises par les parents.
Cette affection rare, d’origine génétique, est également héritée de manière autosomique récessive ou autosomique dominante. Dans le premier cas, un seul parent porteur de la mutation a une chance de 50 % de transmettre la maladie à ses enfants. Par contre, au niveau du second cas, les deux parents (le père et la mère) doivent être porteurs de la mutation ou du gène défectueux, pour que leurs enfants soient atteints de la maladie.
Cependant, on note l’existence de plusieurs gènes connus pour être associés au syndrome de Noonan. Par ailleurs, près de la moitié des cas de la maladie ne peuvent pas être attribués à une mutation spécifique. Cela suggère qu’il existe d’autres gènes impliqués dans le développement du syndrome de Noonan, qui restent à découvrir.
Mécanisme du syndrome de Noonan
Les mutations à l’origine du syndrome de Noonan affectent les voies de signalisation cellulaires, lesquelles s’occupent de la régulation de la croissance et du développement cellulaire. En effet, elles altèrent la production ou la fonction de certaines protéines, en l’occurrence les protéines Ras et les protéines RAK. Ces protéines sont impliquées dans la transmission de signaux entre les cellules, ce qui leur permet de se diviser, de se différencier et de se développer normalement.
Lorsque ces protéines sont altérées, cela peut entraîner des problèmes de développement, qui sont couramment observés chez les personnes atteintes du syndrome de Noonan. En outre, des mutations dans certains gènes associés au syndrome de Noonan peuvent également affecter le développement du cerveau, du cœur ou d’autres organes.
Symptômes du syndrome de Noonan
Les symptômes du syndrome de Noonan varient considérablement d’un individu à l’autre, même entre les membres d’une même famille atteinte de la maladie. Ils peuvent être légers ou graves, selon la nature de la mutation génétique impliquée. Cependant, les symptômes couramment associés au syndrome de Noonan, comprennent :
- Une petite taille : les personnes atteintes du syndrome de Noonan ont généralement une petite taille, avec une stature plus courte que la moyenne dès la petite enfance ;
- Des caractéristiques faciales distinctes : en cas de syndrome de Noonan, les patients présentent un visage en forme de triangle inversé, avec un front large, des yeux écartés, une base nasale large et un petit menton en retrait ;
- Des anomalies cardiaques : jusqu’à 80 % des patients ont une anomalie cardiaque. Il peut s’agir d’une sténose pulmonaire, d’une sténose aortique ou d’une cardiomyopathie hypertrophique ;
- Des saignements excessifs : les sujets atteints du syndrome de Noonan ont souvent des troubles de coagulation sanguine. Ces derniers peuvent occasionner des saignements excessifs après une blessure ou une intervention chirurgicale ;
- Des problèmes musculo–squelettiques : ils se traduisent habituellement par une faiblesse musculaire ou une hypotonie (diminution du tonus musculaire). Une scoliose (courbure anormale de la colonne vertébrale) et une dysplasie des hanches peuvent aussi se manifester ;
- Des troubles cognitifs et comportementaux : certains patients peuvent avoir des difficultés d’apprentissage, des retards de développement, des troubles du spectre autistique, des troubles de l’attention et de l’hyperactivité.
D’autres symptômes peuvent inclure une peau rugueuse ou écailleuse, une voix rauque, un cou large, une denture malformée. À ceux-ci peuvent s’ajouter une vision ou une audition altérée, des troubles endocriniens, des problèmes rénaux ou des anomalies génitales.
Diagnostic du syndrome de Noonan
Le médecin peut effectuer un examen physique approfondi pour rechercher des signes de syndrome de Noonan (petite taille, traits faciaux distinctifs ou anomalies cardiaques). Il peut aussi effectuer une évaluation du développement ou de l’évolution comportementale et cognitive du patient. Ainsi, il pourra détecter tout retard de développement ou trouble du spectre autistique. Une évaluation clinique ou une analyse peut être pratiquée au niveau de chaque membre de la famille du patient. Celle-ci va déterminer s’ils sont porteurs de la mutation génétique à l’origine de l’affection.
En cas de suspicion d’un syndrome de Noonan, des tests génétiques pour identifier la mutation génétique responsable de la maladie, peuvent être préconisés. Ils peuvent inclure une analyse de l’ADN à partir d’un échantillon de tissu ou d’un échantillon sanguin. Par ailleurs, tous les patients atteints du syndrome de Noonan ne présentent pas toutes les caractéristiques physiques ou les symptômes associés à la maladie.
Traitement du syndrome de Noonan
Le syndrome de Noonan est un trouble génétique qui ne peut pas être inversé. Toutefois, il existe des traitements qui peuvent favoriser un soulagement des symptômes et une amélioration de la qualité de vie des patients. Les options de traitement varient, le plus souvent, en fonction des symptômes spécifiques de chaque individu et peuvent inclure :
- Une chirurgie cardiaque ;
- Une thérapie hormonale ;
- Un suivi régulier ;
- Une thérapie physique.
À celles-ci s’ajoutent une thérapie hormonale et une thérapie comportementale et éducative.
Suivi régulier
Les patients doivent subir des examens réguliers, avec pour objectif, la surveillance de leur croissance, leur fonction cardiaque et d’autres fonctions corporelles. À cet effet, des échocardiogrammes, des tests de coagulation sanguine, des radiographies, des tests d’audition et de vision, ou des examens endocriniens, peuvent être pratiqués.
Chirurgie cardiaque
En cas d’anomalie cardiaque, une intervention chirurgicale peut être indispensable pour la corriger.
Thérapie hormonale
Dans certains cas, une thérapie hormonale peut être utilisée pour augmenter la croissance et peaufiner la stature des sujets atteints du syndrome de Noonan.
Thérapie physique
Une thérapie physique peut aider à améliorer la force musculaire et l’équilibre chez les patients.
Thérapie comportementale et éducative
Les patients peuvent bénéficier d’une thérapie comportementale et éducative, pour une gestion optimale des retards de développement, des troubles du spectre autistique et des troubles de comportement.
Traitement symptomatique
Les symptômes spécifiques tels que les saignements excessifs, les problèmes de vision ou d’audition, et les problèmes de peau peuvent être traités avec des médicaments ou d’autres thérapies.
Le traitement du syndrome de Noonan est souvent multidisciplinaire. En effet, il implique la participation d’une équipe de professionnels, comprenant des spécialistes de la croissance, des cardiologues, des endocrinologues, des orthopédistes, des thérapeutes comportementaux et éducatifs, des psychologues et des travailleurs sociaux.
Prévention des risques de complications
La prévention des risques de complications dépend des symptômes et des problèmes spécifiques qui peuvent survenir chez chaque patient. Néanmoins, il existe plusieurs mesures générales, dont l’adoption peut aider à prévenir ou à réduire les risques de complications.
Vaccination
Les personnes atteintes du syndrome de Noonan devraient se faire vacciner conformément aux recommandations de leur médecin, afin de prévenir les maladies évitables par la vaccination.
Alimentation équilibrée et activité physique régulière
Une alimentation saine et équilibrée, suivie d’une activité physique régulière, peut aider à réduire les risques de complications liées au surpoids, à l’obésité, aux maladies cardiovasculaires et au diabète.
Éviter les médicaments qui peuvent augmenter les risques de saignement
Certains patients peuvent présenter un risque accru de saignement. Par conséquent, il est crucial d’éviter les médicaments qui peuvent augmenter ce risque (anticoagulants et anti-inflammatoires non stéroïdiens).
Limiter les activités qui peuvent être une source de traumatismes
Les personnes atteintes du syndrome de Noonan sont sujettes au risque accru de saignement ou de lésions musculo–squelettiques. À cet effet, ils doivent éviter les activités qui peuvent causer des traumatismes, tels que les sports de contact ou les activités à haut risque.
Recherche sur le Syndrome de Noonan
La recherche sur ce trouble génétique rare est en constante évolution, visant à mieux comprendre ses causes, son mécanisme et son traitement. Pour ce faire, les chercheurs ont plusieurs axes de recherche en cours. Tout d’abord, ils tentent d’identifier de nouveaux gènes associés au syndrome de Noonan, ainsi que les mutations génétiques spécifiques qui causent la maladie. En identifiant ces gènes, ils pourront améliorer le diagnostic et la prise en charge de la pathologie.
Ensuite, les chercheurs essaient de comprendre les mécanismes moléculaires et cellulaires sous-jacents au syndrome de Noonan. Une étude de ces mécanismes sous-jacents peut permettre de cerner comment la maladie se développe et comment elle affecte différents organes et systèmes. En parallèle, ils travaillent aussi sur le développement de thérapies ciblées qui peuvent aider à traiter les symptômes spécifiques du syndrome de Noonan. En développant des thérapies ciblées, ils peuvent offrir une qualité de vie optimale aux patients.
Ils étudient également les facteurs de risques qui peuvent accroitre la possibilité de présenter ou de développer des complications liées au syndrome de Noonan. De cette manière, ils pourront mieux comprendre comment prévenir ou traiter ces complications.
Enfin, les chercheurs étudient les maladies associées au syndrome de Noonan, telles que le cancer, l’hyperactivité de la thyroïde et les problèmes de coagulation. Cette étude va induire une meilleure compréhension des liens existant entre ces maladies et le syndrome de Noonan. Cela peut favoriser la prévention ou le traitement de ces maladies, chez les patients atteints du syndrome de Noonan.