Ressentez-vous des réactions d’angoisse violentes quand vous voyez une surface pleine de petits trous ? Si oui, alors, il se peut que vous fassiez partie de la grande communauté des personnes qui souffrent de la trypophobie. Si vous n’avez pas la moindre idée de ce que c’est que ce trouble, découvrez ici, ce qui la caractérise de même que les moyens de la soigner.
Sommaire de l'article
En savoir plus sur la trypophobie
Cette section vous donne plus de détails sur la trypophobie, son degré de sévérité ainsi que la population affectée.
Définition
Le mot trypophobie vient des mots grecs « Trupe » et « Phobos » qui signifient respectivement « trou » et « phobie ». La trypophobie est donc une peur irraisonnée et panique des petits trous et de toutes les formes géométriques très rapprochées les uns des autres (convexes ou circulaires).
Il ne s’agit pas là, d’une anxiété face à un trou dans un mur ou sur une route. Celui qui en souffre aura plutôt une grande peur pour les surfaces remplies de trous. Ceux qui se présentent comme un nid d’abeilles, un morceau de gruyère, une mousse de shampoing, etc.
Mais, l’image la plus repoussante pour les trypophobes est celle d’une fleur de lotus qui contient les graines de l’arbuste. Ils ont conscience que leur réaction face aux trous est une peur irraisonnée et ils en souffrent.
Degré de sévérité de la trypophobie
La peur des trous se manifeste à des degrés différents chez les individus atteints. Face aux objets de leur aversion, les symptômes des uns sont plus ou moins difficiles à maîtriser que ceux des autres. Leur réaction, le niveau d’anxiété et les autres comportements dépressifs ou anxieux qu’ils manifestent sont les paramètres qui définissent le degré de sévérité du trouble des trypophobes.
Fréquence et personnes concernées
Cette phobie a été récemment décrite pour une première fois et c’était en 2005. C’est sans doute pour cela qu’elle n’est pas très connue et qu’elle n’est pas non plus classée officiellement dans le rang des phobies. Cependant, elle est assez fréquente et toucherait de nombreuses personnes. Elle serait même, la phobie la plus répandue.
Selon une étude menée par des chercheurs anglais de l’Université d’Essex, 18 % des femmes et 11 % des hommes ayant subi les différents tests seraient concernés par la trypophobie, car ayant manifesté des symptômes tels que les maux de tête, les tremblements et les démangeaisons. L’étude rassemblait environ 300 personnes qui devaient visualiser 76 images de trous relativement repoussantes.
Il existe même des groupes sur les réseaux sociaux qui comportent des milliers de membres, tous concernés par la peur des trous rapprochés.
Quels sont les symptômes de la trypophobie ?
La trypophobie se manifeste comme toutes les autres phobies. En gros, ces symptômes sont notamment : la peur irraisonnée, les troubles anxieux et l’évitement des objets phobogènes. En savoir plus ici :
La peur irraisonnée
Les individus qui sont affectés par cette phobie ressentent une anxiété ou une peur très forte lorsqu’ils voient une éponge, des bulles de savon, des coraux, etc. L’anxiété qu’ils ressentent peut aussi être déclenchée par l’anticipation de voir un objet phobogène. C’est-à-dire qu’ils ont même peur quand ils s’imaginent d’être bientôt face à un objet ayant plusieurs trous rapprochés.
Les troubles anxieux
Face aux formes géométriques rapprochées, le sujet qui souffre de cette phobie manifestera plusieurs réponses d’anxiété comme :
- Des battements de cœur accélérés ;
- Une sensation de souffle coupé ;
- Des frissons ;
- Des nausées ;
- De la transpiration ;
- Des tremblements ;
- Des vertiges…
Il n’est pas rare non plus, de voir des individus atteints de cette phobie faire de grandes attaques de panique quand ils sont confrontés à l’objet de leur peur.
Il est à noter que ces troubles ne sont pas spécifiques à la trypophobie, mais à toutes les phobies.
L’évitement radical des objets phobogènes
Le patient est toujours en état d’alerte. Il réfléchit tout le temps au fait que l’endroit où il se trouve ou le lieu où il se rend est « sûr » pour lui. Son état d’alerte est permanent et il fera tout pour ne pas être en présence de trous, chose à l’origine de sa peur.
Quelles sont les causes de la trypophobie ?
Pour comprendre les causes de la peur des trous groupés, nous allons en premier lieu, essayer de comprendre l’origine des phobies en général. Ensuite, on s’intéressera plus particulièrement aux éventuelles causes spécifiques définies par les professionnels.
Les causes des phobies en général
Il faut savoir que la plupart des phobies sont reliées à des antécédents familiaux. Cela ne voudra pas nécessairement dire qu’elles sont inscrites dans les gènes. Par exemple, un parent ayant la phobie des orages ne transmettra pas forcément à ses enfants sa peur panique à travers ses gènes.
Mais si le cerveau au cours de son développement précoce est soumis à des stimuli de peur profonde, il peut conserver ce microtraumatisme et cette mémoire. Ce qui favorisera une peur irraisonnée et des comportements d’évitement chez la jeune génération.
De plus, il a été remarqué que la tendance à l’anxiété se retrouve souvent chez plusieurs membres d’une même famille. Et cela s’exprimera parfois à un degré plus élevé par la présence d’une phobie.
En dehors du caractère familial, d’autres origines peuvent être associées au développement d’une phobie. Il s’agit notamment des traumatismes et de l’apprentissage.
Les traumatismes : dans certains cas par exemple, une personne ayant été enfermée dans un lieu exigu et clos peut être amenée à souffrir de la peur des lieux clos, des petites pièces, des espaces confinés et de l’enfermement. On parle de la claustrophobie.
L’apprentissage : voir des personnes de son entourage manifester une aversion et une grande peur pour un objet ou une situation peut influencer considérablement son ressenti face à cela. Ainsi, un enfant qui observe un proche ou un de ses parents avoir une grande peur des orages, pourra en grandissant ressentir la même phobie.
Les causes de la trypophobie en particulier
Selon certains chercheurs, la peur panique des trous chez certains individus serait un réflexe de fuite hérité des réflexes nerveux de nos ancêtres. Ces derniers trouvant dangereux, les regroupements (amas) de ronds qui leur rappellent les peaux d’animaux dangereux et leurs motifs : pieuvres venimeuses, serpent, etc.
Pour d’autres scientifiques, la trypophobie s’expliquerait par le fait que, les symptômes des maladies parasitaires ou infectieuses sont assez semblables à des formes géométriques qui sont très rapprochées. Ce qui répugnerait instinctivement les sujets qui souffrent de ce mal. Au nombre de ces maladies se trouvent la variole, la gale, le typhus, la rougeole…
Selon un troisième groupe, l’évolution des anciens hommes dans un certain milieu pouvait faire qu’ils considéraient les plans d’eau, les trous et les milieux ouverts comme des dangers objectifs. Choses qu’ils devaient redouter. Leur peur à l’égard de ces formes géométriques était de ce fait, justifié. Ce qui aurait pu être transmis au cours de l’évolution.
Selon les 3 approches, cette peur irraisonnée des amas de formes géométriques aurait pour cause, un mécanisme de défense évolutif. Celui de reconnaître et de fuir les personnes ou les choses dangereuses pour l’être humain.
Quels sont les facteurs de risques ?
En ce qui concerne les facteurs de risque de cette phobie, les études ne sont pas encore très avancées. La communauté des scientifiques en sait donc très peu de choses. Toutefois, quelques études ont établi un lien entre :
- L’anxiété sociale et la trypophobie ;
- Les troubles dépressifs et la trypophobie.
Les sujets qui souffrent d’anxiété sociale et de troubles dépressifs seraient donc plus enclins à présenter la peur panique des trous. Mais souvent, la phobie peut apparaître et disparaître sans qu’on sache vraiment pourquoi.
Qui sont les personnes à risque ?
À proprement parler, il n’existe pas de personnes à risque. Comme il a été vu plutôt, certaines phobies peuvent provenir d’un apprentissage auprès des personnes aux alentours. Mais il faut savoir que chaque personne est capable de développer ses propres craintes. Cependant, selon les sondages, les femmes souffrent beaucoup plus de phobies que les hommes.
La phobie des trous est-elle contagieuse ?
Mis à part les cas extrêmement rares d’apprentissage, la trypophobie n’est absolument pas contagieuse. Vous n’avez en conséquence aucune crainte à avoir si vous vivez près d’un trypophobe.
Pour combien de temps peut-on en souffrir ?
Il n’y a pas de durée précise pendant laquelle on souffre de la trypophobie. Le fait qu’on s’en débarrasse vite ou qu’elle perdure tient, comptent de nombreux facteurs. Et ceux-ci ne dépendent pas nécessairement de l’individu souffrant.
Premièrement, il y a certaines phobies qui disparaissent d’elles-mêmes et ceci rapidement sans que le patient n’ait suivi aucun traitement. Ensuite, il y a celles qui ne disparaîtront jamais sans une prise en charge. Et tant que le patient n’ira pas se faire soigner, elles auront même tendance à se renforcer au fil du temps.
En outre, en ce qui concerne la durée de la thérapie avant la cessation définitive du trouble, il faut savoir qu’elle est variable. En fonction du degré de sévérité de la trypophobie, elle va être plus ou moins longue.
Quelles sont les complications possibles ?
La majeure partie des phobies qui ont commencé à l’enfance peuvent être surmontées lorsque le sujet atteint l’âge adulte. En revanche, il est beaucoup plus difficile de vaincre une phobie qui s’est déclenchée à l’âge adulte. Les cas de rémission à cet effet sont assez rares avec un taux inférieur à 20 %.
Par ailleurs, les phobies en général sont beaucoup plus difficiles à guérir lorsqu’elles sont raisonnées. C’est-à-dire quand le patient a une raison valable pour justifier ou pour raisonner sa grande anxiété :
- Morsure d’un chien ;
- Début d’une noyade ;
- Enfermement dans une cellule…
Aussi, si certaines phobies semblent relativement faciles à gérer, certaines peuvent réellement virer au cauchemar et altérer significativement la qualité de vie des sujets. Les individus atteints peuvent ainsi se retrouver confrontés à des situations telles que :
- Des attaques de paniques très sévères ;
- De l’abus d’alcool et de drogue dans le but d’échapper à la terreur ;
- Un isolement total ;
- De la dépression, voir du suicide…
Qui consulter et quand faut-il le faire ?
Il est important de consulter un spécialiste lorsque les réflexes d’évitement causés par la peur des trous et formes géométriques rapprochées deviennent envahissants. Et aussi quand le trypophobe n’arrive plus à avoir une vie normale. Dans tous les cas, il ne doit pas attendre d’être handicapé dans sa vie et dans ses activités avant de demander de l’aide.
Dans un premier temps, il pourrait aller voir un médecin généraliste ou un psychothérapeute. Ce dernier est apte à :
- Détecter s’il y a une véritable présence de phobie (trypophobie dans le cas d’espèce) ;
- Détecter les causes sous-jacentes de cette anxiété profonde ;
- Évaluer les réactions du sujet phobique ;
- Mesurer l’intensité de ses crises.
Après tout cela, il pourrait envoyer son patient vers un docteur spécialiste.
Comment se diagnostique la trypophobie ?
Même si la trypophobie n’est pas officiellement reconnue en tant que phobie, elle se diagnostique sur le plan médical. En effet, puisqu’une phobie s’identifie grâce à des critères scientifiques bien établis, le médecin cherchera alors à les reconnaître au niveau du patient.
Il établira donc une liste d’objets ou de situations qui déclenchent la peur chez son patient. Dans le cas d’espèces, il s’agit des trous et des formes géométriques très rapprochées. Ensuite, il s’intéressera :
- Aux émotions associées ;
- Aux comportements physiques ;
- Aux symptômes.
Pour s’assurer de la fiabilité de son diagnostic, il peut en outre se baser sur des questionnaires spécifiques. Ces derniers l’aideront à évaluer l’existence et à mesurer l’intensité (le degré de sévérité) du problème.
Comment se traite la phobie des trous ?
Heureusement, la trypophobie peut se soigner et se guérir à l’instar des autres phobies. De nombreuses méthodes sont utilisées dans ce cadre. Il y a notamment : la thérapie cognitivocomportementale, la prise de médicaments contre les troubles anxieux et même des thérapies douces.
La thérapie cognitivocomportementale
Les professionnels soumettront le patient à une thérapie cognitivocomportementale dont le but sera :
- Dans un premier temps, de l’exposer à ce qui engendre sa peur dans l’imagination grâce à des techniques de relaxation ;
- Dans un second temps, de le faire confronter aux objets de sa peur dans la réalité. Ces derniers se trouvant à une bonne distance et dans un cadre rassurant ;
- Dans un dernier temps, de ramener de plus en plus près de lui l’objet de sa phobie afin de faire disparaître son anxiété.
Le fait d’être confronté très souvent et progressivement à l’objet phobogène plutôt que de l’éviter lui permettra de faire disparaître sa peur. Pour ce faire, le professionnel soignant se servira de vidéos et de photos sur lesquels se trouvent des trous relativement repoussants.
Les médicaments contre les troubles anxieux
En dehors de la thérapie cognitivocomportementale, le patient peut également être soumis à des traitements médicamenteux. Ces médicaments apaisent les troubles anxieux, mais vous l’aurez compris, ils ne constituent pas en eux-mêmes une solution. Ils aident juste le sujet à remédier à de très intenses symptômes phobiques.
L’hypnose
L’hypnose peut également être efficace pour soigner certains cas de trypophobie. En effet, lors des thérapies les patients sont plongés dans un état de relaxation profonde. De plus, de nombreuses études ont prouvé les effets positifs de la relaxation dans la gestion du stress, des phobies et de l’anxiété. Son efficacité pourrait même perdurer même 3 ans après la thérapie. En plus de l’hypnose, le patient peut aussi apprendre des techniques de relaxation mentale afin de pouvoir gérer ses crises d’angoisse.
L’aromathérapie et les huiles essentielles
Les huiles essentielles peuvent également aider les personnes qui souffrent de phobies. Grâce à leurs propriétés relaxantes et calmantes, les crises d’angoisse peuvent être prévenues et calmées.
Les spécialistes recommandent souvent les huiles essentielles d’agrumes : mandarine, orange, citron… On peut appliquer l’une de ces huiles sur un linge et respirer. Il est aussi possible d’en utiliser avec un diffuseur et inhaler pendant au moins un quart d’heure.
L’huile essentielle de la camomille romaine est également très prisée pour soulager les crises d’angoisse. Grâce à ses propriétés antistress, elle peut aider à détendre les muscles. L’huile essentielle de lavande quant à elle est prisée, car elle permet de chasser les idées noires et à se détendre.
Il y a aussi l’huile essentielle d’ylang-ylang complète qui est une solution très efficace dans ces cas-là. Elle peut permettre de régulariser le rythme cardiaque ainsi que la tension artérielle. Elle s’utilise en petite quantité et diluée.
En plus, il y a d’autres huiles essentielles telles que celles du petit grain bigarade et du néroli. Elles peuvent être utilisées par voie olfactive ou par voie cutanée.
Est-il possible de prévenir la trypophobie ?
Malheureusement, il n’est pas possible de prévenir la trypophobie ou n’importe quel type de phobies. Le seul moyen d’éviter les symptômes de la phobie ainsi que la peur intense, c’est de ne pas être en contact avec l’objet de sa peur… En outre, c’est fondamental de se faire traiter dès les premiers signes d’une trypophobie, car plus la situation perdure, plus elle devient handicapante.